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  • Classe rouge - Page 3
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    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu du mariage de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
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    Un sourire doux sur la visage quand la tête de l'autre s'incline contre lui, l'Enodril se permet de pousser un soupir d'aise. Natsume semble pourtant inquiet. Est-ce qu'il aura le temps ?..
    Son regard se pose sur l'Eossien. Son expression est tranquille : il est sûr de lui, confiant, comme si aucun doute n'était permis.

    « Je le trouverai. Je le trouverai toujours. »

    Pour lui, pour le Shimomura, il se dégagera toujours du temps. Et si le poids de la couronne les empêche vraiment de se retrouver, alors... Il fera en sorte d'alléger ce poids, quitte à sacrifier ce pour quoi il s'est battu toutes ces années. Mais il a trouvé quelque chose de plus gratifiant qu'un royaume, finalement : la présence de son dragon. Une présence qui restera à ses côtés, il le sait. En tant que quoi, pourtant ? Il doit avoir une réponse plus claire ce soir.

    « J'avais... quelque chose à te demander, d'ailleurs. »

    On ne le voit jamais se montrer timide. Le hérissé est bien le seul qui puisse être témoin d'une quelconque expression timorée sur son visage. Il se demande. Doit avoir la réponse. Mais comment ? En y allant frontalement ? Sûrement. Mais il préfère la douceur. Tâter le terrain avant de se lancer dans le vide, sans savoir si on le rattrapera ou non.

    « Est-ce que... hm... Tu y tiens, à ton vœu de célibat ? »

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    La réponse est claire et limpide. Si directe et tranquille en même temps que la respiration de l'éossien se bloque brièvement dans sa gorge, sa poitrine se soulevant d'un sentiment agréable. Comme une floraison de bourgeons chaleureux dans sa cage thoracique ; un sentiment qu'il identifie de plus en plus nettement, depuis quelques semaines, mais qui le trouble toujours davantage quand il se manifeste. Silencieux, l'éossien ne dit rien mais sa prise se resserre sur la main dans la sienne et ses joues se parent d'un doux rose. Son regard divergerait bien si l'autre n'évoquait pas soudainement une question qu'il aurait à lui poser.
    Curieux, le magimorphe se serait attendu à beaucoup de choses, mais pas à ce qu'il lui évoque son voeu de célibat. Il avait presque oublié lui en avoir parlé, d'ailleurs, si bien que ses sourcils se haussent franchement face à cette évocation. Même lui n'y pensait plus, à vrai dire. Surpris sur le moment, il peine à formuler une réponse claire.

    "Non, enfin..."

    Il tente de mettre ses pensées au clair, laissant son regard se perdre à nouveau sur les rubans de lumière pâles au dessus d'eux. Est-ce qu'il y tient... ?

    "Plus... Maintenant."

    Ou du moins, c'était plus compliqué que ça. Il tente de remettre ses pensées en ordre pour expliquer son propos, bien que cela le ramène à des souvenirs fort désagréables.

    "Je l'avais fait en espérant que... On accepte que je devienne moine, si je renonçais à tout ce que je pouvais. J'aurais même fait voeu de silence, si il l'avait fallu."

    Aurait-ce été suffisant ? Non. Il était parvenu à cette conclusion depuis un moment et si elle avait été désagréable, elle avait eu le mérite d'être libératrice. Libératrice et douloureuse, aussi, car elle l'avait laissé avec une insupportable sensation de vide.
    Dans un mouvement de tête négatif, il finit par soupirer.

    "Ça n'a plus vraiment court, ou d'intérêt."

    Pour autant, la question est étrange et le fait tiquer. Il tourne de la tête en direction de l'autre, cherchant à comprendre ce qu'il peut désirer.

    "... Quoi, tu veux que j'en refasse un ?"

    Ce serait saugrenu, d'où son étonnement. Pour autant, le refuserait-il ? Il préfère ne pas y songer ; la réponse lui ferait peut-être honte.

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    C'était évident que la question allait le surprendre. Il y avait sûrement d'autres manières de lui demander sa main, il le sait. Pour autant il avait besoin de savoir aussi s'il aimait sa vie "libre" en tant que célibataire ou si ça ne le gênerait pas d'être lié à lui de cette façon. Entre eux, il n'y aurait en soi pas de grandes différences ; ce sont surtout des formalités administratives. Mais quitte à ce que des rumeurs continuent de se propager, autant les faire taire, et dans le même temps donner un certain pouvoir supplémentaire au Shimomura.
    Toutefois, ce n'était pas vraiment par volonté de vraiment ne jamais se marier qu'il l'avait choisi, semblerait-il. Puisqu'être moine et se faire accepter par les éonistes étaient tout ce qui lui importait, alors ces vœux n'étaient qu'un bonus. Samaël suppose que de toute façon, être en couple était alors le cadet des soucis du magimorphe. Il peut comprendre, en un sens, pourquoi Satoshi tenait tant à se retenir de lui faire la cour, s'il n'avait pas envie que ses sentiments nuisent au désir du dragon d'entrer dans les ordres religieux. L'Enodril avait peut-être eu juste de la chance d'être tombé dans un moment de sa vie où ce n'était plus la priorité.
    A sa question -légitime-, le militaire sourit d'un air amusé. Il est curieux, tout à coup.

    « Si je te disais de le faire... Tu le ferais ? »

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    Sa question n'amène pas de réponse mais une autre question qui lui fait lever les sourcils de perplexité. Il faut dire qu'il ne s'y serait pas attendu – principalement car elle a quelque chose d'assez saugrenue, à vrai dire. L'hypothèse ne lui serait pas venue et sa mine se fait vaguement confuse. En revanche, son interrogation ne vient peut-être pas de là où on pourrait le penser.

    « Oui ? »

    Il répond simplement, d'un ton dubitatif, comme si il était en train d'énoncer une vérité tellement simple qu'il aurait été absurde de l'énoncer. Mais en même temps, la question elle-même a quelque chose de ridicule à ses yeux, si bien qu'il fronce un peu les sourcils en y réfléchissant, la mine pensive, le regard se retournant vers la neige en contrebas.

    « Cela dit, je me demanderais ce qui pourrait motiver ce besoin-là. Mais si c'était une nécessité... »

    Le dragon hausse des épaules, comme indifférent à cette hypothèse. Il l'est, en un sens ; mais peut-être en a-t-il, inconsciemment, un peu honte. Son regard diverge brièvement, comme si il allait juste se perdre entre les conifères.

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    Pour le natif, ça a l'air d'être une évidence. Comme s'il lui avait posé une question idiote. Ce serait mentir si Sam disait qu'il ne s'était pas attendu à cette réponse, quelque part, mais il demeure stupéfait. Face à l'air tout de même dubitatif de l'autre, l'Enodril éclate de rire.
    Je ne mérite pas qu'il me soit aussi loyal. Il a de la chance d'être tombé sur quelqu'un comme moi, quand j'y pense. Tu vois, Satoshi, il n'est pas si difficile, après tout.

    « Ta dévotion me désespère un peu. Mais elle me flatte aussi beaucoup. Tu as le droit d'avoir des désirs, aussi, tu sais ? »

    Une de ses mains vient caresser doucement la tignasse entre les cornes. Un sourire bienveillant aux lèvres, le mage l'attendrit autant qu'il le blase, mais pas d'une mauvaise manière. Il est bien content d'avoir quelqu'un d'aussi fidèle, mais il tend parfois à avoir peur pour lui également à cause de ce trait.
    Toi aussi, tu manques d'attention, hein ?.. T'inquiète. Avec moi, t'en auras bien assez.

    « Mais non, ce n'est pas ce que j'allai te demander. Ni ce que je veux. Ce serait même plutôt contradictoire. »

    C'est même aussi plutôt arrangeant que le moine ne soit pas si fidèle que ça à ses vœux. Ses gloussements se calment, sa tenue se reprend. Il lui faut bien du sérieux, après tout, pour ce moment crucial ; et l'éoniste a suffisamment mariné comme ça. Dans le silence qui les entoure, seule la neige produit des bruits sourds sous leurs mouvements. C'est formel, mais le rouquin veut faire ça dans les règles de l'art, comme il l'a toujours vu sur les illustrations des romans qui ont bercé son adolescence. En gardant sa main dans celle du mage, il pose un genou dans la poudre glacée avant de relever les yeux sur le visage qui se trouve à présent au-dessus de lui. C'est désormais Natsume qui le regarde de haut. Qui pourra lui donner une réponse sans se trouve intimidé.

    « Ce que je veux... »

    Non...
    Il se racle la gorge. Son cœur se met à battre chaudement, à la fois de nervosité et d'excitation. Ses joues elles aussi prennent des couleurs.

    « Ce que je voudrais... C'est que tu m'épouses, Natsume. »

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    L'éclat de rire de l'altissien lui tire une expression blasée et vaguement agacée. Il ne retient pas un regard de travers et un léger grognement, croyant qu'il se moque de lui, même si la main qui vient passer entre ses cornes tend à le ramollir. Sa mine se fait circonspecte. Il n'est pas forcément d'accord avec la conclusion de Samaël ; il ne parlerait pas de dévotion, dans son cas. Ou du moins, il ne l'admettrait pas. Est-ce qu'il admettrait avoir tendance à étouffer ses propres envies ? Non plus, puisqu'il nierait en avoir, en soi. Dans un grommellement, il garde toutefois le silence en gardant un œil sur l'autre, dont le comportement lui paraît un peu étrange, depuis quelques minutes. Il doit avoir quelque chose en tête ; Natsume en est persuadé et il en a la preuve lorsque ce dernier lui avoue avoir une demande à lui faire.
    Son expression, immédiatement, se détend un peu et son regard se repose à nouveau sur le visage de son vis-à-vis. Avec étonnement, ses sourcils se haussant, le dragon le voit s'agenouiller devant lui, dans un geste qui semble bien formel mais dont il ne saisit pas le sens sur le moment. Samaël semble nerveux. C'est inhabituel. Et si le dragon est curieux, il sent quelque chose dans l'air qui rend contagieuse cette incertitude, comme la sensation que ce n'est pas rien, ce qui se passe. Alors il écoute, même si une inquiétude commence à se former dans son ventre.

    … Quoi ?
    La demande qui vient est une surprise totale, au final. Il croit avoir mal entendu ; ou du moins, que son audition l'aurait trompé, pendant un instant. Vu le sérieux de l'expression de l'altissien, toutefois, ça n'en a pas l'air. Les yeux du dragon s'ouvrent et il ne bouge pas, stupéfait, ne parvenant pas immédiatement à formuler une réponse claire. C'est-à-dire qu'il a plus d'une question, sur le moment, surtout. L'une d'entre elle, tout particulièrement, est presque plus prioritaire que les autres.

    « Mais... »

    Il hésite. Ne saisit pas, car ça ne fait pas forcément sens. Pas sens par rapport à ce qu'il a toujours connu et vécu, si bien qu'il ne peut que avoir l'impression que l'autre a perdu une partie de sa raison.

    « Pourquoi ? »

    Pourquoi est-ce qu'on pourrait vouloir de lui, dans le fond ? C'est bien la première de ses interrogations. Celle qui lui vient en une seconde à peine ; celle qui sort presque instinctivement de sa poitrine, comme le fruit de toute son expérience si germerait à chaque fois que quelque chose la contredirait. Il comprend qu'on veuille de lui en tant que conseiller, en tant qu'atout ; pas autrement. Quelque chose d'autre, en outre, le rend confus. Il fronce des sourcils, perplexe.

    « Et pourquoi est-ce que tu... T'es mis à genoux ? »

    Il comprend bien que ça doit avoir un sens, mais ça ne lui saute pas tout de suite aux yeux. Si il avait un peu pris le temps de se renseigner, cela dit, il saurait, ou devinerait du moins, que les coutumes ont changé, en mille ans.

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    Natsume est déboussolé. Il le sent. Il le voit. Cela n'inquiète pas l'Enodril qui s'y attendait, au fond. Le contraire l'aurait d'ailleurs surpris. Ce qui aurait pu être possible, c'est une réponse négative pour une raison ou pour une autre. Fébrile, l'animorphe l'attend au tournant même s'il n'a pas hâte qu'elle arrive. Pourtant, elle ne vient pas. Natsume le questionne à la place. Il ne semble pas saisir ce qui a poussé le rouquin a une telle idée. Sans doute, se dit l'Altissien, que l'idée du mariage lui paraît tout aussi saugrenue que l'idée d'une relation. Parce qu'il n'y avait pas de candidats. Maintenant que le natif en a, il doit donner des réponses. Samaël se détend un peu, préférant ça à un rejet complet.

    « Ici, quand on veut demander la main de quelqu'un, on se met à genoux. Enfin, on peut. Ce n'est pas obligatoire. »

    Lui, il a voulu. C'était un caprice. Il n'a pas peur du ridicule non plus ; si ça tuait, il serait déjà mort depuis longtemps. Ses traits sont redevenus sérieux, mais il garde un sourire doux aux lèvres. Il veut exprimer ses sentiments les plus sincères à celui qui était devenu, pour lui, plus qu'un ami.

    « On a pas... forcément à se marier, si t'as pas envie. La relation que j'ai avec toi, là... Elle me suffit. Je sais que tu seras là où je serai. »

    Il préfère ça à rien du tout, au fond. Si l'idée de se marier est quelque chose qui ne plaît vraiment pas à Natsume, il ne le forcera pas. C'est un désir très personnel et égoïste au monarque, et il le sait ; mais il ne l'imposera pas au hérissé.

    « Une union, comme ça, officielle... Je me suis juste dit que si je devais me marier, je voudrais que ce soit avec toi. Avec toi, et personne d'autre. »

    Il détesterait, en vérité, que ce soit quelqu'un d'autre. Il préférerait sans doute finir seul toute sa vie que de devoir s'unir à quelqu'un qui n'est pas le Shimomura. Parlant Shimomura...

    « Aussi... De cette façon... Tu ne seras plus lié aux Shimomura. Tu ne seras plus obligé de porter leur nom ou de t'associer à eux. »

    Sam y pensait, aussi, mine de rien. Lui donner son nom pour qu'il soit libre de ne plus avoir affaire à ceux qui ont méprisé son partenaire toute sa vie.

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    C'est sa seconde question qui reçoit réponse en premier lieu ; et, effectivement, il n'était pas au courant de ce genre d'usage. Curieux même s'il n'en comprend pas nécessairement le sens, il croit saisir, toutefois, que c'était quelque chose que Samaël tenait à faire. Et en effet, il lui semble bien sérieux ; ce n'est pas une plaisanterie de mauvais goût comme il a parfois tendance à en faire, de temps à autre.
    Silencieux, Natsume le laisse parler, même si il y a dans sa poitrine une incertitude et une nervosité qui le serre lorsqu'il réalise que justement, ils ne sont plus en train de plaisanter et de jouer. Et que, quelque part, cela implique davantage que cette sorte de frontière floue qui le rassurait par son absence de définition. C'était bien pratique, il faut dire : cela lui permettait de ne pas avoir à se poser de questions sur la suite, ou à se demander ce que l'autre pouvait bien lui trouver. Ou, pire : à considérer sérieusement qu'il pouvait être apprécié, aimé, et non être une simple distraction pour quelqu'un. Il fallait croire que c'était le cas. La conclusion lui saute un peu à la gorge et vient la nouer d'une émotion étrange, entre la tristesse et... Il ne sait trop quoi. Ça ressemble à de l'affection, mais ce n'est pas uniquement ça.

    Il écoute, mais il devient de plus en plus dur de maintenir sa façade alors que l'altissien lui expose ses raisons, sans grands détours, avec une sincérité évidente dans le regard. Le sentiment dans sa poitrine, lui, grandit, gonfle, continue de croître jusqu'à en devenir presque étouffant. Sa respiration se bloque temporairement lorsque, finalement, Samaël mentionne sa famille et la possibilité, en somme, de couper définitivement les ponts avec ces derniers. Muet, le dragon ne répond pas. Pas tout de suite, du moins. Son regard s'abaisse, sa gorge se serre. Ses épaules commencent à trembler, mais c'est son genou qui finit par céder en premier, volontairement.
    Maintenant au même niveau que l'altissien, ses mains finissent par se porter jusqu'à sa nuque pour venir l'enserrer contre lui, dans une étreinte forte mais maladroite. Sa prise est serrée, peut-être un peu trop. Mais il faut bien ça pour qu'il tienne debout et que la houle d'émotions qui déferle dans sa poitrine ne le fasse pas chavirer, comme son cœur qui tambourine si fortement qu'il a la sensation de l'entendre contre ses oreilles. Lorsqu'il reprend la parole, sa voix tremble.

    « Tu m'as déjà libéré une première fois. Mais... »

    Parler devient difficile. Pas seulement physiquement ; intérieurement, aussi. C'est comme si il fallait se battre pour que les mots sortent, comme si il y avait quelque chose en lui qui tentait de retenir ce qu'il pourrait vouloir exprimer, sans forcément qu'il ne comprenne pourquoi. Sa mine est basse, son ton craquelle.

    « Je n'ai rien à te donner de plus... Que moi-même. »

    Et ce n'était pas grand chose.

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    Pendant un très court instant, il craint lui avoir fait peur. Que tout ceci est peut-être encore trop soudain, trop inattendu. Que cette histoire de mariage l'effraye plus qu'autre chose et que c'était, en fait, une mauvaise idée. Il tient bon, néanmoins. Il veut garder espoir. S'y raccrocher. Il tient bon contrairement au magimorphe qui flanche. L'Enodril croit qu'il va tomber. Ses réflexes le font le rattraper mais il n'y en a nullement besoin. Car le Shimomura, aussitôt, se jette à son cou pour l'enlacer avec une force qu'il n'avait encore jamais senti chez lui. Durant quelques secondes, l'animorphe demeure immobile. Doit-il bouger ? Doit-il parler ? C'est Natsume qui prend la parole, finalement. Qui brise le silence. Son émotion est palpable dans ses mots, tant et si bien que le rouquin en est troublé. Il est ému par cette voix qui tremble mais qui fait le maximum pour se faire entendre. Et elle est entendue. Soulagé, le militaire déglutit avant de porter ses bras autour du corps de son ami pour lui rendre cette étreinte puissante et chaleureuse. La respiration est plus calme. Elle est apaisée. Ce n'est pas un rejet. Il n'y a pas eu de confirmation claire, mais c'est assez net à ses yeux.

    « Toi-même, c'est... C'est très bien. C'est parfait. »

    Il le serre plus encore, tout en maintenant cette force surhumaine qui pourrait briser le dragon en deux s'il ne se retenait pas. Sa propre gorge a du mal à faire sortir les phrases qui s'y mêlent.

    « C'est tout ce que... »

    Il hésite sur les termes, alors la poitrine émet des pulsions toujours plus croissantes, toujours plus élancées. Qu'elle se fait entendre dans cette cage devenue trop petite par rapport aux émotions qui la parcourent. Est-ce que le reptile pensait qu'il avait besoin d'autre chose ? Qu'il n'était pas suffisant ?

    « C'est tout ce que j'aime. »

    Et à cette seule réalisation, à ce seul aveu qui vient de sortir, il réalise autre chose. Quelque chose de plus évident. Qu'il ne niait pas forcément mais qu'il avait du mal à formuler, comme s'il se l'interdisait. Comme si ça pouvait le blesser. Mais jamais Natsume ne lui ferait du mal, et il le sait. Pas lui. Pas celui qui aurait pu l'avaler d'une traite quand il le pouvait, et pas celui qui aurait pu, ne serait-ce que l'autre jour, lui planter cette griffe dans la jugulaire plutôt que lui caresser les cheveux avec douceur.
    Afin qu'ils soient plus à l'aise, si le corps du hérissé ne le supporte plus, celui du monarque les amène au sol, les faisant s'allonger sur la neige. Il prend de grandes inspirations comme s'il avait eu du mal à respirer et que l'air lui revenait d'un seul coup. Doucement, les mains caressent le dos, remontent jusqu'aux cheveux. Il sait ce qui a besoin d'être entendu. Cette fois, sa voix ne tremble pas.

    « Je t'aime, Natsume. »

    Il aurait dû lui dire bien plus tôt. Pas là, alors qu'ils partagent leur lit depuis des semaines. Mais aux yeux du chien, ce n'est jamais trop tard pour donner cette affection qu'il mérite.

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    C'est difficilement compréhensible, qu'il peut suffire. C'est même complètement contradictoire avec ce qu'il a toujours entendu, lui n'était jamais assez bien, assez travailleur, assez discret, assez normal, assez silencieux, assez docile, assez autre. Ça n'a pas vraiment sens et son premier réflexe serait même de s'excuser ; mais sa gorge est trop serrée et les bras autour de lui sont trop agréables pour qu'il ne cède pas à l'égoïsme de vouloir rester entre eux. Silencieux, sa prise se raffermit encore un peu alors que son cœur bat si vite dans sa poitrine qu'il en craindrait presque de le voir sortir.
    Il n'aurait rien demandé de plus, en somme. Si la personne qu'il était lui suffisait, alors cela lui aurait convenu ; il ne se serait attendu à rien d'autre. Cette simple idée, déjà, le fait trembler de tout son corps.
    Pourtant, ça n'a pas l'air d'être tout. A nouveau, alors que Samaël continue de parler, la gorge du dragon se serre, ses yeux s'humidifient. Dans le fond, il a déjà compris où l'altissien veut en venir, mais c'est comme si il refusait encore de l'admettre, même si il sent l’épéiste s'en rapprocher, inexorablement.

    Et lorsque l'aveu tombe, finalement, c'est comme un coup de massue. Comme un coup violent entre ses tripes, comme un choc contre un mur qui se serait trouvé là et dont les fondations craquent, soudainement, violemment. Ses genoux tremblent, sa respiration se coupe et ses yeux, déjà humides, rougissent de plus en plus. Il ne contrôle plus son corps ; alors lorsque Samaël les fait basculer au sol, il tombe comme celui d'une poupée sans fils, les membres rapprochés les uns des autres. Il y a du froid, du chaud ; comme si sa poitrine le brûlait et le laissait glacé tout à la fois. Les caresses dans son dos sont presque difficiles à supporter tant elles sont agréables ; elles font fêler encore davantage les dernières briques. Il n'entend plus qu'à moitié, mais les mots de l'altissien parviennent à ses oreilles et ils ne reçoivent comme réponse qu'un gros sanglot, puis un autre, et un autre. Ses yeux se mouillent, tout le reste de son corps est pris de violents tremblements. C'est un mélange étrange, incompréhensible, de peur, de soulagement, de peine, d'affection, de frustration et d'autre chose, encore, de plus fort. Ses pensées se chamboulent, s'emmêlent, ne font plus sens. Mais, dans le fond, ça n'a plus vraiment d'importance.

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    Les larmes coulent. Elles tombent, se déversent. Bien sûr, il n'aime pas le voir pleurer mais n'essayera pas de l'arrêter. Il sait qu'il en a besoin. Que ce sont probablement des mots qu'il a rêvé d'entendre depuis toujours. Que c'est difficile aujourd'hui de finalement les accepter. Même pour l'Enodril, avouer qu'il aime aussi profondément quelqu'un est une chose étrange. Et pourtant le dragon est bien celui qui mérite toutes ses faveurs, toute son attention, toutes les batailles qu'il a mené et qu'il continuera de mener. C'est en restant muet qu'il le soutient silencieusement en le laissant vider toutes les émotions qui ont fini par déborder. Ce n'est certes pas le rendez-vous romantique idéal qu'il aurait pu imaginer, mais le résultat est positif, au moins. Il ne s'est pas fait rejeter, et le Shimomura -bientôt Enodril- sera prêt à accepter cette affection qui lui est réservée.
    Il ignore combien de minutes sont passées, le temps que les pleurs se calment. Mais bientôt, plus un son. Juste le bruit du vent froid dans leurs cheveux et toujours cette lumière au-dessus de leurs têtes sur laquelle les yeux dorés se fixent. Il sourit avec tendresse.

    « Donc... Je vais prendre ça pour un oui. »

    Il essaye de plaisanter un peu même si sa tentative tombera à l'eau. Natsume doit être fatigué, après tout ça. Après tout ce qu'il a ressenti de risibles minutes à peine.

    « Est-ce que tu veux rentrer ? »

    Alors l'Altissien comprendra s'il préfère retourner au château, se plonger dans le lit, et juste profiter de quelques câlins pour s'endormir.

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    Il n'aime pas ça. Cette avalanche d'émotions, cette submersion de sentiments contradictoires, parfois douloureux. C'était moins pénible lorsqu'ils étaient bien solidement enfermés derrière les écailles du grand dragon. Plus simple, aussi. La couverture lui manque, parfois, juste un peu ; mais la chaleur contre la sienne est bien plus tendre, bien plus agréable. Elle ne laisse pas d'épines dans sa poitrine, mais un sentiment de bien-être qui le rassure, le tranquillise, l'adoucit. L'adoucit jusqu'à ce que, progressivement, lentement, ses pleurs ne se calment. Son corps, affaibli, lui semble un peu vide, mais les membres contre les siens sont réconfortants.
    Silencieux, si il ne rit pas de la plaisanterie de l'autre car il n'en a pas l'énergie, il n'est pas blasé ou agacé pour autant. Il ne proteste pas non plus. Il choisit plutôt de resserrer sa prise, comme une réponse silencieuse, pendant quelques secondes. Pour autant, si la proposition qui lui est faite serait tentante en temps normal, il hésite néanmoins. Sa tête vient se caler dans le cou de l'autre pour prendre une inspiration discrète et tranquille. L'odeur autour de la sienne lui permet de reprendre la parole, au moins pour ça.

    « Juste... Encore un peu. »

    Pour une fois, il veut faire un caprice. Juste un, avant de devoir retourner à leur routine habituelle, ou, du moins, les derniers jours de leur routine habituelle avant que cette dernière ne change pour de bon. Pour autant, il ne se montre pas pessimiste. Pas cette fois, et pas ce soir.

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