Un rire amusé m'échappe, loin d'être moqueur toutefois. Il est loin, le temps où je pensais que c'était juste un coincé et que rien ne pouvait le faire sourire ou l'ébranler. Je suis d'autant plus satisfait quand c'est moi qui provoque ce genre de réaction. Je ne le laisse vraiment pas indifférent, à en juger par la façon dont il répond à mes compliments. Mais tout ce que je dis de lui, je le pense vraiment. Sa réputation de personne insensible au regard froid est pourtant encore bien présente, car peu savent comment il est en réalité, autour des gens qu'il aime.
Sa main chaude sur la mienne me fait légèrement frissonner, tout comme le regard tendre qu'il m'adresse. Sans m'y attendre, il vient poser sur mes lèvres doux baiser que je lui rends, encore timide car peu habitué à cette manœuvre dont je suis toutefois devenu rapidement friand. Flatté des paroles qu'il m'adresse ensuite, je l'admire avec des yeux brillants. Je ne vois vraiment pas ce qu'il me trouve, mais si j'arrive à faire son bonheur... Alors tant mieux. Je ne sais pas non plus pourquoi je n'ose pas l'embrasser à nouveau sur le moment. Je lève brièvement la tête vers les fenêtres du château derrière nous, comme si j'avais peur que l'on nous observe.
« C'est idiot... »
Mais je ne vois et ne sens aucune présence qui pourrait nous espionner. De quoi pourrais-je avoir peur, de toute façon ? C'est exactement ce comportement-là qu'ils voulaient depuis le début, et c'est finalement le plus sincèrement du monde que nous l'exprimons.
« Je ne me gênais pas pour faire croire à tout le monde que nous étions amoureux, mais maintenant qu'on l'est vraiment... Je ne veux pas forcément m'exhiber devant tout le monde. »
Je ne sais pas depuis quand je suis devenu aussi timide. Ma tête se repose contre son épaule, tandis que je serre doucement sa main. Ce serait plus simple si nous n'étions pas rois. Mais je ne l'aurais peut-être jamais rencontré, dans ce cas, et dans tous les cas, je ne regrette pas que la guerre se soit terminée entre nos pays. Nous devrions peut-être rentrer dans notre chambre, d'ailleurs puisqu'il va commencer à se faire tard, mais je suis plutôt bien, ici. Avec ce silence, on oublierait qui nous sommes et les responsabilités que nous avons, comme si nous étions seuls au monde. Un moment pour parler à cœur ouvert, et laisser mon esprit vaquer à des questions qui me taraudent depuis quelques semaines.
« Est-ce qu'avant moi tu... Tu as eu des amants ? »
J'avoue que je suis curieux, et je ne m'offusquerais pas de sa réponse. Nous ne le refusions pas à l'autre lorsque nous nous sommes mariés ; c'était d'un commun accord que nous nous sommes confirmé la possibilité d'avoir des relations extra-conjugales. Au début, après tout, je m'en fichais pas mal, tant qu'il assumait tout de même son rôle. Mais quand j'y pense, je ne l'ai jamais vu être intéressé... Ou alors il le cachait très bien.