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    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu du mariage de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
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    La nuit est tombée depuis un bail, laissant les étoiles prendre leurs places habituelles au-dessus d'Yggdrasil. On y voit presque comme en plein jour tant la lune brille, malgré les flambeaux allumés le long des rues pavées. Ces mêmes rues, je les connais par cœur, à force. Je les ai arpenté tant et tant de fois qu'il ne me serait nullement difficile de m'y retrouver à l'aveuglette. Avec mon grade, qui plus est, je suis plus ou moins tranquille pour mes déplacements. Je peux compter mes escapades nocturnes parmi mes rondes, si ça m'arrange. À la différence toutefois que je néglige peut-être un peu mon travail de patrouilleur de nuit (roh ça va, il se passe jamais rien de toute façon) pour profiter d'activités un peu plus intéressantes. Comme par exemple rejoindre la demeure de Natsume au moins une fois par semaine. Bon, d'accord, peut-être plusieurs fois par semaine. En même temps, il faut dire que ce n'est pas facile de retrouver une personne plus intimement quand nous appartenons à deux groupes différents. Lui Eossien, moi Altissien... C'est presque une histoire d'amour interdite. Enfin... Pas que y'ait de l'amour, mais... Mais...

    Disons plutôt que ça ne va que dans un sens. Le mien. Et je devrais m'en vouloir un peu de profiter de ses contacts alors que je sais que mes sentiments ne sont pas réciproques, mais... J'aime bien trop l'affection et l'attention qu'il me donne pour lui demander d'arrêter et surtout pour ne pas me laisser aller dans ses bras quand c'est tout ce dont je rêve. Cela m'arrange bien, qu'il ait quand même voulu de moi alors qu'aucune parole n'a été prononcée ; que nous nous sommes juste rapprochés naturellement sans toutefois parler du lien qui a commencé à nous unir plus secrètement. Je n'y peux rien ; j'étais prêt à me contenter de ce que j'avais quand bien même cela voudrait dire qu'il ne ressentirait jamais la même chose. Alors que ce soit la première fois où nous nous sommes embrassés ou la première nuit que nous avons passé ensemble, je pouvais savourer son temps, son toucher... Et tout ce qu'il avait à m'offrir. Ce qu'il avait et ce qu'il a encore aujourd'hui, ce qui me pousse à faire l'aller régulièrement jusque la maison de Daichi afin de l'enlever pour le prendre avec moi. Comme je le fais ce soir.

    Ma situation est loin d'être saine ou évidente, mais je m'en satisfais peut-être un peu trop. Mes pas me portent avec habitude vers cette maison, ce jardin que j'ai franchi d'autres fois auparavant et dans lequel je pénètre de nouveau. Je passe le mur de haies avec aisance, abîmant même de moins en moins cette dernière quand je saute par-dessus. Je sais combien de temps mon petit jardinier met pour s'en occuper. Le jardin de Daichi, grâce à lui, est d'ailleurs empli de beauté. Les fleurs y sont bien traitées et regorgent de couleurs chatoyantes pour les yeux. Si je fais honneur aux soins qui leur sont apportées, je ne m'y attarde toutefois pas. Ce n'est pas pour ça que je suis venu.
    Le plus discrètement possible, je me faufile pour contourner l'habitation et arrive au niveau de la fenêtre de Natsume. Heureusement que sa chambre est au rez-de-chaussée...

    « Salut, beau brun. »

    Je m'appuie contre le rebord de sa fenêtre en souriant d'un air dragueur pour le saluer, m'en voulant presque de le déranger en pleine lecture d'un quelconque livre.

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    « … Tu devrais lui parler.
    - Daichi. »

    Mon ton s'était fait coupant. Attablé à mon bureau, je n'avais pas relevé le regard. Je pouvais de toute façon écrire son petit discours dans ma tête, sans même qu'il n'ait à développer, tant je l'avais déjà entendu et tant je connaissais assez mon cousin pour pouvoir me faire une idée de quelle idiotie moralisatrice et mièvre il allait me gâter si je le laissais faire. Je n'en ai pas la patience, pourtant ; ou du moins, c'est l'excuse que j'utilise alors que ma prise se crispe autour de ma plume et qu'en appuie davantage le bout sur le parchemin. C'est-à-dire que j'espérais finir de préparer ce discours, alors la soudaine interjection du plus vieux au travers de l'entrebaillement de la porte de ma chambre me déplaisait quelque peu.  

    « Bonne nuit. »

    Ma voix n'est pas vraiment aimable et fait plus office d'avertissement qu'autre chose. Je n'ai pas envie qu'il aborde le sujet et je crois bien qu'il l'a compris, vu son expression maladroite et légèrement peinée. Si j'étais moins sur la défensive, probablement que je me rendrais compte de la méchanceté de mon ton et de mon agressivité, mais j'ai la tête bien trop enfoncée dans mon propre... E-enfin, dans mes épaules, l'on va dire, pour le réaliser. Nous avons déjà eu cette conversation, de toute façon. Daichi a beau être aussi lent que moi à la compréhension et incapable de remarquer bien des choses, il n'empêche qu'il a vite eu fait de remarquer mes escapades nocturnes en dehors de sa maison. Loin d'avoir un avis négatif, il était toutefois plutôt perplexe lorsque je lui ai dit que je ne me faisais aucune illusion quant à cette « relation » innommée. Pour autant, je n'ai pas envie de l'entendre déblatérer des sornettes excessivement optimistes qui n'en sont que plus pénibles, alors je ne lui accorde même pas un regard en entendant ses pas s'éloigner.

    Si il voulait de moi de cette façon, il m'en aurait déjà parlé.
    Je ne suis pas du genre à entériner des fantasmes illusoires (ou du moins, c'est comme ça que je me raconte mon pessimisme et mon défaitisme flirtant avec ma peur du rejet), alors je me dis que mon refus catégorique d'adresser le problème grandissant n'est qu'une manière d'être « réaliste ». Après tout, je connais assez Samaël pour avoir remarqué son côté fleur bleue, son désir de trouver quelqu'un et plus tard, d'avoir une famille ; alors par conséquent, si il ressentait quelque chose pour moi, il me l'aurait dit depuis longtemps. Je n'ai aucune raison de lui en vouloir de préférer trouver quelqu'un qu'il aime, mais, en attendant...
    Je ne suis pas foncièrement mécontent de la façon dont a évolué notre relation, même si elle est condamnée à l'impasse, tout simplement car dans ces brefs moments de jeu ou d'intimité, je peux profiter de son attention et de son affection comme un affamé. Je dois avouer que ça a quelque chose de franchement pathétique, certes. Probablement qu'il n'est pas très honnête de ma part de lui cacher mes propres sentiments, mais... Je me voile la face en me disant que tant que je ne lui alourdis pas la conscience avec ça, je ne fais rien de mal. La seule personne que cela regarde, c'est moi, et... Et tout va bien. Je vis très bien le fait de me dire qu'il finira très certainement par passer à autre chose à un moment donné et qu'au mieux, nous resterons amis. Je n'ai pas de raison de m'en plaindre, de toute façon, vu que j'agis en connaissances de cause. Je n'avais pas osé prendre la parole lorsque nous nous sommes peu à peu rapprochés, justement craintif qu'il ne s'éloigne si je lui avouais que mon attraction envers lui n'était pas né d'une simple amicalité. J'avais compensé comme je le pouvais, que ce par d'autres baisers ou par des paroles d'évitement pour ne pas qu'il se doute de quelque chose. Tant qu'il l'ignore, je ne risque rien. Même si je sens ma gorge se nouer parfois, même si je peine à m'endormir après une nuit passée ensemble car l'affection qui embourbe ma poitrine me fait l'effet de lames tranchantes lorsque j'y pense trop longtemps... Ce n'est pas grave. Je n'ai que moi-même à blamer pour ça. Je suis bien trop heureux qu'il vienne me chercher pour me montrer honnête.

    Au bout d'un moment, j'ai fini par remarquer des habitudes et à savoir à quoi m'attendre. Je n'ai pas une ouïe très précise, mais d'une part, j'ai appris à repérer son odeur lorsqu'elle se rapproche et, d'autre part, je peux généralement savoir qu'il est sur le chemin lorsque j'entends le très léger craquement de branchages causé par un arpentage maladroit par dessus la haie, quand bien même je peux dire qu'il s'améliore avec l'habitude. Alors je ne dis rien, me contentant de terminer vaguement mon parchemin pour la soirée, rajoutant quelques notes pour ne pas me perdre lorsque je le reprendrais demain. Je ne relève même pas la tête, mais le début d'une moue passe sur mon visage, mes lèvres se tordant en l'erzatz d'un sourire que je tente malgré tout de retenir. Je ne veux pas avoir l'air trop... Enfin. Trop suspicieux, disons. Simulant l'ignorance avec une expression impassible, j'attends donc en silence, malgré une certaine impatience qui me fait prévoir la suite.
    Un, deux, trois, et...
    Sa plaisanterie tombe à pic. Sur le moment, je ne fais que remettre ma plume dans son encrier, avant de relever la tête d'un air mi-amusé, mi-désabusé.

    « Tu parles de l'épouvantail ? Parce qu'il est de l'autre côté, je te signale. »

    Je joue un peu, de bonne humeur, des lueurs rieuses dans le regard alors que je pose mon menton sur le dessus de mes mains croisées. Au début, je n'avais pas grand chose à dire à ce genre de remarques, mais j'ai fini par m'y habituer et à répliquer à ses plaisanteries par d'autres. Me relevant lentement pour quitter mon bureau et me rapprocher de la fenêtre, je viens me pencher juste en face de lui, un air faussement boudeur sur le visage.

    « Tu en as mis, du temps. J'allais finir par croire que mes plantes t'avaient gobé. »

    Je plaisante peut-être un peu trop. Probablement que je m'accoutume trop à nos sorties nocturnes et à ses venues, mais... Difficile de se retenir de le faire quand il semble si volontaire à chaque fois. J'ose au moins croire qu'il s'amuse tout autant que moi, même si ce n'est pas de la même façon. Plus ou moins habitué maintenant, je sais que nous n'allons pas rester là.

    « Alors, où est-ce que tu veux bouger ? »

    C'est ce que je connais le couplet, à force, mais bon. Je suis curieux.

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    Jusqu'à quand ce petit jeu va-t-il durer ? Longtemps, je l'espère. Je ne suis pas prêt à le voir filer tout de suite. À lui dire au revoir et cesser cette habitude que nous avons prise, même si... Même si... Ne devrais-je pas lui dire, un jour ? Lui avouer la vérité pour éviter que je continue de souffrir ainsi. Pour éviter que je ne le fasse languir dans un message et une relation qu'il ne cherche pas particulièrement. Oui, j'avoue, cela m'arrange de voir que je ne le laisse pas indifférent au point qu'il veuille bien partager son intimité avec moi. Mais jamais il ne me voudra comme je le veux. J'ai réussi à m'en convaincre tout seul. Pour autant, il faudra un jour que je sache ce qu'il souhaite. Je ne veux pas le bloquer s'il souhaite s'amuser avec d'autres. Je ne suis qu'un Altissien, quelqu'un qui se sent bien avec le genre qu'on lui a assigné à sa naissance. Natsume ne mérite pas seulement quelqu'un qui puisse l'aimer comme je le fais, mais quelqu'un qui puisse également le comprendre. Si un jour nous devons cesser de partager des nuits ensembles, si un jour il souhaite faire cela avec quelqu'un d'autre, quelqu'un qu'il chérirait vraiment, alors je lui souhaite de trouver une personne qui saurait l'aimait aussi profondément que moi, voire même plus. Je ne l'accepterais pas, autrement. Je serais en colère qu'on ne puisse pas lui donner autant d'affection que celle que je lui réserve à chacune de mes visites. S'il doit trouver son bonheur dans les bras d'un.e autre, je serai exigent.

    Pour l'heure... Pour l'heure je profite de nos moments passés ensemble, quand bien même cela signifie ne pas aborder le mammouth dans la pièce et préférer garder le silence quant aux sentiments que j'éprouve à son égard. Je glousse face à sa plaisanterie, découvrant progressivement son sens de l'humour que je ne connaissais pas il y a encore un an. Ces blagues cachent une tendresse que je perçois et qui m'est dirigée entièrement, alors je ronronne de l'intérieur en sachant que, à défaut d'être son amant, je suis celui qui partage une certaine complicité avec lui ; et ça, je veux que personne ne me le vole.

    « Oooh... On devient impatient ? »

    Je souris d'un air faussement narquois, un peu trop ravi de voir que je lui manque au point qu'il viennent à bouder mon retard. Mais ce n'est pas tellement par ses plantes que j'ai envie de me faire gober. Il devine toutefois probablement que je désire lui montrer un nouvel endroit ou que nous n'allons pas rester dans sa chambre toute la nuit.

    « Une petite balade en forêt, ça te dit ?.. J'ai découvert un coin sympa, l'autre jour. »

    Je passe peut-être beaucoup trop de temps en exploration à chercher des endroits qu'il pourrait trouver charmants. Je dis pas. Mais qui pourrait me blâmer ? Après tout, même Faust me saluait pour mon observation et ma détermination à aller fouiller dans de nouveaux endroits afin de m'assurer de leur dangerosité ou non. Je n'ai bien sûr jamais osé lui dire que, au-delà de ma témérité et mon goût pour l'aventure, ce n'est plus vraiment le fait de vérifier s'il y a des monstres aux alentours qui m'ont motivé. Avec Natsume, il faut qu'on soit un minimum discrets si je ne veux pas que des bruits courent à notre sujet. Je ne veux pas qu'il ait des ennuis ou qu'on le traite comme... Comme quelqu'un que je payerais pour certains services, disons. Loin de moi cette idée avec le Shimomura. Je ne veux pas « l'utiliser » comme mes collègues pourraient penser ou autre. Je ne pense pas qu'il ait cette impression non plus, mais cela m'embêterait qu'il croit le contraire.

    « Hé, t'as vu ? Je n'ai rien abîmé, cette fois ! »

    En me redressant, j'attends qu'il passe par sa fenêtre pour que nous commencions notre escapade. Je lui montre brièvement les haies qui font office de clôture autour de la maison de Daichi. Je suis plutôt fier de voir que je peux presque sauter dessus sans les toucher, d'ailleurs, hé. Cela améliore mon agilité, ce genre d'exercices.

    « Mais tes plantes sont de plus en plus jolies. Ce seront dommage de les abîmer. »

    Quand il arrive à ma hauteur, je lui donne un petit coup de coude affectueux et un œillade enjôleuse. Aussi jolies que leur jardinier, je me retiens de dire. Mais j'ignore comment il le prendrait. Hé... Il trouverait ça probablement trop niais ou stupide.

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    Pour des raisons évidentes, je suis bien content de m'éloigner de la maison de Daichi quand nous décidons de nous retrouver ; d'une part, car, eh bien, c'est assez gênant quand votre famille n'est pas loin, et d'autre part car Samaël, je dois l'avouer, est souvent créatif sur les lieux. Puisque j'ai peu souvent eu l'occasion de me balader et d'explorer par moi-même en étant jeune, je ne vais très certainement pas me plaindre de faire du rattrapage par ce biais. J'évite de le dire, car cela me gêne un peu, mais je le suis reconnaissant là-dessus, en vérité ; en plus de ça, sa tête finirait par plus passer par la porte, ou par ma fenêtre, en l'occurence. En parlant de ça.

    « Oh, je retire ce que j'ai dit, maintenant. »

    Je roule des yeux, l'air faussement vexé devant sa moquerie narquoise qui, je le sais, n'est destinée qu'à son ego. Tout de même, je n'ai pas le droit de plaisanter sans qu'il n'en profite pour faire très justement remarquer que j'apprécie sa présence et que j'ai souvent envie de raloter lorsqu'il est en retard... ? Ce n'est pas comme si j'étais d'une mauvaise foi là-dessus, en pl-... Certes. Mais tout de même, j'ai toujours la peur qu'il ne se moque vraiment de moi sur ce sujet, ne serait-ce que parce que je crains qu'il ne pense que l'affection que je lui porte est excessive. Alors je n'appuie pas davantage ; je n'aimerais pas devenir trop transparent.

    « Euh... Pourquoi pas, oui. »

    Je hoche de la tête quand il me propose de passer par la forêt. Quand bien même j'ai bien failli me faire dévorer vivant là-bas une fois, mon affection pour les arbres et les clairières n'est pas neuve, et je pourrais bien en profiter pour rapporter quelques ingrédients en vue de préparer une potion ou deux. De toute façon, je ne suis pas bien difficile. Même si il me proposait d'aller faire un tour vers la montagne, je serais bien capable de le suivre. En plus de ça, il titille ma curiosité d'une façon qui me rend impatient de voir ce qu'il a bien pu remarquer ; je suis en outre toujours flatté lorsqu'il partage ce genre de choses avec moi, même si je devrais me rendre compte que ça n'a rien de spécial.
    En terminant d'enjamber la fenêtre, je fais un peu la moue quand il se vante de ne plus abîmer les haies dont je prends bien soin.

    « Oh, bravo, je te retire ton diplôme de brute épaisse dans la seconde. »

    Je ne vais pas nier que j'ai beau l'apprécier, j'aurais probablement grogné si il avait (encore) abîmé quelque chose. Parce que bon, mes plantes aussi ont des sentiments, mine de rien. Je lui rends alors son coup de coude affectueux, car j'ai beau être un peu lent à la détente, je comprends qu'il essaie de... De jouer, je crois. Je crois le comprendre comme ça.

    « Mais de toute façon, si tu les abîmes, tu n'auras pas l'occasion de les franchir une seconde fois. »

    Je simule une mine orgueilleuse et hautaine, comme si j'étais vraiment en train de le menacer, alors que le début d'un sourire s'est déjà formé sur mes lèvres. Mais je ne devrais pas faire le malin, puisque de mon côté, je serais bien incapable de faire la même chose alors que nous frôlons les murs de la maison pour nous éloigner. Relevant ma capuche pour dissimuler mon visage et que l'on ne se pose pas de trop de questions, j'amorce donc notre chemin jusqu'au grand mur, que je vais presque finir par connaître par cœur, à force.

    « J'espère au moins que cera à la hauteur du chemin !  »

    Je surjoue le pénible de service en lui jetant une oeillade complique alors que nous nous approchons peu à peu d'une des sorties annexes que nous utilisons pour nous esquiver discrètement, et à laquelle nous avons accès sans que quiconque ne pose de questions grace au grade de mon interlocuteur. Je ne dis pas, pour ce genre de choses, c'est pratique. Pour autant...

    « … Tu ne prends pas de risques pour toi, n'est-ce pas ? »

    Je le fixe d'un air mi-inquiet, ni-incertain. Je sais bien qu'il ne risque absolument rien au fait de passer du temps avec moi contrairement à mon cas, mais tout de même. Dans l'idéal, j'aimerais lui éviter des ennuis.

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    J'aime à croire que notre complicité perdurerait même après que je lui ai avoué mes sentiments. Que nous pourrions garder une amitié sincère même s'il ne me désire pas de la même façon. Je ne lui en voudrais pas, s'il décidait de... de rompre tout contact en sachant ce que j'éprouve pour lui. Je ne veux pas qu'il ait à gérer ça. Gérer mon amour, mon affection, si cela dépasse le cadre et les limites qu'il s'est imposé en ma présence. Je peux me contenter de sa tendresse, de son attention, et du lien proche qui nous lie, si seulement je peux le garder pour moi encore un peu.
    Mais il est évident que je ferais tout pour ne pas salir le jardin qu'il a mis du temps à enjoliver. Je suis le premier à reconnaître les efforts qu'il met dans ce qu'il entreprend dans tout ce qu'il accomplit. Je le laisse relever sa capuche alors que nous sortons finalement pour descendre dans les rues qui serpente la ville. Il y a peu de monde, à cette heure-ci, mais de toute façon, grâce à mon statut, je peux me balader plutôt librement.

    « Ne t'attends pas à grand chose. Enfin... À me voir avec toi, on pourrait croire que tes standards ne sont pas très bas, mais... »

    Je glousse, me moquant un peu de moi-même. C'est quelque chose que j'ai appris à faire, depuis que je le connais. Il m'a un peu... ouvert les yeux sur pas mal de choses et je ne peux pas dire que, si j'ai autant changé depuis que je l'ai connu, ce n'est pas grâce à lui. Je lui ai peu apporté, mais il m'a donné beaucoup de chose, et en premier, de l'humilité. Hé, j'ai fini par tomber amoureux, au final... Peut-être aurait-il mieux valu qu'il ne m'apprenne rien, tout compte fait.
    Nous arrivons devant l'une des portes qui va nous servir à sortir de la cité. En sortant mes clés de ma sacoche, je m'arrête face à son inquiétude. Un sourire attendri étire doucement mes lèvres. Mon cœur bat chaudement en le regardant se faire du souci pour moi. Tranquillement, je le rassure.

    « Ne t'en fais pas. Je ne risque pas grand chose, en soit. »

    Bien moins que lui, en tout cas. J'ai longtemps été le parfait Altissien intégré sans histoire qui est monté en grade de façon honorable et s'est toujours montré volontaire. Alors les soupçons seront peu nombreux de toute façon, et puis même... Je m'en fiche totalement, à vrai dire.
    Une fois la porte ouverte, je prends doucement sa main dans la mienne en le fixant avec une expression tendre.

    « Je considère que tu vaux bien la peine que je prenne quelques risques. »

    Dans le silence de la nuit, je l'emmène hors de la cité pour commencer notre escapade nocturne sans lâcher sa paume qui me réchauffe. Je ne vais pas l'emmener trop loin, de toute façon ; juste assez pour que nous soyons un peu éloigné des murs quand même. Je ne voudrais pas que quelqu'un nous surprenne. De toute façon, ils tâteront de mon poing ou de mon épée, s'ils osent nous déranger. Pour l'heure, je me fie juste à mes souvenirs, guidé par les rayons de lune qui se posent sur la forêt pour l'éclairer comme si nous avions une vision nyctalope. De toute façon, les remparts d'Yggdrasil se voient de très loin, alors impossible de nous perdre. Les animaux sauvages ne traînent pas non plus très près de la ville, étant donné qu'ils peuvent sentir la vie humaine y grouiller. Nous sommes tranquilles et seuls, accompagnés seulement par les étoiles au-dessus de nos têtes.

    « Ce n'est pas grand chose, mais... »

    Je reconnais peu à peu le chemin. Quelques lucioles sortent de leur cachette au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans les bois qui s'enchantent à notre venue. Là, soudain, je nous fais traverser un petit passage entre deux buissons grands et épais pour atterrir dans une clairière éloignée du reste, comme si elle n'appartenait pas à la forêt. Des champignons de différentes tailles brillent de manière phosphorescentes avec des jolies nuances de bleu, vert et rose. Au milieu, un petit lac qui reflète l'astre blanc tout en haut du ciel et qui semble autant briller que les lucioles nous entourant. Au fond de la clairière, une petite grotte pas très profonde dans laquelle il n'y a rien de dangereux (j'étais allé vérifier plusieurs fois). Autour de nous, des arbres et des rochers mousseux. Enfin, en-dessous de nos pieds, de l'herbe tendre et confortable, tant et si bien que nous pourrions dormir dessus sans problème.

    « Ce n'est peut-être pas très impressionnant, toutefois... Cela faisait un coin à l'abri des regards. Et joli. »

    Un coin à nous deux, loin des indiscrets qui chercheraient à nous nuire. Loin des gens un peu trop curieux. Loin de la ville et des lois qui nous empêchent de trop nous dévoiler ensemble sous peine de se prendre des remarques. Mais au moins, je suis avec lui.

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    Je suis de temps à autre étonné par la manière dont il a changé, depuis que je le connais. Le voir cesser de se prendre au sérieux et devenir capable de se mettre dans les bottes d'autrui a encore quelque chose d'un peu étrange, pour moi qui me rappelle de temps à autre du mufle avec lequel je m'étais battu le jour de notre rencontre. Pour le coup, sûrement que je n'aurais jamais développé le moindre sentiment à son égard si il n'avait pas radicalement altéré son comportement ; c'est d'ailleurs ce qui m'a plu chez lui, en grande partie. Alors si je ne le reprends pas sur le coup, j'esquisse tout de même une moue. D'accord, c'est très bien qu'il ait découvert l'humilité, je ne dis pas, mais... J'aimerais juste qu'il ne tombe pas dans l'excès inverse.

    Son sourire tendre, toutefois, quand il se tourne vers moi, fait rater un battement à mon cœur, que j'ai l'impression d'entendre sonner dans ma poitrine.
    Oh, par Yggdrasil...
    J'ai l'air bien ridicule, d'un coup, mais mon visage est passé au rouge si soudainement que j'ai l'impression qu'il a pris feu d'une seconde à l'autre. Ravalant ma salive, je n'arrive qu'à hocher lentement de la tête, un peu sonné, avant qu'il ne rajoute une couche en me prenant la main et en me flattant de compliments. Veut-il ma mort... ? J'ai l'impression que mon cerveau a lâché prise, sur le coup, tant je suis content et flatté d'avoir son attention et sa tendresse tournée vers moi. Légèrement gêné, je reste planté droit comme un piqué, la gorge un peu nouée. Oh, que je déteste ça, des fois, vraiment... ! J'ose espérer qu'il est trop... Eh bien, lui-même, disons, pour remarquer quoi que ce soit. Je ne me pose pas vraiment de questions sur la raison de ses paroles ; un peu comme d'ordinaire, je mets ça sous le coup de son caractère joueur et enjôleur, sans trop me rendre compte que ça n'a rien de très platonique. Et du fait que nous ne nous lâchons pas la main.

    Devenu silencieux, je me contente donc de le suivre pour ne pas aggraver mon cas en ouvrant ma bouche. J'avoue que... J'apprécie beaucoup le fait de le laisser me guider. J'aime explorer par moi-même et fouiller ce que je veux car je suis curieux de nature, mais ce n'est pas déplaisant non plus, notamment car je me sens flatté par son attention et que j'apprécie le fait de ne pas avoir à me poser de questions. J'ai l'impression qu'il est en plus toujours attentionné là-dessus, cherchant souvent à ce que nous soyons les plus tranquilles possibles, ou que nous nous retrouvions dans un environnement plaisant. Enfin, de toute façon, avec nos odorats et ma vision, nous pouvons sentir les présences extérieures bien avance.
    J'ouvre de grands yeux étonnés en découvrant l'endroit qu'il voulait me présenter, ne m'étant définitivement pas rappelé d'un tel coin dans la carte mentale que je m'étais fait de la forêt. J'avoue que le paysage est assez joli, en effet ; et puisque je suis qui je suis, les champignons et les lucioles m'impressionnent tout particulièrement. Je ne peux pas nier que cela a un certain charme, ne serait-ce que de par mon amour pour la nature mais... Tout de même, cela m'amuse un peu. Jetant un coup d’œil amusé à mon ami (d'ailleurs, j'aimerais que le terme arrête de me mettre mal à l'aise), je ne peux pas m'empêcher de glousser.

    « Eh bien, tu as sorti le grand jeu. »

    Certes, certes, il vient de gagner un point, mais je ne peux pas m'empêcher de le taquiner un peu, le trouvant à la fois touchant et amusant de par sa volonté toute particulière de bien faire. Je ne peux pas nier qu'il fera un bon partenaire pour quiconque aura son cœur, mais j'hésite d'y penser trop longtemps, tant la pensée me met mal à l'aise et me remplit d'une jalousie possessive qui n'a rien à faire ici. Je dois, au maximum, la refréner : après tout, il n'y a rien qui l'empêcherait de faire ce qu'il veut. Voulant éviter de laisser ces pensées me parasiter l'esprit, j'essaie de détendre l'atmosphère.

    « … Même si, la dernière fois que je suis venu en forêt la nuit, j'ai bien failli me faire dévorer par un ours. »

    Le souvenir de l'occasion qui m'a fait acquérir ma marque me revient en tête et me fait pouffer, même légèrement. Bon, certes, je ne faisais plus le malin à ce moment-là, mais... Maintenant, c'est différent. Je saurais me défendre, et je suis en bien meilleure compagnie.

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    Je rougis, flatté que ça ait l'air de lui faire quand même de l'effet. Je ne peux pas toujours l'impressionner, surtout qu'il s'agit de quelqu'un qui connaît bien la nature et la forêt, mais si je peux le rendre un tout petit peu admiratif, j'en serais suffisamment fier. J'ai découvert ce coin un peu par hasard. Le jour, cela ressemble à tout le reste. On ne croirait pas que cela puisse se transformer quand la nuit se lève. Je voulais un endroit spécial qui change un peu de chez moi. Pas que j'en ai marre qu'on se retrouve toujours dans mes quartiers, mais pour une fois, je voulais lui en mettre plein la vue.
    Je ne m'attendais peut-être pas à ce qu'il me parle d'un ours, toutefois. J'écarquille les yeux, frissonnant à la mention que cela puisse arriver.

    « Aucun risque ça ne se reproduise, en tout cas, je suis là pour te protéger ! »

    Je tape sur ma poitrine pour me désigner. Des années dans l'armée, il faut bien que ça serve, après tout, non ? Sans dire qu'il a besoin de me moi, à quoi est-ce que je servirais, si je ne pouvais pas le défendre ?
    Dans un air plus taquin, je le rapproche de moi en le prenant par la taille.

    « Mais ne t'en fais pas. La seule chose qui te dévorera ici, ce sera moi. »

    Je glousse légèrement en glissant un sourire enjôleur. Ah ça... On peut dire que j'ai appris à la connaître, la chair de dragon. Je mangerais bien tout, chez lui. Chaque parcelle de son corps. Ses lèvres, ses joues, son cou... Pour ne laisser aucune miette. Et surtout, ne laisser personne s'en approcher. Il a le don de faire ressortir ma possessivité maladive. Promis, je peux me contrôler. Je le laisserai m'échapper s'il désire s'en aller. Mais en attendant, ça me va de le garder jalousement pour moi, et moi seul. Jusqu'à... Jusqu'à ce que je lui avoue la vérité, sans doute.

    « Je voulais que ça soit... un peu particulier, aujourd'hui. C'est l'anniversaire de notre rencontre. »

    Ma main vient caresser sa joue, tandis que mes yeux le regardent tendrement. Je me demande parfois s'il arriverait à comprendre par lui-même. S'il sait peut-être déjà ce que je ressens. Serait-ce possible ?.. Il est bien plus intelligent et perspicace que moi, après tout. Cela ne m'étonnerait pas qu'il ait déjà tout découvert depuis un bail.

    « De ce jour où... où tu es entré dans ma vie. »

    Je m'en rappelle, de ce jour au marché où j'ai joué au plus malin. Je grognais, insupporté qu'on puisse me tourner en ridicule, et ce en public, en plus. J'en ris aujourd'hui, heureusement, comme maintenant.

    « Et accessoirement où on s'est battus dans la boue. »

    Je pouffe, pouvant à présent me dire que... que j'ai peut-être de la chance que ça arrive, en fait. Les circonstances de notre rencontre auraient pu être totalement différentes, mais pour le résultat que ça a donné au final... Je suis content d'avoir roulé dans cette flaque de boue avec lui.

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    L'incident me fait rire aujourd'hui, quand bien même cela n'était certainement pas le cas le jour-même. Je n'en ai pas gardé de craintes des bêtes (au grand damn de Daichi, qui ne saisit pas pourquoi je ne tremble jamais de peur même devant une bestiole agressive) ou de malaise quant aux forets, mais j'avoue, tout de même, que le souvenir est un peu embarrassant. Quel idiot arrogant j'étais... Mais lorsque Samaël me fait le coup du « moi fort, moi protéger toi » comme un singe se tapant sur la poitrine, je ne peux pas m'empêcher de rouler des yeux, un rictus mi-amusé, mi-désabusé sur le visage.

    « Oui, oui, tu protégeras le gros dragon avec ton cure-dents, on sait. »

    Je le taquine d'un petit coup de coude affectueux, attendri malgré tout par sa volonté de bien faire. Bon, d'accord, je sais qu'il pourrait peut-être effectivement se débrouiller, mais cela me fait toujours un peu tiquer, qu'il présuppose que j'aurais besoin d'aide. Tout de même, je ne suis plus un adolescent avec une magie douteuse ! Mais bon, il veut bien faire, et je suis bien faible face à ça. Et dans les faits, je ne suis pas un si gros dragon que ça ; ma mère est bien plus imposante que moi, mais j'ai l'avantage d'être agile.
    Pour autant, si j'avais l'intention de dire quelque chose de plus, ses bras se refermèrent autour de ma taille avant qu'il ne se mette à plaisanter d'un air enjôleur. Roulant volontairement des yeux et poussant un soupir exaspéré face à cette plaisanterie qui est tout de même bien trop aisée, je peux tout de même sentir mes joues rosir légèrement. Je n'avais pas compris cette expression la première fois, mais maintenant que j'y suis habitué, je n'ai pas grand chose à lui répondre qui ne soit pas d'une immonde mauvaise foi. Je pourrais difficilement faire comme si ses approches ne m'intéressaient pas alors qu'elles me permettent justement d'être proches de lui ; ce n'est pas pour rien, que je lui laisse généralement tous les droits et que je me laisse volontairement aller dans ses bras aussi aisément. J'aime son attention, son affection, son désir que je sens alors tourné vers moi et que je peux prétendre, même inconsciemment, m'être réservé, ses mains contre mon corps alors que les nôtres sont enlacés. De la proximité, quelle qu'elle soit. J'ai bien conscience que je suis quelque peu pathétique, à apaiser ma soif de plus par ce moyen, mais... Eh bien. Ça ne regarde que moi, après tout. Alors je ne le contredis pas, me contentant d'une moue désabusée.

    Pour autant, je cligne des yeux lorsqu'il me dit, ou du moins me rappele mais je n'y avait pas pensé, qu'aujourd'hui est le jour... « anniversaire », visiblement, de notre rencontre. Je ne vais pas mentir, ça m'était complètement sorti de la tête : je ne me souvenais même pas du jour exact où nous nous sommes rencontrés, à la base. Le mois de mars de l'année dernière fut tellement chaotique qu'il m'est encore vaguement flou, mais... Je suis étonné qu'il s'en soit souvenu. Peu sensible à ce genre de choses, je sens bien, toutefois, que c'est important pour lui ; c'est justement ça qui fait papillonner dans ma poitrine une sensation invasive, comme des éclats affectueux et pénibles tout à la fois. Ma respiration se coupe, durant une seconde, quand nos regards se croisent. Je n'ose pas bouger, même pas tendre ma joue contre sa paume, comme je peux le faire d'ordinaire. Je crains que parler ou effectuer un mouvement me fasse perdre une once de cette tendresse que je sens dirigée vers moi et qui réchauffe tout mon corps de chaleur et de bonheur. Plus que flatté qu'il me donne autant d'importance, je ne sais pas quoi dire sur le moment. Mon visage est passé à l'écarlate, mes joues sont brûlantes, mon cœur bat bien trop vite pour que je n'arrive à bredouiller une phrase concrète. J'ai l'air d'un imbécile, mais je m'en fiche. De temps à autre, quand il se montre aussi gentil et affectueux, je me retrouve à espérer que peut-être, juste peut-être... Mais dès lors qu'un peu d'espoir germe dans ma poitrine, je m'empresse de l'étouffer au plus vite, avant qu'il ne risque de réveiller plus de peine dans ma tête. Je ne devrais pas me faire d'idée et je perçois mes espoirs comme des preuves de mon ridicule, d'une tendance à plaquer ce que je voudrais entendre sur ses mots. Alors je noie la sensation au fond de mon ventre, me contentant de pouffer en me forçant un peu sur sa dernière plaisanterie.

    « O-oh, tu veux une revanche ? Je peux très bien t'en jeter à nouveau, si tu le souhaites. Je pourrais comprendre, puisque tu avais perdu, en plus... »

    Je le taquine ; en vérité, nous étions tous deux ridicules et je ne dirais pas qu'il y ait eu le moindre gagnant, mais plutôt deux perdants complètement déraisonnables. Pour autant, j'aime bien le charrier à ce sujet, ne serait-ce que parce que... Eh bien, il était imbuvable, à l'époque, et je trouve ça plutôt drôle, quand je vois la différence d'avec maintenant.
    Pour autant, je ne peux pas m'empêcher de revenir sur ce qu'il a dit, probablement car je suis un peu pathétique et que j'apprécie de sentir que notre relation, même si elle n'est pas celle que je pourrais désirer, a de l'importance pour lui. Maladroitement, j'essaie de reprendre la parole, même si j'ai un peu de mal à me concentrer, que ce soit parce que je le sens contre moi ou parce que ses mots troublent davantage mon cerveau que ce que j'aimerais croire.

    « M-mais je... C'est touchant de ta part, de t'en être souvenu, je veux dire. Je n'aurais pas cru que... »

    … Que quoi ? Que notre relation allait passer d'une détestation mutuelle à ça... ? Qu'il considérerait que j'ai autant d'importance dans sa vie... ? Que j'allais tomber amoureux de quelqu'un qui était pourtant tout ce qui me tenait en horreur il y a un an ? Qu'il ferait de son mieux pour que je sois à l'aise et content durant nos escapades et que j'en suis toujours un peu troublé, étonné que l'on puisse à ce point s'intéresser à ce qui me plaît... ? Je n'en sais trop rien. Beaucoup d'interrogations passent par ma tête, mais aucune ne me semble vraiment bonne à dire, si je ne veux pas me révéler.

    « … E-enfin. Je suis plutôt content de t'avoir rencontré, au final. »

    J'opte pour une solution facile, à peu près neutre, mais le léger sourire qui se pose sur mon visage alors que je le fixe me trahit malgré moi. Tranquillement, l'une de mes mains est venue serrer l'une de celles qui sont autour de ma taille, comme pour appuyer mon propos. Je n'ose pas lui dire, toutefois, à quel point mon propos est un euphémisme.

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    Je ne suis pas fier de celui que j'étais à l'époque. Prétentieux (plus qu'aujourd'hui je veux dire), me croyant supérieur à tous les Eossiens (et même Caldissiens), je ne me rendais pas compte à quel point j'étais stupide et orgueilleux. Ils étaient bien rares, les gens qui osaient d'ailleurs me défier. Alors en rencontrant quelqu'un qui allait contre mon autorité sans sourciller, je ne comprenais pas. Je me demandais comment il osait se frotter à un militaire gradé comme moi. Je ne voyais pas ce que les effets d'un sommeil de 1000 ans avaient faits sur des personnes qui n'avaient rien demandé. Aujourd'hui, je ne me permets plus de les remettre à leur place ou de considérer que c'est de leur faute. Ma relation avec les Eossiens du quartier dont je suis en charge s'est considérablement amélioré depuis que je prends soin d'eux plus correctement et que je fais attention à leurs besoins. Je suis devenu en paix avec moi-même. Enfin... Bien plus en tout cas que l'an dernier où j'étais une teigne égocentrique. Mais je ne lui dirais pas que j'ai bien envie de faire de nouvelles roulades quand il veut. Peut-être plus... dans un lit que dans une flaque de boue aheum.

    Mais je suis content que ça lui fasse plaisir. Je sais que c'est moins son genre de truc, les célébrations de ce style. En soit, ça a peu d'importance, mais... S'il savait à quel point je tiens à lui, peut-être que cela aurait une signification différente. Je suis tenté, parfois, de lui révéler mon secret. Il faut dire que je le vois en plus mal aller vagabonder avec d'autres personnes comme il le fait avec moi. Mais... Peut-être que je me trompe. Si ça se trouve, il est aussi tactile avec des gens que je ne connais pas... La pensée me traverse vaguement l'esprit mais ne la parasite pas. Je ne veux pas... Je ne peux pas l'imaginer être aussi intime avec d'autres. Impossible. Il méritera pourtant, un jour, que je lui avoue mes sentiments. Pour l'instant... Pour l'instant je suis simplement heureux qu'il veuille partager sa proximité et sa chaleur. Sa chaleur qui traverse ma poitrine quand il me dit être content de m'avoir rencontré. Je ne lui rends pas la flatterie mais n'en pense pas moins. Je me contente de poser mon front contre le sien et de savourer le contact de ses paumes.

    Lentement, je me détache de lui pour m'asseoir près de l'étang qui semble contenir des petits poissons bioluminescents, éclairant l'étendu d'eau d'une belle couleur lumineuse. D'un tapotement de la main sur la place à côté de moi, je l'invite à venir me rejoindre. Le cadre qui nous entoure est romantique. Je pourrais faire ma déclaration là, maintenant, si je l'osais. Mais je ne veux pas perdre ces instants qui nous lient. Je ne veux pas perdre cette routine que nous avons formé.

    « J'espère que Daichi ne s'inquiète pas trop, à force que je t'enlève aussi souvent. »

    Je ne vais pas croire que Natsume attend l'aval de son cousin à chaque fois, mais j'ignore ce que ce dernier sait de moi.

    « Je ne vais pas dire que je regrette, toutefois. Je compte bien te garder avec moi jusqu'à demain. »

    Un sourire complice se dessine sur mes traits tandis que je fais passer ma main sur la sienne pour la caresser. Il a parlé d'un ours, tout à l'heure... Je me demande s'il parlait de l'excursion qui a mené à former sa marque au complet. Les marques Eossiennes... Je les ai toujours trouvé intrigantes. Et plutôt stylé. C'est quelque chose qui font parti d'eux. Qui les représentent.

    « J'aimerais bien avoir une marque dans le dos, moi aussi. »

    Je n'y réfléchis pas souvent, mais quand j'y pense... Je trouverais ça stylé, d'avoir un dessin comme eux. Je serais très curieux de ce que j'aurais. Un chien, peut-être, pour représenter ma forme animorphe ?..

    « Mais si on choisit pas, j'imagine qu'on peut tomber sur n'importe quoi. J'aurais peur d'avoir un truc qui ne me plaît pas. »

    J'imagine la plaie que ça serait de... De se retrouver avec un truc moche. Avec tous les Eossiens qu'il y a, c'est quelque chose qui a dû forcément arriver, en plus. Vu que c'est décidé en fonction de nous... Natsume et son serpent avec des fleurs, par exemple.

    « Tu crois que les marques ça peut être... le visage de quelqu'un ?.. »

    Mon regard se perd dans le vague. Je me mets à visualiser ce que je pourrais avoir. Quelque chose pour mon côté niais ? Mon sens de la justice ? Mon métier de chevalier ?.. Mon amour pour lui ?.. Est-ce que Natsume pourrait être ma marque, si j'en avais une ? Ce serait drôle... Je me mets à rêver.

    « J'aimerais bien avoir le tien dans mon dos. Tu serais un peu toujours avec moi, comme ça. »

    Mes paroles n'ont sans doute aucun sens. On dirait un félin après avoir mangé de l'herbe à chat. Si j'étais le héros d'un roman d'amour, ma marque serait liée à celle de mon amant... enfin, mon ami. Ami, oui. Maiiiis on est pas dans un de mes bouquins à l'eau de rose. D'ailleurs, dans ces derniers, les concernés n'ont jamais de rapports intimes avant leurs déclarations. Je crois que j'ai sauté une étape...

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    Je ne me pose que peu de questions sur ce que nous partageons, que ce soit parce que les questions pourraient potentiellement m'amener des réponses qui me déplaîsent ou parce que cela me permet de me faire un anévrisme à chacun de nos gestes l'un envers l'autre, comme son front collé au mien et que j'accueille avec plaisir. C'est plus simple, voyez-vous.
    Je ne me fais pas vraiment prier pour me rapprocher de l'étang ; ce n'est pas nouveau que j'aime bien l'eau, voyez-vous, et les petites étendues d'eau ont toujours eu mes faveurs. Mes yeux se posent avec curiosité et attention sur les petits poissons que je peux voir divaguer dans leur bassin ; si j'étais dans ma seconde forme, je suis persuadé que ma queue se mettrait à battre l'air, comme celle d'un chat intrigué par ce qu'il voit. Mais alors que j'allais m'amuser à passer ma main sur l'étendue d'eau, Samaël reprit la parole. Son interrogation me fit hausser les sourcils, un peu dubitatif, avant que je ne fasse la moue.

    « Je vais avoir trente ans, j'espère bien qu'il ne s'inquiète plus comme si j'étais un enfant. Et puis... Je te fais confiance, alors il te fait confiance. »

    Je hausse les épaules, l'air de rien. Daichi serait bien mal avisé de venir me faire des commentaires là-dessus, et de toute façon, je crois qu'il est plus content qu'autre chose de me voir sortir de temps à autre, ou quelque chose du genre. Je ne sais pas vraiment ce qui peut passer par sa tête la plupart du temps, mais ça ne veut pas dire que je ne sais pas comment il fonctionne. Ou du moins, à peu près. Je sais par exemple qu'il se fiche bien de savoir où je passe la nuit ; il ne s'attend de toute façon à ce que je rentre tôt, comme le souligne mon ami, dont je m'empresse de serrer la main contre la mienne.

    Je suis toutefois étonné d'entendre qu'il aurait désiré être marqué comme nous le sommes, haussant légèrement les sourcils. Puisqu'il s'agissait de quelque chose de naturel pour nous, nous n'avons jamais imaginé que ce soit quelque chose de spécial, avant que l'arrivée des altissiens et des caldissiens ne le soulignent. Je ne pense pas que j'aurais forcément désiré en avoir une, mais... Je ne sais pas. Je peux voir d'où vient son point de vue, je suppose, notamment sur ce qu'il me dit.

    « Eh bien... On a pas forcément ce qu'on veut, oui. Je n'aime pas vraiment la mienne, pour l'exemple. »

    Je n'en fait pas un cinéma comme certains, mais tout de même, j'aurais aimé quelque chose de plus... Bon, disons-le, « classe ». Mais bon. Je peux y survivre, contrairement à l'hupothèse que m'évoque Samaël et qui me fait esquisser une grimace horrifiée. Un visage... ? Tout de suite, mon cerveau me conjure une vision d'horreur qui me fait presque frissonner de malaise. Oh non. Par toutes les racines d'Yggdrasil, non. Sur le coup, quand il en rajoute une couche en imaginant mon visage sur le dos, je suis tellement mis mal à l'aise par l'idée que j'en oublie de me rendre tout de suite compte que c'est un peu radical, quand même, de vouloir la tête d'un de ses « amis » tatouée dans le dos à vie. Une grimace s'étire sur son visage.

    « M-mais tu imagines, à ma place, si tu voyais ta tête sur mon dos ? Ça serait malaisant... »

    L'idée me gêne. Bien sûr, je serais placé qu'il pense que je sois aussi important, mais-...
    ... Oh.
    Je ne sais pas comment réagir. Est-ce qu'il vient de... Dire qu'il voulait que je sois toujours un peu avec lui... ? … Non, non, il doit vouloir dire ça comme une phrase de drague un peu excessive, mais tout de même... Je suis perplexe. Je ne sais jamais trop sur quel pied danser, quand il me dit ce genre de choses, et j'ai l'impression qu'il parle sans réfléchir, ce qui n'arrange pas mon cas. Je ne sais pas si il dit ça sérieusement ou si il plaisante, alors je me mets à penser, allongeant ma tête sur l'herbe pour que mon regard fixe vaguement le ciel noirci. Si c'était plus imaginé, tout de même, peut-être que...

    « … Mais... Ça t'irait bien, un dragon dans le dos. »

    Je hausse les épaules, l'air de rien. Je ne dis pas, mon côté possessif en serait sûrement ravi, mais je veux éviter de laisser croire que j'y tiendrais un attachement particulier. Je suis déjà bien content qu'il passe son temps avec moi, alors je ne vais pas exiger plus. Mais... De temps en temps, la petite voix égoïste dans ma tête se réveille.

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    Je suis un peu surpris d'entendre que Natsume n'aime pas sa marque. Je la trouve jolie, moi, pourtant. Il en a de la chance, je trouve. Je ne vais pas mentir : les serpents, c'est pas trop mon truc, d'habitude. Mais celui qu'il a sur la colonne vertébrale... Il épouse le long de son dos pour ne faire plus qu'un avec lui comme s'il pouvait bouger quand les muscles du Shimomura se contractent. Je trouve ça envoûtant, moi. Mais bon, j'imagine qu'il ne peut pas trop se rendre compte de ça pour sa part. Par contre, au niveau du visage, je me suis peut-être mal exprimé. J'aurais dû dire 'silhouette' ou 'profil'. C'est vrai qu'un visage... Ce serait sûrement étrange... Mais si on prenait une autre partie du corps, on ne reconnaîtrait pas la personne dessus. Hmm... Si j'avais une marque... Je pourrais prendre le serpent de Natsume et avoir quelque chose pour me représenter avec ?.. Aaah, pourquoi je pense à ça. Je ne suis pas Eossien, ça ne sert à rien que j'y réfléchisse. Mais je trouve ça rigolo, ce principe.

    « Un dragon ?.. »

    Je ne pensais pas qu'il me suivrait dans mon délire. Mais il est vrai que...

    « Hmm... Ce serait classe. »

    Hé, j'aurais l'air stylé avec un dragon dans le dos, c'est vrai. Soupirant en imaginant comme je serais cool avec une sorte de dessin tatoué sur la peau, mon regard passe sur le magimorphe allongé dans l'herbe. Mon cœur se remet à battre plus vite en laissant mes yeux le détailler, alors que la pâleur de la lune éclaire ses traits avec précision. M'allongeant à côté de lui, je prends appuie sur mon coude pour me mettre un peu au-dessus. Une de mes mains vient se poser sur son ventre.

    « Moi je l'aime bien, ta marque. Un serpent... »

    Mes doigts viennent glisser sur son corps en remontant jusqu'à sa poitrine en dessinant de lents zigzags comme la forme d'un serpent.

    « Avec une fleur. »

    Ma main caresse son cou pour s'arrêter au niveau de ses lèvres dont je dessine brièvement les contours. Je finis par glousser. Il me fait dire des bêtises à chaque fois que je le vois. J'ai envie de dire des choses bêtes et mièvres. Doucement je me penche vers lui, mon visage se situant désormais à quelques centimètres du sien.

    « Peut-être qu'elle n'attend que d'être cueillie... »

    Je souris, manquant de ricaner. Entendre le son de sa voix est une telle mélodie pour mes oreilles que je pourrais dire n'importe quoi juste pour l'entendre, même s'il devait me rembarrer. Jouant un peu avec lui, mes lèvres frôlent les siennes sans vraiment les toucher, le laissant pour le moment avec mon seul souffle pour le titiller.

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    Je me sens tranquille, à l'heure actuelle. Pendant quelques heures, je peux avoir l'esprit reposé et ne m'occuper de rien, ce qui est définitivement quelque chose qui me fait un bien fou. L'air est frais, tranquille, tant et si bien que j'en ferme vaguement les yeux, ne les rouvrant même pas quand je sens l'autre se redresser très légèrement sur son coude. Quand bien même je n'aime pas ma marque, je dois dire que son compliment ne me déplaît pas, me tirant le début d'une moue, encouragée par ses doigts que je sens zigzaguer de mon ventre jusqu'à ma poitrine. Ouvrant un œil alors que sa main passe de mon cou à mes lèvres, je me permets une mine vaguement amusée. Je ne sais pas trop ce qu'il fait, mais il m'amuse, en réalité. Je suis pourtant un public difficile, mais quand il s'agit de lui, je peux rire d'à peu près n'importe quoi... Enfin, dans la limite du raisonnable, tout de même.
    En le sentant se rapprocher de mon visage pour me froller sans sceller le contact, j'esquisse un rictus à la fois amusé et à la fois narquois. Je peux sentir le rythme de mon cœur s'accélérer et mes joues rosir légèrement, mais je ne lui ferais pas plaisir en me transformant en un amas de balbutiements et de rougissements comme je pouvais le faire au début de nos rapprochements. Au lieu de cela, je choisis plutôt de hausser les sourcils, la mine joueuse et enjôleuse.

    « … Qui t'a dit qu'elle n'allait pas te mordre ?»

    … Bon, je triche un peu pour faire ma plaisanterie, les pivoines ne sont pas des plantes carnivores, mais tout de même. Pour accompagner mes propos, je me permets de mordiller très légèrement ses lèvres, sans pleinement les saisir contre les miennes, des lueurs narquoises dans le creux de mon regard. Je n'en fais pas plus, toutefois, me contentant de mon air taquin.

    « Mais je t'ai déjà dit qu'on ne cueillait pas les fleurs, goujat. On leur donne de l'attention avant tout. »

    Quoi que j'en dise, j'aime jouer avec lui : j'ai ainsi l'impression que nous sommes plus complices que quiconque, quelque part. Peu importe comment, à vrai dire, que ce soit par de vrais jeux stupides ou par le biais de ce genre de petit cinéma. Tant qu'il me regarde, tant qu'il est contre moi... J'en suis plus qu'heureux, comme peut d'ailleurs en attester le début de ronronnement que j'essaie de réprimer au fond de ma gorge.


    Dernière édition par Segnif le Lun 1 Juin 2020 - 2:50, édité 1 fois

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    Si je pouvais le faire, je ronronnerais tout aussi bien. J'aime quand il joue avec moi. Quand je peux avoir ce privilège-là. Que je sens qu'il ne partage ça qu'avec ma personne. Je déglutis très légèrement quand il me renvoie ma taquinerie, d'ailleurs, habitué à ce que ça soit moi qui lui fasse ce genre de plaisanteries. Le Natsume que j'ai connu a pris en assurance, me renvoyant la balle avec une aisance qu'il s'est découverte au fil du temps passé en ma compagnie. Il semble plus sûr de lui, plus détendu aussi, et ce n'est pas pour me déplaire. Cela prouve au moins qu'il est bien, avec moi.
    Je retiens mon souffle lorsque sa bouche mordille légèrement la mienne. Ma poitrine reprend de plus belle, et je glousse, sentant dans ses paroles un désir que je ne peux qu'assouvir, quand on me le dit ainsi.

    « C'est vrai... Où avais-je la tête ? »

    Mon regard se fait plus tendre. Ma main vient caresser sa clavicule, puis de nouveau son torse dans de lentes caresses. Mon visage se rapproche ensuite du sien pour déposer un baiser sur sa joue, ainsi que son cou sur lequel je m'attarde un peu. Je remonte enfin vers le creux de son oreille dans lequel je glisse un murmure.

    « Elle ne me mordra pas, si je la mords en premier. »

    D'humeur joueuse, je joins le geste à la parole en mordillant doucement le lobe de son oreille, que je suçote par la suite. Mes doigts viennent quant à eux caresser ses hanches tandis que je fais pencher mon corps un peu plus contre le sien pour être plus confortable. Je veux l'entendre ronronner. Me réclamer. Jouer encore avec moi comme nous avons pris l'habitude de le faire. Me rassurer sur la complicité que nous partageons et qu'il ne réserve à personne d'autre.
    Au milieu du silence que les clapotis de l'eau sont les seuls à perturber, je bouge finalement pour le contempler un peu lorsque j'éloigne mon visage. Ses yeux brillent lorsqu'ils me regardent. Mes joues rosissent un peu, flatté d'être le centre de son attention. Sur quoi pourrait-il se focaliser d'autre, après tout ?..
    Je n'ai pas envie d'attendre davantage, sur le coup. Chaque fois que je fixe un peu trop son visage, j'ai envie de le câliner, le cajoler. Ma bouche se fond alors finalement sur la sienne pour l'embrasser, sentant un début de chaleur crépiter au fond de moi. Il a toujours le don de me détendre. De me faire sentir bien. Qui aurait pu l'imaginer... Après notre altercation à ce jour de marché, je pensais ne plus jamais le revoir. Voilà que maintenant, je ne peux plus imaginer ma vie sans lui. Quelle ironie...

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    Je ne sais pas trop comment je m'y suis habitué aussi facilement, à vrai dire. Pour moi qui ai la plupart de temps besoin de clarté et d'explications, notre situation devrait me faire paniquer ; et ce fut le cas, au début. Ma tête bourdonnait de questions, d'interrogations, de craintes, mais... Chaque scénario que j'imaginais pour l'éclairer me dissuadait de le faire. Alors j'ai vite compris qu'il valait mieux que j'arrête de m'inquiéter que je joue le jeu, ce qui n'était pas si compliqué, en soi, une fois que je me fus habitué. Alors il m'est devenu tout naturel de ronronner dans son oreille en le narguant un peu, quand bien même cela pourrait paraître étonnant, vu à quel point je pouvais être... Eh bien. Disons 'timide', pour être poli et non-dérogatif.
    Je suis en plus de ça toujours ravi de voir qu'il me suit dans mes bêtises, ne pouvant retenir un rictus malicieux lorsque je sens sa mains passer de ma clavicule à mon torse. Mes ronronnements se sont fait bruyants, maintenant, et je ne les retiens pas, me contentant plutôt de nouer mes bras autour de son cou. J'ai son attention, alors je ne vais certainement pas l'éloigner de moi, penchant même légèrement ma nuque pour lui donner plus d'espaces alors que je sens ses lèvres passer de ma joue à mon cou, puis vers mon oreille.

    Si j'allais répondre à sa plaisanterie, il ne sort de ma bouche qu'un soupir alangui, surpris par la sensation, mais pas déplaisante, de légère morsure sur mon lobe. Le bout de mes lèvres s'arque en une moue ; j'irais presque le bouder, de m'avoir volé la répartie, sur le moment. C'est moi, qui suis supposé faire les commentaires spirituels, normalement ! Mais dans les faits, je n'y pense même plus la seconde d'après, quand je le sens rapprocher son corps du mien et que ses mains passent sur mes hanches. Plus que satisfait de le sentir contre moi, je noue mes jambes contre sa taille pour que nous soyons collés l'un contre l'autre. J'aime sa chaleur contre la mienne, ses yeux fixés sur moi, ses mains contre mon corps et son attention toute entière focalisée sur ma personne. C'est tout ce que je désire : qu'il me regarde comme il le fait maintenant, alors que je peux voir ses joues rougir et que la vision me tire un rictus satisfait. Je suis bien égoïste, à vrai dire, mais... Sur le moment, je ne m'en inquiète pas. J'aurai le temps d'avoir des regrets plus tard.
    Alors lorsque sa bouche fond contre la mienne, je laisse mes doigts venir se plonger dans sa chevelure, mes jambes se nouant d'autant plus contre lui et mon corps se réhaussant pour venir se coller contre le sien. Un souffle de satisfaction ou deux m'échappent entre deux baisers, la chaleur venant passer de mon visage à ma poitrine, afin de se diffuser comme une lente vague doucereuse vers le reste de mon corps. Mes mains, sans grande direction, passent de sa tête à ses épaules, puis à son dos, dans des motifs imprécis et invisibles, avant que je ne m'éloigne temporairement pour laisser mes lèvres passer à ses joues, puis à son cou, sur lequel je m'arrête quelques secondes. D'humeur joueuse, je sens mon expression se pare d'un sourire moqueur.

    « … Les dragons mordent, eux. »

    D'un geste vif, j'utilise ma queue reptilienne pour le saisir par jambe et le retourner doucement sur l'herbe, comme j'ai déjà pu le faire par le passé. Et sur ces mots, sans attendre plus, je laisse mes lèvres se refermer contre la peau de son cou que je viens saisir entre mes dents pour la mordiller doucement mais sûrement, veillant bien à ne pas être ni trop délicat pour que ça n'ait aucun effet, ni trop brutal pour que ce soit douloureux. Je ne retiens plus mes ronronnements, comme un chat heureux alors que je joue avec sa nuque, m'amusant de temps à autre à l'aspirer et la suçoter entre deux morsures. Aussi surprenant que ce soit, j'aime jouer avec ses nerfs de cette façon ; c'est assez flatteur, en plus de ça, d'observer ses réactions et les marques qui en succèdent sur son cou. Pendant quelques secondes, je peux satisfaire mon côté plus possessif et me persuader que ces traces de rien du tout sont des preuves de quelque chose. En relevant un peu la tête pour les regarder, d'ailleurs, je me permets un vrai rictus orgueilleux, drôlement semblable à ceux que je lui envoyais avec un sens tout autre il y a un certain temps maintenant.

    « Eh bien, l'on dirait que cela marche toujours autant, après un an. »

    Ne pouvant m'en empêcher, je glousse. C'est-à-dire que, comprenez que quand je me rappelle de ça, il y a quelque chose de très drôle à le voir contre moi pour une toute autre raison.


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    Ses doigts plongent dans ma chevelure pour y trouver leur place comme ils ont pris l'habitude de le faire souvent. Ses jambes nouées autour de moi collent naturellement mon corps au sien. Ses lèvres me manquent un peu plus à chaque fois que je goûte à leur contact et que je me rappelle que j'ai dû m'en passer durant quelques risibles jours. Ce n'est pas très 'amical', tout ça, n'est-ce pas ?.. Il doit s'en rendre compte, lui aussi, non ?.. Pour autant, je suis surpris qu'il ne s'est pas posé plus de questions que ça. Au contraire de mon cas, où révéler ce que je ressens pourrait rompre le contact que nous établissons et notre quotidien, lui n'a pas ce poids sur les épaules pour le peser. S'il ne fait pas la même chose avec les autres, est-ce que nous sommes seulement des amis ?..
    Son bouche qui passe de mon visage à mon cou ne m'aide pas à me concentrer. Pas que j'avais la tête à ça, de toute manière, mais... Je sais que nous ne pourrons pas éternellement continuer ainsi, avec des non-dits permanents. Surtout si je veux fonder une famille. Avec lui, si le destin le veut. Mes pensées sont bien ailleurs, cependant. Rien que ses paroles me tirent un léger frisson, alors quand il me retourne subitement avec sa queue de dragon et qu'il commence à me mordre gentiment la peau, je retiens de légers gémissements. Je sens dans mon ventre une flamme qui s'est allumée chaudement. Ses ronronnements, qui plus est, sont flatteurs. Il ne les sort que rarement et pas avec tout le monde ; alors je profite de ce son agréable à mes oreilles qui me berce un peu. Un gloussement m'échappe.

    « Héé.. Tu ne me faisais pas de suçons, il y a un an. »

    Il y a un an... Il y a un an on se détestait. Je le prenais pour un mec arrogant qui se croyait tout permis. Aujourd'hui, je n'oserais jamais garder de telles pensées. J'aurais tendance, au contraire, à l'idéaliser un peu. Si je me voyais comment j'étais à ce moment-là, j'aurais sans doute très honte, et maintenant que je sais que ma mère a dû assister à tout ça... Ainsi que Daichi... Bah c'est encore moins fameux.

    « Et on ne se faisait pas vraiment des caresses... »

    Quel dommage, d'ailleurs. Je ne peux plus me passer des siennes, à présent. Je les demande, viens les chercher par moi-même, le presse de me donner cette attention que j'avale comme un affamé. Et je prends autant plaisir à en recevoir qu'à en donner. En-dessous de lui, je ne cherche pas à reprendre ma place tout de suite même si sa provocation aurait pu me donner envie. Au lieu de ça, je le laisse continuer me marquer à sa façon en faisant passer mes mains sur son corps, pour qu'elles descendent jusqu'à ses fesses que je prends entre mes doigts. Ça aussi, ça aide pas mal ma possessivité. Il devrait avoir tort de la faire grossir à ce point, je vais finir par enfler des chevilles, si ça continue. Mais... Le tissu de sa robe commence à me gêner. Reprenant ses lèvres que j'embrasse de nouveau en les mordillant de temps à autre pour jouer, mes mains commencent à se balader sur le tissu de sa tunique avant de faire remonter le vêtement pour passer en-dessous et atteindre sa peau, que je continue de caresser avec ma paume, m'arrêtant au niveau de sa cuisse.

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    Il faut dire que je suis toujours plutôt satisfait de voir ce que j'ai droit de faire, avec lui. Que ce soit parce que cela me fait du bien, de me dire que je suis spécial, ou parce que je peux remarquer mes privilèges sur le champ, je ne peux souvent pas m'empêcher de gigoter dans tous les sens pour voir ce qui marche. Mes dents se referment machinalement contre sa peau, cherchant les nerfs et les zones que je sais sensible pour voir ce qui le fait réagir ; et à chacun de ses légers gémissements, je ne peux retenir de forts ronronnements, mes mains venant se porter vers sa taille pour lui faire de lentes caresses. Il est vrai, toutefois, que je ne m'occupais pas de son cou, il y a un an. J'avais bien d'autres priorités que ça, et j'en aurais vomi rien qu'à l'idée ; mais là, je pourrais mordre quiconque tente de m'éloigner de lui et de sa peau que je peux saisir entre mes lèvres pour l'écouter geindre, même si je manquerais presque de grogner en sentant qu'il se retient. Dans ces conditions, je l'ai pour moi seul, alors je supporte mal ce genre de contrariétés, mais... Vu comme ses mains passent sur mon corps, je n'ai pas trop envie de l'enquiquiner, haussant légèrement les sourcils en sentant ses mains venir saisir mes fesses par dessus le tissu.
    Soupirant contre ses lèvres alors que nos baisers reprennent, je relève légèrement le haut de mon corps pour accueillir ses mains qui viennent lentement passer sous le tissu de ma tunique afin d'atteindre ma peau. Lentement, je sens que la sensation de chaleur qui s'était jusque là réservée à ma cage thoracique vient se dissoudre dans mes veines, ne laissant derrière elle qu'un doux nuage de douceur et d'affection. Un creux, toutefois, dans ma poitrine, exige davantage. Alors que je me détache très légèrement, je lui offre une* mine prétentieuse en le toisant avec une certaine satisfaction.

    « Eh bien, je pourrais toujours recommencer à te faire rouler dans la boue, si tu y tiens tant. »

    Ou le faire rouler dans l'étang, tiens. Mais quoi que j'en dise, mon esprit n'est pas ça, aussi drôle que soit l'image mental de mon am-... Ami, oui, plongé dans l'eau et avec la tête boudeuse qu'il ferait si j'osais l'y mettre. Pour le moment, je sais me satisfaire de le voir contre moi. Alors je me permets de venir saisir son haut pour qu'il redresse le haut de son corps et ainsi pouvoir saisir ses lèvres à nouveau, y mettant cette fois plus de force, mon autre bras fermement noué autour de sa taille. Instinctivement, je saisis ses lèvres contre les miennes, venant mordiller leur pulpe avant de la suçoter avec plus d'instance, ma main qui le tenait jusque là plongeant dans sa chevelure pour se raffermir autour de sa tête et le maintenir contre moi. Plus vif que tout à l'heure, ma langue finit par venir frôler ses lèvres dans une caresse invitante, cherchant sa permission pour entraîner la sienne.
    Mes jambes nouées autour de sa taille, si je peux sentir l'air frais frôlant ma peau sur les zones que ses doigts réchauffent, son bassin collé au mien me fait l'effet d'une douce brûlure, que j'ignore comme je le peux sur le moment. Je n'ai pas envie de me presser, même si la brève friction me fait pousser un lent soupir chaud. Je sens, progressivement, que ma tête s'embourbe et que mon esprit se concentre uniquement sur mon ami collé contre moi. De brefs frémissements passent par mon dos alors que mes mains, curieuses, viennent caresser son dos, ses épaules, son torse et sa taille, sans arriver à se fixer quelque part, trop désireuses de dessiner ses contours et d'en graver le souvenir dans ma tête. Je commence à le connaître, à force, mais j'ai souvent tellement peur de ne plus pouvoir profiter de notre proximité que je me montre à chaque fois aussi volontaire que lors de notre première fois, même si j'étais alors bien plus hésitant.

    Mais alors que je m'apprêtais à amorcer un autre mouvement, je crois mon cerveau réalisa quelque chose ; un petit rien du tout, mais tout de même. En rouvrant les yeux, je choisis de quitter brièvement ses lèvres, jetant un coup d'oeil à notre environnement et à l'endroit où nous sommes ; c'est-à-dire que, juste contre l'eau, à même le sol... Bon. Je suis peut-être précieux, mais j'ai quelques standards (arrêtez de rire dans le fond, je vous dis que c'est vrai). Si je lui offre un très léger sourire pour le rassurer, j'essaie toutefois de lui indiquer ce qui me dérange, bien que je me doute qu'il risque de râler.

    « A-attends... Pas sur l'herbe. »

    … Non, mais, parce que, je veux dire... Bref. Pour ne pas qu'il croit que j'en suis moins volontaire, je laisse mes mains se glisser sur son haut pour venir le toucher à même la peau, ma bouche fondant à nouveau sur la sienne pour lui offrir un baiser plus lent, plus calme, mais pas moins désireux.

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    Nous avions déjà acquis une certaine complicité avant que nous venions à passer régulièrement des nuits ensemble. Le fait que nous nous soyons rapprochés de cette manière n'a rien changé à ça ; et j'en suis ravi. J'aurais eu peur que cela perturbe quelque chose entre nous, mais j'ai l'impression, au contraire, que franchir certaines barrières nous a aidé à être plus naturels l'un avec l'autre. Il me fait fondre, mais il me fait aussi glousser par ses taquineries qu'il a appris à faire en ma présence. Hors de question que nous roulions une seconde fois dans la boue, ceci dit, le premier jour était suffisant. Rouler avec lui, je veux bien, mais... Seulement dans un cadre intime. Comme... Comme maintenant ?.. Je ne le dis pas à haute voix mais l'ambiance s'est clairement réchauffée. Je suis peut-être le seul qui ai remarqué... Je ne le forcerais à rien, bien sûr, mais pour le moment, il ne me repousse pas. Et quand il me rapproche de lui en me redressant, je ne peux rien faire d'autre que me transformer en flaque dans ses bras et me laisser faire en profitant de ses lèvres sur les miennes, qui deviennent plus énergiques. Mon dos se cambre automatiquement vers lui en sentant son bras venir l'entourer. Ma langue vient quant à elle danser timidement avec la sienne quand il me demande implicitement la permission d'établir un échange.
    Mes mains s'affairent toujours à caresser ses jambes, prenant même la peine de remonter jusqu'à ses cuisses qui me réchauffent les paumes. Mes doigts passent par-dessus le tissu de son haut-de-chausse sans aller plus loin, me retenant de les passer au travers même si la culotte me gêne. Mon cœur bat de plus en plus fort. J'attendrais presque son signal pour m'autoriser à aller plus loin s'il ne s'éloignait pas à ce moment-là. Pas de très loin, mais suffisamment pour que je comprenne que quelque chose le gêne. Je pensais qu'il ne voudrait pas que je le touche plus intimement pour ce soir. Mais je découvre que seul l'herbe le dérange.

    « … Sérieusement ? Elle est moelleuse, pourtant. »

    Je le regarde d'un air crédule avant de glousser. Si je m'y attendais... On ne va pas dire que ça n'est jamais arrivé, mais je reste surpris. Il est censé être celui qui s'en fiche le plus, entre nous deux.

    « Qu'est-ce que je ne ferais pas pour mon dragon brun ? »

    Je lui glisse un sourire amusé mais non vexé, puisque ma priorité est après tout de le mettre à l'aise afin qu'on passe un bon moment tous les deux.
    Je m'étire donc brièvement avant de retirer ma cotte de maille et mon haut en tissu, de telle sorte à me retrouver cette fois torse nu. En restant en-dessous de lui, je dispose mes vêtements à côté de nous avant de les étaler pour recouvrir le sol.

    « C'est mieux pour toi ?.. Sinon, on peut aussi rajouter ça. »

    Je lui souris d'un air malicieux et pervers en désignant sa robe que je commence déjà à remonter au niveau de ses hanches pour dévoiler ses jambes nues qui me donnent des idées pas très propres.

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    Je ne fais généralement pas le difficile. Pas du tout, même au point que ça peut parfois en paraître assez excessif, puisque que quand il s'agit de lui, je me fiche généralement assez bien du cadre ou du confort... Dans la limite du raisonnable. Et là, en vérité, je me permets un petit caprice, mais imaginer la sensation de l'herbe et de la terre sur mon corps à découvert me fait chigner, certes en cassant un peu l'ambiance. Gêné en l'entendant glousser, je roule légèrement des yeux. Hé, veut-il vraiment que nous finissions avec des fourmis entre nous... ? Mais malgré ça, je ne réponds pas, probablement car j'ai l'impression d'être un peu pénible, mais... De ce que je vois, il n'est pas dérangé par mon commentaire et même si ça ne devrait pas me surprendre, je suis assez content de le voir. Oui, oui, je sais, je n'ai littéralement aucun standard et je ne devrais pas être charmé que l'on me traite décemment, mais comme je viens de le dire, je ne suis pas difficile. C'est sur son commentaire, toutefois, que je tique.
    ... Mon ?
    Mon teint rougit brusquement, et ça n'a aucun rapport avec nos activités, pour le coup. Une boule de chaleur vient se loger dans ma poitrine, y faisant frémir tout un tas d'éclats brumeux et vifs tout à la fois. Je ne suis pas très sensible à ce genre de choses normalement, mais cela me donne l'impression que je suis spécial à ses yeux, et... Comme peut le prouver notre situation, je ne veux que ça. L'attention qu'il porte au fait de me mettre à l'aise me désarme un peu, tant et si bien que ne peux que hocher vaguement de la tête quand il installe ses vêtements au sol pour nous offrir (enfin, surtout pour moi), un semblant de couverture.

    Si j'allais répondre à sa question, sa proposition suivante me fait hausser les sourcils, avant que je ne sente ses mains venir remonter ma robe pour lentement mettre mes jambes à découvert. Face à son air malicieux et grivois, je me contente d'une moue taquine pour lui répondre, des lueurs taquines dans le regard alors que je sens l'air frais venir frôler ma peau à découvert. Loin de m'indigner, au contraire, je me permets un léger gloussement, avant de venir plaquer ma main sur sa poitrine pour le pousser à s'allonger. Une idée me passe par la tête. Un rictus enjôleur et narquois vient se dessiner sur mon visage pendant que ma propre main remonte le long de ma poitrine pour venir se poser sur le premier bouton de mes robes.

    « Oh... ? Tu veux dire ça... ? »

    Machinalement, je joue avec le bouton pour le retirer calmement, mon regard ne quittant pas le sien. Il voulait que je me dénude, hm... ? Autant s'amuser un peu, alors. Son impatience me flatte et me donne l'orgueil nécessaire pour prendre mon temps, esquissant une moue alors que je descends les attaches les unes après les autres, laissant le tissu tomber lentement de mes épaules au fur et à mesure que la pression le retenant se défait. Mon sourire se fait plus narquois, mon ronronnement se fait lent, alors que je me penche pour frôler ses lèvres avec les miennes dans une caresse brève, sans pour autant briser la distance qui nous sépare. Quand, enfin, je me débarrasse du dernier bouton, je me redresse légèrement pour retirer de moi-même le haut de mes robes et le faire glisser le long de mon corps, afin qu'il ne finisse au sol et nous serve ainsi de support plus confortable. J'aurais le temps de réfléchir au fait que ce n'est probablement pas une bonne idée demain, mais pour l'instant...

    « … Ou de ça ? »

    L'une de mes mains libres se porte vers ce qui me sert de bas, comme pour le faire descendre, mais je n'amorce pas de mouvement complet. Au lieu de ça, je me constate de le toiser d'un air prétentieux, mon autre main venant parcourir sa poitrine dans de lentes et capricieuses caresses, comme celles d'un chat en train de minauder.

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    Docilement, je m'allonge au sol, comme il me le demande silencieusement d'un geste de la main. Le souffle court, je réponds à son sourire enjôleur en obéissant à ses directives, attendant patiemment de voir ce qu'il me réserve. On pourrait ne pas le croire de loin, mais il a toujours fait preuve de ressources, quand il voulait. Aujourd'hui, il décide de me faire languir en défaisant lentement les boutons de sa tunique de mage. Je déglutis, en regardant avec une attention toute particulière le vêtement descendre de son corps avec une lenteur saisissante. Mes joues reprennent des couleurs. Mon rythme cardiaque, lui, s'accélère, et le frôlement de ses lèvres sur les miennes n'arrangent rien. Il est très doué pour faire monter la tension ; et pas que ma tension. Dans mon bassin, je commence à sentir une chaleur singulière se réveiller progressivement. Je deviens plus sensible. Plus avare de lui à chaque seconde.
    Enfin, il retire sa robe pour ne laisser que son bas, qu'il me désigne d'un air narquois comme pour me provoquer. Ses caresses sur ma poitrine m'obligent à me mordre la lèvre inférieure pour me contrôler. Je dois me retenir de lui sauter dessus, même s'il sait comment me faire réagir vivement. Au moins, j'imagine que c'est sa permission pour que j'aille plus loin. Mes yeux ne l'ont pas quitté, se mettant à détailler les parcelles de son corps à présent plus exposé à ma vue.

    « Continue à me tenter comme ça et je vais finir par te manger tout cru. »

    Je ne peux pas me retenir de passer ma langue sur les lèvres comme si j'allais dévorer un repas. Si c'est ce qu'il attend, il va être servi. Mais je pourrais décider de ne pas lui laisser ce plaisir. Aaah... Que faire ? Lui donner ce qu'il veut ou prolonger le moment et attendre encore un peu ?.. J'imagine que je peux bien le faire mijoter davantage. J'ai promis de prendre soin de lui, après tout.
    En souriant malicieusement, je me rapproche de lui pour l'embrasser de nouveau, doucement au début. Mes mains se placent dans son dos pour le caresser avant de descendre peu à peu vers son haut-de-chausse, au niveau duquel je m'arrête. Mais je n'hésite pas avant de faire glisser mes doigts en-dessous pour venir m'emparer de ses fesses à même la peau. Je les masse un peu, les malaxe, savourant leur contact qui m'est réservé. Je profite ensuite de la prise que j'ai sur son bassin pour le coller au mien et effectuer un léger mouvement de friction entre les deux. Mon pantalon commence à former une bosse entre mes jambes que je savais ne pas pouvoir retenir encore longtemps. Avec lui à ma portée, et cet isolement qui nous entoure... Il faut dire que c'est trop tentant. En enlevant un de mes bras de sous son tissu, je prends sa main pour la placer sur mon érection que mon vêtement cache encore pour l'instant.

    « Regarde ce que tu as provoqué. Il faudra m'aider à m'en débarrasser, maintenant. »

    Une expression joueuse sur le visage, je ne peux retenir, entre quelques mots, des petits gémissements dus aux mouvements que je provoque entre nous deux. Je ne vais pas mentir, c'est pas désagréable du tout, et il me faut un sacré self-control pour ne pas accélérer les choses.

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    Je ne peux pas m'empêcher de glousser en l'entendant déglutir, à la fois toujours flatté et amusé par la manière dont je peux le fairer réagir avec, somme toute, pas grand chose. Même si mon ego en est satisfait, c'est surtout mon besoin maladif qu'il ne fasse attention qu'à moi, qui est content ; sans doute que je serais un peu moins minaudant si je n'avais pas à compenser le besoin de sentir qu'il me désire. Alors je joue, je le cherche et je m'amuse, gloussant même devant sa réplique. Pour une fois, je ne cherchais pas vraiment à le provoquer ; je voulais juste rassurer mon ego, et c'est réussi. Puis, ce n'est pas très drôle, quand il y a pas de tension entre nous. Enfin, si je puis me permettre, je n'ai pas besoin de le tenter pour qu'il me saute dessus.... Quoi, comment ça, mon ego ?

    Je ne refuse pas son baiser, loin de là, quand il vient me chercher, plus qu'heureux de le lui rendre, mes mains imitant les siennes qui se baladent dans mon dos. Si je cligne brièvement des yeux quand elles se saisissent de mes fesses pour les masser puis les malaxer, je ne peux pas empêcher le début de rictus qui se balade sur mes lèvres, appréciant le contact tout autant que son envie de les toucher. Alors, bien volontairement, je les pousse légèrement contre ses paumes, un soupir ou deux de satisfaction m'échappant ; quoi que j'en dise, le contact de sa peau contre la mienne, de plus en plus brûlante, me fait du bien.
    Concentré sur son geste, je ne comprends ce qu'il voulait faire que lorsqu'il bouge mon corps de telle sorte à ce que nos bassins se frottent. Le contact me tire un geignement soudain, vif et hoquetant, la sensation électrique m'ayant prise par surprise et venant se rappeler assez brusquement à moi par un long frémissement. Occupé à jouer, j'en avais presque oublié mon corps, mais la chaire de poule remonte bien vite sur mes bras tandis que mon propre désir se remet à gronder, comme une brume m'emplissant de tressaillements engourdis. En me mordant les lèvres, j'essaie d'étouffer mes sons, légèrement intimidé par le fait que nous soyons à l'extérieur, mais cela se révèle difficile. Maintenant que je fais attention à mon propre bassin, je peux sentir la pression propre au début de mon érection et l'humidité grandissante dans mes bas. Mécaniquement, comme pour soulager cette tension que j'ignorais jusque là, je lui facilite la tâche dans le fait de nous frotter ensemble, mes joues se parant d'un rouge encore pâle, me mordant les lèvres pour étouffer mes geignements de plus en plus expressifs comme je le peux.

    Si je ne réagis pas tout de suite lorsqu'il vient poser ma main sur son érection par dessus le tissu de son bas, je me permets toutefois une petite moue amusée en l'entendant geindre, plus que flatté par son envie. Je n'ai pas envie de le lui donner ce qu'il veut tout de suite, mais je peux bien l'aider un peu en même temps ; et malgré le fait que je dois faire taire au maximum mes couinements de frustration, j'arrive à esquisser une moue prétentieuse en le caressant superficiellement par dessus son pantalon.

    « E-eh bien, c'est comme ça que l'on demande... ? Ce n'est pas très poli, dis-moi. »

    J'arrive encore à tenir mon rôle malgré le fait que je suis de moins en moins indifférent à nos mouvements, ma poitrine se haussant et s'abaissant sous le coup de ma respiration plus rapide et incertaine. Mes doigts jouent un peu autour de son aine, le frôlant parfois pour le narguer, avant de venir le serrer avec douceur et repartir, sans pour autant effectuer de mouvements réguliers.

    « Qu'est-ce que c'est, le mot magique... ? »

    Ma main glisse sous son bas, venant recommencer son manège avec la même précision et la même narquoiserie tentante, alors que mon bassin continue de se mouvoir lentement. De temps à autre, mes doigts s'amusent à frôler superficiellement le long de son sexe, son gland ou ses testicules, mais ils ne se referment pas, se contentant de lui donner un avant-goût. Oh, je sais, c'est un peu cruel, mais il n'est pas le seul à savoir me faire mijoter. J'aime l'entendre réclamer. Dans cette espèce de relation étrange qui est la nôtre, c'est la manière que j'ai de l'entendre dire qu'il me veut et que je privilégie, jusqu'à en devenir, je dois l'admettre, un peu casse-pieds.


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