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  • la diplomatie c'est pas easy
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    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu du mariage de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
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    « V-votre altesse... ! Votre altesse, il... ! »

    Le dos poussé dans ma chaise, j'interromps mes paroles alors que je peux sentir des bruits de pas claquer dans le couloir menant à mon salon. Par réflexe, mon échine se redresse tout droit et épaules se tendent d'un coup net, la prise de mes doigts se crispant sur la tasse que j'allais porter à mes lèvres. Le lierre sur mes poignets remontent sur mes mains comme pour se préparer à surgit ; à côté de moi, mon amie aux cheveux noirs a déjà porté sa main à sa dague, alors même que la silhouette aux cheveux de neige entre avec fracas, éloignement vivement les portes de soi dans un bruit sourd.
    Iel est essoufflé.e, comme s'iel avait couru chaque étage du château et chaque marche de chaque escalier pour nous trouver. Pourtant, toutefois, son visage est livide, blanc comme sa chevelure courte qui s'étale sur son visage sans le moindre soin. Son regard est paniqué. Lorsqu'iel le relève vers moi, je peux sentir mon cœur rater un battement.

    « Votre altesse, c'est... C-c'est votre père, il est... ! »

    Je n'avais pas besoin d'en entendre plus. Sur l'instant, ma prise s'était tant refermée sur la tasse entre mes doigts qu'elle avait craqué ; le lierre s'était resserré jusqu'à éclater son contenu bouillant et ses morceaux entre mes doigts. Je n'avais pas cillé. Mes yeux étaient restés plantés sur le corps que je ne distinguais plus qu'à moitié, maintenant, et dont les lèvres bougeaient pour m'annoncer une nouvelle que je n'entendis pas, des acouphènes bloquant mon ouïe. Mais je le savais déjà. J'avais déjà compris, et mon sang s'était glacé d'un coup net. Mon regard s'était écarquillé. À côté de moi, mon amie avait retourné sa tête vers moi comme pour s'enquérir de mon état, mais je n'avais pas bougé.
    Au lieu de ça, il n'y avait qu'une lueur horrifiée dans mon regard. Pas de peine, pourtant. Pas la moindre. Pas de regret. Pas de peur. Pas de déception. Non, rien de tout ça. Une seule pensée envahissait mon esprit, comme un bourdonnement sourd alors que tout semblait trembler autour de moi.
    Trop tôt. Bien trop tôt.


    -

    « Je vous le dis, c'est de l'inconscience ! »

    Livie s'agite depuis que nous sommes arrivés. Iel est tendu. Son regard passe d'une silhouette à l'autre, sa main est crispée autour de son arme et je peux sentir sa voix faire d'irrégulières montées et redescentes. De mon côté, mon regard ne quitte pas les quelques parchemins que j'ai pu emmener, comme si lae chevalier.e n'était pas en proie à des craintes tout à fait justifiées.

    « Vous voulez vraiment négocier avec le meurtrier de votre père... ? Vous vous rendez compte du... ! »

    Son inquiétude est palpable. Déjà la semaine dernière, iel avait souhaité venir en avance pour s'assurer qu'il n'y aurait pas de risque que le château choisi pour accueillir la réception soit parsemé de risques en tous genres. Même si je lui avais assuré que la qualité de territoire neutre devrait au moins nous épargner ça, iel avait préféré s'en rendre compte par iel-même. Mais aussi agaçants que soient ses complaintes, je ne peux toutefois pas me résoudre à lui faire des reproches. C'est donc avec une voix ferme mais plate, sans animosité, que je prends la parole.

    « Livie. »

    Iel s'arrête tout net. Je n'ai pas le temps de lae rassurer éternellement, mais je peux au moins faire en sorte qu'iel cesse de s'agiter ainsi. Redressant le haut de mes robes pour qu'elles collent bien à mes épaules, je porte vers ce.tte dernier.e un regard calme et inflexible.

    « Je comprends tes craintes, mais j'ai pris mes précautions. Ma sœur est sur leurs terres, et nous avons également une garantie si jamais quoi que ce soit arrive, à moi comme à vous. »

    En même temps, Livie n'est pas lae seul.e à avoir émis des réserves sur cette  négociation. Déjà à la capitale, on s'était indigné qu'au lieu de chercher vengeance, je propose plutôt une rencontre diplomatique. Quatre mois à peine s'étaient écoulés : pour une certaine portion des hautes sphères, la plaie était encore fraîche. J'avais dû, malheureusement, faire passer cette décision par la manière forte ; j'aurais aimé ne pas avoir à utiliser de ce genre de pouvoir si tôt dans mon règne, mais la situation me l'obligeait.

    Il est sûr que d'outrepasser l'avis du conseil me coûterait un certain temps passé à récupérer l'allégeance de certains de ses membres, mais... De toute façon, je ne partais pas gagnant. La mort de mon géniteur était arrivée bien trop tôt. Bien plus tôt que ce que j'aurais cru ; vu l'âge précoce où il m'avait eu, j'aurais cru que j'avais encore, au bas mot, une dizaine d'années devant moi. Mais non. Sa soif de sang l'aura précipité vers sa perte encore plus rapidement. Je n'ai, au final, pas eu le temps de réunir et d'assembler tous les soutiens qu'il me faudrait une fois sur le règne ; alors au final, je dois composer avec un paquet de cartes à moitié plein. Pas impossible, mais lorsque l'on part avec un handicap comme le mien...
    Si ils se taisent depuis que je suis monté sur le trône, je sais très bien que ma nature de nymphe déplaît fortement, que ce soit à l'église ou aux plus fervents partisans conservateurs, encore très puissants le royaume. J'espérais obtenir de quoi pouvoir les contrer, ou au moins les affaiblir, mais.. Mais non. Alors il faudra jouer de manière bien plus pointilleuse que prévu.

    « Par ailleurs... À ce stade, il s'agit de la meilleure chose à faire. »

    Dans un soupir, je jette un coup d'oeil à ma droite. Le noiraud à ma suite me guette d'un air résolu, hochant de la tête comme pour m'indiquer qu'il a bien fait ce que je lui avais demandé. Je me doute pourtant à quel point il doit être difficile pour Clive de revoir son frère dans ces circonstances ; mais j'avais besoin qu'il s'assure que nous pourrions ne pas être dérangés.

    « … Si nous voulons la paix, il faut la faire advenir. Et je me fiche bien de quelle main il faut serrer pour cela. »

    La résolution dans ma voix sonne comme une sentence ; et c'en est une. Je sens lae blanc.he se calmer, même si son regard trahit tout de même son incertitude. Aujourd'hui, je dois placer une première pierre. Peu importe qui j'ai en face de moi.

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    « Ne fais pas cette tête, mon poussin...
    - Ça ne me plaît PAS.
    - Tu connais la règle. Ils nous laissent un membre de leur famille alors nous devons faire de même. »





    J'ai quand même continué de bouder le reste de la journée. Ma mère était très sereine, à propos de cette question d'échange. C'est comme si elle n'était pas du tout inquiète. Elle avait beau me dire qu'elle connaissait la défunte reine Miyu, ce n'est pas une raison pour ne pas être un tout petit peu méfiante. Mais elle a elle-même insisté pour y aller. Pour 'voir comment se portait le petit Natsume'. Tss, tu parles... Elle a parié qu'il allait plus tenir de sa génitrice que de son géniteur, mais vu la tête du père, je ne me fais pas de grands espoirs ; je reste rancunier. Pour, j'ai eu l'occasion de me venger.
    Enlevé. Déshabillé. Humilié en public. Écartelé. Et enfin bouilli dans l'huile. Tout cela vivant. Cela sentait un étrange fumet, à la fin. Je l'ai achevé plus tôt que prévu suite à la demande de ma mère qui ne supportait déjà pas cette idée de torture quand bien même Kazuo était responsable de la mort de son mari et qu'elle lui en voulait énormément. Après qu'il soit mort, j'ai fait disparaître complètement son corps pour qu'il tombe dans l'oubli très vite. Je voulais qu'il ne reste plus rien de Kazuo Shimomura. Alors il ne resta rien. Rien hormis des enfants, que je jauge avec la plus grande méfiance depuis toujours et particulièrement depuis que j'ai tué Kazuo. Je ne connais rien d'eux, après tout, hormis ce que m'a raconté ma mère et les Donovan. Tout comme Kazuo a précipité mon couronnement, j'ai précipité celle de son successeur qui doit avoir à peu près le même âge que moi. Je pensais qu'il allait réclamer vengeance pour l'ancien monarque, mais il a quand même envoyé sa sœur chez nous pour nous prouver sa bonne foi après nous avoir parlé de cette réunion diplomatique qu'il voulait organiser. J'ai pensé qu'amener la princesse Nagisa était un piège, alors j'ai renforcé la garde à cette occasion. Mais il n'en était rien, et j'ai senti que ma mère était plus calme par rapport à cette rencontre, alors elle a tenu à y aller en échange. Je l'ai laissé, à contrecœur, au royaume ennemi. Elle a tant insisté que j'ai vu dans son regard une certaine détermination à laquelle je ne pouvais pas dire non. Elle est partie, et nous nous sommes échangés quelques lettres pour se rassurer. Alors si pour l'instant tout se déroule bien, je reste soupçonneux.
    J'ai amené avec moi Elliott et quelques soldats juste pour me rassurer. Je ne connais rien du roi Natsume, après tout, hormis quelques peintures que j'ai vu de lui et les souvenirs que la fratrie hérisson a bien voulu me faire partager. Mais aucun n'en a dit du négatif.

    « Sommes-nous bientôt arrivés ?
    - Presque, votre Majesté. J'aperçois le fort.
    - Tu as l'air tendu. »


    Elliott, lui, bien sûr, n'est pas inquiet le moins du monde. Il est rivé depuis le début du voyage sur son livre de magie. Lui aussi a perdu son père jeune.

    « J'ai zigouillé son paternel. S'il fait pareil que moi dans ce genre de cas, j'ai mes raisons d'être tendu.
    - Oh, tu sais, je pense que tu n'as pas à t'en faire.
    - Facile à dire... »


    Il a beau avoir connu le souverain du royaume Shimomura dans son enfance, ça ne veut pas dire qu'il est resté le même qu'à l'époque. S'il m'en voulait pour Kazuo -après ce que j'ai fait à ce dernier- je pense quand même qu'il aurait lancé une attaque sans hésiter. Ou alors il cherche à être plus subtil et prévoit peut-être un piège à me tendre...
    Enfin on va voir si son 'Altesse' veut bien-...

    « … Qu'est-ce qu'il y a ?
    - Je ne m'y fais pas.
    - À quoi ?
    - Au 'Majesté'. »


    Nous ne sommes plus des Altesses, techniquement. Je l'avais oublié. Nos titres ont changé. La façon dont les autres doivent s'adresser à nous également. J'ai porté le 'Altesse' si longtemps que je vais avoir du mal à m'habituer. Je pensais, en plus, que j'allais le garder encore un moment...
    Le voyage a arrêté de défiler. Bientôt, nous arrivons à bon port et la calèche s'arrête pour nous laisser descendre. Si je garde mon épée à ma ceinture, je ne compte pas forcément l'utiliser. Ils ont ma mère avec eux, après tout. C'est juste... au cas où. Je m'approche de l'autre monarque que je me permets alors de détailler un peu. Il est un peu plus petit et plus fin que moi, ses cheveux sont une touffe en bataille, et il a vraiment un air très sérieux qui se mélange à son visage fermé. Un frisson me parcoure quand je l'observe trop longtemps et que je vois quelques ressemblances à Kazuo.

    « Majesté... »

    Je me prononce très sobrement tandis que Elliott ferme d'une traite son livre. Je le sens commencer à se calmer quand il aperçoit quelqu'un qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Faust. Son frère jumeau, je suppose, de ce qu'ils ont pu me raconter. Cela fait un moment que Elliott ne l'a pas vu, alors ça ne doit pas le laisser de marbre. De quoi lui clouer le bec, même s'il a l'air plus perturbé que ce que je croyais. Je tente, pour ma part, de me concentrer sur la personne en face de moi.

    « Venons-en aux faits. Je veux savoir ce que vous comptiez 'négocier'. »

    Je prends le sujet avec des pincettes même si je veux faire en sorte également que la guerre n'éclate pas de nouveau. Si je ne sais pas encore à qui j'ai affaire, je désirais quand même mettre fin aux carnages que nos prédécesseurs ont généré. Je vois bien que la distance et les conflits font souffrir ceux dont le cœur est partagé entre les deux royaumes.

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    « … Si il nous met un lapin, j'ai le droit de frapper quelqu'un ?
    - Non. Mais tu as le droit de te taire. »


    La voix sèche de Katya me tire une très légère inclinaison de mes lèvres alors que je sentais lae blanc.he, jusque là, traîner des pieds. Clive est bien le seul à rester entièrement silencieux, mais je m'en étonne pas : si il parle déjà peu en temps normal, je sais comme la situation doit être complexe à vivre pour lui. Si il s'agit d'un moment important pour la politique des deux royaumes, pour lui, c'est aussi la première fois qu'il peut voir des membres de sa famille en chair et en os depuis plus de dix ans. Je n'ignore pas cet état de fait, alors mon regard ne s'attarde qu'un instant sur son expression. Si nous le pouvons, j'ose espérer qu'il aura la possibilité par la suite d'aller les voir. Mais là encore, rien n'est sûr, du moins, de mon côté. Je ne sais après tout quasiment rien de mon interlocuteur à venir, si ce n'est ce qu'il a pu faire subir à mon géniteur, et je n'ai jamais vraiment cherché à en savoir plus que ça. J'avais d'autres choses plus urgentes à préparer. Je sais simplement que ma mère tenait son père en estime ; mais les enfants ne tiennent pas forcément de leurs parents. Et j'en suis une preuve, en bien comme en mal.

    Pour autant, la ponctualité semble à peu près acquise. Silencieux, j'intime à Livie de cesser ses messes basses par un regard un peu plus dur que d'ordinaire ; et s'iel se tait, ce n'est pas sans un sourire un peu niais. Peu importe. C'est efficace, au moins.
    Je me garde de dévisager mon vis-à-vis alors qu'il finit par sortir de la calèche. Je n'y vois de toute façon pas d'intérêt. Pour le moment, tout ce qui m'intéresse est de savoir la manière dont je devrais le considérer par le futur ; un ennemi, un allié, ou un point neutre. Qu'il soit une difficulté dans mon pied ou une aide potentielle, dans tous les cas, je vais être obligé de le considérer. Nos royaumes sont d'égal pouvoir, alors si j'ose espérer que nous arriverons à un accord, je ne me méprends pas sur le fait que ce n'est pas un point négligeable.

    Le saluant brièvement d'un mouvement de la tête, mon regard passe ensuite brièvement sur l'expression de Clive. Mon ministre s'est figé, le regard neutre mais la poigne crispé autour des parchemins qu'il tient dans sa main. Je sais qu'il ne parvient plus à regarder autre chose que son frère cadet. Si je sens à sa voix que mon interlocuteur est pressé (j'avais de toute façon bien compris qu'il était de nature impulsive et sanguine, vu ses derniers faits), je ne peux pour l'instant pas m'empêcher de faire une pause.

    « … Si je n'ai pas d'objection, je pense qu'il convient de laisser à messieurs Donovan le temps de discuter. Nous allons marcher. »

    Je peux lire un peu de surprise sur le visage du noiraud, puis de la gratitude. Il devait sans doute s'attendre à ce que je requière sa présence immédiatement, mais j'ai un peu de temps pour ça. Par ailleurs, le fait de marcher dans les jardins aura au moins le mérite de détendre un tant soit peu la lourde tension que je peux sentir jusqu'à dans mes tripes ; il y a moins de possibilité d'un coup fourré. Je choisis donc d'aborder un point important, quand bien même l'autre semble bien pressé de savoir ce que je souhaitais amener sur la table. Tiens donc. Serait-il tendu... ? Je le sens, en tous cas. Il me donne l'impression d'un chat tentant de se faire plus gros d'apparence. Je reste, toutefois, calme ; Livie n'est pas à l'aise, et Katya le dévisage intensément, mais tous se tiennent sages.

    « Votre mère se trouve dans la maison de campagne de ma mère. Elle sera ramenée à la frontière afin de procéder à l'échange dès la fin de cette entrevue, quel qu'en soit le résultat. »

    Je prends lentement la direction du chemin de terre menant aux jardins. Nous aurons le temps de nous asseoir à l'intérieur pour ce qui est des aspects plus techniques, mais encore faudrait-il arriver à un accord. Pour l'instant, je n'ai pas encore de certitudes. La journée d'aujourd'hui me servira également à cerner mon voisin et à affiner ma manière d'agir par la suite. Attendant que nous ayons pris un peu d'avance par rapport à nos accompagnateurs, je laisse mes pas écraser le sol et ralentit temporairement le rythme, avant de m'arrêter devant un ponton.

    « Je vais donc aller droit au but. Je veux la paix. Quoi qu'il en coûte. »

    Ma voix est calme, quand bien même mon regard se perd plus loin. C'est une vérité que je peux énoncer et que je ne perds rien à prononcer. La dernière partie de ma phrase est toutefois plus sérieuse : je désire cette paix en dépit de tout. Et si je ne voyais pas d'accord en face, je prendrais les mesures nécessaires. Même si mon interlocuteur ne la souhaitait pas, il n'y a rien de risqué à l'énoncer, mais je ne prends tout de même pas mes souhaits pour des réalités, alors après quelques secondes, je reprends la parole, parlant lentement.

    « … Mais j'ai bien conscience que cela ne se fait pas ainsi. Par ailleurs, aucun de nous n'a de raison de faire confiance à l'autre. »

    L'un comme l'autre, nous avons des raison plus que valables de nous considérer comme des danger potentiels. Et il n'y a pas que ça. Dans mon pays comme dans le sien, la rancune fait rage depuis des générations ; et ceux qui sont au pouvoir n'ont pas forcément intérêt à voir se tarir une pareille source d'enrichissement. Il faudrait, dans l'idéal procéder de manière méticuleuse. Je sais déjà que notre rencontre d'aujourd'hui ne plait pas vraiment à la capitale, puisque nombreux sont ceux qui exigeaient la tête du fils d'Ikaël après ses derniers actes.

    « Par conséquent, en premier lieu, je voulais vous proposer une trêve d'un an. Elle s'accompagnerait de mesures tel que la permission pour les civils voulant se réunir de le faire et le retrait de nos troupes en territoire étranger. De manière évidente, j'attendrais la même chose. Les surveillances aux frontières seraient maintenues. »

    Et tout cela n'est que le plus important ; après, il y a les mesures économiques, les aspects techniques, mais... Ce n'est pas « parlant » en soi. Il veut aller droit au but, alors c'est ce que je fais ; et tant mieux, car je n'aurais pas supporté des heures de discussion et de nourriture pour arriver à quelques maigres lignes sur un parchemin. Reste à savoir ce à quoi cela aboutira.


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    Elliott comme moi sommes surpris de la première proposition de l'autre. Les yeux écarquillés, je sens que mon camarade fait bien moins le malin depuis qu'il a posé véritablement les yeux sur son frère plus âgé. En même temps, le revoir en vrai est sans doute bien loin des scénarios qu'il avait imaginé. Muet, le cadet des Donovan me regarde avec hésitation, comme s'il attendait mon approbation. Je le considère brièvement avant d'esquisser un léger sourire doux et de hocher lentement la tête pour lui dire qu'il pouvait disposer. Reconnaissant, Elliott esquisse une expression timide avant de s'approcher fébrilement de Clive. Pour ma part, je laisse les deux frangins entre eux pour suivre l'autre monarque, reprenant des traits plus sérieux.
    Je n'ai personne d'autre pour m'accompagner de mon côté, mais je ne tenais pas spécialement à ce qu'on soit nombreux pour une discussion de ce style ; Elliott n'est pas loin en cas de pépin et je crois qu'il n'a pas intérêt à m'attaquer maintenant. Attentif, je plisse les yeux quand il évoque Mère et l'échange dont nous avons convenu. Je suis rassuré de savoir que je vais pouvoir la revoir plus vite que je ne le pensais, mais je reste sur mes gardes malgré tout. Je n'arrivais pas vraiment à saisir ce qu'il cherchait avec ce truc d'échanges, mais jusqu'ici, il n'y a pas eu d'entourloupe. Nous sommes au moins sur la même fréquence concernant l'avenir de nos deux pays : la paix avant tout. Mais avant de pouvoir lui en confier une partie, je dois être certain qu'il n'essayera pas de retourner sa veste au dernier moment. Quand nous aurons des enfants pour prendre la relève, je ne veux pas non plus qu'ils brisent ce qu'on a construit. Sa Majesté Natsume a l'air au moins de savoir faire preuve de bon sens et il semble loin d'être bête. Je veux croire qu'il y a un espoir pour que nous cessions définitivement les tensions qui confrontent nos armées respectives.

    « Le retrait des troupes ?.. »

    Son idée de trêve est assez séduisante, mais je ne peux pas faire comme s'il n'y avait pas de faille. Kazuo avait forcément des fidèles qui subsistent encore aujourd'hui et cela m'étonnerait qu'ils voient cette 'paix' d'un bon œil (surtout après l'état dans lequel j'ai réduit le gugusse youhou).

    « Et celles qui ont prêté serment à feu votre père, vous pensez qu'elles obéiront sagement sans sourciller ? »

    D'un air incrédule, je le fixe avec perplexité. Des extrémistes dévoués à Kazuo, il y en avait plein. Malheureusement, il y en avait trop.

    « Moi aussi, je veux la paix. Mais je ne sais pas si cette histoire de trêve va régler le problème de confiance mutuelle que nous avons entre nous.

    Pour demander au peuple de faire la paix, il faut d'abord qu'elle se fasse au niveau des souverains, après tout. Que nous montrions l'exemple de deux pays unis et soudés, avec un chemin plus aisé pour passer d'un royaume à l'autre.

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    Quand bien même mon regard est porté vers l'avant, je ne baisse pas ma garde pour longtemps. J'ai beau chercher la paix, cela ne veut pas dire que je ne suis pas méfiant ; et je crois l'être encore plus que ne l'est mon interlocuteur, quand bien même je peux aisément sentir sa tension. De mon côté, j'ai été élevé dans ce genre d'ambiance, alors cela ne me change pas beaucoup. Lorsque l'on est né nymphe dans un royaume aussi conservateur dans le mien, on apprend très vite à se méfier du moindre recoin de couloir. Encore une difficulté de plus, je suppose...
    Je ne m'étonne pas de sa surprise. Silencieux, je l'examine sans un mot, cherchant à comprendre sa façon de penser par sa manière de s'exprimer et de réagir. Il me semble relativement expressif, ce à quoi je suis peu habitué. Je me trompe peut-être, mais j'ai comme l'impression d'une certaine... Naïveté... ? Non, non, pas exactement. Je ne saurais pas dire, mais quelque chose qui trahit une incertitude. Si jamais il joue la comédie, elle est crédible, mais je n'ai pas cette sensation ; quand bien même je ne m'en tiens pas à mes impressions pour cela. J'observe les faits et les actes plus que les apparences.

    Si je le laisse parler sans contredire ses propos, mon regard se fait un peu plus perçant. Il n'est pas complètement idiot, de ce que je vois ; ou du moins, il a le minimum d'intelligence nécessaire pour remarquer des évidences. Mais cela me rappelle que si la situation est aussi compliqué et bouillonante au château, il est loin d'être innocent à ce propos. Je me garde de commenter sèchement que si quelqu'un avait pu modérer son tempérament et ne pas agir comme un enfant capricieux (ce qui ne me rassure pas vraiment, par ailleurs, de savoir que quelqu'un avec autant de pouvoir est aussi susceptible), je n'aurais pas une catastrophe potentielle sous les mains, et je n'aurais pas à marcher sur des œufs avec des factions que j'aurais pu garder sous contrôle si j'avais eu un peu plus de temps, ou une succession moins chaotique. Mais je dois récupérer leurs pots cassés, à lui comme à mon géniteur, pour essayer de faire quelque chose de potable. J'ai vraiment la désagréable sensation d'être la bonne poire qui nettoie derrière la crise d'enfants colériques. J'estime donc avoir plus de raison de ne pas lui faire confiance, mais inutile de dire, puisque cela ne passerait pas. Je choisis plutôt d'énoncer des faits, la voix plate, comme si j'énonçais des observations sur la température.

    « Étant donné la manière dont vous avez exécuté mon prédécesseur, la majorité des nobles ne me soutiendraient pas si je ramenais un traité de paix. Il fut déjà complexe de calmer leur volonté de représailles. J'aurais une guerre civile sous les bras à coup sûr, et elle se tournerait ensuite vers vos terres. »

    Inutile d'emballer tout cela dans des jolis mots ou de tourner autour du pot. Son comportement est l'une des premières causes des difficultés auquel je fais face à ce propos. Quand bien même je n'ignore pas le comportement ignoble de mon géniteur, cela ne veut pas dire que j'apprécie la situation dans laquelle je suis. Je dois être on ne peut plus méticuleux. La moindre erreur me coûterait cher, et si je ne crains pas tant que ça pour ma vie, je crains davantage pour ceux que je laisserais derrière moi. Même si elle me vociférerait au visage pour ça, je ne veux pas que ma sœur ait à subir davantage ; et il n'y a pas qu'elle. Mon regard s'arrête brièvement sur mes accompagnateurs qui, si ils sont restés en arrière, ont l'air d'être un peu plus à l'aise maintenant. Tant mieux.
    Je reprends la parole avec le même calme, non sans une certaine morne dans la voix.

    « Ma seule solution est de mettre le peuple et une moitié de l'armée de mon côté, mais cela ne se fait pas en un jour. Il faudra des années. Mais j'ose espérer qu'une trêve, même d'un an, me permettra de par ses résultats de populariser l'idée d'un apaisement. »

    Sans batailles pendant une année, les soldats pourront rentrer chez eux. Les familles sont réunies, les villages n'auront plus à craindre les pillages, la situation économique connaitra une légère embellie. Pour un royaume qui n'a pas connu la paix depuis des décennies, ce sera un avant-goût de ce que serait une vraie paix. Difficile de la vendre à ceux qui ne la connaissent pas.

    « Essentiellement, je veux gagner du temps. Pour ce qui est des loyalistes, j'en prends la responsabilité. Je peux justifier une trêve par des nécessités économiques et juridiques pour le moment. »

    Je suis plutôt doué en discussions vagues. Je mens mal (quand bien même j'ai été entraîné à le faire), mais je sais noyer un sujet. Je compense des malaisances en société par une bonne réactivité et analyse en politique. Et d'autres talents, quand bien même je rechigne à jouer de méthodes plus fourbes pour le moment. J'aimerais, si possible, éviter les stratagèmes insidieux et autres formes de chantage, bien que je reste réaliste sur la réalité des faits. Même envers mon interlocuteur, je n'ai pas nécessairement envie de passer par des méthodes qui mèneraient à l'affrontement ou qui créeraient une relation conflictuelle ; si je ne cherche pas nécessairement à m'en faire un allié (après tout, si ce dernier se lance dans des guerres à cause de son tempérament, je serais plus qu'embêté), j'aimerais au moins permettre un minimum de dialogue.
    Sans me redresser complètement, je dirige toutefois mon regard vers mon vis-à-vis, prenant cette fois plus temps.

    « … Pour ce qui est des rapports de confiance, en revanche... Je ne peux pas savoir ce que vous souhaitez en garantie ; mais là-dessus, je suis prêt à faire des concessions, si elles sont raisonnables. »

    Et j'appuierais presque le « raisonnable ». Pour le moment, j'ai comme un doute sur sa capacité à l'être, mais... Nous verrons bien.

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    [justify]Si je ne suis pas du genre à me vanter de faire couler du sang, je dois avouer tirer une certaine satisfaction de savoir que la nouvelle du sort que j'ai réservé à Kazuo ne soit pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Tout leur royaume doit être au courant, pour mon plus grand plaisir. Ah ! Quelle réputation je dois avoir, chez eux. Suis-je vu comme un sanguinaire ? Un idiot ? Un arrogant ? Un fou ? Héhé... Que ça serve de leçons à ceux qui oseraient me défier ou toucher à quelqu'un qui m'est cher. Je ne pardonne pas et je ne fais pas de cadeaux. Je suis conscient que les miens auraient pu se prendre un retour de bâton, mais je n'en aurais pas été le premier fautif. Et puis j'ai une armée solide guidée par de puissants soldats (venant de chez nos rivaux en plus niark niark). Ils ont l'air d'être assez intelligents, toutefois, pour se dire qu'ils ne devraient pas se frotter à nous tout de suite. Voire jamais, si tel est vraiment le désir de leur souverain. Heureusement, de toute façon, si les partisans de Kazuo sont les plus hauts gradés, ils restent très peu nombreux face à la population plus modeste du royaume Shimomura chez qui il était loin d'être populaire.

    « Si elles sont raisonnables ? Vous ne désiriez pas la paix 'quoi qu'il en coûte' ? »

    Je ricane un peu mesquinement pour me moquer. Il n'est pas si audacieux que ça, finalement. C'est lui qui est venu me voir, alors j'estime que c'est à lui de me donner des arguments pour attirer mes faveurs ; la paix m'arrange et je la souhaite sincèrement, oui, mais je n'oublie pas que nous sommes -ou étions, peu importe- ennemis depuis toujours. Même si je connais peu le roi Natsume, en soit. Il a l'air d'avoir au moins davantage de jugeote que son paternel, mais ça, ce n'est guère compliqué.
    Je reprends mon sérieux pour repartir sur le sujet le plus important.

    « Je veux une garantie qui me permettra d'être sûr que vous ne profiterez pas d'un instant de faiblesse pour nous attaquer. »

    Pas que je peux assurer que nous aurons des moments de faiblesse dans le futur, mais si mon peuple croit que nous sommes en paix avec ceux d'en face, ils baisseront sûrement leurs gardes, et je peux les comprendre. Mais je ne veux pas que le moindre petit grain de confiance que l'on pourrait leur accorder soit une excuse pour s'en prendre à nous. Par ailleurs, je suis bien intrigué par ce régent qui n'a pas l'air de se soucier plus que ça de négocier aussi calmement avec le meurtrier de son père.

    « C'est étrange, cette façon de parler de paix comme si c'était aussi simple. J'ai tué votre père. N'avez-vous pas un peu de rancœur, quand même ? Vous auriez des raisons de vous venger. »

    Je suis seul et ils sont trois, après tout, ce serait le moment parfait pour tenter quelque chose à mon encontre. Même si... Le fait que j'ai la princesse Nagisa avec moi devrait quand même les dissuader, je suppose ; c'était bien l'intérêt de cet échange avant tout.

    « Même si dans ce cas nous ne ferions que répéter un cycle sans fin. Je continue à me montrer sceptique sur vos intentions. »

    Sceptique et, je dois dire, curieux de sa façon de faire. À moins que je ne lui ai fait peur et qu'il ait admis qu'il ne faisait pas le point contre moi après ce que j'ai fait à Kazuo ?.. Oui, oui c'est peut-être ça. (no) ./justify]


    Dernière édition par samalo le Mar 19 Jan 2021 - 0:28, édité 1 fois

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    « Ah, il l'irrite.
    - Comment est-ce que tu... ?
    - C'est évident. Regarde son expression.
    - Mais c'est la même que d'habitude ! »




    Si je peux voir Livie et Katya discuter plus loin, je ne leur porte que peu d'attention, me contentant plutôt de rouler ostentatoirement des yeux quand il se met à ricaner bêtement. Oh, je crois pouvoir deviner qu'il va être pénible... Mais peu importe. Je n'ai pas de temps à perdre en chamailleries d'ego. Il n'a, dans tous les cas, vraiment pas l'air aussi sage et calme que son prédécesseur, ce qui me désole assez. Il me fait penser à un adolescent capricieux et faisant le gros dos pour cacher ses craintes. Rien que ses paroles suivantes manquent de me faire soupirer. Comment diable peut-il exiger que je trouve des garanties si il se refuse à faire l'effort d'y réfléchir ? « Le beurre et l'argent du beurre », comme dirait Livie. Mais soit. Ce n'est pas le premier cas difficile que j'ai à négocier ; et par ailleurs, j'ai l'avantage du fait qu'il ne me semble pas très bon analyste. L'instinct semble pour lui plus important que la logique. Une manière de faire qui me désole, mais avec laquelle il faut que je fasse.

    Pour autant, sa dernière question me fait tiquer. Je m'arrête un instant. Mon regard est perçant alors que je le laisse continuer, mais mon échine s'est crispée. Ma main se serre sur la barre du ponton, sans non plus trembler. Alors qu'il termine d'exposer ses doléances, toutefois, je laisse un silence se poser. Je refoule la houle nauséabonde dans ma gorge alors que mon regard ne cille pas, parcouru par une lueur plus sombre. Ma voix s'est faite plus froide.

    « Ce que vous lui avais fait, je l'ai vu chaque jour, de la chambre où il m'avait enfermé depuis la mort de ma mère. Je n'ai pas de larmes à verser pour lui. »

    Je n'oublie pas les sons. Les odeurs. Le matin, le soir. La rage, la peur et la nausée au ventre en permanence, comme des bruits de fond qui remontaient à chaque fois que je ne parvenais plus à garder le regard sur la fenêtre. La douleur, aussi. Mental comme physique. J'en garderai la trace sur mon corps à vie. La peine peut être une huile très efficace pour allumer des feux ; et je crois pouvoir dire sans sourciller que je portais peut-être plus de haine envers mon géniteur que ne le faisait mon vis-à-vis. Quand même ce qu'il lui a fait m'a l'air monstrueux, je n'irais pas dire que je plains mon géniteur en lui-même. Tout au plus, j'ai pu ressentir de la pitié, et je m'en veux encore aujourd'hui de le faire. Alors sa question me semble tout au plus être un non-sens, que je préfère dissiper rapidement et prestement.

    « Comment pensez-vous qu'un monstre se comporte dans sa propre tanière ? »

    Mon regard se retourne sur l'étendue d'eau sans que je ne vois l'utilité d'en rajouter davantage. Je ne le veux pas, de toute façon. J'estime en avoir bien assez fait. J'utilise une métaphore, bien qu'en vérité, je ne dirais pas que mon géniteur était un 'monstre'. Ce genre d'analogie ne reflète pas les faits ; et les faits étaient qu'il n'était qu'un homme pathétique mais puissant, sans personne pour pouvoir l'arrêter. Je n'oublie pas les dégâts que peut faire le pouvoir dans les mauvaises mains, et cette entrevue me sert également, quand bien même je ne le dis pas, à jauger de mon interlocuteur pour savoir si j'ai des raisons de me méfier d'un pareil tournant de sa part.
    Ne voyant pas d'intérêt à m'appesantir sur ce point, je retourne donc sur sa moquerie précédente. Pour me détendre, toutefois, je fais germer de petits bourgeons du bout de mes doigts en les laissant s'étendre sur les barres de bois, avant qu'ils ne descendent pour aller pousser dans la terre un peu plus loin. Cela me permet de me détendre et de reprendre la parole plus calmement.

    « 'Raisonnable' signifie que je ne mettrai pas en danger mon pays ou mon peuple. Si vous êtes fidèle au vôtre, vous comprendrez le sentiment. »

    Je n'en sais rien. Si cela se trouve, il ne porte attention qu'à lui-même ; mais dans ce cas-là, ces négociations n'auront pas lieu d'être et il est tout aussi utile que je le découvre maintenant. Pour le moment, mon avis est neutre. Enfin... Neutre à tendance agacée, si j'étais honnête. Me retenant de souffler du nez, je me montre toutefois plutôt méticuleux.

    « … Pour autant. Comme nous nous attendions à une réponse de cet ordre, mon ministre et moi-même avons convenu qu'il pourrait repartir avec vous en gage de bonne foi. Je ne doute pas que cela satisfera sa famille. »

    Je pourrais bien laisser ma sœur, en vérité, car je ne crains pas tant pour sa sûreté que ça. Elle saurait venir voir un traquenard à cent mètres ; ce n'est pas la fille de Kazuo pour rien. Mais puisqu'il faut procéder ainsi... Cela ne m'enchante guère, pour tout dire, mais au moins, j'aurais une excuse quant à l'absence du noiraud à la capitale.

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    Je ne me faisais pas grandes illusions, au final, en ce qui concerne la vie de famille qu'a pu avoir Kazuo. Je m'en fichais bien. Je plaignais simplement parfois les enfants qu'il pouvait avoir sous son toit. Soit il les avait dressé pour en faire de parfaits héritiers avec son sale caractère, soit il aurait engendré tout l'inverse. L'idée qu'il ait pu se reproduire est déjà assez controversée dans mon esprit. Je suis à peine effleuré par les aveux qu'il me sort tout à coup, retenant seulement que son successeur n'essayera pas de se venger ou de lui rendre justice d'une façon quelconque. J'imagine que je n'ai bel et bien rien à craindre d'eux à ce sujet, quelque part, mais ça ne sécurise pas les frontières pour autant.
    Mon attention est pourtant détournée l'espace d'un instant lorsque je sens l'environnement autour de nous s'agiter légèrement. Ce n'est rien d'extraordinaire en soit mais je me surprends à laisser mon regard fixé sur les bourgeons qu'il fait apparaître à l'aide de la magie. Il ne s'en sert même pas pour une offensive ; on dirait qu'il avait juste envie. Mais je dois avoue qu'il y a quelque chose de fascinant, dans la magie, bien que je ne la maîtrise pas moi-même. Les étoiles apparues brièvement dans mes prunelles s'envolent toutefois aussitôt quand il me faut revenir vers les raisons de notre rencontre aujourd'hui. Aussitôt étonnant que cela puisse paraître, je peux comprendre ce désir de protection envers son royaume et ses habitants. Moi-même je me préoccupe beaucoup de leur bien-être, les voyant un peu comme un héritage que mon père m'a légué ; ce qui n'est pas tout à fait faux, en un sens. Je me sens responsable d'eux, puisque je leur sers un peu de figure ou de guide. Je sous-estimais seulement leur force quand j'étais plus jeune mais je peux voir, à présent, que je ne serais pas roi sans eux.
    Je suis surpris que Clive se soit proposé de venir à nous en guise de bonne foi du côté de l'autre parti. Je devine qu'il n'y avait pas que des intentions politiques, derrière tout ça.

    « Pour le coup, c'est plutôt lui que ça arrangerait. Pas que je m'en plaigne... »

    Un mince sourire étire mes lèvres avec amusement. J'en connais qui seront surpris en voyant que Nagisa a remplacé le dernier Donovan manquant au tableau.

    « Mais le ministre du royaume Shimomura sur nos terres ?.. Cela a quelque chose de tentant. »

    Je ne peux pas non plus laisser passer cette occasion en or. Un membre de leur gouvernement au sein du château... Cela promet d'être intéressant. Il a un grade suffisamment élevé pour que ça soit impactant vis-à-vis des autres quand ils rentreront sans lui, tout à l'heure, et que nous le ramèneront, ça fera un petit événement ; et une nouvelle chose à célébrer.

    « J'accepte cette condition. Et votre idée de... trêve par la même occasion. Nous verrons si elle arrive à être convaincante. »

    Je ne vais pas dire que j'espère que les tensions finiront par s'apaiser. Cela reviendrait à avouer que je lui donne raison et que nous... partageons un point de vue. Brrr. Hélas pour moi la perspective de savoir que les Donovan reverront leur frère après des années sans lui me suffit pour que mon ego perde en taille et voir le positif. J'ai bien senti que Elliott était très agité en recroisant son aîné.

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    Je ne perds pas grand chose par cet accord. Quand bien même il semble important, c'est en réalité la possibilité la moins coûteuse. Il sera aisé de justifier de l'absence de Clive pour des raisons économiques et diplomatiques, tandis qu'en plus de ça, je n'aurai pas à m'inquiéter pour sa sécurité. Avec la position que porte certains membres de sa famille et l'affection qu'ils lui portent, je sais que sa tête ne risque rien. Évidemment, je ne fais aucun commentaire à ce propos, me contentant d'une expression neutre quand mon interlocuteur semble s'en amuser. Tout cela regarde les Donovans. Mais je me doutais bien que l'idée serait relativement bien accueillie ; et de toute façon, je ne voyais pas de centaines de possibilités non plus. Mon interlocuteur semble plus intéressé par l'apparence des accords que par des éléments effectifs. Cela s'annonce bien agaçant pour le futur, mais je peux faire avec.

    « Bien. Nous discuterons des modalités à la suite. »

    Hochant de la tête, je reporte mon attention sur la mare sans voir véritablement l'utilité de tourner ma tête. Relevant ma main sur le ponton, je ferme d'abord les yeux, avant de laisser le lierre de mes bras se porter jusqu'aux bourgeons que j'avais fait germer tout à l'heure ; la terre d'en dessous s'illumine un peu. Quelques secondes après, en jetant un coup d'oeil aux silhouettes de Clive et de son frère, je peux voir une fleur surgir du sol, avertissant le noiraud que j'ai besoin de sa présence. Il aura, après tout, tout le temps de profiter de sa famille bientôt. Et moi, d'une inquiétude en moins sur ma longue, longue liste de préoccupations.




    « … Alors ?
    - Pénible. Et présomptueux. »


    Le verdict semble ne pas surprendre Katya, qui hausse vaguement les épaules.

    « Un problème ?
    - ... Non. »


    Le dos affalé dans la calèche, je me permets de me détendre juste un peu. Je ne m'en rendais pas compte, mais depuis tout à l'heure, mes muscles étaient entièrement tendus. Quand bien même tout cela me semble bien fragile et je me méfie de mon voisin... J'ose croire qu'il y a peut-être la possibilité d'un apaisement. Pour l'instant, c'est tout ce qui m'importe.

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    « Brrr... J'avais oublié cette histoire de visite mensuelle. Dois-je vraiment m'y tenir ?
    - Je confirme, le protocole est formel, c'est écrit juste là. Allons, ce serait dommage de ne pas entretenir cette si précieuse paix, hmmm ? »




    Elliott est devenu tout à coup bien spécialiste des règles du royaume, depuis que Clive est revenu parmi eux. Enfin, je sais que ça ne durera pas forcément puisqu'il reste ministre du royaume Shimomura, mais le cadet de la fratrie en profite pas mal et me pousserait presque dans les bras du roi voisin, s'il le pouvait. Si je soupire devant son enthousiasme et son insistance, je peux comprendre ce qui le motive à ce point. Moi aussi je serais probablement pareil si un membre de ma famille se trouvait aussi loin et qu'une guerre m'empêchait de le voir. Il craint assurément que de nouvelles tensions se raniment et qu'il ne puisse plus revoir Clive avant un moment. Je l'ai déjà toutefois bien rassuré sur le fait que je tenais moi-même à cette paix, mais il remarque vite que je ne suis quand même pas très jouasse à l'idée de devoir me rendre jusque chez mon... nouvel allié à cause d'une règle de notre royaume que je me dois de respecter. J'ai promis à mon père que je suivrais les traditions une fois que je serai roi. Je n'étais pas vraiment aussi sérieux là-dessus à l'époque étant donné que je pensais avoir encore du temps, mais la réalité a fini par me rattraper et je ne peux pas revenir sur mes paroles, à présent. De plus, ma mère veille au grain, depuis son retour. Elle n'a pas l'air d'avoir mal vécu son éloignement, d'ailleurs. Revoir les quartiers où Miyu a demeuré a ramené chez elle des souvenirs nostalgiques. Elle aussi tient à cette paix ; elle a même dit qu'elle en avait rêvé depuis toujours.
    Lorsque je lui ai annoncé la trêve et ce qu'elle allait engendrer, elle s'est mise à pleurer.
    Porter une couronne ne suffit malheureusement pas toujours à me rendre légitime comme roi, par ailleurs. Si je mets à dos mon pays, je n'aurais plus rien à gouverner, au bout d'un moment. Alors je m'efforce de faire ce qui doit être fait, même si c'est à contrecœur. Je me suis donc préparé à aller voir le roi Natsume jusque dans son château pour une euh... rencontre ? Je ne sais pas trop ce que je suis censé faire là-bas mais nous sommes supposés parler de tout et de rien pour montrer que nous arrivons à nous entendre. Plus facile à dire qu'à faire... J'espère au moins être un peu surpris par ce que je vais voir, cela m'évitera de m'ennuyer.

    Après une semaine de déplacement en calèche, nous pénétrons enfin au cœur du royaume. Je m'étonne déjà d'y trouver des terres d'une belle verdure, résultat d'un entretien régulier. La nature semble bien présente, mais ce n'est pas... désagréable à la vue, je dois le reconnaître. Devant le château, nous annonçons notre venue et je descends enfin une fois que nous sommes dans la cour. Les membres engourdis, je m'étire brièvement, heureux d'être enfin arrivé. Détaillant les remparts d'un coup d'œil, je n'ai pas le temps de m'attarder plus que ça à l'architecture quand le maître des lieux est là.

    « Bien le bonjour... Majesté. »

    Ça y est, je déteste ce titre.
    Maladroitement, je tente de me présenter. Mais c'est un peu gênant, on va pas se mentir. Je le connais à peine, le type.

    « Ahem... Je vous l'avais dit dans ma lettre, mais il y a donc une règle chez nous qui oblige le roi à aller visiter les royaumes alliés au moins une fois par mois. Donc euhm... Me voici. »

    Je lui avais envoyé une missive pour le prévenir -quand même- de ma venue et des raisons qui l'accompagnent. Mais j'avais un peu la flemme de venir, pour tout dire. Heureusement, ce n'est qu'une journée. Enfin, qu'une journée... Pour le voyage que je viens de faire j'y reste au moins quelques jours mais je ne vais pas m'éterniser non plus.


    Dernière édition par samalo le Jeu 21 Jan 2021 - 20:55, édité 1 fois

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    « C'est non !
    - Livie.
    - Non, je refuse de vous laisser avec cette espèce de -
    - Livie ! »


    Ma voix avait claqué, et j'avais pu voir la tension monter dans les épaules de lae chevalier.e devant ma réprimande. Il faut dire que ses éclats de protestation de plus en plus fréquents tendaient à me fatiguer. Comme si cela m'enchantait davantage... J'admets avoir été quelque peu surpris en recevant la missive venant du royaume d'à côté ; je ne croyais pas qu'un mois à peine après notre entrevue, Enodril lancerait déjà des rencontres amicales. Vu le théâtre qu'il avait fait quant à sa méfiance, je l'aurais cru plus réservé, ou... Ou alors, tout cela était fait pour la forme. C'était fort possible. Et c'était l'hypothèse que j'avais formulé en acceptant, non sans grincer des dents en me rappelant que j'allais devoir gaspiller un temps précieux. Mais bon, « la paix à tout prix »...



    « … Bonjour à vous aussi. »

    Je pourrais être moins tendu, il est vrai. Mais comprenez que j'ai déjà la migraine d'imaginer le scandale que vont faire les nobles quand ils apprendront que j'ai permis à celui qui était encore officiellement notre ennemi il y a deux mois (et qui l'est toujours, techniquement, puisque nous n'avons signé qu'une « trève ») de venir séjourner au château. Mais je me force toutefois à faire preuve de politesse, me forçant quelque peu à être mécanique dans ma présentation des faits.

    « Étant donné que la suite de mon ministre n'est pas occupée, Votre Majesté pourra y séjourner. Vos affaires y seront transportées. »

    Cela me fait bien étrange, d'ailleurs, de voir les appartements de Clive ainsi vides. J'avais souvent l'habitude de m'y réfugier étant enfant, alors les laisser à un étranger me déplaît, mais je ne peux pas vraiment lui laisser une chambre moins luxueuse ; ce serait un incident diplomatique à coup sûr.

    « … Pour autant, afin que cette visite ne soit pas excessivement ennuyeuse... Je peux vous proposer la visite des galeries du château, ou celles des jardins. À moins que vous ne souhaitiez simplement faire le tour du propriétaire. »

    … Dans tous les cas, je trouve cela fort... Enfin. Peu intéressant. Certes, il y a bien une réception de prévue ce soir (et je l'en ai prévenu), mais je compte à vrai dire plutôt profiter de cela pour le laisser s'amuser seul pendant que je travaillerais de manière plus ou moins discrète. Je trouverais bien le moyen de signer un décret ou deux, quitte à gaspiller du temps... Mais dans les faits, ne pas aimer ce château hormis pour les quelques rares lieux qui m'évoquent de bon souvenir n'aide certainement pas.

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    Cette visite ne doit pas beaucoup l'enchanter non plus. Je le comprends. C'est assez gênant de débarquer comme ça alors qu'on se connaît à peine et que cette histoire de trêve est toute récente. Mais le protocole est le protocole, j'imagine, je ne peux pas vraiment faire ce qui me chante tout le temps même si je suis roi. Je m'en serais bien passé, de cette rencontre et de ce voyage épuisant. Pour autant je sais comme il est important aussi de nouer des liens avec ses voisins et j'ai promis de faire des efforts de mon côté pour que tout se passe bien. Je veux éviter si possible de nouveaux bains de sang inutiles. De nouveaux bains de sang tout court, d'ailleurs.
    D'un bref et poli mouvement de la tête, je le remercie pour son hospitalité et réfléchit à ce que je voudrais voir en premier. Je n'ai pas eu beaucoup le loisir de sortir aussi loin du royaume, alors je suis curieux de découvrir ce que ce pays a à m'offrir. Je me souviens avoir surtout été admiratif de la végétation luxuriante et des fleurs qui sont omniprésentes même autour du château.

    « On m'a dit beaucoup de bien des jardins royaux. Si je peux les voir... »

    Je reste humble, faisant de mon mieux pour ne pas paraître condescendant simplement parce que je suis celui qui m'impose. Je le laisse donc me guider au sein du palais pendant que l'on fait monter mes affaires dans ma chambre attribuée. Puis, tout à coup, un frisson me parcoure quand j'imagine Kazuo arpenter les mêmes couloirs. J'oublie qu'il a vécu ici, lui aussi... Ah ! Mais d'ailleurs, il ne serait sûrement pas très content de me voir sur son territoire en tant qu'invité de marque. T'as vu ça, Kaka ? Dans ton c-...
    Oh... Nous nous approchons des jardins que j'ai demandé à observer, mais ces derniers resplendissent de loin. J'accélère légèrement le pas, comme pressé, et ne peut que laisser un sifflement admiratif m'échapper quand je pose les yeux sur les grands espaces verts. Enfin... Ils ne sont pas si verts, d'ailleurs, vu que les couleurs des fleurs ressortent énormément face au soleil.

    « On ne m'avait pas menti. C'est assez... spectaculaire. »

    Grand romantique que je suis, je me laisse facilement distraire par du paysage quand je le trouve à mon goût. Ces jardins doivent être propices aux pique-niques et aux balades d'amoureux... Cela me rend un peu rêveur. L'ombre des arbres donne envie de s'y allonger pour faire une sieste et le parfum enivrant des plantes donne envie de sourire. C'est magique.
    Magique comme l'être qui se trouve à côté de moi. En effet, un éclair me traverse alors que je me rappelle d'une chose que l'on m'a conté avant que je vienne ici, et je le dévisage à présent avec curiosité.

    « C'est vrai ce qu'on raconte, alors ?.. Vous êtes... une nymphe ? »

    J'ai entendu de nombreuses choses à propos de ces fées de la nature. Après tout, j'aime beaucoup les mythes et les légendes, même si beaucoup de choses se révèlent vrais dans notre monde. Je n'ai pourtant jamais approché de nymphes auparavant.

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    Au moins, les jardins sont un choix qui me met plus à l'aise que les autres, même si j'aimerais en profiter seul. Si je ne suis pas particulièrement affecté par le fait qu'ils soient connus, c'est au moins un sujet de conversation que je ne trouve pas excessivement bien soporifique. J'aurais été ennuyé si il avait voulu entendre parler de l'histoire du château et de toutes ces choses que je trouve... Eh bien, ennuyeuses, oui, il n'y a pas d'autre mot. Et je suis bien placé pour le dire, puisque l'on m'a fait apprendre tout cela par cœur depuis mon plus jeune âge. Hochant de la tête, je le conduis donc jusqu'aux jardins, indiquant aux gardes qui souhaitaient nous accompagner qu'ils pouvaient disposer.
    Ici, je suis de toute façon dans mon élément. Le laissant admirer la scène, je dois admettre ne pas retenir un petit rictus prétentieux. J'ai assez pris soin de la végétation de ces lieux pour ne pas admettre que l'on les qualifie autrement, toutefois. Il faut dire que pendant un temps, c'était tout ce que j'avais la possibilité de faire ; jusqu'à mon couronnement, du moins. Mais même au delà, je m'y étais toujours appliqué. Encore plus après la mort de mère.

    La tête ailleurs, je suis interloqué par la question qu'il me pose, clignant des yeux avant de hausser les sourcils sous le coup de l'étonnement. J'aurais cru qu'il le savait déjà, à vrai dire ; ne s'est-il pas renseigné... ? Cela m'étonne de me dire que j'en sais sûrement plus sur lui que lui sur moi. Pour toute sa méfiance, pourtant... Mais je n'évoque pas ce point. Au lieu de ça, j'esquisse plutôt une moue légèrement amusée.

    « … Je ne pensais pas qu'il s'agissait encore d'une information qui faisait mystère. »

    J'en rirais presque si cela ne m'avait pas coûté cher, d'être né ce que je suis. Dans un royaume comme le mien où les conservateurs sont si puissants, que le seul héritier légitime ne soit pas humain n'avait pas plu. Ce n'était « sain ». Je ne compte plus le nombre de commentaires et de réflexions méprisantes que j'ai pu supporter à ce sujet, mais... Je n'étais pas le plus à plaindre. Je ne dirais pas que je suis fier de ce que je suis ; disons plutôt que je fais avec.
    Hochant finalement de la tête, je tire légèrement sur la manche droite de mes robes pour révéler un de mes bras, d'où je laisse des lianes de lierre s'étirer ; elles descendent jusqu'au sol pour aller y germer.

    « Mais en effet. J'en ai hérité de ma mère, contrairement à ma soeur. »

    Et elle en avait subi les conséquences. On lui en voulut longtemps, d'avoir « sali » l'héritier du trône avec sa nature. Même à mon adolescence, je crois que ce n'était toujours pas passé. Pour autant... Cela m'étonne qu'il en parle maintenant, mais j'en viens à me demander si il ne fait pas un lien rapide entre l'état des jardins et ma nature. Je ne peux donc pas m'empêcher d'en rajouter.

    « Cela me donne une certaine aisance avec la nature et la magie élémentaire, mais... Je crois que même sans cela, j'aurais tout de même pris goût au jardinage. »

    Même si j'avais été humain, j'aurais tout de même passé des heures et des heures à entretenir chacune de ces fleurs. Toutefois, j'admets que cela aurait été bien plus laborieux.

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    'Tu devrais pas te renseigner un peu sur le roi voisin, avant d'aller le voir ?' me disait ma mère avant que je ne parte pour cette rencontre. Il est vrai que j'aurais pu demander des informations à son sujet avant de quitter le royaume pour voir quelqu'un dont je ne sais rien. Mais comment peut-on juger une personne sans vraiment lui parler ? S'il n'était réellement pas comme Kazuo, alors il fallait que j'en ai le cœur net moi-même. À ma grande surprise, je me suis rendu compte qu'il était néanmoins radicalement différent et qu'il a tenu à aborder le premier cette future paix entre nous. Ou en tout cas il joue très bien la comédie, s'il n'est pas sincère, mais je doute qu'il prenne autant de risques, dans ce cas, et j'ai envie de le croire, pour le moment. J'avais seulement entendu dire qu'il n'était pas vraiment humain. Mais hormis ce qui se dit dans les livres, je ne sais rien à l'espèce des nymphes. Elles sont très liées à la nature mais jamais par exemple je n'aurais pensé en voir une sur un trône un jour. Je comprends d'où vient cette omniprésence de végétation au sein et autour du palais. Mes yeux se fixent sur sa démonstration de magie, intéressé par ce don qu'il possède. Ce n'est point dangereux, au moins ; je ne crois pas avoir à craindre ses pouvoir. Je peux donc observer sans en avoir peur.

    « Ça se voit, que vous aimez ça. »

    J'esquisse un sourire discret. Je ne sais pas parler aux plantes, mais je sais les voir et les sentir. Elles resplendissent. Elles sont bien traitées.

    « Vous n'êtes... peut-être vraiment pas comme Kazuo, alors. »

    La pensée me traverse soudainement. Je vois le monarque décédé se balader dans des jardins pareil. D'ailleurs, même si j'ai emprunté les mêmes couloirs que lui, sa présence et le passage qu'il a laissé derrière lui ne sont pas si fortes comparé à ce que je m'étais imaginé.

    « Cela me rassure un peu. Je ne savais pas à qui j'avais affaire. Je préférais me rendre compte moi-même. »

    A vrai dire, quand j'ai su que Kazuo avait des enfants (moi qui pensais que la reproduction était un concept inconnu chez lui, et encore il fallait aussi trouver quelqu'un qui le supporterait), je craignais qu'ils soient comme lui et que j'ai à m'en occuper plus tard lors de mon ascension au trône. Si on m'avait dit que je discuterais tranquillement avec lui, à la place... C'est bien cocasse.

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    J'ai l'habitude de m'expliquer à ce sujet. Si cela ne m'enchante pas particulièrement, c'est au moins plus supportable que de parler de guerre et de  mon prédécesseur, j'imagine. Quand bien même je n'ai ps d'atomes crochus avec mon interlocuteur, je suis satisfait tant qu'il n'aborde pas le sujet de mon géniteur ; mais il fallait croire que c'était trop espérer. Je me tends face à son commentaire qui, si il n'est pas négatif, me tire du moins une expression plus neutre et impassible. Une sensation désagréable remonte dans mes tripes. Quand bien même il le dit comme une bonne chose, il n'empêche que je n'apprécie jamais la comparaison. Elle est pourtant inévitable, puisque j'ai hérité de ce dernier. Mais cela ne veut pas dire que je la digère plus aisément, au contraire. Face à ses derniers mots, je ne dis rien sur l'instant. Mes muscles sont tendus, comme mon visage, et ma voix, bien malgré moi, le laisse transparaître légèrement.

    « … J'aimerais éviter la comparaison autant que possible, si vous le voulez bien. Ce n'est... Pas un souvenir agréable, quand bien même j'apprécie la pensée. »

    Je ne cherche pas à noyer le poisson. Mais en même temps, je ne suis pas très patient sur ce point, il faut l'admettre, surtout quand j'ai encore en tête les dernières litanies de reproches que j'avais entendu de sa part peu avant sa mort. Je sais pourtant que je resterai cela ; le fils du roi maudit. De celui qui a tant torturé et assassiné qu'il a bien failli faire du royaume une mer de sang. J'ai son nom, quelques uns de ses traits. J'aurais beau faire tout le contraire, je passerai probablement une bonne part de mon règne à essayer de rectifier ce qu'il a pu faire. À prouver que je ne suis pas comme lui. Je suppose que c'est toutefois ce que je peux faire quand j'ai hérité de sa part ; mais là encore, je suis persuadé qu'il n'a jamais été plus que ça intéressé par le fait de m'éloigner du trône que parce qu'il ne s'intéressait littéralement pas à ce qui adviendrait après son décès. Pour autant...

    « … Je suis désolé, pour votre père. Ma mère m'en avait dit beaucoup de bien. »

    Sobrement, j'évite toutefois de tomber dans le mélodrame excessif, au risque de me montrer insultant. Je ne suis pas du genre à m'étaler sur la peine des autres, surtout quand je ne les connais pas. Mais je peux au moins dire ceci ; car il est vrai que mère me disait toujours qu'il ne fallait pas que je déteste nos adversaires de toujours, contrairement à ce que l'on tentait de m'apprendre. Quand bien même... Je me demandais des fois si ce que l'on racontait sur son assassinat ne pourrait pas être vrai ; si elle n'avait pas été tuée par un noble du pays d'à côté. Mais dans les faits, je ne vois pas ce que savoir tout ça m'apporterait au final, alors je préfère laisser ces vieilles questions dans l'ombre.

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    Quand j'ai appris que Kazuo avait des enfants, j'ai deviné qu'il ne pouvait s'agir que de deux choses : soit des personnes comme lui, soit complètement l'opposé. C'est un poids qui s'enlève de ma poitrine quand je comprends que c'est le second choix. Je ne craignais pas grand chose de quelqu'un à qui j'avais déjà arraché la vie de son prédécesseur, mais si je peux éviter de nouvelles guerres avec le royaume Shimomura, je ne vais pas m'en plaindre. Je peux aisément comprendre qu'il ne veuille pas aborder le sujet de son géniteur. Si j'étais lui, je ne le voudrais pas non plus ; en un sens je n'ai pas envie de m'en préoccuper plus que ça maintenant que je me suis occupé de son cas. Je suis toutefois des plus surpris quand lui se met à parler de mon prédécesseur. Mes yeux se posent sur mon interlocuteur et je ressens tout à coup un pincement dans ma poitrine en pensant à Père.

    « C'est... gentil. »

    Je suis très sensible le concernant. Si on m'en dit du bien, j'aurais tendance à m'adoucir. Au contraire, si on salit sa mémoire, je deviendrais comme un chien, un loup enragé. C'est un de mes points faibles, je l'admets. C'est ce qui m'a conduit à me montrer sans pitié avec Kazuo. Mais je n'apprécie pas forcément de me mettre en colère, et encore moins de mettre à exécution une vengeance pareille. Heureusement, j'espère que c'était la dernière fois. Je suis au moins désormais convaincu que ça ne se reproduira pas avec le roi à côté de moi. Mon expression devient plus paisible, et humblement je lui retourne ses hommages.

    « Je n'ai pas eu le plaisir de connaître votre mère mais on m'en a également fait beaucoup d'éloges. »

    Mes parents m'ont souvent parlé de la reine Miyu. Ils ne comprirent jamais comment elle avait pu se marier avec Kazuo ; on parla de mariage forcé, et c'est ce que j'ai décidé de croire aussi. Car tous deux me disaient que c'était une femme douce et courageuse. Très gentille, aussi. Je comprends un peu mieux aussi comment son fils peut avoir un tempérament aussi calme. Avec espoir, cette histoire de paix devient de moins en moins une chimère, à présent...

    « Et... Qui est cette jeune personne, là-bas ? »

    Un sourire un peu amusé sur les lèvres, mon regard n'a pas pu s'empêcher de remarquer une présence supplémentaire. Hormis les serviteurs du palais, quelqu'un en particulier semble particulièrement attaché au monarque d'une façon ou d'une autre et nous guette à présent plus ou moins discrètement au loin. Je ne suis pas surpris qu'on se méfie encore de moi ici.

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    Le sujet est sensible, et je ne l'ignore pas. Je ne le fais toutefois pas dans une vaine parade de diplomatie ; c'est plutôt que je sais que mère y aurait tenu. Je sais bien que cela ne sert à rien, dans les faits. Mais cela me démangeait. Pour autant, je ne sais comment réagir à ses derniers mots, me contentant d'ouvrir la bouche puis de la fermer, le regard divaguant vers la droite. Je me contente alors de hocher de la tête. Comme lui avec son père, j'imagine, le sujet est toujours on ne peut plus sensible de mon côté. J'ai des fois l'impression que contrairement à moi, ma sœur l'a mieux supporté ; mais c'est simplement que je n'arrive pas, comme elle le fait, à mimer si aisément l'indifférence à ce propos.
    Pour autant, la dernière question de mon interlocuteur me fait reprendre rapidement contact avec la réalité. Surpris, je tente d'apercevoir la personne dont il me parle, avant que la reconnaissance ne fasse rapidement effet et que mes yeux ne s'écarquillent un peu, tant devant l'étonnement que devant la gêne. Quelque peu ébahi par l'audace de lae soldat.e à qui j'avais pourtant fermement intimé de rester à l'intérieur des murs, je ne peux pas m'empêcher de bredouiller alors que je lae fixe de loin. Pense-t-iel vraiment être si mince qu'on ne puisse lae voire derrière des buissons longilignes ?!

    « Je... Mes excuses. J'avais pourtant demandé à ce que nous ne soyons pas observés. »

    De la surprise, mon expression passe à un certain agacement. Si je comprends la méfiance de mon ami.e et que je tolère son inquiétude, je suis bien moins appréciateur du fait qu'iel fasse exactement l'inverse de ce que je lui avais dit de faire alors qu'il est important que cette visite se passe bien. Alors, d'un mouvement de la main mimant une torsion, je fais surgir aux pieds de l'intrus.e une liane, qui s'attache d'un coup à ses jambes pour lae renverser à terre et lae garder tranquille. Me remarquant, iel semble pourtant décidé à détourner le regard, tandis que je ne peux m'empêcher de grommeler et de lever les yeux au ciel, reprenant distraitement la parole sans lâcher lae blanc.he du regard.

    « … Il s'agit de lae capitaine de ma garde personnelle. Votre venue n'est pas... Du moins, ne fait pas encore l'unanimité. »

    Et il s'agit de la version douce. Même parmi ceux qui souhaitent la paix, la méfiance extrême est de mise. Et ce n'est pas étonnant, vu la situation ; pour autant, cela ne veut pas dire que j'apprécie de ne voir que mes soutiens à ce sujet sont assez maigre. Seule Katya semble d'accord avec moi : Nagisa n'a de cesse de m'insulter à chaque fois qu'elle en a l'occasion, prétextant que « nous devrions montrer notre force au lieu de faire des discussions à la c- »... Enfin, à la noix. Je ne suis pas vraiment de cet avis.

    « Par ailleurs, il s'agira sans doute de votre escorte au cours de votre visite. J'ose espérer qu'iel sera exemplaire. »

    … Auquel cas, il faudra que je commence à envisager de faire en sorte que Livie se retrouve à faire plus ample connaissances avec les écuries.

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    Comment en vouloir aux habitants du royaume Shimomura d'être perplexe à mon sujet ? Je pense que ce serait pareil si c'était lui qui venait nous visiter. À la différence peut-être que ma victoire sur Kazuo les a bien plus enhardis que moi et qu'ils regarderont sûrement Natsume avec défi, comme s'ils se sentaient invincibles. Je ne veux juste qu'aucune dispute ne survienne à la suite de la trêve. J'ai bon espoir qu'un jour nos peuples s'uniront pour n'en former plus qu'un et que des mélanges commenceront à se faire. Je crois que la diversité peut devenir une force. En attendant, je ne m'offusquerai pas que je sois encore vu comme un étranger voire un intrus.

    « Je comprends la méfiance à mon égard. Nous sommes ennemis depuis si longtemps, je ne m'attendais pas à ce que ça fasse l'unanimité et qu'en plus ça ne prenne pas du temps. »

    Ma nature impatiente doit se faire à l'idée que la paix ne pourra pas se mettre en place tout de suite. Tout au fond de moi, une petite voix me partage sa peur de voir une nouvelle querelle approcher si nous ne réconcilions pas vite les deux royaumes. Mais il n'y a pas de raisons que ça aille mal, si moi et lui faisons chacun un effort. Je suis déjà plus détendu que l'autre jour, lorsque nous avons parlé de cette trêve pour la première fois.

    « Par conséquent, cela nous donnera le loisir d'apprendre à nous connaître également. Moi et vous, et... moi et votre capitaine. »

    En posant mon regard sur le capitaine en question, j'esquisse un léger sourire amicale et un bref signe de la main pour le saluer de loin avant de reporter mon attention sur le souverain.

    « Le mois prochain je vous inviterai à mon tour dans mon royaume. Vous n'êtes pas sans savoir que ma garde est dirigée par quelqu'un qui vous est familier. »

    Je glousse brièvement en pensant à la tête qu'avait fait Faust lorsqu'il a revu son jumeau pour la première fois en plusieurs années. C'était très touchant de tous les voir réunis. Mais je n'avais jamais vu Faust dans un état pareil, alors ça m'a à la fois surpris et touché. Au moins, ils se connaissent déjà, avec le hérisson Shimomura. Je ne sais pas trop comment est le capitaine aux cheveux blancs, mais il n'y a pas de raisons que ça se passe mal, pas vrai ?.. Il finira par voir que je ne leur veux pas de mal si je n'ai pas de raison de les craindre. Peut-être pourrions-nous même devenir... Ah. Qu'est-ce que je raconte, moi. Il ne faut pas que je sois trop optimiste ou utopique ; si jamais je baisse trop ma garde, ça pourrait me retomber dessus. J'ai juste hâte de ne plus devoir me déplacer avec mon arme en rendant visite à ceux à côté.

    « J'admets que ça fait du bien de pouvoir aller sur ces terres sans craindre qu'une bataille éclate. »

    Les guerres qui ont fait rage ne sont pas si vieilles, au contraire. Des blessures doivent être encore à panser, que ce soit les miennes ou celles de mon peuple qui a souffert à cause des tensions. Je serais toutefois plus que ravi si un jour nous devenions tous proches les uns des autres, avec la possibilité d'aller chez les voisins en toute amitié. Si les Donovan ont migré d'un pays à l'autre, pourquoi est-ce que ça ne pourrait pas continuer ?

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    Je suis quelque peu surpris de son comportement, haussant les sourcils avec un étonnement que je ne cache qu'à moitié. Il me semble étrangement plus amical et calme que lors de notre dernière entrevue, ce qui me surprend d'une bonne manière mais qui me laisse perplexe, ayant du mal à voir en quoi mon attitude aurait pu susciter un pareil changement. Je ne réalise pas qu'il s'agit simplement de l'effet du temps. Pour autant, mon regard se mettrait presque à fuir lorsqu'il évoque la possibilité de s'entendre avec Livie. J'ai de très, très sérieux doutes à ce propos ; lae Vulpino est l'une des personnes les plus rancunières et paranoïaques que je connaisse. Il semble en plus que ça que lae blanc.he ait pris le souverain du royaume d'à côté en grippe. Mais il serait sans doute préférable que je ne le dise pas, alors je me contente d'un sourire crispé.

    Je mets un temps à saisir qu'il parle des Donovans, mais mes sourcils se haussent quand je comprends ce qu'il insinue. Si je sens que l'idée donnera des migraines à mes conseillers, je hoche doucement de la tête.

    « Avec plaisir. »

    Son dernier commentaire me détend tout de même partiellement. Mes épaules perdent un peu de leur tension. Mon regard passe vers le jardin, puis vers la ville-basse et les champs, plus loin, que je peux observer s'étendre jusqu'à la ligne d'horizon. Mon expression se fait plus calme et tempérée, mes yeux se voilant d'une tranquillité hésitante, comme si je n'étais pas sûr de la manière d'exprimer la sensation qui me passait par la poitrine. Ce paysage m'a l'air à chaque fois si différent de l'horizon fumant et grisâtre que je pouvais voir de la fenêtre de ma chambre lorsque j'étais encore prince.

    « … Je n'ai pas l'habitude de les voir si calmes. Je n'aurais pas cru en témoigner un jour. Je peux admettre que... C'est reposant. »

    Je ne prie pas beaucoup. Je ne me surprends jamais à espérer trop ; ne voulant pas risquer la déception, je vise toujours le pire scénario lorsque je mets en plan une stratégie. J'aimerais, toutefois, cette fois-ci, avoir la possibilité de faire des quelques espoirs que j'ai des certitudes.

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    D'un naturel optimiste et plutôt pacifiste (si on exclut ce que j'ai fait à Kazuo mais c'est un détail et une exception), l'option d'une paix m'était apparue de manière providentielle. Mais comme je ne savais rien du successeur de ce tyran, comment aurais-je pu me montrer serein, en dépit de tout ce que les Donovan et même Mère m'avaient dit à son sujet ? Je devais le voir en face-à-face et je suis agréablement surpris de la personne que j'ai pu rencontrer. Il est probable que nous partagions les mêmes idées, en plus de ça. Ou du moins, que ni lui ni moi n'aspirions à une soif de pouvoir qui pourrait mettre à mal l'autre. Après tout, nos deux royaumes sont conséquents respectivement, alors ce n'était pas étonnant que Shimomura et Enodril aient essayé pendant si longtemps d'envahir le voisin. Je n'ai pas hérité heureusement de l'avarice de mes aïeux. J'aurais juste aimé que mon père soit encore en vie pour voir ça ; les deux royaumes tentant une trêve pour la première fois en des années. Les tambours de guerre ont cessé de raisonner. L'air est pur et léger. Je laisse la brise me caresser, voulant espérer que nous arriverons à cohabiter tous ensemble et que la promesse que nous nous sommes faites ne finira pas par voler en éclats.

    « J'étais... assez méfiant quand vous êtes venus me parler d'une paix. Je ne savais pas à quoi m'attendre de votre part, et... »

    Mon attention se détourne de la dénommée Livie. Je ne peux pas lui en vouloir pour me surveiller, l'inverse me paraîtrait trop étrange, après tout ce que nous avons vécu.

    « Je me demandais si elle était réellement possible. »

    Je regrette de ne pas avoir pu faire la connaissance du roi Natsume quand il était encore prince. Peut-être que cela m'aurait ouvert les yeux bien plus tôt. Je ne voulais pas considérer que toute la famille de Kazuo était mauvaise, mais je me demandais jusqu'où s'étendait sa cruauté et sa perfidie. On me dit souvent que je suis le portrait de mon géniteur, après tout, il en aurait pu être de même pour mon rival de toujours. Les chiens ne font pas des chats, toutefois. J'ai cru à la description de Miyu que mes parents m'ont souvent fait ; s'il l'avait pu, Père aurait probablement proposé à la reine et au dauphin de venir immigré chez nous plutôt que de les laisser entre les griffes de personnes malintentionnées. Est-ce que ce qu'on m'a dit à son propos est vrai, alors ? Est-ce que j'ai eu tort de me montrer aussi soupçonneux à son égard ?.. Je prie pour que les mois à venir me confortent dans l'idée que j'ai eu raison d'accepter cette trêve et d'y croire.

    « Je m'en voudrais à présent de m'attaquer à la famille de Faust. Et puis... Ces paysages ne sont pas déplaisants à regarder. »

    Plus détendu, je laisse mes muscles arrêter de se raidir et un rictus amusé apparaître sur mon visage.

    « Alors vous avez intérêt à rester sages. »

    Je pense que nos vassaux méritent d'avoir du repos, eux aussi. On pourra sûrement occuper l'armée autrement que par des batailles incessantes. Qui sait, cela pourrait peut-être me permettre de faire monter ma popularité...

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