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    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu du mariage de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
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    Mes mouvements sont lents. Rien à voir avec la chaleur en dépit de la saison estivale qui a débuté. Les thermomètres grimpent mais il continue de faire doux à Yggdrasil donc nous ne souffrons pas tant que ça de la chaleur, quand en plus ma condition d'animorphe me permet une régulation plus accrue de ma température corporelle. Mais depuis quelques jours, j'ai bien du mal à me concentrer sur mes entraînements, et ça se voit. Mes chevaliers ont remarqué que mes postures étaient moins précises, mes gestes moins fluides, ma lame plus hasardeuse. Ma concentration, en somme, a drastiquement chuté au fil des jours et ça m'agace. Ca m'agace déjà car je n'aime pas être déconcentré mais d'autant plus car mon cerveau m'envoie des images qui ne tombent pas vraiment au bon moment.

    « Tout va bien, Général ? »

    Non. Pas vraiment.
    Mais je ne peux pas leur dire que je fantasme en pleine séance d'exercices en défense et qu'il n'y a devant mes yeux que des images d'un certain moine dans des positions plus ou moins innocentes.
    Arrête de penser à ça.
    Bien sûr, ça ne me laisse pas indifférent. Dans mon bassin, je sens quelque chose qui me démange. Mais ce ne sont pas des démangeaisons que je pense pouvoir arrêter normalement. C'est de la frustration. De la frustration qui, quand elle ne me rend pas distrait, me rend parfois plus violent.

    « AAAH ! »

    La lame se plante tout près du visage du soldat, dans le bois du poteau qui se trouvait à côté de lui. Sans que je ne m'en rende compte, mes yeux le fixent à présent avec une intensité qui tend à faire peur à la recrue. Je secoue brièvement la tête pour me reconcentrer.

    « Veuillez m'excuser. Oui, c'était... très bien. Arrêtons-nous là, vous pouvez aller vous reposer. »

    Je soupire avant de reprendre mon épée, convaincu que je ne parviendrai à rien de plus dans cet état.
    Ne me dites pas que je suis...
    Excité. Mais le mot a du mal à faire son chemin. Cela m'est déjà arrivé par le passé donc je ne suis pas "surpris" que ça puisse revenir, en soi, surtout quand j'ai sous mon toit une personne que j'apprécie... vraiment beaucoup, on va dire. Mais je suis surpris car ça n'a jamais été aussi brutal et intense. Jamais à ce point-là même durant mon adolescence où mes hormones étaient en ébullitions. Je ne comprends pas trop, mais je me dis que ça va passer. C'est sûr, même. Oui, on va dire ça.
    Sur le chemin du retour, cette sensation parasite ne s'en va toujours pas, néanmoins. En fait, à chaque fois que je me rapproche de la maison et quand je suis dedans, c'est même plus fort, et l'odeur de l'Eossien ne m'aide pas. Je tente de ne pas trop m'approcher de lui tout en mourant d'envie de le prendre dans mes bras et de l'enlacer en faisant le tour de son corps.
    Reste calme.
    A la maison, le moine est d'ailleurs lui-même devenu distant. Et cela m'inquiète un peu. Bien sûr, il fait ce qu'il veut car cette maison est aussi la sienne, mais je sens chez lui un trouble que je ne parviens pas à identifier et j'ai l'impression qu'il n'ose pas m'en parler.

    « Shimomura ?.. »

    Devant la porte de sa chambre, je toque afin de signaler ma présence même si elle est entrouverte. Puis, je la pousse légèrement afin de le voir. Discrètement, je ne peux m'empêcher de déglutir alors que je le scrute du regard avec une minutie dont je ne me croyais pas capable.

    « Est-ce... Est-ce que tout va bien ? »

    La question est posée alors que je suis moi-même dans un état peu ordinaire. Son odeur qui flotte dans la chambre pour la recouvrir fait battre mon cœur un peu plus vite et descendre dans mon bassin une chaleur qui est devenue familière ces derniers temps. Ma prise sur la poignée se raffermit légèrement. J'espère juste, dans tout ça, que ce n'est pas moi qui l'ai mis mal à l'aise.

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    Être un dragon a parfois quelques avantages.
    La vision nocturne, principalement, qui m'a pendant longtemps uniquement servi à lire en pleine nuit. Plus tard, en tant qu'éclaireur c'était devenu un atout majeur pour se glisser dans les tunnels les plus sombres et semer les soldats à mes trousses. L'ouïe, plus sensible, était à mes yeux plus un désavantage qu'autre chose, vu comme j'y étais susceptible, mais c'était toujours utile pour savoir quand s'enfuir. L'odorat par le goût, que je ne pouvais percevoir plus nettement que sous forme draconique, était désarçonnante mais globalement utile. Ma vision des détails, en revanche, n'était pas du niveau de celle de nombre de mes congénères ; cela ne me dérangeait pas plus que ça, toutefois. Mon corps supporte plutôt bien les changements de saison, prenant ou perdant de la graisse, répartie différemment en fonction des périodes, me permettant de supporter les variations de température sans trop en souffrir. Tout cela était globalement pratique.
    Il y avait bien quelques petits désavantages : à l'hiver, le temps de l'hibernation arrivait. Je ne pouvais pas y faire grand chose, et c'était plutôt agaçant. Devoir dormir une quinzaine d'heures par jour et avoir faim en permanence quand on a mon tempérament, c'est de la torture. Heureusement, le temps finissait toujours par arriver vite. Arrivé au printemps et à l'été, je n'étais plus embêté de la même manière.

    Enfin, ça, c'était la théorie.
    Les signes étaient les mêmes, au début. Une faim bien plus importante, un besoin de sommeil plus conséquent, des lenteurs et des périodes de froid et de chaleur alternées, sans que cela ne fasse vraiment sens. J'avais au départ cru que mon corps se préparait à hiberner à nouveau, pour je ne sais quelle raison. Je ne m'étais pas plus inquiété que ça et m'était contenté de prendre quelques potions en espérant que cela l'apaiserait au moins un peu.
    J'avais, visiblement, mal réalisé mon diagnostic.

    Reste à la maison et ne sors pas.
    Daichi n'avait mis que quelques secondes à comprendre ce qui se passait. Je n'avais même pas eu besoin de le dire, et heureusement, car je crois que j'étais suffisamment mortifié comme ça. Mortifié, et légèrement paniqué, pour être tout à fait honnête. Il faut dire qu'en bientôt trente ans de vie, je n'avais jamais été confronté à un souci de cet ordre. Je l'avais vu chez mes patients, mais je m'étais toujours dit que je devais sans doute être plus ou moins immunisé, avec peut-être un poil d'arrogance. Je ne me disais pas que je pouvais être en chaleur.

    Occupe-toi autant que possible et dors, au besoin. Ça... Finira par passer.
    Plus facile à dire qu'à faire. Et particulièrement agaçant à avoir en tête alors que j'ai l'impression que  tout mon corps va prendre feu d'une seconde à l'autre et que plus rien ne fonctionne comme cela devrait fonctionner. La tête appuyée contre mon bureau, j'expire et j'inspire pour tenter de calmer mon rythme cardiaque rapide, non sans que sa lourdeur ne me pousse à la garder contre le bois. Elle me paraît bouillante tandis que mes pensées, elles, refusent d'aller à leur rythme habituel. J'essaie de lire les mots inscrits sur le parchemin, sans grand succès. A chaque fois que je passe quelques lignes, je perds le fil et c'est comme si le sens m'échappait. Des frissons remontent le long de mon dos et une chaleur frustrante s'entête dans mon ventre, comme si c'était tout mon corps qui s'indignait de ne pas être apaisé. Le sens de cette brume m'agace d'autant plus.
    Pourquoi maintenant ? Qu'est-ce qui a changé ?

    J'essaie de saisir. Après tout, les chaleurs étaient un phénomène plus ou moins normal pour nombre d'espèces d'animorphes et de magimorphes ; en tant que dragon et forme de lézard, j'aurais dû ne pas être épargné. Pourtant, jusqu'à maintenant, je ne l'avais jamais vécu. Je n'avais jamais eu à m'en préoccuper et j'en étais bien heureux, à vrai dire. Qu'est-ce qui avait changé, alors ? J'ai déjà passé ma puberté depuis bien longtemps, alors cela ne pouvait pas être un retard exceptionnel. Je ne trouve pourtant aucune réponse en y réfléchissant. Tout au plus, il y a cet élancement dans mes tripes qui continue de me donner chaud à m'en brouiller la vue, par moment.

    Pour ne pas inquiéter Enodril, j'ai prétendu être 'indisposé', disons. Je ne voulais pas avoir à lui expliquer la raison de mon absence, déjà car elle m'aurait mortifié, et ensuite... Ensuite, car j'ai constaté, à ma grande honte, que la dernière chose dont j'avais besoin pour calmer mes ardeurs était de sa présence non loin de moi. Je n'avais pas tout de suite saisi, au départ. Mais ensuite, lorsqu'il rentrait à la maison, cela devenait évident. Comme maintenant.
    Je n'ai même pas besoin de l'entendre s'annoncer pour savoir qu'il est rentré. Soudainement, c'est comme un afflux d'une odeur chaude et goutue qui file entre mes narines et glisse le long de mon palais, me faisant ravaler ma salive dans un réflexe quasi instantané. Dans un effort dédié à me concentrer sur quoi que ce soit d'autre, je plonge ma tête entre mes bras, essayant de penser à quoi que ce soit d'autre. Si il reste dehors, alors je devrais pouvoir le faire. Je devrais pouvoir -...
    Oh non.

    J'ignore depuis quand le son de sa voix peut faire remonter de pareils frissons dans mon dos, mais le léger sursaut que j'ai n'est pas une surprise de le voir revenu à la maison. Lorsqu'il franchit la porte, c'est une nouvelle bouffée d'air chaud qui s'étend dans tout mon corps. Je sens mon cœur qui bat plus vite encore dans ma poitrine. Je ne comprends pas. J'avais beau avoir croisé quelques personnes ces derniers jours, rien ne m'avait fait cet effet-là. Même si cela me donne envie de m'enfouir sous terre, cela n'arrive qu'avec lui. Et cela empire de seconde en seconde.
    Une excuse. Quoi que ce soit. N'importe quoi.

    « Je suis... Juste... Un peu fatigué. »

    Un mensonge bien peu crédible, mais j'évite de le regarder autant que possible, car je crains ma propre réaction. Son odeur est déjà beaucoup pour mon corps ; comme celle, enivrante, du sucre chaud, et je ne suis pas sûr, malheureusement, que ce soit vraiment de la faim qui agite mes tripes. Inconsciemment, je referme mes jambes. Je ne veux pas réfléchir à pourquoi, sous peine de mourir sur place. Toutefois, il y a quelque chose dans sa voix, au delà du fait que mes oreilles apprécient bien trop de l'entendre sur l'instant, qui me préoccupe et me permet de me reprendre brièvement.

    « Vous... Avez l'air ailleurs. »

    … Serait-ce de ma faute ? Est-ce qu'il aurait deviné que... ? J'espère vraiment que non. Je me force à me dire que non, ou je ne pourrais pas le regarder en face. D'ailleurs, c'est ce que je fais. Je cherche sur son visage une trace de maladie ou de quoi que ce soit d'autre, mais ce faisant, mon regard croise brièvement le sien. Inconsciemment, je ravale ma salive.[/i]

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    Le parfum de l'éoniste envahissent mes sens, comme s'ils étaient décuplés. Je peux entendre le sang battre à mes tempes. C'est enivrant. Agréable, aussi. Elle me donne envie de me rapprocher davantage de lui. De le prendre contre moi. De sentir cette odeur au plus près. Dans mon bassin aussi ma sensibilité s'accrue légèrement. Je ne devrais pas être là. Je devrais m'éloigner. Mes envies, toutefois, n'arrêtent pas de se contredire.
    Reste.
    Va-t'en.
    Rapproche-toi.
    Eloigne-toi.
    Va le voir.
    Fuis.

    Sa voix sonne suave à mes oreilles, fait dévaler des frissons sur mon échine comme une mélodie apaisante. Son ton a toujours dégagé une certaine douceur et une chaleur qui incitent au calme. Comme si je pouvais m'endormir à ses simples paroles, juste en l'écoutant. Pour une fois, ce n'est pas le sommeil qui s'en vient mais d'autres sensations. Elles sont plus rudes et moins innocentes. Je tente de me concentrer sur ce qu'il dit mais c'est difficile. Je me force. C'est sérieux. Il est fatigué. Je ne veux pas qu'il se fatigue. J'espère qu'il prendra le temps, tout de même, de se reposer. Au lieu de ça, il s'inquiète de mon propre état. J'ai peur, sur l'instant, qu'il lise en moi comme dans un livre ouvert. Il est si doué pour analyser les autres. Alors je panique. Mon emprise se fait plus forte sur la poignée.

    « Hein ? Moi ? N-Non, tout va très bi-... »

    Crack.
    Je baisse mon regard vers la paume de ma main. Poignée arrachée. Il y a désormais un trou dans la porte.
    Mais quel con !

    « Oups... Faudra... que je répare ça. »

    Je tente de remettre la serrure, mais c'est peine perdue. Pas comme si l'Eossien fermait souvent sa porte, mais tout de même, je veux qu'il puisse préserver son intimité.
    Non, non, ne pense pas à son intimité maintenant !
    Maladroitement, je le remets quand même dans le trou pour que ça tienne, le temps que je le change par un nouveau. Un soupir m'échappe, puis je me retourne vers mon interlocuteur, mal à l'aise. Mais plus je m'attarde sur lui, plus mon corps gagne en température, et je perds un peu mes moyens.

    « Je crois que... Moi aussi, je suis peut-être un peu fatigué. J'ai failli éborgner quelqu'un, aujourd'hui. »

    Oui, ça doit être ça. De la "fatigue". Je ne comprends pas que je suis "en chaleur" sur le moment, mais je sais que j'ai beaucoup de désir accumulé d'un coup, là. Je voudrais penser à autre chose. Je ne peux pas me jeter sur lui comme un bout de viande même si j'en ai très envie. C'est juste un ami. Ce serait bizarre.

    « Mais... Pensez à vous ménager, hein ?.. Je peux vous faire un thé ou... ou une tisane, peut-être ? »

    Oui, c'est ça, changeons de sujet.

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    Il ment. Je sais le reconnaître, maintenant, quand quelque chose cloche. Je le sens dans son ton, dans la manière qu'a sa voix d'hésiter et de fluctuer, inconsciemment. Mes sourcils se froncent légèrement, et brièvement, j'ai la sensation de reprendre pieds. C'est court et très incertain. Pas assez pour me sortir de la brume dans laquelle je suis, mais juste assez pour que je sursaute brièvement en entendant le craquement du bois et du métal. J'en suis sûr, maintenant.
    Il ne va pas bien.
    Pour qu'il ne contrôle pas sa force de cette façon, il y a forcément une raison. J'essaie de me concentrer, de toutes mes forces. Ma tête continue de tourner, la chaleur continue de monter à mon visage et à mes joues, qui se pare de couleurs roses. Pourtant, ma mine se fait plus soucieuse lorsqu'il admet avoir failli faire une grossière erreur. Mes traits s'adoucissent devant sa proposition. J'ai presque honte, sur l'instant, quand je pense à ce qui me parcoure en comparaison. Son odeur est entêtante. J'ai presque envie d'entendre davantage sa voix, aussi ridicule que ce soit.

    « Vous... Devriez vous reposer aussi. »

    Mon regard se relève vers le sien, sans que je ne parvienne à m'en séparer. Quelque chose en moi maugréé qu'il est trop loin. J'essaie de chasser cette sensation autant que possible, même si elle fait naître un nœud dans ma poitrine et dans mon ventre. De seconde en seconde, je sens que cela empire. Pour le rassurer, je tente pourtant de me montrer aussi avenant que possible.

    « Si vous faites de la tisane, vous... Prenez-en aussi. »

    La chaleur ne part pas, toutefois, et ne semble pas décidée à me laisser beaucoup de répit. À nouveau, elle passe en une vague dans ma poitrine et plus bas, vers mon bassin. Elle me prend par surprise et me fait exhaler avec lenteur, laissant, brièvement, mon front se reposer contre le bois du bureau.

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    Me reposer, ce serait une solution. Peut-être que ça calmerait ces sensations de chaleur qui me troublent. Si je commence à faire des siestes, toutefois, cela s'accompagnera de rêves dont je n'ai pas besoin en ce moment, et je le sais. Et ces derniers temps, je suis trop distraits par certaines pensées parasites pour vraiment être focaliser longtemps sur des activités en particulier. En même temps, cela ne me déplaît pas, d'être à ses côtés. J'ai l'impression d'utiliser un peu ce besoin égoïste pour faire des pas en sa direction et devenir plus proche. A la fois, je sais que je ne devrais pas trop exagérer non plus. Lorsque son regard se relève sur le mien, je me surprends à le fixer, avec sûrement un peu trop d'intensité. Je me sens fondre de l'intérieur. Mon envie de me jeter sur lui revient, mais je la fais taire, me concentrant sur ses indications.

    « O-Ouais, je vais faire ça. »

    M'éloigner de la chambre demande pour moi un effort considérable. Dès que je m'en vais en direction du salon, c'est comme s'il faisait plus frais d'un coup. Et en même temps, l'odeur du moine me donne terriblement envie de revenir.
    Tisane. Pense à la tisane.
    Chauffer l'eau et m'occuper des feuilles est au moins une tâche qui ne me demande pas de beaucoup réfléchir. Je me rends compte au passage que cela me donne une excuse supplémentaire pour revenir le voir. Je reviens donc dans la chambre avec deux tasses, dont une que je dépose sur son bureau. Les battements de mon cœur s'accélère alors que je me rapproche de lui, me tenant désormais juste dans son dos, et que son parfum atteint mes narines avec plus de force que jamais. A nouveau, je déglutis, prenant une gorgée de la boisson chaude.

    « J'ai juste... des coups de chaud, en ce moment. Mais on est en été, alors c'est à peu près normal, je suppose, haha. »

    Oui, c'est ça, c'est l'été. Juste ça.
    Je mentirais si je disais que je n'étais pas bien, loin, après avoir trouvé une excuse pour me tenir ici. Je détourne mes yeux de lui pour regarder le parchemin qu'il lisait.

    « Vous... ne travaillez pas trop, hein ?.. Je serai obligé de vous arrêter, sinon. »

    Je fais un petit rire pour plaisanter, jouant sur les mots par rapport à mon statut de militaire. Non, évidemment, je ne l'arrêterais pas vraiment avec menottes et tout mais-...
    ... Okay, non, ne pense pas non plus aux menottes.

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    Pendant une seconde, je me bénis d'avoir trouvé une raison de l'éloigner, mais ça ne dure qu'une seconde. Une seconde, car dès le moment où il quitte la pièce, je sens quelque chose me lancer violemment dans mon ventre et me donner froid, bien froid. C'est pire. C'est comme si on m'avait retiré tout ce qui me permettait de m'apaiser, même légèrement. Je dois serrer un peu les doigts pour mettre un terme à l'envie pathétique que j'ai de le retenir. Avec difficulté, toutefois.
    Lorsqu'il revient avec les tasses, c'est comme si on m'avait permis de respirer à nouveau. Inconsciemment, ma poitrine semble se libérer d'un poids et un courant chaud, rassurant, traverse ma poitrine comme pour me tranquilliser. Je ne parviens même plus à percevoir l'odeur des tisanes, tant la sienne semble avoir envahi toutes les autres. J'évite de me retourner au début, mais je le sens dans mon dos, et mon rythme cardiaque s'emballe à nouveau.

    Des coups de chaud... ?
    L'ironie de la chose me ferait presque rire. Enfin, si j'arrivais à en rire, car actuellement, je ne fais pas franchement le fier. On ne peut pas exactement dire que je sois dans la même situation. Pour tenter de me calmer, j'essaie d'appuyer les doigts de ma main droite contre mon poignet gauche, ignorant mes griffes qui, si elles ne sont pas agréables à sentir non plus, ont au moins le mérite de me ramener la réalité. La réalité. Je dois m'y tenir. Il a beau s'être donné toute la peine du monde pour faire de la tisane, j'ai du mal à la boire, à vrai dire. Ou du mal à la voir la boire, en l'occurence, car je détourne les yeux avec des joues écarlates, ne comprenant pas franchement pourquoi un rien de ce genre fait remonter une telle chaleur à mon visage. Pourquoi le timbre de sa voix fait remonter une chair de poule à mes bras. Ou pourquoi je frissonne ainsi lorsqu'il plaisante avec moi.

    « N-non, je... »

    Je sens un picotement dans mon ventre, à nouveau. La simple idée de sa proximité semble avoir fait réagir mon corps, et je m'immobilise brièvement en sentant un tiraillement inhabituel dans mon bassin, que je ne tarde toutefois pas à comprendre.
    Non non non - !
    La vague revient et plus nettement, cette fois. Elle me prend par surprise par sa force et me soulève légèrement la poitrine, assez pour me faire geindre piteusement et écraser ma tête sur le bureau, comme si j'avais mal. Sauf que ce n'est pas vraiment de la douleur, loin de là. Mortifié, je cache mon visage avec mes mains, fermant les jambes autant que possible. Pitié, faites qu'il soit aveugle, en plus d'être sourd.

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    La tisane n'a pas l'air de lui faire du bien, finalement. Faut dire que... à moi non plus, ça ne fait pas grand chose. Ma respiration devient un peu courte, et la pression dans mon bassin n'a certainement pas faibli. Je dois me mordre la lèvre inférieure afin de ne pas rester focalisé sur lui. Mais son odeur de plus en plus forte qui m'entoure et surtout son regard posé sur moi ne font que me tendre davantage. J'ai envie de me rapprocher. Encore plus.
    Mais ce n'est pas le moment. Son geignement a au moins le mérite de me faire sortir de ma légère transe, et je repose ma tasse afin de m'accroupir en pensant qu'un mal s'est mis à le ronger.

    « E-Est-ce que ça va ?! »

    La tête contre son bureau, on dirait qu'il a... mal au ventre ? Je n'arrive pas à comprendre. Son odeur a un peu changé, d'ailleurs. Elle est plus... sucrée ? Ou floral ? C'est des effluves plus douces et entêtantes, mais je peine à saisir comment ça se fait. Je m'accroupis pour me mettre à sa hauteur, mes yeux se levant vers son visage d'un air inquiet.

    « Vous avez mal quelque part ?.. »

    Ma frustration se tarit très brièvement quand la nervosité prend le dessus. Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose ; je n'aime pas le voir souffrir. Y'a-t-il quelque chose que je puisse faire pour le soulager ?..
    Ma main vient se porter jusqu'à sa joue pour la caresser avec douceur. Sa peau est chaude. Très chaude.

    « Vous êtes... brûlant. »

    De la fièvre ? Serait-ce possible ?.. Cela n'y ressemble pas, et pourtant... Pourquoi est-ce que je suis encore plus attiré par lui dans ce cas-là ?!
    Ressaisis-toi, c'est pas le moment !

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    Ma tête me brûle. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. J'ai l'impression que mes jambes flagelleraient si je cherchais à me lever. Alors qu'il se précipite pour s'accroupir et se mettre à mon chevet comme si j'étais vraiment malade, je ne peux toutefois lui répondre. Non, je ne peux pas dire que 'ça va'. Je ne peux non plus dire que je vais mal. C'est étrange. Sa présence me soulage autant qu'elle me bouleverse. Mon regard se perd sur son visage, que j'observe sans un mot. Inconsciemment, mes yeux s'arrête peut-être trop longuement sur ses lèvres, qui ne me semblent plus très loin, sur l'instant. L'inquiétude que j'y vois parviens à me garder sur terre, même juste un peu. Je ne peux pas lui dire ce qui me traverse, mais je ne veux pas qu'il croit que j'ai mal. Que pourrais-je lui dire ? Je crains, pour une raison que j'ignore, qu'il ne me trouve révulsant si je l'avoue. Révulsant, comme la manière dont sa paume sur ma joue fait descendre un long et fort frisson le long de ma colonne vertébrale. Mes yeux se ferment brièvement. Il me dit brûlant, mais sa paume est chaude. L'a-t-elle toujours été, ou est-moi ? Quelques maigres caresses de sa part et je sens que c'est tout mon corps qui en est chamboulé.

    « C'est votre paume, qui est chaude... »

    Je marmonne, sans que ce ne soit vraiment un reproche. C'est plus une observation. Je laisse ma joue s'appuyer contre sa main, volontairement. Mon regard, petit à petit, semble s'obscurcir d'une lueur fiévreuse. J'ai du mal à m'éloigner, et plus les secondes passent, moins je le désire. Son odeur ne m'a jamais semblé aussi proche, et mon cœur se met à tambouriner dans ma poitrine. Au départ, je voulais éloigner sa main de ma joue. Me reprendre en main, prétendre un mal de ventre quelconque et mettre un arrêt à ce que je sentais être une pente glissante. Mais lorsque ma paume vient se poser contre sa main, c'est un nouveau frisson qui descend le long de mon dos. Inconsciemment ou non, je ne saurais pas le dire dans cet état, mes doigts caressent les siens. Le contact est maigre et bien peu, mais cela semble soulager brièvement mon corps. J'oublie ce que je cherchais à faire. Petit à petit, il n'y a plus que son odeur dans mes narines et la douceur chaleureuse de sa présence non loin de la mienne.

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    Ce n'est pas de la maladie. Du moins, ce n'est pas ce que je sens chez lui quand je parviens à rassembler encore un peu mes sens pour tenter de reconnaître ce qui le trouble. Cela n'a pas l'air d'être non plus de la douleur. C'est autre chose. C'est différent. C'est étrange. Je n'arrive pas à reconnaître ce que c'est. Mais ça m'attire inexorablement vers lui. Je sens quelque chose d'invisible ; comme une force qui tenterait de nous rapprocher. Et je n'essaye pas vraiment de repousser cette pression. Des frissons le parcourent. Mon cœur, lui, tambourine davantage jusqu'à ce que je puisse clairement l'entendre. Sa propre poitrine semble émettre des battements rapides et puissants. Sa voix est aussi chaude que sa joue, tant et si bien qu'elle m'envoûte. Plus rien n'a d'importance, désormais. J'en oublie tout le reste. Il n'y a que lui qui compte. Son visage se cale contre ma paume. Je pensais qu'elle le gênerait, mais en fait on dirait qu'il la désire. Sa main se pose sur la mienne, vient même la caresser. Un geste trop intime pour que ce soit anodin et que j'en reste indifférent. Je ne sais pas trop pourquoi mes joues prennent des couleurs ni pourquoi j'ai envie de l'embrasser, là, tout de suite. Quelque chose me dit que j'en ai le droit ; ou serait-ce moi qui suis devenu audacieux à ce point. C'est ma paume qui est chaude ?..

    « Non... C'est... définitivement... »

    Il a raison, elle l'est probablement. Mais j'ai l'impression qu'il n'y a pas que ça. Inconsciemment, mon visage s'est rapproché. De près. Très près. Je ne sais pas où je trouve le courage de le faire mais ma bouche vient déposer sur sa joue brûlant un baiser doux et lent, avant d'en laisser échapper un murmure.

    « ... vous. »

    Mes prunelles dorées plongent dans les siennes. Je ne l'ai jamais trouvé aussi beau qu'à ce moment précis. Aussi attirant. Aussi charmant. Aussi désirable.
    L'attraction m'entraîne sans que je ne puisse m'en défaire. Déjà très proche de son visage, à quelques millimètres de distances seulement, j'abaisse moi-même les barrières inexistantes pour poser mes lèvres sur les siennes. Un baiser aussi brûlant que le reste de nos corps.

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    Tout ça est définitivement une très mauvaise idée. Je devrais éloigner ma tête. Je devrais cesser de toucher sa main, même si tout en moi hurle à l'idée qu'il s'éloigne. Je sens, progressivement, mes pensées et le reste de ce qui me restait de retenue glisser lentement mais sûrement loin de moi. Sa main est chaude. Le regard voilé de fièvre, je peine à éloigner mes yeux des siens même si ils ne m'ont jamais paru aussi hypnotisant qu'aujourd'hui. Mon rythme cardiaque s'emballe lorsque ses lèvres se posent sur mes joues. Ma respiration s'accélère un peu, et je le fixe sans parvenir à éloigner mes yeux des siens. Inconsciemment, ma langue passe sur mes propres lèvres, comme une invitation. C'en est une. Je ne réfléchis plus vraiment. C'est comme si un besoin impérieux et soudain, un manque invisible et ancien, remontait d'un seul coup à la surface.

    Et lorsque ses lèvres se posent contre les miennes, l'exhalation qui quitte ma bouche ressemble presque à une plainte de soulagement. La sensation est électrique. C'est comme si des étincelles éclataient dans l'ensemble de mon corps, soudainement, suivie par une vague de chaleur s'infiltrant dans le moindre de mes membres. J'ignore si le geignement qui m'échappe est une requête ou un signe de satisfaction, mais il est bien trop tard pour que j'y pense. Instinctivement, ma main libre vient remonter le long de son dos, se glisse derrière sa nuque pour s'y accrocher, comme si j'avais besoin d'une ancre. Je me rapproche comme je le peux, même si la position n'est pas la plus simple, sur cette chaise. Un faux mouvement, et je bascule ; et c'est d'ailleurs ce qui se passe. Je manque de tomber à terre, me rattrapant sur lui, mais cela ne m'arrête pas. Je ne m'étais jamais approché d'aussi près avant, et sans doute devrais-je me poser des questions sur ce qui fait naître un désir pareil en moi. Sans doute devrais-je m'arrêter, réfléchir, considérer ce que je suis en train de faire, mais je n'en ai pas l'envie. Rien qu'à l'idée de cesser de l'embrasser, c'est tout mon corps qui proteste. Mes lèvres caressent les siennes avec insistance, avec une fièvre qui me dépasse presque. Il n'y a qu'une pensée dans ma tête, que je nierais sans doute avoir dans un autre état.
    Enfin.

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    Je voulais lui demander de me repousser avant qu'il ne soit trop tard. Mais je crois que c'est trop tard déjà. Lorsqu'il pousse une exhalation après que je l'embrasse, je crois au départ qu'il veut me dire de m'éloigner, mais ses mains qui s'accrochent ensuite à mon corps me disent instantanément le contraire. Non, ce n'est pas de la peur ou de l'anxiété que je sens. C'est du désir, je crois. Du désir... pour moi ? Serait-ce possible ? En tout cas, quand je ne bouge pas mes lèvres, je sens celles de Shimomura caresser les miennes avec une ferveur que je ne lui connaissais pas, ce qui me confirme qu'il n'est pas contre cet échange quand bien même il nous prend tous deux de court. Malgré tout, alors que nous devrions nous arrêter et en discuter calmement, nos instincts ne souhaitent pas que nous nous éloignons l'un de l'autre. C'est l'opposé, même, car je sens que mon corps refuserait d'obéir si j'essayais de le dissuader de faire un pas en arrière. Ce serait un mensonge si je disais que je n'apprécie pas, toutefois. Ma frustration semble s'alléger, comme si elle était déjà un peu apaisée par notre proximité actuelle. Je le veux plus près. Encore plus.

    Lorsqu'il manque de tomber de sa chaise, je le rattrape en le prenant dans mes bras. Mais l'échange ne rompt pas. Il devient plus passionné, plus langoureux. Ma poitrine s'élève en des battements frénétiques et puissants. Je ne veux plus le quitter. Je veux rester contre lui et laisser cette odeur m'enivrer complètement comme un alcoolique à sa bouteille. A la manière d'une boisson forte, d'ailleurs, je me sens enveloppé dans une brume, comme si je n'étais plus en contrôle totalement de mes membres quand bien même je les sens encore.

    Le sol d'ailleurs étant peu confortable, mes bras se parent d'une force qui me semble surnaturelle, comme si j'étais plus musclé. Je soulève le corps du Shimomura pour le faire décoller du parquet et me retourne pour le déposer délicatement sur le lit. La fièvre s'empare toutefois de moi bien vite et je capture ses lèvres à nouveau en me plaçant au-dessus de lui. Ma main glisse contre son corps pour aller chercher le pan de sa robe et passer en-dessous, établissant un contact avec sa cuisse que je caresse et qui augmente la pression dans mon bas. Nos peaux sont chaudes. Elles ne l'ont jamais autant été. Mais ce n'est plus une chaleur dont je souffre. C'est une chaleur à présent diffuse qui me fait du bien, me rend désireux aussi.

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    Il devrait y avoir un instant où je reprends conscience. Où je m'arrête, où je réalise que tout ça est sans doute bien trop précipité et que nous brûlons un peu plus les étapes à chaque seconde. Et quelles étapes, d'ailleurs ? Je devrais me demander pourquoi il m'embrasse, pourquoi il semble aussi pétri de désir que moi, subitement. Je devrais me demander pourquoi je réagis autant face à lui, pourquoi il semble être le seul qu'accepte et veut mon corps. Tout ça, toutefois, me dépasse largement sur le moment. Je refuse même d'y songer, plus préoccupé par les caresses ardentes de nos lèvres, plus intéressé par les vifs frissons qui remontent dans mon dos lorsqu'il me prend dans ses bras puis me soulève comme si je ne pesais rien. Mes bras se serrent dans son dos, sans que je craigne qu'il me fasse tomber, toutefois. C'est plus un besoin de le garder contre moi, en dépit du fait que rien ne semble nous pousser à nous éloigner l'un de l'autre.

    Lorsqu'il me dépose contre le lit, mes jambes se nouent presque instinctivement contre ses hanches, collant mon corps au sien autant que je le peux. Le gémissement de satisfaction qui quitte mes lèvres lorsqu'il vient les chercher me couvrirait de honte par son volume si mes pensées n'était pas bien, bien loin de tout ça. Plutôt tournées vers la paume brûlante qui se glisse sous ma robe et vient se glisser sur ma cuisse à même la peau, par exemple. Ses caresses me tirent une exhalation aiguë, bien expressive pour si peu, d'ailleurs, mais c'est comme si un rien de sa part suffisait à embraser tout mon corps. Une chair de poule monte à mes bras en même temps que de vifs frissons parcourent mon dos. Instinctivement, j'écarte davantage les jambes pour lui laisser tout le loisir de continuer ses caresses que je quémande sans le dire, toujours plus désireux de l'attention qu'il me donne.
    La chaleur a envahi chacun de mes membres. Ma tête est lourde, mes pensées ne se concentrent plus que sur l'immédiat. Que sur ce que je veux sur l'instant. Entre deux baisers haletants, mes mains passent de ses épaules à son dos, puis au devant de son torse, mais son vêtement me gêne. Un grognement frustré, plus draconique qu'autre chose, quitte mes lèvres.
    C'est en trop.
    En temps normal, j'aurais plus de pudeur. Plus de timidité, plus d'hésitation. Pas aujourd'hui, toutefois. Mes ongles, durant une seconde, deviennent des griffes, et le vêtement n'est plus l'instant d'après. J'aurais le temps d'être mortifié plus tard – du moins, je n'y pense pas vraiment sur le moment. Mes mains sont plus préoccupées par le fait de toucher la peau qu'elles trouvent, de parcourir une chair qu'elles cherchaient presque désespérément dans des caresses pleines d'envie.

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    Si j'étais un peu plus conscient de ce qui se passe, je serais soulagé de voir que mon désir pour lui est réciproque, du moins sur l'instant. J'aurais été heureux d'apprendre qu'il y a une attirance mutuelle entre nous. Mais je ne pense plus à rien à l'heure actuelle. A rien si ce n'est son toucher sur moi et celui que j'ai sur lui, sur ce corps que j'ai longtemps rêvé de caresser autant que possible. Et ce soir je me le permets, avec un audace que je ne comprends moi-même pas. On dirait presque que je n'ai plus vraiment de contrôle sur mes mouvements. Pas comme si j'aurais voulu que ça s'arrête, cependant. Un moment comme celui-là est tout ce que j'ai souhaité en sa compagnie, alors c'était assez inespéré. A sa façon de réagir et à ce que je sens chez lui, c'est pourtant bien du désir qui se montre. Un désir auquel je veux faire honneur, instinctivement.

    Je sursaute à peine au moment où il met mon haut en lambeau ; je commençais à avoir chaud, là-dessous. Je le laisse donc volontiers me débarrasser de ce tissu gênant sans oublier que je dois faire pareil chez lui. Tous vêtements sur lui se révèle un obstacle à franchir. A la manière dont il a déchiqueté mon haut, je prends des pans de sa robe pour les séparer et détruire le tissu qui me révèle la poitrine découverte du magimorphe. Le lendemain je regarderai avec honte et culpabilité cette tunique au sol en me demandant comment j'ai pu être assez stupide pour laisser mes pulsions parler à ma place.
    En attendant, je profite de ce corps à moitié nu pour quitter ses lèvres et déposer sur son torse des baisers pour laisser sur son épiderme des traces brûlantes. J'aurais envie de le dévorer. De mordre dans cette chair moelleuse sur laquelle j'ai tant fantasmé. Et c'est ce que je fais. Dans des grognements impatients, je m'attaque à son cou pour mordiller sans douleur sa peau et déposer sur cette partie plus fine des suçons, comme si j'avais besoin de laisser des marques sur lui. Tout en laissant mes lèvres là où elles sont, mes mains s'affairent à l'aveuglette à défaire les derniers habits qu'il reste sur lui. Je ne veux qu'il ait plus rien. Qu'il soit tout à moi dans le plus simple appareil.

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    Une partie de moi-même devrait être mortifiée par mon comportement de rustre à l'heure actuelle, mais il faut croire qu'elle est largement enterrée sous d'autres préoccupations plus urgentes. Des préoccupations plus urgentes comme la peau que mes mains trouvent et qu'elles parcourent avec un mélange d'avidité et de curiosité, comme si le contact entre nos chairs allaient soulager un besoin presque impérieux. Je ne m'indigne même pas de le sentir déchirer mes robes avec ses mains, la tête bien loin de quelques considérations matérielles que ce soit. Tout au mieux, je suis satisfait de voir ces couches disparaître et me soulager, même légèrement, de la chaleur brûlante qui a envahi mon corps. C'est étrange. Plus je le touche et plus il me touche, et plus j'ai l'impression que le feu empire ; mais en même temps, c'est comme si il se faisait bien plus supportable. Si je n'étais pas actuellement occupé, j'y réfléchirai sans doute, mais j'ai mieux à faire. Ses baisers sur ma poitrine sont plus intéressants.
    Je suis toutefois pris de court par ses morsures sur mon cou, me tirant une première exhalation de surprise et de plaisir lorsqu'il mordille et aspire la peau qui s'y trouve. Mes jambes s'agitent. La sensation me brûle et échauffe tout mon corps, descendant dans une vague de chaleur jusqu'à mon bassin dont la pression se rappelle de plus en plus à moi. Mon cou s'offre davantage encore, comme pour répondre à ses grognements dont je comprends sans difficulté le sens pour en partager l'avis. Les sensations sont nouvelles mais je les réclame comme je le peux, que ce soit en me collant davantage à son corps ou en l'appelant dans des gémissements informes. Mes ongles se serrent dans son dos et menacent même de se planter dans sa peau ; dans un rare accès de conscience, je me retiens toutefois de les laisser devenir des griffes. Bien vite, je sens l'air frais de la soirée passer sur  mes cuisses et mes jambes mises à nues, et je sais sans avoir à baisser le regard qu'il n'y a plus de tissu à déchirer. En temps normal, sans doute serais-je plus pudique. Plus timoré. Mais c'est comme une libération, sur le moment, ne serait-ce que pour mon entrejambe qui commençait à être trop étouffée. Un soupir soulagé m'échappe.

    Mes jambes toujours serrées autour de sa taille, je raffermis ma prise, mes lèvres remontant le long de son cou, jusqu'à s'arrêter à son oreille que je mordille entre mes crocs. Nos corps collés et entrelacés, je sens toutefois une pression qui continue de me tirailler dans mon bassin et qui me pousse, avec une hardiesse que je ne me connaissais pas, à me frotter contre le sien dans une recherche de contact, quel qu'il soit. Je gémis davantage, plus bruyamment, plus régulièrement, dans des tonalités plus piteuses, comme pour l'appeler et le quémander, d'une quelconque manière que ce soit.

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    Ma conscience me hurle que c'est une très mauvaise idée pour des tas de raisons que je n'ai pas fini d'énumérer. Le problème est que cette conscience est bloquée. Elle ne peut pas m'atteindre sous la couche ardente du désir que j'éprouve maintenant. Et derrière mon envie grandissante à cause de la période estivale qui éveille mes sens canins et échauffe la sensibilité de mon corps, il y a aussi cette attirance que j'avais déjà à son égard qui ne m'aide pas à raisonner mon esprit avant qu'il ne soit trop tard. Mais je sais qu'à ce stade je peux abandonner tout retour en arrière ; surtout quand l'Eossien me quémande de lui-même de lui en offrir davantage par des gémissements qui se font tantôt plaintifs, tantôt de plaisir pour m'annoncer que je suis sur la bonne voie et que je dois continuer dans ma démarche. Cela m'encourage toujours plus à satisfaire aussi sa propre envie à lui devant laquelle je suis en plus bien faible. En somme, rien ne pourrait me convaincre de reprendre contenance désormais, jusqu'à ce que ce soit fini. Jusqu'à ce que j'ai terminé de laisser des traces de moi sur lui.

    Toujours affairé à laissé sur sa peau des suçons qui coloreront son épiderme, je tire un gémissement de surprise et de frustration quand je sens ses jambes se maintenir autour de mon bassin et son sexe se frotter contre le mien qui est toujours retenu par mon pantalon. Je dois m'éloigner très brièvement pour me redresser et, à la manière dont il l'a fait tout à l'heure, déchirer à mon tour le dernier tissu que je possédais encore. Me voilà tout aussi à découvert que lui et si la température ambiante a grimpé, c'est soulageant pour mon corps de savoir qu'il n'est plus retenu par quoi que ce soit. Il est libre, et si je devrais plutôt être très gêné de l'érection entre mes cuisses, je ne souhaite à l'instant qu'une chose : me rapprocher de lui à nouveau.
    Me replaçant au-dessus du magimorphe, je le prends contre moi pour le serrer comme si ma vie en dépendait. En dépit de ma force, si je ne me contrôle pas, il y a quelque chose en moi qui empêche mes muscles de l'étouffer, comme si c'était naturel. Une étreinte puissante mais douce qui n'a pour but que de le sentir au plus près.

    Mon bassin se rapproche de son anatomie et nos sexes commencent à se frotter à nouveau dans leur forme la plus naturelle et sensible. J'en arrache de nouveaux gémissements de plaisir que je ne retiens pas, comme si la tension que je sentais au sein de ma verge se détendait finalement. Il y a encore un peu de frustration mais elle s'apaise aussi et devient moins forte, restant dans un coin comme si elle attendait un moment précis. Ou une zone précise. Alors que je me frotte à lui, mon entrejambe frôle par mégarde un trou humide, m'électrisant d'un autre plaisir sommairement mais assez pour que j'en veuille plus. Je ne connaissais pas le corps du Shimomura dans sa totalité, mais ce genre de questions, si elles attisaient ma curiosité autrefois, s'envolent et deviennent bien secondaires. Peu importe car là, tout de suite, je veux juste en profiter pour humidifier mon érection. Découvrant que le moine peut créer un fluide qui semble pouvoir me lubrifier, je laisse mon sexe glisser à la fois contre le sien et contre les lèvres en-dessous pour enduir mon érection de ce qu'il secrète à cet endroit.
    Il peut s'agir d'un nouveau rêve érotique que je suis en train de faire. D'un nouveau fantasme. Je l'espère. Demain matin, je prierai Oros pour que ce soit ça. Mais je complais sans doute un peu trop dans un moment pareil où je n'ai pas à réfléchir quand je me rends compte qu'il me veut aussi, et si je me dis que ça doit donc forcément ne pas être vrai, je repousse l'échéance où la réalité m'atteindra.

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    Comme si toutes mes pensées s'étaient arrêtées, je ne songe plus à rien hormis la sensation de son corps contre le mien. Ce n'est jamais assez, pourtant. J'en deviens capricieux, même si ce n'est pas dans mon tempérament usuel. Les bras qui se serrent autour de moi, toutefois, ont le mérite de me tranquilliser partiellement, de me ramener brièvement à cette odeur chaude et agréable qui m'entoure maintenant complètement. Je ne crains pas sa force car je sais qu'il la maîtrise pour moi, même si je suis incapable de réfléchir sur l'instant. Au lieu de ça, je l'accueille en serrant sa taille contre moi, calant mon nez contre son cou et profitant de la douceur de sa peau sur la mienne. Mon rythme cardiaque ralentit un peu. Cela me fait du bien, me détend, m'apaise. Ma tête se love contre lui, comme pour chercher plus de cette douceur que, et je le remarquerais si ma conscience n'était pas bien loin, je désire sans que cela ne soit dû à un quelconque instinct physique. Si ce n'était que ça, je n'aurais pas le besoin de chercher son affection et sa tendresse. Sans doute n'en serions-nous pas là si je l'avais réalisé ou le réalisait même maintenant, mais j'en suis bien incapable.

    Je suis occupé, notamment, par la friction de nos sexes l'un contre l'autre, qui me tire un gémissement bruyant et me fait arquer la tête contre le matelas. La sensation me prend de court et me fait étouffer des geignements courts et haletants, la respiration rapide et le visage rougi. Je sentais bien une pression au niveau de mon entrejambe, mais je ne réalisais pas à quel point ma verge me démangeait, à quelle point elle avait durci. Je crois que je ne saisis que maintenant, dans un bref instant de réalisation, l'excitation de mon propre corps. Très bref, d'ailleurs, car la seconde d'après, les étincelles qui s'embrasent dans mon ventre à chacun de nos frottements capturent à nouveau mon attention.
    Les ongles contractés contre sa peau, je laisse mon bassin basculer contre le sien, laissant échapper des geignements contre son cou. Et lorsque sa verge glisse contre ma vulve, j'étouffe un gémissement bruyant et plaintif en mordant la peau que j'y trouve, retenant mes crocs dans un réflexe inconscient. Mes jambes s'agitent dans un sursaut brusque. Déconcerté par les étincelles vives de plaisir qui bouillonnent dans mon corps, je me serre contre lui en couinant de frustration. Car mon corps est frustré, comme si tout ça n'était encore pas assez. Je sens le bout de son sexe qui glisse contre mes grandes lèvres, et en temps normal, ce serait sans doute le moment où j'aurais un instant d'arrêt. Ou, déjà, j'aurais peut-être pris le temps de lui expliquer les quelques spécificités de mon corps, ou je le préviendrais que nous devrions être prudents. Des tonnes de raison font que nous aurions sans doute dû nous arrêter bien avant. Des tonnes d'autres font aussi que là, plus précisément, alors que nous nous frottons l'un contre l'autre avec plus d'insistance encore, je devrais m'arrêter immédiatement.

    Des tonnes d'autre font que, alors que nos gestes rapides et maladroits font glisser l'ouverture de ma vulve contre son gland, je choisis plutôt de le presser à l'intérieur en poussant mes jambes dans son dos et en le serrant contre moi. L'humidité de mon vagin et la brume cotonneuse qui m'entoure rend le tout parfaitement indolore. La sensation est immédiate, et le cri qui m'échappe laissera malheureusement quelques traces de dents sur son cou. Soudainement, c'est une vague de feu qui parcoure mon corps et me fait arquer à nouveau la tête vers l'arrière, les yeux humides devant le plaisir qui me prend soudainement et m'électrise. Je ne bouge pas sur l'instant, la respiration haletante et courte. Je ne l'ai pas pris entièrement en moi, mais j'ai un bref instant d'arrêt, une petite seconde de pause. Mon regard se relève vers le sien, sans que je n'arrive pourtant à dire un mot. Il y a juste cette autre chaleur, plus douce, plus tendre, qui parcoure ma poitrine sur le moment. Sans doute est-ce pour ça que ma main droite, avec une délicatesse que je ne me savais plus posséder, glisse jusqu'à sa joue que je viens caresser en silence. Pendant quelques secondes, comme si j'y cherchais quelque chose, je ne dis rien. Puis, avec la même lenteur, mes lèvres viennent prendre les siennes. Qu'est-ce que je cherchais exactement... ? La pensée me traverse une seconde, puis disparaît l'instant d'après dans une ondulation de mes hanches. J'aurais le temps d'y penser plus tard. Sans doute.

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    J'aimerais faire durer l'instant, et en même temps, mon corps réclame davantage. Je sais ce qu'il attend avec impatience. Je me satisfais pour l'instant de ces frottements qui m'envoient des petites vagues à la fois plaisantes et délicieusement frustrantes dans mes veines. Ses bras semblent toujours s'agripper à moi avec autant d'insistance, me permettant de le laisser se caler pour qu'il soit à l'aise et de sentir son odeur qui m'enveloppe comme une couverture dont je deviendrais accro. Je me laisse bercer aussi par ses gémissements qui distraient mon ouïe et m'excitent à les écouter. Cela signifie qu'il aime. Qu'il veut que je continue. Que ça lui fait du bien et lui donne autant de plaisir qu'à moi, même si... il manque quelque chose.

    C'est d'ailleurs le moine qui franchit la dernière barrière en exerçant un mouvement de pression dans mon dos qui fait pénétrer mon entrejambe à l'intérieur de son ouverture humide. Lorsque je sens autour de mon érection quelque chose de mouillé mais aussi de brûlant et de très doux, je pousse un râle de surprise et de plaisir. Mon cœur s'affole, ma respiration devient haletante.
    Comment ça peut être aussi agréable ?..
    J'arrive à comprendre que je l'ai pénétré mais je crois que je ne le réalise pas tout à fait. Mais c'est bon. Et c'est si bon que ça devrait être interdit. Et vu comme il a gémi aussi, je devine que ça l'est aussi de son côté. Je n'ai d'ailleurs même pas réagi aux crocs qui se sont enfoncés dans ma peau, comme si je ne les avais pas du tout sentis.

    En reprenant mon souffle, mon regard s'arrête pour plonger dans ses yeux ambrés. Ce serait le moment, si on voulait, de reprendre nos esprits et d'arrêter. De réaliser ce que nous sommes en train de faire. La chaleur autour de mon entrejambe ne permet pas, toutefois, d'y voir clair et je suis hypnotisé à nouveau par cette lueur douce dans ses prunelles. Une lueur qui me fait fondre, que je rêvais de voir chez lui. Cette douceur rejoint sa main qui vient me caresser la joue, imitant mon geste de tout à l'heure. Plus rien n'existe autour. Plus rien n'a d'importance. Juste lui et moi. Juste nous deux en cet instant que nous voulons faire durer le plus possible sans penser aux conséquences.

    Dans ce même silence religieux qui a envahi la chambre, il s'approche pour m'embrasser, et je lui rend un baiser tout aussi intime. Rien ne remplace une vraie confession, pas même ce que nous faisons. Est-ce qu'il pourrait quand même deviner, à la suite de ça, les sentiments qui m'animent ?
    Peu importe, tant qu'il reste contre moi.
    Tant que je peux encore l'embrasser comme je le fais. Tant qu'il est là.
    C'est un mouvement de sa part qui me rappelle que nos corps ne font désormais plus qu'un. Sans rompre forcément notre baiser, je l'aide en me montrant audacieux et je m'enfonce le plus loin possible en lui. Mais j'avais sous-estimé les sensations que cela me procurerait. Sans le faire exprès, je mordille sa lèvre un peu trop fortement et ne retiens pas d'autres gémissements de venir. C'est ça, que mon corps désirait depuis le début. Plonger à l'intérieur de lui. Sentir ces parois chaudes et confortables qui me font tant de bien. Qui nous font du bien à tous deux.
    Mon corps redevient bouillant. Impatient. Je n'hésite plus cette fois et mets davantage de fougue dans mes mouvements de hanche. Je le pénètre plus fort, plus loin, plus vite, comme si ça avait toujours été ma place. Et je me laisse envahir par ces étincelles de plaisir qui me parcourent à chaque va-et-vient qui glissent avec une aisance remarquable qui m'impressionnerait si j'avais toute ma tête. Mais elle est partie en même temps que le reste.

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    Sans doute que nous n'en serions pas là si, à n'importe quel moment, nous avions communiqué normalement. Sans doute aurais-je compris que je ressens pour lui est là depuis un moment maintenant et nos actions ne sont, au final, que le reflet d'un refoulement devenu bien impuissant face à nos désirs exacerbés. Mais pour l'instant, je laisse tout ça de côté et gémit plutôt de satisfaction  lorsque je le sens s'enfoncer autant que possible en moi, mes yeux se faisant humides devant la stimulation électrique. La légère douleur de sa morsure sur ma lèvre ne me dérange pas, au contraire, et le son de ses gémissements me fait couiner d'excitation. La chaleur remonte jusqu'à ma tête et me fait perdre raison, laissant ma tête s'aplatir contre le matelas. Le reste de ma conscience, le petit rien qui était encore là, vient de lâcher.
    Dans mon corps, c'est comme un soulagement, mais je continue pourtant d'en vouloir davantage. Ma vulve est aussi bouillante que son sexe en moi, que je sens s'enfoncer avec plus de netteté. Le premier mouvement me prend par surprise et me tire un gémissement alangui. Mes griffes finissent par se montrer pour de bon et je n'arrive même plus à les retenir. Sa vigueur soudaine me surprend mais me plaît, me faisant fermer les yeux alors que je sens les étincelles de plaisir suivre chacun de ses mouvements dans mon corps. La respiration haletante, mes gémissements sont devenus des cris que je ne retiens plus. Accroché à ses épaules, je bouge autant des hanches que je le peux, faisant de mon mieux pour le prendre en moi et me serrer comme je le peux contre lui.

    Puis, soudainement, une étincelle plus forte que les autres. Un éclair de plaisir brûlant qui surgit et vient faire monter dans ma poitrine une chaleur si agréable que j'en rouvre les yeux, le corps arqué contre le matelas, la vision floue et humide, un cri cassé quittant mes lèvres. En temps normal, j'arriverais à comprendre que nous avons sans doute atteint la zone la plus sensible de mon anatomie, mais sur le moment, je me contente juste de chasser cette sensation, basculant des hanches dans l'espoir de la retrouver, couinant dans ses oreilles comme pour l'inciter à m'aider. Notre rythme est devenu vif et fort. Ma main gauche se perd dans ses cheveux et agrippent des mèches avec peut-être plus de brusquerie que nécessaire. Je sens quelque chose monter, petit à petit, inexorablement. Je n'arrive pas à le reconnaître sur le moment mais je crois que mon corps a sa petite idée. Mes membres se tordent de plus en plus. Ma tête se love dans son cou.

    «  Sama... ël... »

    Le mot m'échappe. Il échappe à ma retenue, à ce contrôle que je m'impose normalement, à cette barrière que je maintiens par crainte d'aller trop loin, à ce mur artificiel que je n'ai jamais vraiment osé dépasser. Je ne réalise même plus vraiment ce que je fais et ce que je dis ; c'est mon inconscient, plus honnête, qui parle. Le plaisir grimpe tant qu'il brûle la moindre de mes pensées. Les étincelles crépitent dans mon bassin. Je sens ma verge se tendre, mon vagin se serrer davantage encore.
    Puis, d'un coup, c'est comme un choc. Un éclatement brusque, un brasier qui déferle dans mon corps. Une salve virulente de plaisir et de chaleur qui me sonne presque sur le moment. Le cri qui quitte mes lèvres est bien plus bruyant que les autres, mon corps est animé d'un soubresaut brusque. Mes yeux se ferment, ma prise se raffermit. L'orgasme est si fort que pendant une seconde, je ne vois blanc.
    Il faut plusieurs secondes. Quelque chose en moi, toutefois, semble s'apaiser. Progressivement, mes membres s'engourdissent d'une brume chaude et plus douce. Comme envahi par une sensation agréable et rassurante, mon corps est traversé par des frissons et de légers tremblements. Je ne reprends pas encore pleinement conscience ; je sens toutefois la fatigue qui me tombe d'un coup dessus, et qui ramollit mes gestes. J'aurais tout le loisir, bientôt, de me rendre compte de ce que nous avons fait.

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    Je ne sais pas pourquoi mes bras veulent autant s'accrocher à lui. C'est comme si j'avais peur qu'il s'évapore si je le laissais s'échapper. Cela me permet en tout cas d'avoir une bonne prise pour contrôler mes mouvements de hanche. J'ai une force qui pourrait le briser entre mes mains mais mon corps, inconsciemment, ne saurait lui prodiguer autre chose que de la douceur et de l'affection. Et il pourrait être en cristal que je ne parviendrai pas à le briser tant je fais attention à ce qu'il ne lui arrive rien. Depuis quelques temps, j'ai reconnu en moi un certain désir de le protéger. De prendre soin de lui. De le rendre heureux. Le voir ainsi dans cet état à me quémander de lui donner du plaisir est pour moi ce qui pouvait arriver de mieux, n'ayant connu que cela en rêve. Et si au pire il s'agit en fait vraiment d'un rêve, j'aimerais qu'il dure le plus longtemps possible.

    Comme lui, je commence à perdre pied peu à peu, appréciant plus que de raison sa manière de s'agripper à moi même ses griffes qui dessinent des traces involontaires sur ma peau. On pourra croire que je me suis vraiment battu avec une bête féroce. Shimomura, quand il est très en colère, peut sûrement en devenir une. Mais ces griffures sont bénignes et sont pour moi, au contraire, un témoignage supplémentaire du plaisir qu'il prend grâce à moi ; et je ne peux être que fier de l'effet que je produis chez le magimorphe. Fier et exalté des sensations qui parcourent mon corps, le rendant bouillant sans le brûler, et m'électrisant sans me foudroyer. Je ne pense même pas au fait que c'est ma première fois, et que je suis en train de faire ça avec lui spécifiquement. Tout ça ne signifie plus rien. Je ne fais qu'un avec lui comme si c'était une habitude, que mon anatomie connaissait celle de l'Eossien. Des mouvements instinctifs peut-être en lien avec mon sang d'animorphe qui semble avoir pris plus de place que d'habitude.

    Enhardi par ses gémissements que je ne pourrais pas mal interpréter, j'accompagne ses ondulations du bassin par des coups de rein qui s'accélèrent et gagnent en puissance. Ma frustration s'amenuise au fur et à mesure, remplacée par ce plaisir qui agite mes sens et fait refermer autour de mon entrejambe les parois de mon partenaire. En suivant l'intensité également de ses gémissements qui m'aident, je change parfois légèrement de position, me replaçant de temps à autre pour toucher le point sensible. Je n'entends même pas le claquement de nos cuisses qui pourtant seraient assez sonores si le bruit n'était pas couvert déjà par nos cris. Mon cœur rate un battement lorsqu'il se love un peu plus et que mon nom s'échappe de ses lèvres. Je n'arrête pas pour autant ce que je fais mais le simple fait qu'il m'ait appelé par mon prénom fait chauffer ma poitrine, l'emplissant d'une tendresse qui contraste avec la brutalité de nos ébats. Et lorsque je l'entends pour la première fois de sa bouche, je me rends compte à quel point je désirais qu'il m'appelle ainsi. Moi aussi je voudrais pouvoir l'appeler par son prénom.
    J'hésitais, d'ailleurs, à franchir ce cap, mais je suis pris de court par une vague de plaisir qui s'en vient d'un seul coup. Elle monte progressivement, devenant de plus en plus forte, et moi aussi je bouge plus fort encore. Car je veux que cette vague arrive et atteigne son point culminant. Quand, enfin, le corps du hérissé se resserre davantage au moment de son orgasme, la pression se relâche d'une traite et je me laisse moi-même aller à ce flot à la fois troublant mais aussi intensément agréable. J'étouffe un cri pour écouter celui du mage blanc, me contentant de ralentir cette fois mes mouvements en laissant le plaisir qui crépite dans mes membres se diffuser jusque dans ma tête pour m'apaiser. Je me tranquillise au sein de cette brume qui m'enveloppe, réagissant à peine aux acouphènes que je reçois à la fin de notre échange. Le souffle haletant, mes muscles se détendent et toute la pression accumulée se déverse. Je ne me rendais pas compte à quel point j'étais fatigué ; comme si mon état m'avait enlevé cette sensation de fatigue jusqu'à ce que mon corps soit "satisfait". Je voudrais dire quelque chose. Lui dire quelque chose. Mais je me sens terriblement faible à présent. Faible et somnolent.

    « Natsu... me... »

    Je n'arrive qu'à prononcer son nom dans un murmure, avant que je ne m'allonge contre lui et que le noir finisse par m'envahir.
    Sans surprise, le lendemain, je me réveille péniblement comme si j'avais dormi pendant des jours. J'ai l'impression de porter sur moi une dizaine de tonnes. Mais c'est que je suis aussi entouré d'une sensation d'apaisement qui m'incite à rester endormi. Mes yeux s'ouvrent lentement mais sûrement, prenant leur temps, et devant moi se dessine une silhouette.
    Mais je dors seul... Et ce n'est définitivement pas Smaug.
    Je crains au départ avoir passé une soirée un peu trop arrosé dans la maison de Lykos. L'odeur m'est toutefois familière. Et c'est une odeur que j'aime. Que j'aime beaucoup. Une odeur de fleurs et de dragon.
    ... Ne me dites pas que... !
    Les images de la veille me reviennent. Mais j'avais vraiment fini par croire que ce n'était qu'un rêve. Je me redresse d'un coup.
    Shimomura ! Mais... C'est impossible...
    C'est bien le moine qui se trouve dans le même lit que moi. Son corps nu endormi, dos à mon regard, est aussi paisible que je ne le fus seulement quelques minutes plus tôt. Mon visage prend feu en apercevant néanmoins des traces de suçons, de morsures et de griffes qui, je le sais, viennent de moi. Et je reconnais aussi nos vêtements en lambeaux au pied du lit.
    C'est pas vrai... C'est pas vrai, c'est pas vrai, c'est pas vrai ! Mais qu'est-ce que j'ai fait ?! Et pourquoi j'ai fait ça ?!
    Ma poitrine a repris sa mesure de tambour mais pas d'excitation, cette fois. C'est de la nervosité. Mon regard se pose sur le magimorphe toujours au pays des songes. Je m'en veux de le trouver quand même charmant alors que je l'ai un peu maltraité hier soir. Mais son visage m'hypnothise.
    Raaah focus, focus ! C'est pas le moment ! Faut aller travailler, en plus !
    Oui, travailler. Il est l'heure, je ne dois pas l'oublier. Mais c'est plus une excuse qu'autre chose. J'ai peur de ce qui se passera une fois qu'il sera réveillé, en vérité. De ce qui va nous arriver. De ce qu'il va dire. J'ai peur de son jugement à mon égard. A-t-il découvert par ce biais ce que je ressentais ?.. Peu importe, en fait, ce n'est pas la priorité.
    Le plus délicatement possible, je m'immisces hors du lit en espérant que les chiens ne viennent pas nous voir pour réveiller le mage. Heureusement pour moi, je leur donne bien assez vite à manger pour qu'ils soient déjà plus calmes par la suite. Mais mes joues demeurent rouges et ça continue même jusqu'à ce que j'arrive à la caserne quand sur le chemin pour y aller, mes pensées sont accaparées par les souvenirs de la veille qui me reviennent brusquement comme des flashs. Alors si je suis en effet moins énervé et déconcentré qu'hier, la culpabilité et l'incompréhension sont telles que je ne préfère pas m'impliquer avec beaucoup de pratique à l'entraînement et que je prends un congé hâtif dans l'espoir que me balader finira par me faire rêvasser à autre chose.
    Et il y a bien un élément qui au moins parvient à me faire sortir à moitié de ma torpeur. Une boutique de vêtements qui n'a rien d'extraordinaire, si ce n'est une tunique qui ressemble à celle de l'éoniste que j'ai déchiré hier soir. Tout de suite, je l'achète et l'emballe afin d'au moins rentrer à la maison en étant un peu moins un goujat. Mais je flâne surtout, jusqu'à même sortir un peu pour m'entraîner seul en forêt.
    Le soir, je reviens avec un peu d'anxiété dans le ventre. Il me faut même plusieurs minutes pour arriver à rouvrir la porte de chez moi. Je fais des câlins aux chiens, avant de déposer le colis sur le bureau de Shimomura en essayant de lui prêter le moins d'attention possible, même si cela me demande un effort surhumain.

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    Le soulagement m'apaise. C'est comme si, enfin, mon corps se calmait, libéré d'une pression et d'une agitation qui continuaient de me garder éveillé et fiévreux. La chaleur qui m'entoure perd peu à peu de sa vivacité et de sa force, mais petit à petit, elle prend plutôt la forme d'un voile doux et confortable, comme une couverture enroulée autour de mon corps. Comme les membres autour de moi, donc mon instinct refuse que je me sépare. De toute façon, je n'ai pas bien l'occasion d'y réfléchir longuement ; car je suis épuisé. Mon corps ne tient plus. Petit à petit, mon esprit glisse vers les songes, car le repos m'est nécessaire. J'ai le temps, durant quelques secondes, de percevoir le son de sa voix. J'ai l'impression d'entendre mon nom. Je dois... Imaginer des choses. Oui, sûrement.

    -

    Le réveil est froid.
    Mes yeux se rouvrent. Péniblement. Lentement. Ma tête est lourde, comme si j'avais bu. Je sais pourtant que je n'ai pas touché à une goutte d'alcool. Depuis plusieurs jours, j'étais habitué aux vagues de chaleur dès le matin : et aujourd'hui, pourtant, c'est bien plus calme. Comme une sensation de fond plus que les vagues virulentes de ces derniers jours. La différence m'interpelle une première fois, mais je ne l'interprète pas tout de suite. Au lieu de cela, je découvre petit à petit la lumière du jour qui filtre au travers des volets.
    Il est... Tard.
    Je le sens. Je le sais. C'est inhabituel pour un lève-tôt comme moi de m'éveiller aussi tardivement, même dans mon état actuel. Lentement, je me redresse. Vu la luminosité et l'humidité ambiante, je sais que le matin est déjà passé. Il ne doit pas être loin de midi. Quelque chose cloche, au delà de la sensation étrange qui s'élance dans ma poitrine. Je redresse le haut de mon corps, cherchant inconsciemment quelque chose que je ne trouve pas. Qu'est-ce que c'est... ?

    Mollement, je me relève. Mon regard fait le tour de la pièce, avant de s'arrêter sur des morceaux de tissu que je reconnais bien vite.
    Mes robes... ?
    Elles sont en morceaux. Je ne me rappelle pas les avoir enlevées. Ni les avoir réduit en charpie, d'ailleurs. Je vois d'ailleurs d'autres lambeaux dont les couleurs et les textures ne me disent rien sur l'instant. Ce n'est pas... A moi.
    Sauf si j'ai dévoré quelqu'un... J'ai dû... Les abîmer moi-même.
    Je suis pris d'une incertitude. Sans doute arriverais-je vite à la réponse si je n'étais pas, inconsciemment, plongé en plein déni. Le fait que je ne sois pas assailli comme hier par mes chaleurs est un indice primordial que j'ignore autant que possible, même si ça n'a pas de sens. Au lieu de ça, je choisis plutôt de faire mon chemin jusqu'à la salle de bains, me disant que je me sens un peu sale et que ça ne me fera pas de mal de me décrasser.

    Avec ma magie, chauffer de l'eau dans une bassine ne prend pas longtemps. Je glisse dedans en laissant échapper un soupir de soulagement, tout de même parasité par l'interrogation que je me pose quant à mes muscles éreintés. En passant de l'eau contre ma nuque, je sens quelque chose. Une irrégularité qui n'était pas présente avant. Mes doigts en tracent le contour. On dirait une petite cicatrice, ou une marque récente.
    Hn... ?
    Mes yeux s'abaissent jusqu'à la surface de l'eau, où je découvre enfin mon reflet. Mes yeux s'écarquillent lorsque je remarque la panoplie de traces s'étalent le long de ma nuque, de mon cou et de mes épaules.
    Qu'est-ce que... ?!

    J'ai un instant d'arrêt. Subitement, les images me reviennent. Disparates, désordonnées, mais bien vivaces tout de même. Ce sont des éclats de souvenirs qui remontent soudainement, des fantômes de sensation, comme celle de cette morsure dont je pourrais encore sentir la pression. Un frisson remonte le long de mon dos, et mon visage se couvre d'une couleur écarlate. Ce n'est que maintenant que je remarque l'odeur qui flotte encore contre la mienne. Je la reconnaîtrais entre mille.
    Yggdrasil, ai-je vraiment... ?!
    Oui, je le sais déjà. Tout se remet en place dans ma tête, ou plutôt je ne peux plus le nier maintenant que c'est devenu évident. Dans le feu de mes chaleurs, je me suis jeté sur Enodril et nous avons...  Oui, j'imagine qu'on peut dire 'copulé'. Mortifié, je reste immobile un long moment. Je crois que je ne sors du bain qu'après une bonne heure.

    -

    Le reste de la journée est une tentative, somme toute très stupide de me part, de penser à autre chose. D'essayer de ne pas repenser aux souvenirs qui remontent dans ma tête au fur et à mesure de la journée et me couvrent d'embarras, sans grand succès. J'ignore si c'est mon état actuel qui continue de faire repasser tout cela dans mes pensées, mais c'est somme toute assez agaçant, d'autant plus que... D'autant plus que je ne sais pas vraiment ce qui lui est passé par l'esprit non plus. Est-ce, que dans le feu de l'action, je l'aurais forcé à quoi que ce soit... ? Est-ce que mon état était contagieux... ? Je me pose mille questions, répondant inconsciemment à la plupart par des suppositions bien pessimistes et m'attribuant toute la faute. Quelque part, je commence à craindre les heures qui passent. Sera-t-il en colère ? Dégoûté ? Mal à l'aise ? Ce n'était pas l'objectif. Je ne voulais pas... Lui causer d'embarras. J'imagine que c'est trop tard pour ça.

    Pour m'occuper, je fais de tout et rien. Je ne retourne pas au sanctuaire, puisque j'avais déjà indiqué être 'indisposé'. Mais même si je vais mieux, passé les légères sensations de chaud à certains moments de la journée, je préfère ne pas m'y rendre dans mon état actuel. Je ne crois pas que je trouverais de bonnes excuses aux nombreuses marques sur mon corps. Alors je nettoie, je lis, j'écris, je jardine. J'occupe mes mains et mes pensées comme je le peux. J'essaie d'éviter de penser, également, au fait que je suis largement soulagé par rapport à hier.

    Je mentirais si je disais que je ne l'avais pas senti rentrer, d'ailleurs. Son odeur ne me saute pas aux narines comme hier, mais je la reconnais en un instant. Mon cœur rate un battement, mais c'est de la nervosité. Consciemment, alors que j'étais en train de ranger ma bibliothèque, je garde le dos tourné. Je le vois qui dépose un paquet en silence, et sur le moment, j'hésite à briser le silence. Nous ne pouvons pas rester sans rien dire. Mais en même temps, je n'ai pas envie d'aborder le mammouth dans la pièce. Je choisis l'entre deux.

    « Bon... Bonsoir. »

    Je marmonne en essayant d'avoir l'air aussi naturel que possible, même si c'est une peine perdue. Pourtant, je ne mime pas le fait que je suis content de le voir, techniquement. J'ai juste... Davantage honte de ce fait aujourd'hui. J'ai l'impression que je devrais me faire tout petit et m'excuser.

    «Votre... Votre journée s'est bien passée ? »

    Mes doigts triturent nerveusement la bordure d'un livre. C'est ça. Éloigner le sujet du problème évident en abordant le quotidien. Je n'ai pas envie que ce qui s'est passé le mette dans une situation délicate dans sa propre maison.

    « J'ai... Déjà préparé le repas. C'est dans la cuisine. »

    Je devrais le remercier pour le colis qu'il laisse sur mon bureau, et que je reconnais d'ici. Pourtant, je crains de soulever une malaise si je le fais. Ce sont des vêtements semblables à ceux que j'ai ramassé en morceaux près de mon lit à mon réveil. Si je l'énonce, ou même que je le remercie... Est-ce que je ne souligne pas davantage ce qui s'est passé ? Devrais-je l'ignorer ? Je n'en sais rien, et mon hésitation me fait opter pour le choix le plus lâche. Je ne veux pas... Qu'il m'en veuille.

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