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  • Les rois mages - Page 2
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    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu du mariage de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
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    Un rire amusé m'échappe, loin d'être moqueur toutefois. Il est loin, le temps où je pensais que c'était juste un coincé et que rien ne pouvait le faire sourire ou l'ébranler. Je suis d'autant plus satisfait quand c'est moi qui provoque ce genre de réaction. Je ne le laisse vraiment pas indifférent, à en juger par la façon dont il répond à mes compliments. Mais tout ce que je dis de lui, je le pense vraiment. Sa réputation de personne insensible au regard froid est pourtant encore bien présente, car peu savent comment il est en réalité, autour des gens qu'il aime.
    Sa main chaude sur la mienne me fait légèrement frissonner, tout comme le regard tendre qu'il m'adresse. Sans m'y attendre, il vient poser sur mes lèvres doux baiser que je lui rends, encore timide car peu habitué à cette manœuvre dont je suis toutefois devenu rapidement friand. Flatté des paroles qu'il m'adresse ensuite, je l'admire avec des yeux brillants. Je ne vois vraiment pas ce qu'il me trouve, mais si j'arrive à faire son bonheur... Alors tant mieux. Je ne sais pas non plus pourquoi je n'ose pas l'embrasser à nouveau sur le moment. Je lève brièvement la tête vers les fenêtres du château derrière nous, comme si j'avais peur que l'on nous observe.

    « C'est idiot... »

    Mais je ne vois et ne sens aucune présence qui pourrait nous espionner. De quoi pourrais-je avoir peur, de toute façon ? C'est exactement ce comportement-là qu'ils voulaient depuis le début, et c'est finalement le plus sincèrement du monde que nous l'exprimons.

    « Je ne me gênais pas pour faire croire à tout le monde que nous étions amoureux, mais maintenant qu'on l'est vraiment... Je ne veux pas forcément m'exhiber devant tout le monde. »

    Je ne sais pas depuis quand je suis devenu aussi timide. Ma tête se repose contre son épaule, tandis que je serre doucement sa main. Ce serait plus simple si nous n'étions pas rois. Mais je ne l'aurais peut-être jamais rencontré, dans ce cas, et dans tous les cas, je ne regrette pas que la guerre se soit terminée entre nos pays. Nous devrions peut-être rentrer dans notre chambre, d'ailleurs puisqu'il va commencer à se faire tard, mais je suis plutôt bien, ici. Avec ce silence, on oublierait qui nous sommes et les responsabilités que nous avons, comme si nous étions seuls au monde. Un moment pour parler à cœur ouvert, et laisser mon esprit vaquer à des questions qui me taraudent depuis quelques semaines.

    « Est-ce qu'avant moi tu... Tu as eu des amants ? »

    J'avoue que je suis curieux, et je ne m'offusquerais pas de sa réponse. Nous ne le refusions pas à l'autre lorsque nous nous sommes mariés ; c'était d'un commun accord que nous nous sommes confirmé la possibilité d'avoir des relations extra-conjugales. Au début, après tout, je m'en fichais pas mal, tant qu'il assumait tout de même son rôle. Mais quand j'y pense, je ne l'ai jamais vu être intéressé... Ou alors il le cachait très bien.

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    Je sens que quelque chose le travaille, ce qui me rend naturellement nerveux. Presque inquiet, je scrute son visage à la recherche de ce que cela pourrait être, avant de ne voir ses yeux passer sur les fenêtres en hauteur avec inquiétude. Si je crois au départ qu’il a peur d’une tentative d’assassinat ou toute autre chose dans ce genre, je comprends finalement qu’il est… Pudique ? Alors que nous sommes seuls ? Et que je ne crois pas avoir tenté quelque chose de très osé ? Je suis curieux sur l’instant, mais devant ses mots, je me sens alors assez penaud, réalisant que j’ai pu le mettre mal  à l’aise avec mon trop plein d’assurance.

    « Je… Excuse-moi, je ne voulais pas t’embarrasser. »

    Je suis gêné, maintenant. Je ne voulais pas le mettre dans une situation déplaisante, alors si je le laisse se rapprocher, je me garde un peu de faire la même chose, ne serait-ce qu’inconsciemment. Au moins, l’air frais me fait du bien. Je ne tolère pas bien l’enfermement. Je dépéris bien vite, lorsque je me retrouve coincé entre quatre murs.

    Sa question suivante, toutefois, porte un coup à mon calme ; ou du moins, à ma tranquillité d’esprit. J’ouvre de grands yeux, l’expression surprise, ne m’étant absolument pas attendu à ça.

    « N-non, je... Pas du tout, à vrai dire. »

    Même si nous avions énoncé cette possibilité lorsque nous nous sommes mariés, il s’agissait pour moi davantage de lui faire comprendre que la fidélité et autres détails ne m’importaient pas, puisqu’il n’y avait rien entre nous. Et quelque part, cela me libérait surtout d’une quelconque attente de sa part, même si j’étais intimement convaincu que cela n’arriverait pas. Mais de manière personnelle… Le sujet n’existait pas, si je puis dire.

    « On m’a dit qu’il y avait eu des… Personnes intéressées, mais je ne… Je n’ai jamais vraiment été doué pour le reconnaître, et de toute façon, je n’en avais pas l’envie. »

    J’avais autre chose à faire ; et je n’avais jamais vraiment eu de relation qui m’avait donné envie de développer ce type de lien. Que ce soit en tant que prince ou en tant que jeune roi, j’estimais que ma sacoche était déjà bien assez pleine d’ennuis pour ça : du moins, c’était l’excuse que je formulais. Même si… On m’a dévisagé là-dessus, je le sais.  En plus de faire figure d’irresponsable qui ne se souciait pas de ‘la descendance’, certains se demandaient également si il n’y avait pas quelques « soucis » chez ma personne.

    « … Je sais que je fais figure d’exception, parmi mes prédécesseurs. Et ce qu'on en dit. »

    Au-delà du fait qu’il n’est pas commun pour un roi de ne pas avoir quelques concubin.e.s, pour des raisons que j’ai toujours trouvé stupides mais bien implantées (le "prestige", le pouvoir, et autres raisonnements douteux), les Shimomuras avaient tendance à être… Disons, expéditifs, si je puis dire, dans leurs affaires maritales. Généralement, quelques héritiers étaient produits suite à un mariage, et les époux faisaient ensuite définitivement chambre à part, ne se voyant qu’à quelques obligations communes, avant de reporter leur attention vers des concubins et concubines, ce qui était plus ou moins toléré tant qu’aucun batard ne naissait. Du moins, tant qu’aucun n’était reconnu. Même mon arrière-grand père, qui nous a gracieusement légué de nombreux recueils de poésie on ne peut plus imagée sur mon aïeule (archivé bien loin des yeux de tous) n’était pas exempt à cette liste. Une des rares exceptions fut mon arrière-grand père, qui ne prit jamais de concubine ; et, pour la raison opposée, mon géniteur.
    Mais maintenant qu’il a posé cette question de manière assez naturelle, je me retrouve curieux, bien malgré moi. Je n’aurais pas osé la lui poser si je ne m’étais pas retrouvé enhardi par sa propre interrogation.
     
    « Et toi, tu… ? Enfin, j’imagine que oui, mais… »
     
    Pour moi, du moins, c’est ce qui paraît le plus logique. J’aurais dû mal à comprendre pourquoi pas, d’ailleurs ;  je n'arrive pas à saisir l'idée même qu'on ne le voit pas comme je le vois. En me faisant la liste de ses qualités dans ma tête, du moins, c'est le résultat évident.

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    Je dois avouer être (un peu) surpris qu'il n'y ait vraiment jamais eu personne d'autre. Même si ce n'est effectivement pas le genre de Natsume -je peux le dire maintenant que je le connais mieux- j'aurais tout de même cru qu'il ait quelques suivant.es. Mais s'il était dans ce schéma, cela aurait sans doute été plus simple pour lui de faire naître un héritier et il n'aurait pas forcément eu à se marier avec moi. Du moins en tout cas, ce que l'on m'avait également beaucoup reproché, c'était de ne pas avoir eu d'enfants jusqu'à maintenant. C'était une raison de plus, selon mes conseillers, pour que nous échappions à un drame en alliant nos deux pays par une union officielle. Si j'avais eu un descendant, ils auraient sans doute eu moins peur qu'il m'arrive quelque chose ; le fait de ne pas en avoir engendré était aussi, selon eux, une marque de faiblesse. Quand je pense au caractère de Natsume, je me dis finalement que je le voyais aussi bien n'avoir personne et même ne vouloir personne. Ma poitrine se serre un peu en pensant à Livie, qui a attendu tout ce temps que le concerné lea remarque enfin ; en vain. Alors qu'il ne m'a fallu que quelques mois pour ouvrir son cœur et y avoir une place privilégiée que nul autre ne possède. Mais puisqu'il ne savait pas discerner les sentiments amoureux d'autrui à son égard, ceux de Livie sont, de toute évidence, passés également à la trappe involontairement.
    'J'imagine que oui...'
    Moi ?.. Des concubin.es ?..

    « Hahaha ! »

    Interdit tout d'abord, je finis par éclater de rire, flatté de ce qu'il pense de moi et amusé de sa naïveté. Je n'aurais pas pensé qu'on puisse croire que j'ai beaucoup de réels succès.

    « Tu t'imagines ?.. Je ne vois pas trop ce que tu pourrais t'imaginer. »

    Même si je n'aurais pas détesté une réputation pareille. Aujourd'hui cela m'est égal, mais dans mon adolescence j'aurais adoré être le favori sans que la couronne soit en jeu.

    « On a essayé de s'attirer bien de mes faveurs. Mais je n'ai jamais su si je pouvais compter là-dessus. »

    C'était un des désavantages d'être prince, et ça l'est encore plus alors que je suis roi et que j'ai acquis davantage de pouvoir. Ma propre mère m'avait raconté s'être battu (littéralement ou non je ne saurai jamais) avec d'autres dames pour être choisie par mon père. Apparemment, ce n'était pas le plus intelligent du lot non plus, mais j'ai eu la chance d'être le fruit d'un amour véritable ; cela m'a fait rêver d'en avoir un aussi, lorsque j'étais plus jeune. J'ai cru pouvoir dire haut et fort que ça m'était passé, mais quand je vois comment je suis avec l'autre, je ne peux pas me voiler la face. Quelque part, au fond de moi, j'ai toujours caressé l'espoir d'aimer quelqu'un qui m'aimerait en retour. Espoir brisé lorsque j'ai dû me marier par devoir, mais ressuscité lorsque j'ai fini par comprendre l'attirance que j'avais.

    « Je ne voulais pas me rapprocher de n'importe qui. Mes parents m'ont toujours dit qu'il fallait que je m'entoure de gens de confiance. Cela m'a rendu quelque peu méfiant, en vérité. »

    Cela n'a pas aidé non plus. Lors des fêtes, surtout celles en mon honneur, on ne se privait pas pour me présenter les enfants des plus grandes familles de notre royaume. Gentils avec moi, je compris toutefois à leurs discours que je ne pourrai pas les garder longtemps à mes côtés ; à mon grand dam, puisque je cherchais l'attention des autres.

    « Pourtant, j'aimais bien ce... Cette idée d'être populaire. C'est juste que... Je recherchais avant tout quelque chose d'unique. »

    Quelque chose que je croyais ne jamais réussir à avoir. On ne pouvait jamais être sûrs. Du moins, je le croyais. Au fond, je savais très bien que des relations sincères pouvaient se développer même avec mon statut. J'avais juste peur d'essayer d'en tisser.

    « De toute façon, je ne suis pas très charismatique. »

    Pas autant que le sont -ou l'ont été- mes parents. Je ne leur arrive pas à la cheville, et ça se ressent. Je tente juste de faire de mon mieux.

    « Mais ça me fait plaisir que tu aies pensé ça. »

    Je me sens honoré qu'il m'ait vu ainsi. Ce n'est pas grand chose, bien sûr, et c'est très risible. Mais je trouve ça drôle aussi qu'il ait pu croire que j'étais le genre de personne à être appréciée de la sorte. Mon ego en aurait été content, tiens, même s'il est très fier d'avoir pu taper dans l'œil de quelqu'un comme Natsume. Je me demande encore pourquoi, des fois.

    « Qu'est-ce qui t'a donné l'envie avec moi, alors ? »

    Je suis allé à un stade avec lui qu'il n'avait jamais atteint avant avec quiconque. Et j'en suis plutôt satisfait, pour être honnête. Cela ne m'empêche pas de me demander ce que j'ai fait pour en arriver là. Ce que j'ai fait pour qu'il trouve que je valais la peine d'avoir envie d'être dans une relation.

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    J'affiche une mine perplexe lorsqu'il se mit à rire honnêtement, comme si j'avais dit quelque chose de très drôle. C'est-à-dire que vu comme je le vois, cela m'aurait paru logique ; mais visiblement, ce n'était pas du tout le cas. Quelque part, même inconsciemment, cela me rassure un peu. Je roule toutefois des yeux en affichant une tête boudeuse, ne serait-ce que pour qu'il ne se moque pas trop.
    En revanche, ce dont il me parle ensuite me parle, et mon expression se radoucit.
    Quand bien même nos passifs respectifs furent très différents, je peux saisir la méfiance dont il parle. Je l'ai encore, d'ailleurs. Je me suis ouvert au fur et à mesure que nous faisions connaissance, mais je garde toujours le même comportement avec autrui. Et... Je peux voir en quoi il s'agit d'une vie solitaire, même si j'en ai probablement moins souffert que lui. Du moins, je le vois ainsi, vu nos comportements respectifs. De mon côté, je ne peux pas dire que je cherchais quelque chose « d'unique », vu que je ne cherchais même pas quelque chose.

    Je ne peux pas m'empêcher de soupirer et de rouler des yeux lorsqu'il se met à se dévaloriser, retenant l'envie de le frapper légèrement avec une liane par agacement, même si il semble flatté par ce que je pense de lui.
    Sa question suivante, toutefois, me prend de court. Pas parce qu'elle est fondamentalement inattendue ou étrange, mais parce que je n'ai pas de réponse toute faite à lui dire. Je crains un peu qu'il ne se vexe, mais je parle honnêtement, la mine pensive.

    « Je... Ne sais pas. »

    Je n'y ai jamais pensé comme ça, à vrai dire.

    « Je ne dirais pas que j'avais envie d'une relation. Je dirais juste que... C'est arrivé car cela me semblait naturel et que cela me faisait plaisir. »

    Je n'y ai pas pensé en termes de relation, si l'on veut dire. Je n'ai pas beaucoup réfléchi, ironiquement, alors que je me suis tant angoissé sur le fait d'être attiré par lui. J'avais effectivement envie de me rapprocher, mais je n'avais pas fait le lien avec une relation avant que nous ne mettions les mots là-dessus. Peut-être parce qu'inconsciemment, j'étais encore dégoûté par les obligations dues par notre mariage. Ce n'est qu'après un temps que j'ai vraiment commencé à le considérer comme... Une personne à part entière, oui.

    « Mais tu... »

    Je sais que le moment où mon regard a changé aura peut-être l'air stupide. J'aurais dû au moins lui laisser une chance pour que nous puissions avoir de véritables relations amicales avant, ne serait-ce que pour nous rendre la vie plus facile, mais je m'y refusais complètement, mis trop mal à l'aise par la situation dans laquelle nous étions. C'était justement car nous étions mariés que je refusais de m'ouvrir ; justement car une partie de moi ne le supportait pas que j'étais si crispé. Et je me souviens bien de la raison qui m'a poussé à me dire qu'il était peut-être différent de ce que j'avais cru.

    « … Quand tu as a pris la peine de sauver mon chat, je me suis rendu compte que tu n'étais pas la brute égocentrique que j'avais imaginé. »

    J'esquisse une mine désabusée en y repensant. Certes, j'avais bien failli y passer et il m'avait tiré d'affaire, mais ce n'était pas vraiment ça, qui m'avait fait changer d'avis ; je m'étais dit qu'il s'agissait juste une question d'obligation politique. Le fait qu'il ose pourtant retourner dans le brasier pour récupérer un animal, que n'importe qui aurait pu qualifier d'insignifiant, et qu'en plus l'animal en question ait passé les derniers mois à feuler, cracher et le griffer dès qu'il était à sa portée, m'avait véritablement surpris. Et Hayato, un peu comme moi, s'était adouci par la suite ; jusqu'à même venir se coller à lui la nuit en ronronnant. Il avait fallu ça pour que je vois que la personne que j'avais épousé par devoir pouvait au moins, potentiellement, être quelqu'un en qui j'avais confiance. Et j'ai conscience qu'il s'agissait d'une vision très superficielle ; mais ce n'était pas entièrement volontaire. Tout cela est venu naturellement avec le temps.

    « Et au fur et à mesure... Que tu étais tout le contraire. »

    J'esquisse une mine désabusée, un peu blasé par moi-même. Il m'aura fallu du temps pour lui donner une chance.

    « Drôle, attentionné, sensible et... Particulièrement têtu. »

    Je glousse un peu en y pensant. Que ce trait de personnalité me plaise alors qu'il m'agaçait au plus haut point fut un temps (et m'agace toujours par moment, par ailleurs) me paraît assez stupide, mais je ne peux pas le nier. Je pourrais continuer ma liste, mais je me rappelle que ce n'était pas la question, alors j'essaie de me concentrer là-dessus alors que les violettes dans mes cheveux éclosent en même temps que celles à mes pieds.

    « Je n'avais pas nécessairement envie d'une relation, mais c'est arrivé, et... Je n'avais pas envie que ça s'arrête. »

    Ma mine s'est fait plus douce. Après tout, nous nous sommes embrassés avant de nous avouer quoi que ce soit ; et quand j'y pense, nos rapprochements s'étaient fait petit à petit. Les quelques fois où nous dormions non loin de l'autre, la manière dont nous nous tenions peut-être trop longtemps lorsque nous faisions « semblant »... Je ne m'en étais pas rendu compte, avant ce moment-là.  

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    J'étais curieux. Avide d'attention, aussi, pourrait-on dire. Quelque part, je sais que je m'attends à des choses qui ne sont pas désagréables à écouter. Mais j'en ai besoin. Je veux le comprendre mieux et savoir ce que j'ai fait pour être spécial à ses yeux, différent des autres et de Livie qui l'a pourtant poursuivi durant des années sans jamais être remarqué. Je ne me trouve pas particulièrement extraordinaire, après tout. Sans ce mariage arrangé ou même mon statut, je ne sais même pas si nous nous serions rencontrés et aimés de cette manière. Cela me réchauffe pourtant la poitrine de savoir que cela lui faisait plaisir d'entretenir une relation avec moi. Qu'il n'avait pas eu besoin d'y songer, que c'était, en fin de compte, assez normal pour lui de l'accepter. Même si j'avais oublié cette histoire de sauvetage. Je ne me rendais pas compte que cela avait changé sa vision de moi. Mais comme ce fut naturel pour lui d'accepter ses sentiments, c'était naturel pour moi de mettre Hayato hors de danger, même si son chat me détestait à ce moment-là. En un sens, je suis même un peu choqué qu'il ait été surpris de mon geste ; je me serais horrifié de laisser un animal mourir sans avoir tenté de lui faire échappe ce sort funeste. Outre ça, je savais à quel point Natsume y tenait en plus, alors je n'ai pas hésité.
    Je serre un peu plus son bras lorsqu'il évoque à nouveau ce qu'il lui plaît chez moi, mes joues reprenant des couleurs tandis que je tente de les cacher en baissant un peu la tête. Je suis de manière générale assez timide lorsque l'on me fait de réels compliments, mais venant de la personne que j'estime le plus au monde, cela représente énormément pour moi. Il me disait avoir eu de la chance mais c'est moi, le plus chanceux dans cette histoire. Je n'en mérite pas tant. Je ne le mérite pas lui.

    « Tant mieux. »

    Moi non plus, je n'ai pas envie que ça s'arrête.
    Je suis heureux. Je n'ai plus à me plaindre. Nos ennuis ne sont pas finis, puisque nous avons encore quelques poids sur les épaules, mais cela me rassure de savoir que je ne suis pas seul et que je peux trouver un confident en sa personne. Une bouffée d'affection et de chaleur m'envahit, rassuré par ses mots et ayant totalement laissé de côté ce qui me frustrait tout à l'heure. Relevant la tête vers lui, je viens à mon tour poser mes lèvres sur les siennes pour l'embrasser avec douceur. Il m'avait donné envie déjà tout à l'heure. Je me demande s'il ne préfère pas les baisers plus chastes. Depuis que je m'autorise à lui en offrir, je n'hésite pas à les prolonger un peu, avare de sa tendresse. Ma main vient même se placer derrière son cou pour le rapprocher un peu de moi, comme si j'avais peur qu'il veuille tout de suite s'éloigner. Peu importe si on nous voit, au final. Nous sommes bien censés 'faire croire', non ? Mais il n'y a plus de comédie qui tienne. Plus de masque et de faux semblant. Ce que j'éprouve pour lui est sincère, et je sais que c'est réciproque. Alors si je me détache, ce n'est que de quelques centimètres.

    « Ce sont les plus belles choses qu'on m'ait jamais dite. »

    Des éloges, j'en ai reçu. Des tas. Des paroles en l'air sans conviction ni honnêteté qui me satisfaisaient quand j'étais enfant et que je ne pouvais réellement les comprendre, mais qui dorénavant m'agacent.

    « Je ne me serais pas attendu à ce que ça vienne de quelqu'un que je n'aimais pas au début. »

    Je glousse un peu, même si ça me fait quand même plaisir.
    Ma main vient caresser sa joue avec lenteur. Un court instant, je reprends un air légèrement sérieux.

    « Nous devrons en reparler un jour, de ces histoires d'héritiers. Mais pas pour eux. Pour nous. »

    Je n'oublierai pas ce qu'on nous a dit aujourd'hui. Cela me reste en travers de la gorge mais je sais qu'ils nous tanneront avec. Cependant, comme je lui ai dit, je ne souhaite pas en avoir par obligation, mais par désir. Si je veux être père, ce ne sera pas dans les conditions que l'on nous impose. Nous avons nos propres règles, et ce sera à eux de les respecter. Même si j'avoue que je suis parfois curieux d'imaginer ce qui se passerait si j'osais me rapprocher davantage le soir, lorsque nous nous couchons dans le même lit et que je sais qu'il n'y a plus personne de réveiller.
    Alors je reprends avec un petit sourire amusé.

    « Mais si tu ne veux pas qu'ils arrivent trop tôt, je te déconseille de me flatter à nouveau comme ça à l'avenir. Sinon, je risque de plus avoir envie de me détacher de toi. »

    Je plaisante avec lui, mais au fond, ce n'est pas l'envie qui m'en manquerait. J'ai, de temps à autre, imaginé ce qu'il pouvait y avoir derrière ces fleurs qui représentent ses états d'âme.
    Mais ce que je ne peux nier, c'est que plus il me partage son affection, plus j'ai envie de lui en donner. Alors je ne résiste pas à ce second baiser que je lui offre, sentant mon corps se ramollir au contact de ses lèvres.

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    Je le sais plus réservé, lorsqu'il s'agit de recevoir des compliments ou lorsqu'il ne sait pas comment réagir à des preuves d'affection qui le débordent un peu. Quelque part, si je suis toujours attendri, je trouve aussi cela rassurant : je me sens moins seul dans ma maladresse. Amusé, j'esquisse un sourire sans un mot, ne voulant pas le pousser plus que nécessaire en mettant trop de couleurs sur ses joues. Je ne m'attendais toutefois pas à ce qu'il vienne m'embrasser, et je ne réagit pas tout de suite sur le moment, plus curieux qu'autre chose, avant de me détendre progressivement dès lors que je sens une agréable chaleur se mettre à bourdonner dans ma poitrine et dans mon ventre. Mes yeux se ferment ; un frisson passe dans ma colonne vertébrale quand sa main vient me rapprocher en s'accrochant à ma nuque. La lenteur et la tendresse sont des choses que j'apprécie tout particulièrement lorsque nous nous embrassons. Mon corps est tranquillisé, réchauffé, embourbé dans un nuage agréable. Et lorsqu'il s'éloigne, si des lueurs tendres brillent dans mes yeux, c'est une moue amusée et joueuse qui se dessine sur mes lèvres face à ce qu'il me dit.

    « Tu n'es pas très difficile, avec moi. »

    Son expression qui se fait sérieuse, toutefois, fait se changer ma mine vers de la préoccupation. Ce qu'il me dit me fait me tendre, même sans le vouloir. Je ne peux pas dire que je suis entièrement à l'aise avec le sujet ; mais au moins... Au moins, j'ai maintenant la certitude qu'il est de mon côté. Je m'en doutais déjà avant, mais c'est autre chose d'en avoir eu la confirmation. Je ne voudrais pas avoir des héritiers ; des enfants, oui, mais pas des héritiers. Et je me sens plus légitime de le penser, surtout. Alors je ne reste pas tendu bien longtemps.
    Mais son commentaire suivant me tire toutefois une expression perplexe sur l'instant, avant que je ne comprenne ce qu'il voulait dire. Mes yeux s'ouvrent d'un air surpris tandis que mes joues passent à l'écarlate en une seconde ; et je n'ai pas bien le temps de penser plus longtemps à mon visage brûlant, puisqu'il vient à nouveau m'embrasser. Je mets quelques secondes à y répondre. Mais, lentement, mes lèvres se mettent à bouger contre les siennes pour venir les caresser avec tendresse. Une de mes mains vient se poser contre son épaule tandis que l'autre s'accroche un peu sur sa nuque, avant de grimper légèrement pour venir ses perdre dans ses cheveux. J'aime... Beaucoup ses cheveux. J'ignore pourquoi. Ils sont doux, et j'aime passer mes doigts dedans pendant que je l'embrasse. J'aime l'embrasser, aussi. J'aime la douceur de ses lèvres contre les miennes, l'affection que je sens dans ses gestes et la chaleur dans mon corps qui me tire d'agréables et enivrants frissons.

    Le regard embrumé alors que nous nous éloignons avec lenteur, ma poitrine est toujours chaude. J'hésite à me rapprocher à nouveau, mais je repense vaguement à ce qu'il vient de me dire. Avec lui et quand il plaisante, j'ai appris à remarquer lorsqu'il y a un fond de vérité, ou du moins lorsqu'il y a quelque chose d'autre derrière. Mais cela me laisse souvent dans un état d'hésitation et d'incertitude qui m'agace car il n'y a jamais rien de clair. Et j'ignore si ce sont nos baisers qui m'enhardissent ou mon exaspération face à sa manière de tourner autour du sujet, mais je me retrouve à soutenir son regard, la mine à moitié joueuse, à moitié embrumée. Quelques fuschias prennent la place des violettes qui se trouvaient dans mes cheveux il y a quelques minutes, sans que je ne les remarque pour l'instant.

    « C'est supposé me dissuader ? »

    Inconsciemment, je m'humidifie les lèvres. Quelque part, je lui renvoie son propre ton, comme une question à double sens. Et en même temps, je suis sincère. Mais mon intuition me pousse à creuser, comme si il y avait quelque chose qui le travaillait, dans le fond.
     

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