Wedding Day

Son entrejambe palpite encore un peu tandis qu'il reprend son souffle. Il a peut-être un peu honte d'avoir été aussi rapide, mais c'est ce qui se passe quand il se retient pendant trente ans. La frustration accumulée s'en est allée, tout comme la nervosité qui l'agitait en fond avant de se dévoiler nu face à l'autre. Il n'a pas vraiment de pudeur mais craignait peut-être un peu, quelque part, de ne pas réussir à l'attirer. Il n'avait à l'évidence aucune raison de s'en faire, finalement. Détendu, soulagé, un sourire orne ses lèvres. La question qui lui est posée le fait donc rire, surpris que son amant s'interroge ainsi. N'était-ce pas déjà incontestable ?

« Qu'est-ce que c'est que cette question ? »

L'animorphe glousse, amusé par la curiosité -ou l'inquiétude- de son partenaire. Il relève son regard vers lui, une lueur affectueuse et tranquille dans ses prunelles.

« Quand quelque chose ne me plaît pas, je ne le fais pas. »

Il ne s'y embête pas, du moins. Être empereur c'était aussi la liberté de faire que des choses qu'il aimait ; y compris, oui, les réunions parfois un peu barbantes avec ses conseillers. Mais même ça, ça ne l'ennuie pas vraiment. Il a signé pour, alors il s'en contente ; et ça ne lui déplaît pas de sentir qu'il peut changer la donne en améliorant la vie de ses citoyens.
Avec une expression malicieuse, ses yeux se tournent finalement vers la queue du reptile qu'il a involontairement tâché.

« Je crois que c'est une preuve suffisante, ça. »

Cela ne sera pas suffisant pour nettoyer vraiment, mais il se redresse quand même lentement pour attraper un de ses tissus et s'en servir pour enlever au moins les fluides sur les écailles du dragon.

« Tu ne t'es même pas posé de questions. Tu ne les trouves pas étranges, mes demandes ? »

Pas qu'il s'en soucie plus que ça, mais il s'interroge sur ce à quoi le magimorphe peut penser.

Le rire franc de Samaël le vexe un peu sur le moment et il arbore une expression renfrognée, les traits tirés dans une moue boudeuse et agacée, même si il sait que la moquerie de l'autre est minime. Gardant sur lui un oeil de travers, le rose lui remonte aux joues lorsque l'altissien évoque le sperme qui tâche encore sa queue comme preuve. Il aimerait bien répliquer que ce n'est pas suffisant en soi mais la bonne humeur de l'animorphe finit par le convaincre. Alors, au moins pour la forme, le dragon ne se prive pas de lui donner un petit coup de queue sur le côté lorsque l'autre finit de le nettoyer.La question qui lui est posée le tire en revanche de son jeu d'acteur un peu forcé, le faisant cligner des yeux distraitement au départ, comme surpris d'entendre ça.

« Pas plus étranges que d'autres. »

La réponse est simple en un premier lieu car c'est ce qu'il pense sincèrement. Il arrive toutefois à voir pourquoi Samaël s'interroge. En redressant le haut de son corps pour se retrouver assis, il se met à réfléchir à voix haute, la mine pensive.

« Tout m'a l'air étrange, alors... C'est comme si tu m'avais demandé d'utiliser mon coude. »

Il hausse des épaules avec indifférence. Pas forcément le plus intuitif ou le plus pratique, mais si cela fonctionnait... Il ne trouve pas ça plus bizarre que toutes les coutumes qu'il a plus ou moins suivi aujourd'hui.

Il doit en avoir vu, des trucs étranges, pour ne pas être si choqué par ça. En un sens, la queue du dragon fait partie de son corps, comme il le lui explique.
Le coude...
Moins sexy que la queue de reptile. Mais ça le rassure de le savoir. Pour le magimorphe, bien des choses doivent sembler bizarres. Rien que l'Altissien avait remarqué qu'en sa présence, il y avait déjà des tas de choses que l'autre ne comprenait pas, que ce soit parce qu'il était en décalage par rapport à l'époque actuelle ou parce que, vraiment, ça ne lui parlait pas.

« Tant mieux, alors. »

C'est bien tout ce qu'il peut se dire, après tout. Son oreille se colle à la poitrine de son époux pour en écouter les battements, alors que son oreille libre est distraite par le crépitement des flammes. L'Enodril n'a plus vraiment très froid, après tout ça. Tranquillisé, ses doigts caressent le torse de l'Eossien, pensif.

« Hmm... Tu n'étais pas... déçu ? Tu t'attendais peut-être à autre chose. »

A quoi, il l'ignore, mais si le rouquin avait bien des fantasmes, peut-être que le hérissé aussi. Bien sûr, il avait bien remarqué que ça avait suffisamment plu au natif pour qu'il atteigne l'orgasme, mais il est possible qu'il avait imaginé les choses de façon bien différente.

Sa respiration revient peu à peu à la normale. Même ses joues reprennent des couleurs plus pâles alors qu'en face d'eux, le crépitement doux du feu de cheminée a quelque chose de réconfortant. La soirée avance et il ignore combien de temps s'est passé depuis leur absence, d'ailleurs. Distraitement, il laisse sa robe encore à ses bras sur le côté, ne voulant pas risquer de trop l’abîmer, laissant Samaël se poser contre sa poitrine pour passer ses doigts sur son torse. La question qui vient le prend par surprise et lui fait cligner des yeux d'étonnement.

« Non... ? »

Il ne voit pas vraiment d'où vient cette inquiétude soudaine de la part de Samaël, d'ailleurs. Pour une raison très simple, en réalité, qu'il s'annonce après s'être brièvement étiré, la mine un peu plus pensive.

« Je ne m'attendais déjà pas nécessairement à ce qu'on fasse quoi que ce soit ce soir. »

Pourquoi donc, en soi ? Même si la journée était exceptionnelle du fait de leur mariage, il n'y avait pas de raison spécifique qui aurait pu les pousser à se presser pour une raison ou une autre. Il étira légèrement sa tête sur le côté pour étirer les muscles de son cou et de son dos. Il a bien une constatation, toutefois.

« Cela dit, c'était très sympathique. »

On pourrait se dire qu'il est trop laconique ; mais il faut dire que pour lui, il n'y avait pas de pression à ce sujet. Pas d'attente particulière. C'était davantage quelque chose qui arriverait potentiellement et qui pourrait être plaisant ou non. Dans le cas ci-présent, sa conclusion était toutefois positive.

Il reste un petit moment interdit.
Il ne s'y... attendait pas. Cela semble logique, quelque part. Après tout, il n'y avait pas de raison que quelque chose se produise.
Ce n'est pas vraiment parce que c'était leur nuit de noces que l'Enodril avait eu envie de le faire : c'était juste bien pratique comme excuse. Probablement que ce concept n'existe pas chez les Eossiens, pour que Natsume soit aussi surpris qu'il lui ait posé la question. Cela ne veut pas dire que le dragon ne s'était rien imaginé du tout, mais au moins, il n'avait pas d'aprioris. Il s'est juste laissé faire par les événements qui se sont déroulés. L'Altissien peuvent s'en contenter, ce n'est pas bien grave. C'est quelque chose qui l'arrange, au contraire ; il n'y avait de toute façon pas de comparaison possible avec d'autres expériences puisque tous deux n'en avaient jamais eu. Du moins avec une autre personne.
Malgré tout, le commentaire de son amant fait sourire l'animorphe et rougir légèrement ses joues.

« J'en conclus que tu ne serais pas contre le fait de recommencer ?.. »

Il est content, si l'autre a trouvé ça plaisant. S'il lui confirme bien que ce n'était pas désagréable. Il y a d'ailleurs autre chose qu'il trouverait bien agréable.

« Enfin, avant ça, j'ai bien envie d'un bon bain, pas toi ? »

Le rouquin a un peu transpiré après tout et ils ont encore quelques... fluides sur eux.

Sa réponse semble perturber l'altissien, au moins un peu. Pourquoi ? S'attendait-il à autre chose ? Curieux, le dragon l'observe sans dire un mot au début, inquiet de l'avoir offensé pour une raison ou une autre quand ce n'était nullement son intention à la base. Pour autant, Samaël paraît finalement se satisfaire de ses paroles, ce qui devient tout particulièrement visible avec son sourire et sa question qui n'en est pas vraiment une, en réalité. Les joues roses, le dragon détourne légèrement le regard, grattant nerveusement son cou pour dissimuler le mélange de nervosité et de curiosité qui naît en lui à cette hypothèse.

« Pourquoi pas, oui... Si tu... T'en sens l'envie. »

Il marmonne sans trop savoir comment il doit formuler la chose, pas par manque d'envie mais par manque d'habitude. Pour autant, lorsque l'animorphe évoque l'idée d'un éventuel bain, son visage se relève et semble s'illuminer d'un soulagement à peine dissimulé.

« Volontiers. J'ai eu ma dose de transpiration. »

Il grimace un peu en y pensant ; et leurs activités de tout à l'heure ne l'ont pas tant essoufflé que ça. C'est plutôt la journée qui fut trop longue et qui a usé de son énergie, à vrai dire, alors si il se redresse en grimaçant un peu, réajustant ses robes pour se couvrir même si ses bas ne sont maintenant plus que des lambeaux au sol. Il s'étire un instant, puis finit par prendre lentement le chemin jusqu'aux bains.

–

« Hm... Les sources d'Yggdrasil sont plus chaudes. »

Le commentaire lui vient alors qu'il trempe son pied dans l'eau pure devant lui. Ces bains-là sont en intérieur, ce qui lui plaît un peu moins, mais ils offrent une certaine tranquillité et intimité que n'ont pas les sources qu'il connaît depuis son enfance. De ce fait, il n'est pas bien timide pour se déshabiller à nouveau et pénètre dans l'onde tranquillement, en profitant brièvement pour passer sa tête sous l'eau et défaire, sans franchement y réfléchir, la coiffure qu'on avait réussi à lui faire non sans mal.
Il flotte tranquillement jusqu'au rebord des bains, laissant ses ailes le maintenir à la surface brièvement, avant de se retourner et de venir s'ébrouer un peu. La nuit est calme mais il sait qu'elles ne le seront pas toutes ; puisque, dans les faits, son statut a changé. Il lui vient donc quelques questions, qu'il pose distraitement en passant sa tête sous la bouche d'une gargouille crachant de l'eau chaude.

« Donc... Qu'est-ce que je suis supposé faire de plus, maintenant ? La même chose ? »

Il imagine que non. Il faut dire qu'il ne s'était pas particulièrement posé la question, jusqu'à maintenant.

L'entrée dans l'eau chaude lui fait du bien. Lui tire même des frissons dans le dos. Il avait eu peut-être un fantasme : celui de découvrir le corps de l'autre pour la première fois dans un bain. Ce n'est en même temps pas plus qu'ils aient passé cette partie tout à l'heure non plus, et mieux encore si le hérissé est prêt à remettre le couvert à l'avenir, dans un futur proche. Mais se débarrasser de la transpiration et des odeurs étrangères lui fait du bien, alors qu'il a passé la journée à être occupé avec la cérémonie. Un peu de calme et d'intimité, c'est tout ce dont il avait besoin pour être heureux. Certes l'après cérémonie avec tous les convives est un peu pénible, mais c'est bien lui qui a insisté pour faire dans les règles et il s'est dit qu'être transparent sur cet aspect ne pouvait que rassurer les civils.
Le corps nue cette fois entièrement plongé dans l'immense baignoire et les muscles se détendant, ses yeux vagabondent sur la silhouette de son partenaire qui nage au milieu de la vapeur. Il le mate sans grande honte, appréciant de l'admirer sous toutes ses coutures quand il en a été privé pendant si longtemps. Sa question est toutefois difficile à répondre.

« Je suppose que tu fais comme d'habitude. De toute façon, tu avais des responsabilités bien avant que tout ça ne soit officiel. »

Il hausse des épaules, ne sachant pas vraiment quoi dire de plus. Qu'il ait une statue de reine, de prince, ou qu'importe, aux yeux de Sam, ça ne changera pas énormément de d'ordinaire. C'était déjà grandement Natsume qui le conseillait sur ses actions et il tient à ce que ça continue.
En revanche, il y a bien en effet un petit bonus qui va de pair avec le nouveau titre de l'Eossien, mais l'animorphe n'est pas sûr que ce soit le moment d'en parler.

« Enfin... Il y a bien des choses en plus, mais on peut en parler plus tard. »

Le rouquin n'est pas sûr que ce soit une bonne idée de parler tout de suite d'héritiers, après tout. Il se contente de tourner autour de l'éoniste en barbotant dans l'eau, son regard dérivant parfois sur les membres de son amant.

Si en soi tout ce fatras ne change pas énormément sa situation actuelle, cela lui convient tout aussi bien. Natsume n'a pas particulièrement de jouer un rôle et il n'en aurait de toute façon ni le talent ni l'envie ; alors que Samaël n'attende rien de particulier l'arrange. D'un mouvement de la tête, l'éossien fait signe qu'il a compris et repasse brièvement sa tête sous l'eau, laissant ses mains passer sur ses cheveux pour les replacer.
En revanche, il est curieux "des choses en plus" qu'évoque brièvement l'Enodril, avec un air d'évitement qui ne lui ressemble guère. Les sourcils froncés de perplexité, le dragon ne fait aucun commentaire sur le moment mais ses yeux suivent les jambes de l'altissien. Comme un requin devant sa proie, il finit d'ailleurs par en attraper une pour le retenir et se glisser contre son dos. La mine curieuse, il pose finalement sa tête sur son épaule en le dévisageant du coin de l'oeil.

"C'est-à-dire ?"

L'une de ses mains vient jouer contre la poitrine de l'animorphe pour y dessiner des formes invisibles. Ce n'est pas usuel que Samaël évite de rentrer dans les détails et cela donne d'autant plus envie au magimorphe d'en savoir plus.

"Si tu t'attends à ce que j'aille inaugurer des orphelinats, je suis la mauvaise personne pour ça."

Il s'amuse un peu à faire passer sa main contre son épaule, sa tête s'inclinant contre son cou. C'est qu'il est devenu bien plus invasif en très peu de temps.

Un sursaut lui échappe en sentant quelque chose lui agripper la jambe. Mais ça ne pouvait pas être beaucoup de monde, et il n'y avait de toute façon pas intérêt à ce qu'un invité surprise débarque sans prévenir ici. Amusé, il sourit à son partenaire quand l'autre sort la tête de l'eau pour se glisser dans son dos. L'Enodril ne tenait pas particulièrement à avoir cette discussion avec son amant aujourd'hui -il trouve ça trop tôt- mais s'il se met à l'interroger, il sera honnête avec lui.

« Non, ne t'en fais pas. Contente-toi de m'aider, comme toujours. Je compte sur tes conseils avisés pour la suite. »

Sa supposition lui tire un bref gloussement, avant que sa main ne vienne caresser la joue du dragon. Il dépose un baiser sur ses lèvres avant de frotter sa tête contre celle du cadet. Autant finalement lui parler des thèmes fâcheux aujourd'hui. Enfin, fâcheux... Pas pour le rouquin de toute façon.

« Mais... Tu sais... »

Il laisse un temps d'arrêt. Ce n'est pas évident de chercher les mots qui ne brusqueront pas son partenaire. Il n'y a pas, à l'évidence, beaucoup de façon de parler de ça. Pour sa part, il est serein sur le sujet. Il sait que de toute façon ils ont le temps. Qu'ils ne sont pas obligés non plus si le magimorphe n'a pas envie. Ils viennent à peine de se rapprocher intimement.

« Un jour, on me demandera si j'ai déjà pensé à la succession. Il n'est pas impossible que l'on te pose des questions à ce sujet. Si on planifie d'avoir un jour des enfants, par exemple. »

Une manière de parler de façon plus personnelle d'un désir qu'ils pourraient avoir tous deux, à condition seulement que Natsume soit intéressé par le projet ; pas pour faire des héritiers, mais avant tout pour eux.

Natsume est du genre curieux. Maladivement curieux, à vrai dire ; et il a passé tellement d'années à ne pouvoir poser de questions sans être réprimandé qu'il ne supporte plus, maintenant, de ne pas comprendre quelque chose. Alors, évidemment, si minauder lui permet d'obtenir ce qu'il veut, cela ne le dérange nullement. C'est d'ailleurs même plutôt distrayant. Et cela lui offre aussi quelques caresses et baisers qui le font ronronner de satisfaction, même si il est plutôt bien nourri depuis ce matin.
Samaël, pourtant, hésite. Il paraît soudainement bien timoré et cela ne rend que le dragon plus curieux – même si cela a le fâcheux trait de devenir plus égoïste quand il a besoin de satisfaire son besoin de savoir. Alors Natsume l'observe, le dévisage un peu, laisse sa main se balader ici et là sur son corps dans l'objectif de le détendre et le pousser à parler. Au fur et à mesure qu'il écoute, toutefois, ses sourcils se relèvent lorsqu'il comprend de quoi l'altissien veut parler.
Ah, oui. Ça.

La nouvelle ne le perturbe pas plus que ça. Tout au plus cligne-t-il des yeux comme si on lui avait parlé de l'idée de faire une tarte aux pommes ; car c'est plus ou moins comme ça qu'il conçoit la chose pour le moment. Pensif, l'éossien laisse sa tête se reposer sur l'épaule de son amant alors que son regard se relève sur le plafond pour réfléchir à voix haute.

« Eh bien, cela impliquerait de copuler, mais ce n'est pas inenvisageable. »

Il parle aussi directement que sans gêne aucune. C'est-à-dire que tout ça, c'est davantage de l'ordre du point de détail à côté du reste. Est-ce qu'il aurait un jour voulu avoir des enfants... ? Peut-être. Dans une autre vie, l'idée lui serait venu sans doute naturellement. Dans celle-ci, en tous cas, il y avait toujours eu une réticence, toutefois, qui lui fait adopter une mine plus embêtée.

« En revanche, je ne sais pas si ça ne serait pas dangereux, des enfants avec mes pouvoirs... »

Comme d'habitude, il voit d'abord les conséquences possibles avant le reste. C'est-à-dire qu'il a été élevé ainsi et les habitudes sont dures à perdre. Sa tête se tourne à nouveau vers l'animorphe, l'air intrigué, car il ne se serait pas attendu à ça de sa part.

« Toi, tu en voulais ? »

Vu le personnage, c'était surprenant, pour Natsume, en tous cas.

"Copuler".
L'expression est amusante. Il est habitué à l'entendre de manière bien moins polie, alors ça le fait glousser. Ce qui l'intéresse, surtout, c'est que le hérissé semble ne pas porter un tant désintérêt que ça au sujet.
Lui qui voulait en finir avec la vie fut un temps... Le voilà prêt à en créer. L'ironie est assez belle.
Il ne le dit pas à voix haute. Ce n'est pas la peine. Pour Natsume, ça paraît naturel de discuter de ce genre de choses. Tout au plus ce qui l'inquiète vraiment ce serait des enfants aux pouvoirs similaires. Mais aux yeux de Sam, cette crainte est purement infondée, puisque le magimorphe est la preuve que c'est possible de s'en sortir avec ce type de spécialité.
Est-ce que j'en voulais ?..

« Ça m'indifférait pas mal, avant. »

Son regard se pose sur l'onde à la surface qui crée des cercles sans fin. Pensif, il est vrai qu'il ne s'était en fait jamais posée la question. Même si, au fond de lui, il y avait eu ce regret là : celui d'être trop suicidaire, trop ambitieux dans ses projets, trop instable dans sa vie de tous les jours, pour oser même se dire qu'élever un enfant était une bonne idée. Il fut au moins assez malin pour s'en rendre compte. Désormais, toutefois, c'est une autre histoire. Pas seulement la sienne ; la leur.

« Les choses ont changé, en te rencontrant. »

Ses yeux se tournent à nouveau vers son compagnon. Il le détaille en laissant ses pupilles vagabonder sur le corps à ses côtés.

« Des enfants qui te ressembleraient, fruits de notre union... »

Il y pense. Il l'imagine. Des gamins qui auraient le même sourire. Celui de son amant. Celui qu'il aime tant. Des enfants qui seraient les siens. Au moins un projet qu'eux seuls pourraient bâtir. C'est avec douceur qu'il sourit cette fois.

« L'idée me plaît. »

Lui plaît même beaucoup.

« J'en voudrais, mais seulement avec toi. »

Evidemment, c'était la seule condition. Cela ne l'intéresserait nullement d'en avoir avec d'autres personnes. Mais si Natsume les porte, il les chérira avec la plus grande tendresse dont il peut faire preuve, et ils auront un traitement princier à l'image de leurs statuts.

« S'ils ont tes pouvoirs, tu pourras les guider. Cela ne me fait pas peur. »

Il est convaincu également que le dragon sera un très bon parent pour leurs petits. Il n'y a aucune raison que le contraire puisse se produire.

« Je suis surpris en revanche que tu ne sois pas contre cette possibilité. »

C'est peut-être ce qui l'étonne le plus, au fond. Il ne va pas s'en plaindre, car ça écourte largement le débat, mais il s'interroge, se trouve curieux.

L'aveu que lui fait l'altissien ne l'étonne guère. En même temps, il était tellement obsédé par son désir de conquête que Natsume aurait été perplexe de le voir vouloir autre chose, même d'un point de vue personnel. Il aurait été agacé, aussi ; car il y avait d'autres priorités à ce moment-là. Qu'il soit la source de cette évolution, en revanche, le fait s'arrêter et hausser les sourcils.
Hm. Surprenant.
Cela le flatte, quelque part, en tous cas davantage que l'hypothèse qu'évoque Samaël et qui le laisse plus pensif qu'autre chose. C'est-à-dire qu'il apprécie moins le côté de son patrimoine que celui de l'autre, mais il peut se dire que cela limitera les dégâts, déjà. Que l'animorphe tienne autant à en avoir avec lui a le mérite de lui tirer quelques rougeurs et de lui faire triturer ses doigts comme si il était devenu un idiot nerveux. Il ne sait pas si il est convaincu par ses arguments quant à ses pouvoirs, cela dit, car il se voit mal guider quelqu'un, mais la confiance évidente que manifeste Samaël à son égard réchauffe agréablement sa poitrine et son ventre. L'estime que l'autre a de lui tend à influencer son jugement plus qu'il ne le faudrait, mais apaise également quelques unes de ses anxiétés. Sa tête dodeline légèrement contre l'épaule de l’épéiste.

Devant sa question qu'il comprend aisément, Natsume se montre pensif.

« Hmm... Je suis curieux, d'abord. J'imagine qu'il aurait été aussi possible qu'un accident se produise, un jour. »

Il aurait fallu décider à ce moment-là et ce n'est pas tant une hypothèse que le dragon aurait apprécié. Pour autant, la partie curieuse de son esprit, celle qui a souvent le dernier mot, se demande ce que cela pourrait éventuellement donner. Il n'a pas exactement d'image à proprement parler et cela le travaille un peu. Puis, en outre, un autre point le rend moins frileux sur le sujet.

« Je devais être moine, à la base. J'avais signé pour m'en occuper, quelque part. Les enfants sont moins pénibles que les adultes. »

Et c'était un fait. Ils étaient plus sensés, même, parfois ; et ils n'avaient pas encore l'esprit pétris d'idées stupides sur la valeur de chacun. Les jours où on le laissait se charger de ces derniers étaient souvent bien moins pénibles que ceux qu'il devait passer en compagnie de ses pairs. L'idée ne l'inquiète donc pas plus que ça.
Une moue se dessine sur son visage alors qu'il jette un coup d'oeil à son partenaire, le trouvant trop solennel et tendu à son goût pour un sujet qui ne l'inquiète pas plus que cela. Il se permet donc une boutade.

« Mais je ne ponds pas d’œufs, si tu me poses la question. »

Une remarque stupide mais qui lui tire un ricanement ; en réalité, il était déjà arrivé que des enfants lui posent la question, d'ailleurs. Mais il se sentait d'humeur à pousser l'autre à se détendre en l'évoquant.

Un accident... Il est vrai que je n'y avais pas pensé.
Pas comme si ça aurait été impossible, après tout. Toutes les occasions sont bonnes pour qu'il fasse un câlin un peu trop endiablé à son partenaire, maintenant qu'ils ont dépassé un certain stade. Un accident n'était effectivement pas exclu mais c'était vraiment un souci auquel il n'avait même pas réfléchi. A ce moment-là, si accident il y aurait vraiment eu, la question se serait évidemment posée. Et Sam sait quelle réponse il aurait donné dans un cas comme celui-ci. Imagine le magimorphe en moine entouré d'enfants était une vision qui attendrit pourtant l'empereur, lui qui est si fermé aux adultes. La plaisanterie de son partenaire a au moins le mérite de le faire rire.

« Je n'aurai pas besoin de la poser, alors. »

Il n'y avait pas pensé non plus mais il se connaît : la question serait inévitablement apparue dans son esprit un jour ou l'autre. Il s'avère donc que c'est le côté humanoïde qui primerait dans ce cas-là aussi. Bien sûr, l'Enodril savait que la plupart des espèces fonctionnait ainsi, mais il l'ignorait pour les dragons.

« Mais... Dans cette optique, donc... »

Son regard brille d'une lueur intéressée. Il se tourne vers son amant, caressant ses hanches et son torse avec un sourire à la fois malicieux et lubrique.

« Quand est-ce que tu te sentirais prêt à... "copuler" pour avoir des enfants ? »

Entendre Samaël rire de son fait tire toujours à Natsume une forte sensation de satisfaction, qui se manifeste ce soir par une moue mêlant arrogance satisfaite et amusement. Même si l'animorphe est bon public, le dragon dorlote son ego en sachant qu'il ne sera jamais aussi sincère qu'en sa présence. Une observation qu'il a vite eu de faire et de retenir, d'ailleurs.
En le voyant se retourner, il ne s'attendait pas nécessairement à ce qu'il revienne sur un point de détail évoqué tout à l'heure. Ses sourcils se haussent toutefois franchement devant la question qui lui est posée, avant que ses joues ne prennent des couleurs lorsqu'il finit par saisir l'insinuation qui suivent les mains sur ses hanches. Déglutissant malgré lui, le visage chaud, il perd brièvement de sa loquacité.

"Quand... Tu t'en sentiras l'envie. "

Il n'a pas particulièrement de réserves de son côté. Ou du moins, le mariage était pour lui plus conséquent en termes de temps de digestion nécessaire ; mais il y a un point qui lui parait assez criant.

"Mais quelque chose me dit... Que tu es plus intéressé par la première partie que la seconde."

Ou du moins, si ce n'était pas le cas, il ne le connaissait plus. Et il mentirait lui-même si il disait qu'il n'était pas curieux.

Son sourire s'élargit. Etonnamment, le dragon ne semble pas être dérangé que cela arrive plus tôt que prévu. Avec cette approbation, cela voudrait que là, tout de suite, si l'animorphe en avait envie, un héritier pourrait déjà être en chemin. Le rouquin en est surpris mais honoré, conscient que ce ne serait pas non plus avec n'importe qui que le hérissé accepterait une telle aventure. Pris en flagrant délit par les mots qui révèlent une évidence certaine, l'Enodril glousse à nouveau. Il ne va pas chercher à le nier, après tout. Est-ce que tout le monde n'est pas un peu comme ça, quelque part ? Il y a toujours une partie fun avant le véritable travail.

« Eh bien... Il faut dire que normalement, je n'ai pas grand chose à faire, de mon côté. »

Ses doigts passent sur le torse de son partenaire avant de caresser distraitement sa joue. C'est arrangeant pour lui que l'ancien moine ne soit pas difficile sur ce sujet ; il est tout aussi curieux que l'autre. Au moins, ils n'auront pas à avoir de longues discussions sur une potentielle parentalité. Est-ce que ça peut être aussi simple ? Le rouquin s'en contentera dans tous les cas.

« Mais... Soit, alors. Je vais quand même te laisser quelques semaines de répit, avant. Pas que je ne sois pas impatient, mais le temps que tu te remettes déjà de cette cérémonie et des jours qui suivront. »

Il a beau lui avoir dit que ça ne changerait rien ses responsabilités, il s'est passé beaucoup de choses dernièrement pour les préparatifs et ils ont bien le droit à un temps mort avant de repartir de plus belle, même si Samaël ressent toutefois une certaine hâte : probablement, comme l'a indiqué son amant, plus pour la partie "copulation" que pour ce qu'elle va engendrer. Mais des enfants, bien sûr, il a envie d'en avoir.

« Et après... Je m'occuperai de tout. »

C'est Natsume qui portera vraisemblablement leurs enfants ; l'empereur peut au moins se préoccuper du reste à la place de son conjoint. Il ne parlait pas seulement de leurs responsabilités cependant, mais aussi du fait qu'il s'occupera bien de son partenaire pou s'assurer qu'il prenne du bon temps quand les choses sérieuses commenceront.

Au moins, Samaël ne nie pas et cela lui convient bien ; Natsume ne l'aurait pas cru, de toute manière. Mais son enthousiasme l'étonne quand même un peu et lui fait hausser des sourcils avec circonspection, sans qu'il ne fasse de commentaires à ce propos. Il est plus occupé à pousser sa tête contre la main sur sa joue, de légers ronronnements quittant sa gorge. Il n'est pas contre du repos, cela dit, car il est vrai que toutes ces sociabilités l'ont quelque peu usé. En silence, le dragon se repose tranquillement dans l'eau, passant un peu d'eau sur ses cornes pour les nettoyer elles aussi. Alors lorsque son partenaire lui dit qu'il s'occupera de tout, il n'y réfléchit pas des masses et s'en contente bien.

"Hm-hm."

Dans un souffle, il laisse son corps reprendre forme draconique. L'eau déborde un peu à son changement de volume, mais il se permet de déployer ses ailes et laisser sa queue battre régulièrement contre l'onde. La tranquilité, ce n'est pas déplaisant.