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    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu du mariage de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
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    En un sens , il s'était toujours attendu à ce que cela finisse ainsi.
    C'était un accident, la première fois.

    La maison lui donnait parfois l'impression d'une grotte, d'un terrier quelconque, tant elle était sombre. C'était un peu ce qu'elle était, en même temps. La grotte d'un dragonneau qui ne pouvait pas sortir. Sa mère n'y restait jamais longtemps, et la plupart du temps, il se retrouvait seul.
    Mais, un jour, il y eut une petite différence.

    Je reviens ce soir, Natsume. J'ai beaucoup à faire.
    Sa mère avait oublié de verrouiller la porte en partant. D'ordinaire consciencieuse sur ce point, surtout lorsqu'elle se dirigeait vers le marché, elle avait cette fois fait une erreur. Une petite erreur de rien du tout mais que, malgré son jeune âge, il avait eut vite fait de remarquer. Du haut de ses cinq ans, tout innocemment, sa main s'était portée vers la poignée de porte.
    Je vais aider maman.

    Son odorat n'était pas bien puissant, encore, mais il l'était juste assez pour suivre la trace encore fraîche de sa mère. Juste assez pour qu'il zigzague entre les rues, ses petits pieds lui permettant difficilement de suivre le rythme. Elle ne devait pas être très loin, pourtant, car son parfum persistait encore, entre les odeurs de galettes, de légumes sucrés et de fruits secs tout juste chauffés. Au début, en tous cas : cela lui permit de comprendre qu'il était sur la bonne piste. Sans surprise, il se rapprochait du marché : il se souvenait même s'en être réjoui, un sourire joyeux au visage.
    Elle va être fière, quand elle va voir tout ce que j'ai fait tout seul.

    Au fur et à mesure de ses pas, pourtant, les odeurs se démultiplièrent. A celles des pommes à l'érable se mélangèrent celles des effluves désagréables de sueur et de fromage de chèvre. Son nez le piqua, et il s'arrêta sur le moment, l'expression déformée en une grimace agacée. Autour de lui, les bruit de pas se firent plus forts, plus intenses, comme si ils se rapprochaient.
    En relevant la tête, il s'aperçut qu'il se trouvait à l'un des carrefours du marché, qu'il ne reconnaissait pas ; sans surprise, puisqu'il n'y était jamais venu. Sa tête se tourna de droite à gauche, cherchant une silhouette familière entre toutes celles qui passaient devant lui, pestant parfois de sa présence, manquant de le bousculer. Une sensation froide lui perça la poitrine, serrant sa gorge et lui faisant ouvrir de grands yeux. Dans son ventre, il sentit comme un crépitement, le bourdonnement sourd de quelque chose qui ne demandait qu'à sortir.
    Il y avait bien des voix, mais elles semblaient toutes s'emmêler dans un même bourbier incompréhensible, un nœud de murmures, de cris, de chuchotements et de bruits insensés. Parasites. Une douleur lancinante lui prit la tête et ses mains, par réflexe, vinrent se porter à ses oreilles, comme pour tenter de l'apaiser. Mais son nez, à découvert, était d'autant plus agressé de senteurs insupportables, toutes liées dans un même nuage d'effluves agressives. Comme un seul parfum, omniprésent, invasif. Son cœur battit plus vite. La sueur commença à glisser le long de son visage, sa respiration s’accéléra. Sa vue se brouilla, et tout ce qui se trouvait autour de lui ne devint plus qu'une masse informe, menaçante. Le bourdonnement se fit plus fort encore. Insistant. Puissant. Autour, des étincelles se mirent à crépiter, discrètement, subrepticement.
    Puis, on lui rentra dedans. Une paire de jambes le bousculèrent et il tomba violemment à terre, sans même parvenir à distinguer ce qui l'avait renversé. La douleur le sonna, ses yeux s'écarquillèrent, sa respiration se coupa. Quelque chose lâcha.

    « Maman ! »

    Il serait bien incapable de dire ce qui s'était passé, car il n'entendit plus rien.
    Rien, si ce n'est le bruit sourd et violent d'une explosion.
    Et là, il ne vit plus rien.

    --

    Il n'avait gardé quasiment aucun souvenir de ce qui s'était passé, après ça. Il se rappellait avoir brièvement entrouvert les yeux, à un moment, lorsque des secours étaient arrivés, mais rien n'était clair. Tout était flou, informe. Rouge. Des masses quelconques, écarlate, disséminées tout autour de lui. Des silhouettes immobiles, familières ou non.
    Sa tête tournait, mais ce fut l'odeur qui le fit vomir en premier, sans même qu'il ne puisse comprendre pourquoi exactement ses propres mains étaient aussi chaudes, comme l'eau pourpre sous ses genoux. Il aurait été incapable de reconnaître l'entrée du marché, car il n'y avait plus rien. Rien d'autre que lui.
    Il se souvient de voix paniquées, de murmures d'horreurs, de silhouettes blanches tenant des lances et des lames.
    Maman... ?
    Mais elle n'était nulle part, et sa tête lui tourna à nouveau, jusqu'à ce qu'elle ne tombe à nouveau au milieu du charnier.

    Il se rappelait, pourtant, du dégoût évident dans la voix d'un moine lorsque l'un des leurs l'avait soulevé pour le porter, délicatement, doucement.

    « Vous regrettez de ne pas l'avoir achevé aujourd'hui. »

    Avec le recul, ironiquement, il se disait que qui ce soit, il avait eu raison, ce jour-là.

    -

    Il l'avait entendu, ici et là.
    Un danger.
    Les voisins l'avaient dit. Avaient-ils vraiment tort ? Qu'était-ce donc qu'un dragon, au final ?
    Une catastrophe à venir.
    Les moines aussi, plus discrètement, plus subtilement. Une magie si explosive et forte dans les mains d'un enfant n'était qu'une seule chose.
    Un risque.
    Avaient-ils tort ? Depuis l'incident, ils auraient été stupides de penser à autre chose. Même Natsume l'avait compris ; même lui n'esssayait plus d'ouvrir la porte de la maison. Il ne servait à rien qu'il le fasse, de toute façon. Il n'était jamais accueilli par autre chose que du dégoût et de la colère.

    Une colère justifiée, lui avait expliqué les moines.
    On ne lui avait jamais vraiment dit ce qui s'était passé, ce jour-là. Cela le démangeait, pourtant. Jusqu'à ce que, un jour, il ne finisse par poser sa question au moine Thomas, qui continuait malgré ça de venir lui apporter ses médicaments.
    Et il lui avait montré.

    Les traces de feu dans la roche. Les racines d'Yggdrasil qui se terminaient soudainement, comme si on lui avait coupé des membres. La terre brûlée, là où rien n'avait repoussé. On avait décalé le marché : il ne passerait plus par là.
    Quelques fleurs, ici et là, avaient été déposées. Il avait cru reconnaître des noms. Sa gorge s'était serrée, et il était resté là, immobile, silencieux. Un poids lui avait pris la poitrine, et il lui semblait si froid que chaque inspiration lui brûlait les tripes. Une fleur de pissenlit, en particulier, attira son attention.

    « C'est une malédiction, Natsume. »

    Ça ne pouvait être que ça. Il n'avait même pas besoin qu'on le lui dise, car il en était persuadé, intimement. Il le savait, maintenant. Il le comprenait. Viscéralement.
    Ses yeux n'arrivèrent pas à quitter le pissenlit.

    « Mais... Peut-être que... Elle peut être... Canalisée. Utile. Tu comprends... ?»

    Oui, il comprenait. Très bien, même. Alors il serait utile. Autant qu'il pouvait l'être, pour autant de temps qu'il le faudrait.
    Le pire, dans tout ça, était peut-être qu'il en était persuadé.

    --

    Obéir, il avait appris à le faire. C'était devenu instinctif, à force, et il avait bien compris qu'on ne l'accepterait qu'à cette condition : et c'était acceptable.
    Alors, diligemment, Natsume avait obéi. S'était soumis à l'éducation du clergé, avait suivi leur voie.  Il serait un mage blanc, un guérisseur, un soigneur et un protecteur. Un bouclier, pas une épée. Un moine, et non un dragon. Et pour ça, il faudrait se contrôler. Contrôler ses gestes, contrôler ses émotions, contrôler ses sens ; contrôler jusqu'à ses mots, car il devait se juger heureux d'avoir ne serait-ce le droit de se montrer parmi tous.

    Mais, toujours, de temps à autre, sa magie le démangeait.
    Elle crépitait dans sa main, grondait doucement, s'agitait d'étincelles frétillantes. Un simple sort de soin lui avait demandé des semaines de pratique, là où d'autres n'avaient eu qu'à claquer des doigts.  Alors il s'était entraîné et avait persisté, jusqu'à ce que le résultat soit si satisfaisant qu'on aurait jamais pu douter des efforts que tout ceci avait demandé. Mais là, déjà, ça n'avait semblé pas suffisant.

    Pourquoi aller contre la volonté de l'Eos... ?
    C'est évident, que ce n'est pas son école naturelle.
    Attendez juste de voir qui il finira par blesser, quand on aura le dos tourné.
    La dernière fois n'a pas suffi ?


    La plupart ne se cachaient pas. On ne leur demandait pas de le faire, cela dit ; ne s'agissait-il pas de la vérité ? En silence, il se contentait donc de faire mieux pour la fois d'après.  
    Mais, à nouveau, quelque chose semblait déranger.

    C'est grotesque.
    L'on entraîne les monstres, maintenant ?
    Ils veulent le faire devenir moine ? Autant mettre le loup dans la bergerie !


    Sa gorge s'était nouée, une fois. Son contrôle avait faibli, et les flammes tout autour s'étaient embrasées. Il avait fallu des semaines pour qu'on tolère de le voir de nouveaux aux assemblées, même à l'arrière.
    C'était incompréhensible, pourtant. Plus il progressait, plus sa maîtrise s'affinait, plus les exigences augmentaient.

    Et pourtant, inexorablement, il continuait d’obéir. Il l'avait promis, après tout.
    Pourtant, parfois, une question lui revenait en tête.
    Que faudrait-il, exactement, pour qu'ils soient satisfaits ?

    --

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    « Félicitations, Natsume. »

    La voix de Kurosawa l'atteignit distraitement. Il n'était pas bien loin, mais il lui semblait pourtant l'entendre à distance, quand bien même ses pas le portèrent à ses côtés.
    Le regard du Shimomura ne s'éloigna pourtant pas de la porte, qui, elle, restait bien fermée.

    « C'était une dissertation brillante. Je n'aurais jamais pensé à interpréter ces textes ainsi. »

    Sa mine est tout aussi fermée que son expression, mais il y a un certaine chaleur dans sa voix, une qu'il ne montre pas en temps normal. Même dans son expression, il y brille quelques lueurs fières.   Kurosawa, en temps normal, n'était pas quelqu'un qu'il détestait voir ; c'était l'un des rares qui lui adressait la parole, en outre. Il l'avait aidé même aidé à répéter alors que le jour de son Interrogation se rapprochait.
    Pourtant, sur le moment, ce n'est pas lui, qu'il souhaiterait voir. C'est cette porte devant ses yeux, au fond du sanctuaire, entre la terre et la pierre, qui devrait s'ouvrir.

    Silencieux, Natsume attend encore un peu. Il sait, pourtant, que ça ne sert à rien. Son regard est morne et la fatigue est si ancrée sur son visage qu'elle semble lui peser, le rendant presque plus vieux que ses traits encore juvéniles ne le trahissent. Le rictus caustique qui se fraye sur son visage est las et amer.

    « Mais elle ne suffit pas. »

    C'est une constatation simple, plate, froide. Satoshi ne bouge pas, mais son regard se détourne un instant. Ses épaules s'agitent nerveusement et ses doigts se croisent avec plus de rigidité qu'il ne le souhaiterait.

    « Ce n'est qu'une question de temps. Il faut juste... »

    Sa voix est malaisée et lorsque le regard de Natsume se repose sur lui, elle se prend dans sa gorge. Il est perçant, froid, attentif et aussi scrutateur que celui d'un rapace cherchant sa proie, feintée comme celle d'une bête prête à le saisir entre ses crocs. Inconsciemment, sa prise se referme légèrement contre la garde de sa lame.

    « Combien, exactement ? »

    Il n'y a rien d'urgent, dans son ton, ni d'accusateur, mais Satoshi reste silencieux. Ses lèvres se referment en une fine ligne droite. Il connaît la réponse, mais elle ne sort pas ; et, il en est persuadé, Natsume le sait tout autant que lui.

    « C'est la troisième fois. »

    Les yeux du magimorphe se fixent à nouveau sur la porte. Il ne fait qu'évoquer les faits et pourtant Satoshi sent quelque chose dans sa voix, dans sa posture, dans l'air, même, de bien plus lourd. Même sa propre magie, celle à laquelle il ne veut pas penser et qu'il garde enfermée en lui-même, frétille légèrement. Elle sent quelque chose, quelque chose de plus fort qu'elle et qui l'appelle pourtant. Et lorsque son regard se pose sur lui, il en est persuadé : c'est celui d'un dragon.

    « Tu sais bien... Que d'entre tous, j'étais de loin le meilleur. »

    Satoshi ne répond toujours pas. Il a vu, pourtant. Comme le reste des moines, il en a témoigné : et il n'y avait qu'une conclusion qui pouvait s'imposer, ou en tous cas, c'était ainsi que lui le percevait. Lui qui était émerveillé, admiratif et silencieux, tout du long la démonstration de son acolyte. Il le savait dédié à ses entraînements et à ses études, mais c'était une toute autre chose de l'observer, et surtout, de le comparer aux autres candidats. À certains autres moines, même, qu'il avait vu rougir de jalousie à quelques moments. Satoshi, lui, avait vu un de leurs plus jeunes moine supérieurs à venir. Peut-être même un de leurs futurs anachorètes, le jour où le mandat d'Erys cesserait.
    Mais, pourtant, il ne dit rien. Et personne n'avait rien dit non plus. Natsume ne s'attendait pourtant pas à autre chose, tout comme maintenant, alors que son regard las se redirige vers la porte du sanctuaire interne qui reste désespérément fermée.

    « J'ai travaillé sans compter, je connais si bien nos textes que je pourrais les réciter sans faute, en langue originelle et en version traduite, j'ai fait vœu d'obéissance, de pauvreté, de célibat. J'aurais même fait celui de silence. »

    C'en devient ridicule, quelque part, et il s'en rend compte lui-même. Le bout de ses lèvres se tord en un rictus fatigué et ses yeux descendent vers le sol.

    « Et... Je sais ce que vaut ma magie. »

    Ses doigts se serrent, ses griffes se plantent dans sa peau. Satoshi ravale sa salive, sans dire un mot. Lui-même le sait. Lui-même l'a vu. Lorsque les malades s'accumulent, personne ne rechigne à se servir de cette source de soin on ne peut plus efficace, quand bien même il n'y a que le dégoût qui l'accueille à chaque fois. La plupart du temps, on évitait même de dire aux patients qui exactement les avait traité, pour éviter leurs réactions.
    Et pourtant, Satoshi ne peut rien lui répondre.

    « Alors... »

    Les flammes des torches autour d'eux s'agitent, se troublent, frémissement. Quelque chose dans le fond de ses tripes se serre et fait remonter un frisson le long de son dos.

    « Qu'est-ce qu'il faudrait de plus, exactement ? »

    Et, au fond de lui, Satoshi en est bien conscient.
    Rien.

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    Il était simplement sorti arroser quelques plants, ce jour-là.  
    C'était une journée quelconque, une matinée comme tant d'autres. Une heure plus tard, il aurait quitté la maison, avant même que sa mère ne se soit réveillée, et aurait rejoint le sanctuaire. Il aurait remonté sa capuche et aurait continué sa journée comme tant d'autres avant. Avec un peu de chance, peut-être aurait-il eu droit de passer une heure ou deux dans la bibliothèque. Mais le printemps était arrivé avec grande force, alors il ne pouvait pas se permettre de se hâter et de laisser ces quelques bourgeons de camélia dépérir.
    Puis, il ne se souvenait plus de rien, hormis d'un noir complet.
    Et quand ses yeux se rouvrir enfin, ce fut sur le chaos sur terre.

    Tout était allé bien trop vite. Ce furent des cris et du feu, des armes et des chocs. Des armures partout, des chevaux, des lances et des lames pointées vers eux. Des silhouettes familières qui fuient, d'autres inconnues qui les pourchassent, qui aboient et qui beuglent. C'est un brouhaha de sons et d'images, un enchevêtrement de hurlements de peur et de coups. On les attaque. On attaque les siens et il ne doit pas les délaisser.
    Alors il se bat, même si sa vision est floue, même si son corps draconique ne peut pas lui permettre  de tenir éternellement, même si il ne comprend pas ce qui se passe.

    Mais il y a une chose qu'il voit clairement : le corps de sa mère, étalé au sol, ses ailes blanches couvertes de sang.
    Il serait incapable de se souvenir de ce qui s'était suivi, ensuite. Il n'y avait plus qu'une intense et puissante sensation de rage, qu'une douleur violente et étouffante dans ses tripes. Étouffante, glaçante, terrifiante.
    Elle ne bougeait plus.

    Il avait hurlé. Un cri de fureur avait quitté sa gorge et ses crocs s'étaient planté dans la chair du premier soldat qu'il avait entrevu ; son corps s'était déchiré en deux sous la force de ses griffes, avant qu'il ne s'en débarrasse plus loin, comme un vulgaire morceau de viande. Et un autre, puis un autre. Des lames se plongèrent dans sa chair, mais il n'en tira que des hurlements de douleur furieux, rendant chaque coup avec plus de colère encore.

    Il n'y avait plus rien, si ce n'est qu'un besoin de vengeance qui le dépassait.
    Et il se bat, autant qu'il le peut. Son corps draconique lui est utile ce jour-là, lui permet de tenir tête à une dizaine de soldats à lui tout seul. Sa force lui avait toujours valu la méfiance, mais elle lui permet de les protéger, aujourd'hui. Alors même si c'était douloureux, même si la peur et la terreur continuaient de lui vriller la poitrine à chaque fois que ses yeux se posaient sur la silhouette étendue – immobile – de sa mère, il continuait. Il ne pouvait pas faire autre chose. C'était son rôle. Son but. Son unique raison d'être.

    Mais.

    « Prenez-le ! »

    Un cri le tire brièvement hors de sa fureur. Lui fait relever la tête. Sa gueule est rouge, ses yeux sont surpris. Une lance se plante dans son aile et lui tire un hurlement de peine, mais ses yeux continuent de suivre la silhouette qui s'est exprimée pour parler. Elle n'est pas seule. Derrière elle, il en voit d'autres, dont de nombreux qu'il reconnaît. Il les a connu, côtoyé, soigné. Protégé. Et pourtant...

    « Laissez-nous, et... Prenez-le ! »

    Pourtant, elle s'adresse aux soldats. Ils se cachent à l'arrière, et ils...
    … Me détestent.
    Sa gorge se noue. Il ne bouge plus. Et si il sent des cordes se serrer autour de son cou et de ses pattes, il ne fait plus un geste, la gueule immobile, les membres bloqués. Ses tripes se sont glacées. C'est tout son corps qui s'est figé, soudainement.
    Et... Me détesteront.
    Une pression forte et insistante le met à terre. Il ne résiste plus, comme une poupée sans fils. Ses yeux se relèvent, très légèrement. Une odeur encore familière, mais mêlée à la puanteur poisseuse du sang.
    Maman...
    Elle ne bouge pas. Elle ne bouge pas. La panique, la peur et la peine lui prenne aux tripes. Il veut bouger, se déplacer, juste un peu. Même il ne peut plus, car ses membres lui font mal, car les cordes à son cou et à ses pattes se resserrent, car elles le maintiennent au sol. Ses griffes écrasent le sol, tracent un chemin dans le sang.
    Maman, toi... Toi, tu vas rester, hein... ?
    Mais son corps rapetissait. Ses membres se repliaient l'un contre l'autre, ses ailes s'effaçaient dans son dos. Elle ne bougeait pas plus, et le trou dans sa poitrine, lui, ne devint que plus évident.

    Dans le chaos, ce matin-là, on entendit le hurlement d'une bête, au loin.

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    « Hé, tu sais ce qu'ils vont en faire, du bestiau, là ? »

    Ils parlent. Yggdrasil, ils parlent. Toute la journée. Ce serait à en devenir fou si il n'avait pas déjà l'impression de l'être un peu.

    « C'est pour Gaston, y paraît. 'Cadeau digne d'un empereur', qu'il a dit, le conseiller. Pour son couronnement. »

    Dans sa cage, la bête garde les yeux fermées, sa gueule posée entre ses pattes et ses griffes. Elle ne bouge pas, mais ses oreilles s'inclinent et sa queue bat l'air dans un signe quasiment imperceptible d'agacement. Quelques soldats continuent pourtant de jouer aux cartes devant sa cage, comme si de rien n'était. L'un d'eux, avec un début de barbe affreusement laid, reprend la parole d'un ton railleur.

    « Pour le morveux, là ? Ils espèrent que ça va lui faire pousser des couilles ? Y va se pisser dessus rien qu'en le voyant ! »

    Des rires gras suivent cette exclamation qui semble appréciée par ses camarades, bien inconscient du fait que le dragon, derrière eux, a relevé les oreilles. Il est attentif.
    De la dissidence, hein... ?
    Mais juste en face, un autre soldat, un peu plus imposant, fronce les sourcils et grommelle en jetant des coups d’œil nerveux aux alentours.

    « Ferme ta gueule, Fandard, ou on va encore se prendre un blâme ! Tu veux qu'on t'entende ? Oros me garde d'être puni pour tes conneries ! »

    Et ils se disputent, encore, à coups d'exclamations toutes plus vulgaires et ridicules les unes que les autres. Le dragon souffle d'exaspération, ses griffes venant grincer contre le métal en dessous de ses pattes. Depuis qu'il est ici, il a eu le temps d'écouter, pour comprendre un peu. Saisir ce qui s'était passé. Avec difficulté, au début. Puis, petit à petit, il avait relié les points entre eux. Les imbéciles qui l'avaient enchaîné étaient des 'altissiens', des envahisseurs venus de l'ouest, occupés à se batailler stupidement avec leurs semblables de l'est, les caldissiens. Des rouges et des bleus, essentiellement. Ils avaient tous le même air stupide et batailleur, à ses yeux, alors ça n'avait pas grand intérêt.

    Un autre point, plus important, continuait pourtant de lui tourner en tête.

    « Non mais, t'imagines ? Un dragon millénaire ! On en a plus depuis des siècles, à Altis.
    - Bah, en même temps, avec leurs saloperies de mages, les caldissiens nous les ont bousillé. »

    Mille ans.
    Le concept lui avait paru grotesque quand il l'avait entendu, et il avait bien été incapable de le saisir. Il aurait cru plus aisément à une hallucination ou une construction de leur imaginaire qu'une vérité entendable. Mais pourtant, au fur et à mesure que les jours avaient passé, alors qu'il écoutait dans cette cage sordide, il fut bien obligé d'admettre que les éléments se recoupaient entre eux.
    Ils avaient dormi pendant un millénaire entier, et ce ramassis de détritus en armure étaient leurs descendants. Enfin, pas les siens, Yggdrasil le garde, mais ceux de leur civilisation, plus précisément. Et ces imbéciles-là avaient passé tout ce temps à se battre pour de sombres histoires stupides d'adoration de divinités.
    Et maintenant, c'était leurs terres, qu'ils venaient prendre.

    « On pourrait pas tenter de le reproduire ? Si on avait une femelle, ou un mâle, enfin... C'est quoi, d'ailleurs ? »

    Le regard d'un des soldats se porte vers le dragon silencieux dans sa cage, dans un mélange de curiosité et de perplexité. Un homme quelconque, d'une trentaine d'année à peu près, Il ne lui semble pas reconnaître sa voix ; sans doute n'était-il pas là, les premiers jours, lorsqu'il avait eu l'occasion de se défouler. Rouvrant un œil, la bête l'inspecta sans un son. Le tissu rouge sur son épaule lui fit, à sa seule vue, serrer ses crocs entre sa gueule. Une froideur glacée et tranchante lui passa par la poitrine. Il évitait de les regarder, la plupart du temps, car il sentait sa magie crépiter en lui à chaque fois, et il ne pouvait se permettre de la montrer. Pas ainsi. Pas maintenant.

    « Aucune idée. Va t'approcher du bousin, si tu veux. »

    Des rires narquois quittent les autres soldats, tous conscients du ridicule de l'idée. Les joues de l'énergumène en question se mettent à rougir d'humiliation et il hausse les épaules, comme pour se faire plus imposant. Les dents serrées, il finit par se retourner vers la cage, toisant la créature qui s'y trouve avec un mépris parfaitement évident.

    « Bah ! J'm'en vais te le dresser, moi, ton lézard ! J'ai vu des mammouths plus farouches ! »

    Et il s'approche, cet imbécile, la main serrée autour de la garde son épée comme pour le menacer. Il entre, même, sous les regards interdits et incertains de ses acolytes.

    « Euh, Gradovski, tu devrais pas... »

    Le dragon ne bouge pas sur le moment, mais son œil feinté reste bien ouvert, scrutant l'intrus avec un intérêt tout nouveau. Il s'approche. Cherche quelque chose dans le foin, ici et là, les sourcils froncés et le regard marqué par une frustration évidente.

    « Elles sont où, tes chaînes, sale bête ?! »

    Il les trouve, et il tire, violemment, comme pour tenter de l'amener en avant. Sans doute n'a-t-il pas grand chose d'humain, car la force est assez grande pour le tirer ; mais sur la gueule de la bête, il n'y a qu'un sourire mesquin. Il laisse l'élan le porter : et lorsqu'il sent quelque chose entre ses dents, sa mâchoire claque.
    Les os se brisent sous ses crocs dans un craquement sinistre. Un hurlement de douleur et de peur lui atteint les oreilles alors qu'il arrache d'un seul coup de gueule le bras qu'il tenait dans sa gueule. Comme avec une poupée de tissu, il s'arrache comme s'il était fait de lin et ne laisse derrière lui qu'un amas de chair et d'os, qu'une gerbe de sang éclatée à terre. La panique éclate entre les rangs et la cage se referme d'aussitôt ; comme si, soudainement, on se rappelait de ce qui s'y trouvait.

    Dans l'ombre, la bête souffle. Recrache avec dégoût le membre inerte qui se trouvait entre ses crocs, laisse sa queue battre l'air alors que sa langue passe sur ses crocs pour y retirer le goût métallique dans sa gueule. Tourne dans la cage jusqu'à se glisser à son fond, le plus à l'ombre possible, et s’asseoir, finalement, son regard d'ambre fixé vers la sortie. Il attend. Il attendra. Ce qu'il devient ne le choque et ne l'attriste pas plus que ça ; il s'était, au fond, toujours attendu à ce que cela finisse ainsi. À devenir une bête, un porteur de destruction.

    Mais alors que ses yeux restent ouverts sur la masse paniquée et appréhensive devant ses yeux, il en vient à une conclusion pourtant toute simple.
    Il y a beaucoup à détruire.

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    « Natsume. »

    Dans la nuit, le son se démarque à peine, car il est fait à voix basse. Il est discret, subtil, car il se cache. Le dragon, pourtant, ne bouge pas.

    « Natsume, s'il te plaît. »

    Dans le fond de sa cage, la bête qu'il appelle ne semble ni l'entendre, ou du moins simule bien la surdité. Il n'y a pas de mouvement de sa part, et la nymphe sent bien qu'elle ne bougera pas. L’épéiste aux cheveux sombres ne peut toutefois s'empêcher de lancer des regards aux alentours. S'introduire ici était déjà difficile, mais il y avait fort à parier que ce serait sa tête qui roulerait, si jamais on le trouvait là. Pourtant, la personne qu'il est venue voir ne semble même pas réagir à sa présence.
    Il y a un bref instant de silence. Dans un soupir, il finit par reprendre la parole, la voix plus lente.

    « J'ai... »

    Hésitation, brève, temporaire. Son regard se détourne légèrement.

    « … J'ai enterré ta mère. »

    Les yeux de la bête se rouvrent, juste un peu. Ils se posent sur lui sans qu'aucun son ne quitte sa gueule. L'expression de Satoshi est marquée par une gêne palpable.

    « Son corps est redevenu humain, alors ils... S'en sont désintéressés. »

    Il entend un souffle. De soulagement, sûrement, mais il n'en est pas exactement sûr. Il avait toujours eu des facilités pour comprendre Natsume, par rapport à d'autres, mais cette forme ne lui laissait que bien peu à voir. Il devenait presque impossible de voir ce qui pouvait lui passer par la tête.
    Probablement est-ce son but.
    Au moins, il avait son attention, maintenant. Une très légère grimace vient tordre ses traits.

    « Si jamais tu... Reprenais forme humaine et... Et que tu montrais patte blanche, alors ils te laisseraient sûrement sortir. »

    Il savait à quoi s'attendre rien qu'en le disant, mais le ricanement narquois, grave – et ce timbre-là n'était pas celui qu'il avait l'habitude d'entendre – et moqueur qu'il entendit parvint tout de même à nouer un nœud de malaise dans son ventre.

    « C'est pour ça, que tu es venu me voir, Satoshi ? Pour me 'sauver' ? »

    Il lui avait fallu plusieurs jours, en tous cas, pour savoir où il se trouvait et comment exactement il faudrait venir. Mais l'attention, visiblement, ne faisait que l'agacer davantage. Se redressant sur ses pattes, il traîna lentement son corps reptilien jusqu'au devant de la cage, gardant la tête haute pour toiser son acolyte.

    « Ou plutôt... Pour me convaincre d'être 'raisonnable' ? »

    Les mots sont prononcés avec une voix qui ressemble à celle qu'il connaît, mais sont marqués par une inflexion plus rauque, comme le grondement sourd d'un reptile. Satoshi y distingue, pourtant, un mépris à peine dissimulé.

    « Tu les as vu à l’œuvre toi-même. Et tu voudrais que je leur obéisse ? »

    Et si il glousse, il a quelque chose de faux et de cassé, comme si il avait entendu une plaisanterie qui lui donnerait envie de vomir et de rire tout à la fois. L’épéiste grince des dents.

    « Ce n'est pas... »

    Il hésite. Pondère. Son regard se détourne plutôt vers les barreaux et sur l'espace entre ces derniers.

    « Rien que dans ta forme humaine, tu pourrais sortir. »

    Le dragon ne le peut pas, c'est évident. Mais le Natsume qu'il connaît est bien assez mince pour se glisser sans la moindre difficulté ; c'est ce qui le travaille tout particulièrement depuis plusieurs jours, et qui le faisait tant hésiter à venir. Ses yeux se relèvent vers la bête, dont l'expression s'est fermée.

    « Et... Tu n'utilises pas ta magie non plus, alors qu'elle te permet de défaire ces liens. »

    Pensif, la nymphe fronce les sourcils.

    « Tu... Es volontairement ici. »

    C'est la conclusion à laquelle il est arrivé, en tous cas. Et vu le silence du magimorphe en face de lui, il semble qu'il ait raison : mais cette simple conclusion remue quelque chose de désagréable dans sa poitrine, comme si il avait touché à quelque chose qu'il aurait peut-être mieux fallu ignorer.

    « Pourquoi ? »

    Il l'interroge, pourtant. Quand bien même il n'est pas entièrement sûr de vouloir connaître la réponse. Son regard est perçant, sondant une expression qu'il ne peut vraiment saisir, cherchant plutôt à garder les yeux du dragon sur lui. Et il ne répond toujours pas, même si ses yeux ne fuient pas. Satoshi n'en conclut qu'une chose, et cela lui laisse un goût bien amer en bouche.
    Tu... Ne me fais pas confiance.
    Natsume ne lui répondra pas, c'est certain. Satoshi le connaît assez pour ne pas s'humilier davantage en continuant de l'interroger. Ses mains se serrent toutefois dans son dos alors que son expression garde la même composition.

    « Quand bien même tu... Aurais tes objectifs... »

    Qu'ils ne comprend pas, et qui ne lui disent rien qui vaille, à vrai dire. Le regard de la créature qui le fixe a perdu de sa fatigue pour être remplacée par une aigreur et une colère qu'il peut sentir même sans l'entendre ou la voir. Alors il tente de trouver quelque chose, un argument, quoi que ce soit. Même quelque chose qui pourra toucher la corde sensible.

    « Je... »

    Il s'arrête, se reprend.
    Pas aujourd'hui. Pas comme ça.

    « Nous... Avons besoin de toi. »

    Un rire franc et narquois quitta le gueule de la bête, qui pouffe comme si il avait entendu la plaisanterie la plus grotesque qui soit. Ce sont des lueurs mesquines qui ont pris place dans ses yeux, et alors qu'il rapproche sa gueule, c'est un rictus qui découvre ses crocs.

    « Ils ont besoin de moi, Satoshi. »

    Il s'en amuse. C'est évident, maintenant que l'épeiste le voit, mais il n'en avait pas pleinement conscience avant. Et si Natsume l'exclut du propos pour lui épargner le même mépris, il se rend bien compte qu'il ne tempère pas son propos. Ne le tempère-t-il pas ou ne le tempère-t-il plus ? Il a un doute. Il n'est pas exactement sûr de vouloir y réfléchir.

    « Pas moi. »

    Il souffle, cette fois. Son ton n'est plus moqueur : il est marqué par une fatigue et une lassitude évidente. Un désintérêt causé par un trop-plein d'intérêt. L'ironie de la chose est évidente mais Satoshi ne la souligne pas. Tout au plus choisit-il de se montrer précautionneux.

    « Je sais que... Cette fois-ci, ça a été rude. »

    Mais c'était le mauvais choix de mots, et il s'en rend compte à peine lui ont-ils échappé. Immédiatement, un grognement sourd arrive à ses oreilles et l'expression du dragon se tire de colère.

    « Cette fois ? »

    Il grogne si fortement que Satoshi craindrait presque qu'on les entende ; et si Natsume estime ne rien avoir perdre, ce n'est pas tant le cas de l'épéiste qui aimerait garder sa tête là où elle est. Nerveusement, son regard passe sur les côtés, mais il se sent bien incapable de reprendre le magimorphe sur son ton. Il expire et inspire plus fortement, les yeux si feintés qu'il ne lui semble plus voir que ces pupilles noires aussi droites que des lames.

    « Ils ont laissé ma mère mourir et m'ont envoyé aux chaînes, et tu estimes que c'était rude ? »

    Il vocifère. Les torches autour d'eux brûlent avec une intensité bien plus forte encore. Satoshi ne bouge pas mais ses épaules se raidissent, peu habitué à être la cible d'une telle colère de la part de son ami. Peu habitué à le voir être aussi expressif également, lui qui s'était toujours fait le plus discret possible et qui avait toujours retenu tout ce qui pouvait le traverser, ou qui étouffait même ce qu'il ressentait. Il garde la tête levée, quoique son expression s'adoucit quelque peu.

    « Et je le comprends mieux que n'importe qui d'autre, tu le sais. »

    Il n'a pas besoin d'en dire bien plus. La bête détourne le regard, mais Satoshi voit encore un peu de Natsume dans le coin de son œil ; ou du moins, il l'interprète ainsi. La mine plus douce, il esquisse un pas hésitant vers l'avant. Lui n'a pas peur de finir entre des crocs, et il n'en a jamais eu peur non plus. L'épeiste pince ses lèvres.
    Il ose, avec lenteur, poser une main sur la gueule du dragon.

    « Mais... Je sais que... Qu'ils verront ce que je vois, moi. »

    Son ton était plus doux, plus lent. Il y avait de la sincérité dans sa voix, dans son expression, dans son regard. Il le croit, le pense.
    Natsume, toutefois, n'est pas du même avis.

    Le dragon recule, retire sa tête et siffle avec virulence, l'expression tirée par un agacement qu'il ne dissimule plus.

    « Ne sois pas stupide, Kurosawa. »

    Le nom de famille a le mérite de faire s'arrêter la nymphe, qui grince les dents.
    C'est bas, Natsume.
    Le mépris qu'il entend est presque secondaire, à côté. Le dragon le toise de haut, maintenant, mais il grommelle l'amertume et la rancœur de tant d'années qu'un frisson de malaise descend dans son dos en l'écoutant.

    « Ils ne seront jamais satisfaits. Ouvre les yeux, pour une fois dans ta vie. »

    Satoshi n'est pas d'accord et il ne veut pas l'être : pas même dans le futur. L'hypothèse lui est insupportable. Il détourne le regard tandis que, comme fatiguée, la bête s'éloigne vers les profondeurs sombres de la cage. Son ton n'est même plus agressif. La vision est d'autant plus désagréable.

    « Tu me dégoûtes, à ramper au sol ainsi. Va-t'en. »

    Il parvient encore à distinguer la silhouette de Natsume dans le fond de la cage, mais il ne le regarde plus. Dans un soupir fatigué, Satoshi tourne le dos.
    Il attend, malgré tout, une seconde. Puis deux. Puis trois.
    Et lorsque rien ne vient, il part avec la désagréable sensation qu'il ne lui reviendra pas ; ni à lui, ni aux autres.

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