Honey(desert)moon

Il se disait que ça allait être agréable. Il le savait, quelque part. Il avait entendu dire que c'était une zone sensible, à l'intérieur, alors il n'avait pas été contre du tout que l'autre essaye avec sa queue de le pénétrer à cet endroit. Et il ne regrette pas du tout, avec la pensée en plus de ça qu'il s'agit bien de son amant qui se trouve là.
C'est Natsume qui...
Même s'il s'agit de sa queue de dragon, même si ça ne fait rien à ce niveau pour le magimorphe, ce n'est pas pour rien qu'il lui a demandé d'essayer. Cela reste très agréable pour l'Enodril qui aurait pu être tendu face aux nouvelles sensations mais qui en même temps en avait tant envie qu'il n'a pas vraiment hésité non plus. Son corps est parvenu à se détendre de façon relativement rapide, se laissant totalement aller par les mouvements de la queue qui le sodomise. Il ne faut pas qu'il en oublie pour autant sa propre position dans les parois de l'Eossien afin qu'il ne se sente pas délaissé. Lorsque le rythme devient assez habituel, même si l'Altissien ne tiendra pas longtemps et qu'il le sait, ses reins se remettent à bouger également. Son regard ne quitte plus le visage du hérissé déformé par le plaisir qu'il lui donne, motivant le concerné à redoubler d'effort et à intensifier ses gestes quand celui en dessous quémande davantage. Presque synchrone avec la queue dans son double en lui, il gagne en vitesse et en force dans ses mouvements, non seulement pour sentir davantage son amant dans son corps mais aussi pour le sentir davantage autour du sien. Les écailles d'ordinaires pointues se sont rétractées, comme si elles étaient bien incapables de lui faire du mal alors que la queue continue de bouger avec puissance. Le souverain est submergé par les sensations multiples qui le prennent d'une extrémité à l'autre.

Ce trop plein finit par avoir raison de lui lorsque, d'un seul coup, une vague déferlante de plaisir le consume au niveau de sa prostate, lui donnant des frissons dans toute son anatomie. C'est encore un orgasme différent de celui qu'il a eu la dernière fois, mais le prochain n'est pas loin. Quand il sent que son partenaire n'a pas encore atteint l'extase, il persiste dans ses gestes malgré son souffle plus haletant. Mais finalement, lorsqu'il entend un gémissement plus aigu que les autres, il ne se retient plus et laisse son entrejambe sensible jouir à son tour. Dans un cri qu'il étouffe en se mordant la lèvre inférieure, son orgasme parcoure sa verge en faisant valser à l'intérieur des sensations agréables qu'il trouve délicieuses.

« Ah... Ah... Natsume... »

Toujours en oubliant où ils se trouvent, l'Enodril se repose contre son amant, le cœur battant et la respiration courte. Son postérieur s'élève toutefois à nouveau comme pour sentir encore un peu cette queue qui lui a fait tant de bien.

C'est l'instinct qui finit par guider ses gestes. Plus les secondes passent et plus le reste de sa conscience qui était encore présente jusqu'à maintenant finit par s'étioler et ne plus laisser place qu'aux réflexes qu'arrive encore à avoir son corps. Et encore, car il devient presque difficile de respirer lorsque son amant prend de la force et de la vitesse pour le pénétrer. Sa respiration est hachée, son souffle est entrecoupé de gémissements courts, ses ongles se plantent dans la peau du dos de l'altissien. Le plaisir éclate dans ses membres, dévale dans ses veines pour revenir avec une intensité comme renouvelée à chaque fois. Si sa queue bouge, c'est surtout car son propre corps est secoué par la rencontre de leurs membres et que son partenaire s'empale de lui-même sur cette dernière ; car il n'a même plus la capacité d'y penser bien longtemps. Ses pensées sont loin, très loin de tout ça. Les yeux fermés, les jambes tremblantes, le dragon crie et geint, la tête s'arquant sur le côté, au sol. Il n'y a plus rien d'autre dans son esprit que son amant en lui et les sensations qui le prennent comme autant de petits éclairs à chacun de leurs mouvements. Plus rien, hormis cette vague qui monte, cette poussée de bien-être, comme une corde qui se tirerait de plus en plus ; plus rien, hormis ce besoin impérieux d'en avoir toujours plus. Il sent vaguement une contraction autour de sa queue mais toute forme de réflexion qu'il aurait pu avoir a disparu.
Puis, un geste de plus, une friction de trop. La corde se débande et ses veines prennent de feu ; le plaisir bout d'un coup dans tous ses membres et lui tire un cri bruyant, presque un sursaut devant l'assaut de sensations agréables en lui. Un son strident prend ses oreilles et il n'entend plus rien ; tout juste et de loin le cri étouffé de son partenaire mais il n'y réfléchit même pas sur le moment. Sa tête est encore trop loin, toujours plongée dans la chaleur et les frissons doucereux qui descendent petit à petit le long de son dos. C'est différent de tous les orgasmes qu'il a pu avoir jusqu'à présent : c'est bien plus fort.

Ses membres tremblotent pendant un temps. Son cœur bat la chamade mais se calme petit à petit, comme sa respiration qui est toujours courte, voir un peu sifflante. Il met même un temps à rouvrir les yeux, comme si l'acte même d'ouvrir les paupières était devenu compliqué. La lumière du jour ne lui est pas inconnue mais elle lui agresse brièvement les yeux alors que c'est comme si chacun de sens l'avait quitté temporairement. La vue lui est revenue et l'ouïe, progressivement, se réveille à son tour. Le bruit des vagues est bien moins fort que celui du souffle de l'altissien au dessus de lui, mais ses tympans ne sifflent plus. C'est le toucher, ensuite. Ses mains touchent un dos, ses jambes se serrent autour des hanches appuyée contre son fessier. Son regard se relève vers le ciel au dessus d'eux. Il est parfaitement clair.

Le vent souffle toujours un peu. Natsume ne voit pas l'intérêt de parler ou de dire quoi que ce soit sur le moment, même si une réflexion plus ou moins inutile lui vient.

« J'aime bien. »

C'est stupide car c'est évident, à vrai dire, ou du moins très simple à comprendre mais il ne s'attarde pas beaucoup plus. Au lieu de ça, en douceur, il laisse sa queue sortir doucement du corps de son partenaire et fait enfin tomber le membre à terre pour le reposer. Une pensée lui vient, laconiquement.

« On devait... Faire une balade, à la base. »

Un projet qui avait été plus ou moins mis de côté. Pas qu'il s'en plaigne en soi, cela dit.

Les battements de son cœur sont toujours effrénés. Ils tapent à ses oreilles en même temps que les vagues qui s'échouent derrière eux sur le banc de sable. Partiellement essoufflé, il a encore du mal à croire ce qu'il a fait, poussé par un désir trop grand pour lui. Pourtant ses membres sont enveloppés dans cette sensation de bien-être et il ne s'est jamais senti autant détendu. Même la queue au niveau de sa prostate était plus que bienvenue et son postérieur est tellement décontracté qu'en faire sortir le membre n'est nullement difficile. Presque à regret, il sent cette queue draconique se défaire de lui pour retomber au sol, en même temps que son partenaire fait rougir ses joues par l'expression de son propre bien-être. Natsume a bien aimé. Cela le soulage, même s'il n'en avait pas beaucoup douté. D'entre tous, l'Eossien est celui qui fait bien ce qu'il veut de l'empereur ; alors s'il lui avait dit de le lâcher, il l'aurait fait sans protester. Lui rappelant la balade, l'Altissien glousse un peu, quand même légèrement gêné qu'il ait changer le projet à la dernière minute.

« Je sais... Désolé. »

Lentement, il se retire lui-même du corps de son amant avant de laisser sa tête se reposer sur sa poitrine en poussant un soupir.

« Je n'ai pas pu m'empêcher... de te sauter dessus. »

Ce n'est pas vraiment une excuse, il le sait. Il y a bien eu des tas de fois où il a dû se retenir et il sait le faire sans mal. Le rouquin a profité un peu trop du fait que l'éoniste s'est laissé caresser sans rien dire.

« Quand tu es collé, à moi, comme ça... Des fois, j'ai envie de te toucher. »

Ses ferment veulent se fermer. L'obliger à une sieste. Il pourrait tout à fait s'ils n'étaient pas en pleine nature et qu'il avait promis une promenade à son époux. Maintenant qu'il est calmé et plus frustré, ça sera plus simple de se concentrer sur le paysage que sur son accompagnateur.

« Mais... Moi aussi, j'aime bien. »

Et c'est peu dire, mais ça a dû se voir et se sentir. Ses paupières lourdes n'empêchent pas son regard de bifurquer vers la partie du corps avec laquelle son amant l'a pénétré.

« Ta queue... »

Plus il la regarde, plus il est sans doute impressionné lui-même de ce qu'il peut contenir dans son propre corps. Cela l'amuse autant que cela l'effraie, des fois.

« C'était plutôt ingénieux. »

Mais il voulait surtout saluer l'idée de son amant et son audace de lui avoir proposé une telle chose. C'était non seulement plaisant mais aussi inédit, et totalement inattendu au départ.

Ce n'est pas une vraie excuse alors il s'étonne tout de même de voir Samaël s'excuser. C'est-à-dire qu'il avait vraiment l'air de s'amuser de le mettre dans la panade, tout a l'heure. La tête penchée alors que l'altissien se repose contre sa poitrine et quitte son corps, le dragon l'observe tout en l'écoutant sans rien dire. La mine curieuse quoique vaguement amusée, les aveux de l'épéiste ne le surprennent pas même s'ils ont quelque chose de flatteur, lui tirant une moue désabusée

"J'ai vu. "

Il a bien du mal à lui faire des reproches, cela dit. Il y a quelque chose d'excitant à sentir que son partenaire ne peut pas s'empêcher de l'approcher, et en même temps de le laisser faire. Natsume ne comprend pas exactement tout ni les mécanismes de ces goûts, mais cela lui convient de ne pas poser plus de questions pour le moment.
Lorsque que Samaël lui parle de sa petite créativité du jour, le dragon hausse brièvement des sourcils puis des épaules.

"Je me suis dit... Que ca te plairait peut être aussi."

L'attrait qu'a l'altissien pour ses membres reptiliens est surprenant mais cela l'arrange définitivement bien. Et le rassure, aussi, quelque part. En douceur, le magimorphe redresse le haut de son corps. Il ne transpire plus mais sa propre peau est poisseuse, et un bref regard vers son entrejambe lui tire une mine embêtée quand il réalise qu'elle est couverte (et remplie) de fluides divers et variés. Ses yeux s'en vont ensuite vers les vagues plus loin, qu'il observe sans un mot, l'oeil admiratif.

Il finit par se relever avec lenteur et fait quelque pas sur le sable, toujours nu comme un ver. Le contact sous ses pieds est chaud et surprenant, et il avance un peu en regardant avec fascination la manière dont la plante de ses pieds s'enfonce très légèrement dans cette texture nouvelle. Il continue tout droit, jusqu'à se retrouver juste devant l'écume des vagues ; puis, toujours en silence, il s'accroupit pour que ses doigts puissent venir longer le bord de l'onde. Fasciné, sa main finit par plonger dans l'eau et dans un réflexe aussi stupide que dubitatif, le dragon la relève pour lécher sa propre paume. Le goût salé lui fait hausser des sourcils d'étonnement puis grimacer.

"Berk. "

Conclusion : belle mais dégoûtante. Une leçon qu'il retient mais qui ne l'empêche pas de faire un pas, puis deux dans l'eau. Il hésite toutefois à esquisser le prochain. Tout naturellement, sa tête se retourne dans la direction de Samaël et son regard vient le chercher dans une demande silencieuse.

Est-il naturellement comme ça ou est-ce la frustration d'une trentaine d'années accumulée qui fait qu'il ne peut s'empêcher de ploter son amant, peut-être un peu des deux. Sa libido est pareille à celle qu'il avait quand il était adolescent ; fort heureusement il ne rêve plus à celui qu'il considère comme un frère à présent, bien qu'il ait quelque chose pour les cheveux hérissés et que les Donovan ne sont jamais loin des Shimomura, finalement. Natsume avait eu raison dans tous les cas d'essayer quelque chose de nouveau avec sa queue, bien qu'insolite et risqué si ça ne lui plaisait pas. Mais l'opération fut un succès qui n'était plus à démontrer et même que le rouquin recommencerait bien si l'occasion se présentait. Pour l'heure, il a eu sa dose et il sait que son partenaire aussi, alors il le laissera tranquille cette fois.
L'attention du dragon est de toute manière reportée ailleurs, vers cet océan qui n'en finit pas. Les vagues sont calmes aujourd'hui, le vent souffle doucement. Les yeux dorés le suivent du regard alors qu'il s'approche de l'eau en observant ses propres pas dans le sable. Attendri, l'animorphe ne bouge pas de sa place et se contente de l'observer. La mer, il avait déjà pu la voir une fois, il y a quelques temps, lorsque la paix a été signée. Il avait été curieux des paysages Caldissiens maintenant qu'ils n'avaient plus à y aller pour y faire la guerre. Il comprend tout à fait ce qui peut fasciner autant l'Eossien en admirant la plage. Un gloussement lui échappe lorsque ce dernier grimace après avoir goûté l'eau salée. Samaël n'avouera pas qu'il a pourtant fait un peu la même chose à l'époque. Lorsque son époux l'appelle silencieusement afin qu'il le rejoigne, l'empereur se relève pour exécuter la demande et se rapproche à son tour de la berge sans chercher à se rhabiller.

« C'est vrai que tu n'as jamais vu la mer, toi. »

Sans peur aucune, l'Enodril prend la main du cadet et fait quelques pas dans l'eau pour qu'il le suive. La chaleur est assez forte pour que la baignade ne soit pas désagréable, même si le contact lui tire ici et là quelques frissons. L'océan est toutefois assez claire afin qu'ils puissent voir ce qui se trouve à l'intérieur.

« T'inquiète pas, tu risques rien. »

Il ne sait pas si son conjoint est un peu intimidé par l'eau, mais il veut le rassurer. Il aimerait bien aller plus souvent à la plage avec lui.

« Tu as vu les poissons ? »

Son regard se baisse vers leurs pieds où quelques uns s'aventurent déjà par curiosité, prêts toutefois à repartir aussi sec au moindre mouvement de leur part.

Il n'a jamais vu la mer, oui, et peut-être que l'eau l'intimide quelque peu. Il faut dire qu'il ne connaît que les courants étroits et peu profonds de l'Hélios, voir du lac d'Yggdrasil, alors c'est un changement radical. La présence de son mari devant lui l'apaise assez pour que, la main serrée dans la sienne, il ose faire quelques pas dans l'eau jusqu'à se retrouve partiellement immergé. Elle est fraîche et agréable contre sa peau échauffée, et a le mérite de lui faire oublier, au moins temporairement, la sensation de sa propre transpiration.

« Non. »

Sans rien dire de plus, l'éossien s'avance en gardant des yeux curieux et attentifs sur l'onde qui les entoure. Elle a quelque chose de fascinant, mais ce qui l'est tout autant, ce sont les petites ombres qui glissent entre leurs jambes et dont son partenaire souligne la présence, lui faisant ouvrir de grands yeux attentifs. Son rythme cardiaque s'accélère et il semble même fasciné, devenu bien silencieux d'un seul coup.
Puis, sa tête plonge soudainement dans l'eau. Comme un éclair, le dragon saisit un poisson plus gros que les autres entre ses crocs et relève sa tête lorsque ce dernier est bien coincé. La tête est même partie, d'ailleurs. Les cheveux trempés et l'air parfaitement tranquille, il se sert cette fois de sa main pour prendre son butin entre ses mains pendant qu'il mâche.

« C'est pratique, j'avais faim. Tu en veux ? »

Son regard se détourne brièvement vers l'altissien sans se rendre compte que cela le dégoûtera plus qu'autre chose. Le poisson n'est pas son type de repas favori, loin de là, mais c'en est un qu'il tolère, encore plus avec le goût du sel marin.

Le son de la mer l'apaise. Il n'y a pas un autre endroit à l'heure actuelle où il voudrait être avec son amant. Ce dernier place en lui assez de confiance pour le laisser le guider dans une autre étrangère et vaste qui nourrirait les peurs de toutes personnes qui n'auraient jamais vu l'océan et son horizon infini. Où s'arrête-t-elle ? Nul ne le sait, mais ça n'empêche pas l'imagination de marins en tous genres de fleurir pour répondre à cette question, désireux sans doute de découvrir de nouvelles terres, peut-être pour les conquérir. Le souverain n'a pas nécessairement le pied marin mais pour son époux, il prendrait même la plus modeste des barques pour voguer sur les mers si tel serait son désir.
Le coin est pour le rouquin plus qu'idyllique, avec cette eau claire, ce sable fin, et ces palmiers qui offrent de l'ombre bien aimée, mais pour le hérissé, c'est une opportunité autre quoique toute aussi intéressante qui s'offre à lui. Dubitatif lorsque le magimorphe plonge sa tête dans l'eau, ses yeux s'écarquillent tout à fait en apercevant le poisson décapité qu'il en sort d'un geste brusque.

« Aheuum... Non merci. »

Avec tous les efforts du monde, il doit dissimuler son expression dégoûtée bien que l'autre s'en moquerait probablement.

« J'oublie que tu as encore un petit côté... sauvage. »

Cela l'amuse, quelque part. Il glousse légèrement en voyant son cadet se comporter plus comme une bestiole que comme un humanoïde.
Je suppose que ça fait partie de son charme...
Natsume avait même pris la peine de lui proposer un bout de sa capture ; et ça, il sait comme c'est un gage d'affection. Enfin, en tout cas chez les animaux.

« Est-ce que... Tu es quand même content d'être là ? »

Si on ne le lui demande pas, l'Eossien ne penserait pas forcément à parler de ses propres envies ou de son ressenti personnel quant à ce qu'ils expérimentent ensemble. De lui-même, il ne dirait pas qu'il apprécie une chose ou une autre, ce qui oblige le plus grand à s'enquérir régulièrement de son opinion afin de savoir s'il avance dans la bonne direction. Il ne voudrait pas qu'il s'ennuie en sa compagnie.

Il avait bien fallu apprendre à se nourrir, quand sa mère oubliait parfois de rentrer pendant quelques jours et que les étagères étaient vides ; fort heureusement, leur maison n'était pas loin d'un coin de rivière et il pouvait, puisqu'on l'évitait comme un pestiféré, se nourrir au calme, même si ce n'était pas bien sain sur le long terme. Les réflexes sont restés, même maintenant qu'il mange à sa faim et qu'il découvre de nouveaux goûts ; alors proposer un morceau de poisson était venu tout naturellement. Il hausse donc des sourcils d'un air surpris avant de les froncer légèrement, la mine circonspecte quand l'altissien le qualifie de 'sauvage'. Sa main laisse tomber dans l'eau les restes du poisson dans lequel il avait croqué.

« Qu'est-ce que ça veut dire, ça, exactement ? »

Sa queue bat l'air dans un signe d'agacement à peine caché. D'une main, il passe de l'eau sur son propre corps pour se décrasser, soupirant de soulagement en sentant la transpiration et autres choses peu ragoûtantes se détacher de lui. Le sel sur son épiderme est une étrange sensation, cela dit, mais c'est déjà plus agréable. D'une oreille, il continue toutefois d'écouter l'autre et se montre véritablement surpris lorsque ce dernier lui demande si il est 'content d'être là'. Son expression se fait confuse, quoique vaguement désabusée, puis blasée. Il ne retient pas un soupir.

« Non, c'est affreux et je m'en vais de ce pas me jeter du haut d'une falaise. »

Leur mariage n'a rien changé à son tempérament sarcastique, en soi. Il évite de trop le montrer lorsqu'ils sont en public mais c'est toujours naturel chez lui. La tendance qu'a l'épeiste à s'inquiéter souvent pour lui est touchante mais Natsume n'aime pas particulièrement parler de ces choses-là. En s'étirant dans l'eau, il réfléchit tout en parlant, la mine pensive.

« Oui. J'ai passé trop de temps sous terre. J'aime bien... Voir autre chose. »

De nouveaux paysages, de nouvelles odeurs, de nouveaux goûts. Toutes ces nouveautés le stimulent et l'intriguent, font briller ses yeux de curiosité et le rendent bien énergique, lui qui était si lent et désintéressé auparavant. Parfois, il avait eu la sensation qu'Yggdrasil était sa cage ; alors toute sortie a maintenant le goût de la liberté.

« Même si... »

Une pensée lui était toutefois venue, suite à toutes ces célébrations barbantes après leur arrivée.. Hésitant, son regard se tourne vers le côté, vers quelques palmiers qui voguent au gré des vents.

« Je ne suis pas vraiment fait pour toutes ces attentions et ces discussions, mais… J'aimerais bien faire quelque chose d'utile, un peu. »

C'est-à-dire que faire des saluts et des grands sourires pour faire joli, c'était vraiment peu à son goût, au contraire de son compagnon. Même avec la liberté totale qui est maintenant la sienne, il a toujours envie, quelque part, de cette sensation de faire quelque chose.

Une fois habitué au sarcasme de son amant, c'était devenu plus facile de le déchiffrer. Il en faisait déjà usage quand ils n'étaient que colocataires. Le fait que cette cohabitation et leur alliance les avaient un peu poussé à être toujours honnêtes l'un envers l'autre a dû aider à ce qu'ils se rapprochent plus facilement, bien que l'Enodril ait "caché" son animorphie au départ. L'Altissien s'étire dans l'eau, imitant son comparse qui se rince comme il peut des fluides et autres saletés sur leur épiderme. L'eau fraîche, bien que salée, n'est pas désagréable, tant et si bien que l'aîné commence à barboter dans l'eau en écoutant les réflexions de son époux quant à son rôle. Ce n'est clairement pas lui qui va l'empêcher de se rendre utile : il ne lui demandait rien, mais il admire depuis toujours sa manière de réfléchir et il l'a longtemps conseillé bien avant d'être sur le trône avec lui.

« Fort bien, alors. Rien ne t'empêche de faire quelque chose, si tu le veux. »

Il se met à faire la planche en levant son regard vers les nuages qui cachent le soleil. Natsume n'a pas besoin de son aval, mais peut-être attendait-il une approbation de sa part.

« Tu t'occupais déjà de quelques tâches, après tout. »

Sam aimait bien dire que c'était une sorte de Conseiller. Comme une présence sur son épaule pour le guider lorsqu'il doute. Le hérissé est si différent de lui qu'il jugeait que son opinion pouvait lui être précieuse, alors qu'ils ont des expériences de vie qui n'ont rien à voir. Cela était arrangeant, en outre, d'avoir à ses côtés un Eossien pour se faire bien voir des natifs.

« Tu as une idée en tête, n'est-ce pas ? »

Sa tête se relève vers le dragon avec un air intéressé et curieux. Il n'est pas sans savoir que si son amant lui confie de telles pensées, c'est qu'il avait déjà réfléchi à un ou plusieurs sujets en particulier.

Ce n'est pas tant une autorisation que Natsume attend qu'un avis sur le sujet, peut-être même des suggestions. Pour autant, l'autre semble appuyer son propos sans plus, et le dragon le fixe avec une mine perplexe, se demandant brièvement si tout cela ne l'ennuie pas un peu. Peut-être aurait-il aimé un peu de soutien à ce propos. Silencieux, si le magimorphe est d'accord avec le fait qu'il avait déjà quelques petites occupations de son côté, il mentirait si il disait que cela suffisait à l'occuper. Parfois, il s'ennuie même un peu, et d'autres préoccupations ont eu le temps de germer dans ses pensées. Samaël le devine partiellement, d'ailleurs, avec sa question. Cela fait quelques mois maintenant qu'il y réfléchit. Arrêté dans l'eau, ses doigts griffus tapotent la surface de l'onde pour la faire ricocher régulièrement.

« Les altissiens t'écoutent par allégeance naturelle, les caldissiens par les résultats, mais les éossiens... »

Sa mine est pensive et il se pince brièvement les lèvres. Il y a peu de choses auxquels il tient autant que de voir son conjoint heureux, et cela passe notamment par le fait de s'assurer qu'il conserve le pouvoir auquel il semble tant tenir. Cela nécessite, par conséquent, de penser un peu stratégiquement, notamment vers cette portion de la population qu'il connaît bien et dont il se méfie donc bien plus que les autres. Son regard se fait critique.

« Les éossiens n'ont jamais vu du bon œil les monarchies. Et même si ils ont de la reconnaissance pour le moment... Ça ne suffira pas sur le long terme. »

C'est, aux yeux du dragon, une poudrière potentielle à laquelle il faut faire attention. Trop se relâcher aurait des conséquences bien néfastes, d'autant plus vu la localisation de leur centre de commandement. Il fallait s'assurer de leur loyauté, même si sa présence était une épée à double-tranchant, vu son passif.

« Je me demande... Si avec un peu de manœuvre, je pourrais éventuellement prendre la place de l'ancien anachorète. »

Il n'en avait jamais rêvé en soi, mais c'était une méthode comme une autre pour arriver à certains objectifs, alors il se saisirait de toutes les manières de faire possible. Le pouvoir religieux n'était qu'une forme d'influence comme une autre, quelque part.

Il n'aimait pas se dire que les Eossiens ne l'écoutaient pas, à vrai dire ; ou plutôt qu'ils pouvaient contester son autorité même après avoir rejeté ses origines et tout ce qu'il avait fait pour prendre le pouvoir. L'Enodril sait pourtant qu'il doit prendre son mal en patience et que ce n'est pas tant qu'ils ne l'écoutent pas qu'ils sont plutôt encore dubitatifs et méfiants à son encontre.
Je suppose que le plus simple serait d'abolir la monarchie... Mais ça m'arrange pas mal, d'avoir du pouvoir.
Il se disait que c'était la voie la plus simple vers la paix, que de conserver un monarque unique avec toute l'autorité pour unir les peuples entre eux. Son âme n'est toutefois clairement pas celle d'un politicien, et bien sûr, son amant a raison quand il fait part de ses connaissances au sujet des natifs qu'il a côtoyé naturellement plus que lui. Le rouquin marche sur des œufs avec le peuple millénaire, et il en a conscience ; se taper l'un d'entre eux et le placer sur le trône à ses côtés ne suffisent pas nécessairement à s'assurer de leur loyauté. L'idée que souffle le hérissé le surprend d'abord mais lui paraît donc tout à fait alléchante, quand il y pense.

« Ambitieux... J'aime ça. »

Son corps se redresse et il a sur le visage une expression des plus intéressées par le concept. L'anachorète ayant également une certaine autorité par la figure qu'il représente, ce serait en effet se mettre quelques Eossiens supplémentaires dans la poche. Des flous dans l'histoire viennent toutefois perturber l'empereur Altissien.

« Mais... Je pensais que tu n'étais plus trop attaché au côté religieux. Et... Ta popularité, dans tout ça ? Tu n'étais pas rejeté par tes semblables ? »

Bien qu'un peu benêt parfois, celui aux yeux dorés ne l'est pas assez pour savoir que placer un rebus de la société éossienne au poste qui leur est le plus prestigieux n'est pas sans risque non plus. Mais peut-être exagérait-il la vision que les natifs ont de son amant ; après tout, lui aussi a aidé à la chute de Gaston et Camélia, et il y a des gens de son peuple, à l'instar de Satoshi, qui le soutiennent depuis le début.

Il serait étonné de l'intérêt soudain que montre Samaël si il ne le connaissait pas assez pour savoir que ce dernier était toujours partant, dès lors que l'on parlait de conjurations et autres manigances. Vaguement perplexe mais amusé malgré tout, l'éossien esquisse une moue mais ne reprend pas l'autre. Ses sourcils se haussent brièvement devant les interrogations de son mari, que Natsume trouverait presque manquer d'imagination sur le moment. La première chose qu'il fait est de hocher négativement de la tête pour marquer son désintérêt.

« Oh, je m'en fiche complètement, de la religion. Tu devrais le savoir. C'est utile, en revanche. »

Cela, il l'avait bien compris ; c'était ce qui avait, au moins partiellement, fait combattre les altissiens et les caldissiens pendant un millénaire, alors c'était forcément un pouvoir intéressant. Passer du temps avec son conjoint lui a, en outre, fait apprendre quelques petites choses sur la manière de manipuler les autres par l'affect.
Il a pourtant un point sur le second propos : sa réputation était toujours la même auprès des éossiens. Révolutionnaire héroïque pour les uns, « traînée dangereuse » pour les autres. Et en temps normal, cette ambivalence l'indifférerait totalement. Pourtant, elle n'est effectivement pas compatible avec les ambitions qu'il évoque. Du moins, pas maintenant. Natsume s'étire.

« Pour ce qui est de ma popularité... Les éossiens aiment se vanter d'être plus rationnels que les autres, mais ils croient beaucoup aux 'signes', tu sais. »

Un paradoxe qui n'en était pas forcément un. Tranquillement, le dragon se retourne pour venir se rapprocher de son partenaire, passant un bras autour de son cou alors que son autre main vint se balader distraitement sur sa poitrine.

« Il suffirait... De quelques petits miracles d'Yggdrasil, ici et là... »

Un sourire narquois s'étire sur ses traits. Il ne termine pas ses propos car il les estime suffisamment évident comme ça, mais aussi car minauder est bien drôle. C'est que plus il y pense, plus cela lui semble simple et presque amusant à imaginer mettre en place, surtout avec son allié habituel ; et une telle perspective tant à l'amuser, le rendre un peu impatient. Leur religion impliquait qu'ils ne croient ni aux dieux ni aux dogmes. En revanche, Yggdrasil était tout ; et cet amour pouvait, car il était irrationnel, être dangereusement efficace. Il le comprenait bien, maintenant.

Il se serait dit que, quand même, Natsume ne s'embêterait pas autant pour une bête histoire de religion qui l'ennuie. Mais il semblerait qu'il ait eu tort, finalement. C'est à ce moment-là que l'Enodril se rappelle de l'importance que les Eossiens vouent à l'éonisme. Il se serait alors idiot, après tout, de ne pas en tirer profit s'ils le peuvent. Est-ce que les natifs l'accepteraient comme anachorète ? C'était là une autre question, mais à laquelle, bien sûr, le hérissé avait déjà pensé. Quand la magimorphe a un plan, il ne le concocte pas à moitié. C'est aussi l'avantage d'avoir quelqu'un qui connaît bien son peuple, ses qualités comme ses défauts ; la personne idéale pour Sam afin de faire tomber les millénaires sous sa main quand ils se montrent encore réticents à lui accorder le bénéfice du doute. Si des "miracles" et autres "signes" suffisent donc à les convaincre, voilà qui pourrait se révéler assez amusant aux yeux de l'empereur.

« Oh, oh... Eh bien s'il n'y a que ça pour les contenter... Je crois qu'on va avoir la visite de quelques petits... "miracles" prochainement. »

Le rouquin (ou requin, à ce stade) ricane en renvoyant vers son partenaire l'expression narquoise de ce dernier. Ses mains se posent sur les hanches du plus petit pour les caresser, un sentiment chaud parcourant sa poitrine. Il se sent plus épris que jamais du mage quand celui-ci l'aide de lui-même dans ses desseins. C'est aussi pour ça qu'il l'aime, après tout. Pour cet esprit malin et sournois qui va si bien à son amant et qui lui est très, très utile. Ce n'est pas tout le monde qui pourrait se servir des croyances de sa propre communauté contre eux, il faut dire ; même si l'Altissien avait un peu usé de ça pour justifier d'autant plus la couronne sur sa tête.

« Anachorète Natsume... Pourquoi pas, après tout. »

Sa main vient porter celle de son amant à ses lèvres pour déposer un baiser sur son dos. Plus il y réfléchit, et plus l'idée l'amuse. Oui, ça sonne plutôt bien, en fait. En pensant à tous les Eossiens qui étaient contre le dragon il y a encore quelques temps, le roi n'a plus qu'une hâte : voir leurs têtes se décomposer quand il leur apprendra la grande nouvelle et qu'ils sauront que l'un des leurs, qu'ils ont rejeté toute sa vie, est désormais leur guide à tous.