Prison break

Il croit avoir rêvé lorsqu'un gloussement rauque quitte la gorge du dragon. Et pourtant, il jurerait l'avoir bien entendu. Cela lui tire une expression satisfaite, fanfaronnant presque s'il n'avait pas remarqué que l'autre essayait de le cacher.
Comme quoi, il sait rire, aussi.
Les chaînes lui sont toutefois soudainement prises des mains par les crocs du reptile. C'est vrai que sa taille imposante risque de poser problème, mais ils n'ont pas vraiment le choix et Sam est prêt à prendre le risque. Surtout lorsqu'il observe la magie de la bête d'écailles à l'œuvre sur lesdites chaînes qui le retenaient tantôt. Il suffit d'une lumière pour les éclairer et elles disparaissent aussitôt en laissant simplement des cendres derrières elles.
Pas mal du tout...

« Eh bin... Ça pourrait être utile, ça. »

Pas de doute pour lui : il a misé sur le bon cheval, ou plutôt le bon dragon. Plus il découvre les talents de son acolyte, plus il est intéressé par ce qu'il pourra lui apporter dans sa conquête d'Elysia. Pour lui, de grandes choses les attendent. Même s'il aurait préféré que le fer se désintègre complètement plutôt que de laisser de la poussière sur le parquet. Mais bon, il ne va pas faire le difficile : si ses ennemis finissent de la même manière, il ne va pas se plaindre. Alors, même si ça l'ennuie un peu, il prend un balai pour enlever le tas de poudre grise qui s'est formée.

« Alors en vérité... Tu ne manges jamais d'humains ? Même pas un peu ? »

Il n'a pas vraiment peur pour lui : il est surtout curieux. Un peu trop, probablement.

« Et euh... Y'en a plein d'autres, des dragons comme toi ? »

L'hésitation s'est quand même faite ressentir avant qu'il ne pose la question, mais il a tenté quand même. Cela pourrait servir aussi, de faire alliance avec plein de dragons s'il s'entend avec eux.

Il peine à voir l'utilité de la technique, pour le moment, mais il imagine que ça peut avoir des utilités pour se débarrasser des déchets, oui... Maintenant qu'il reprend sa place dans la sorte de nid de coussins qu'il a constitué, il roule des yeux largement lorsque l'autre lui demande si les humains ne constituent pas une part, même minime, de son régime alimentaire. Il ne sait pas vraiment d'où vient cette théorie sur ses semblables, à vrai dire, mais elle lui a toujours semblé un peu absurde.

« Ce serait juste manger de la viande crue. Et toi, tu en mangerais, à ma place ? »

Il n'était déjà pas un grand adorateur du concept de manger d'autres êtres vivants en temps normal, humain ou non. La viande n'est pas son péché mignon, loin de là. Et si il était occupé à se gratter l'oreille avec une patte, la question qui suivit le fit ralentir. Son expression se ferma. Quelques images passèrent dans ses pensées ; intrusives, envahissantes. Inutiles sur le moment.

« Plus vraiment. »

Sans un mot, il posa sa tête sur l'un des multiples oreillers. Malgré lui, la fatigue commençait à lui peser, et même si il n'avait pas particulièrement envie de fermer l’œil... Il commençait, petit à petit, à sentir sa gueule se faire lourde. Dans un souffle, il laissa sa tête se reposer sur la literie, avec une seule pensée au fond de sa tête.
Et peut-être est-ce mieux.

Est-ce qu'il en mangerait, à sa place ? Bonne question. Probablement pas. Mais les dragons sont une espèce à part, pourquoi les Hommes seraient si différents pour eux que les porcs ou les bœufs ? S'il pouvait communiquer avec les humains, cependant, il n'aurait, effectivement, peut-être pas envie d'en manger. Il a déjà senti de la chaire brûlée, pourtant, et il est vrai que l'odeur, au début, lui avait donné la nausée. Avec l'habitude, ça le dérange moins ; de toute façon, il va devoir faire avec, s'il veut se débarrasser de ses ennemis et mettre le feu partout.
C'est assez décevant de savoir que les dragons ont progressivement perdu en nombre au fil des années. Si l'Enodril fait la moue, il est toutefois perturbé par l'émotion qu'il ressent chez le reptile.
Il a l'air triste... ou mélancolique.
Sam le serait probablement aussi si son espèce était menacée, remarque-t-il néanmoins.
Tu te sens seul, en vérité, pas vrai ?
Aucun doute sur le fait que le dragon le nierait probablement en bloc, alors le rouquin garde pour lui ses réflexions.
En voyant le dragon se coucher contre les coussins, le chevalier se dit qu'il devrait en faire de même.
Il ne va vraiment pas en profiter pour m'attaquer. Etait-ce si simple que ça de lui faire accepter ?
Il ne sent pas chez l'autre un piège particulier. Si Dragon avait eu envie, il aurait très bien se défaire lui-même de sa cage, comme il a fait volatiliser très facilement ces chaînes.
Je me demande en fait ce qui l'a poussé à dire oui.
Tôt ou tard, la réponse lui apparaîtra certainement.