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  • La nuit, tous les dragons sont gris
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    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu du mariage de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
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    C'est difficile de savoir ce qui était le plus étrange : la cohabitation avec Dragon, ou le fait que ça ne se passait pas si mal ? Sam avait même eu presque l'impression qu'il s'entendait un peu mieux avec lui qu'avec ses semblables (mais vu le dégoût qu'il éprouve pour eux, ce n'est pas très dur). Bien sûr, il ne fait pas confiance au reptile (c'est réciproque) mais il ne lui est pas hostile et il s'en préoccupe comme un colocataire normal. Sa curiosité le pousse à essayer d'en savoir plus sur lui sans devoir lui poser directement des questions auxquelles il risquerait de ne pas répondre.
    Au moins, sur le plan d'attaque par rapport à leur objectif commun, ils parviennent à se mettre d'accord. Leur but pour ce soir : détruire un des postes de surveillance qu'Altissia a déployé autour d'Yggdrasil. S'ils parviennent à se débarrasser de tous les miradors aux alentours de la cité, même ceux Caldissiens, ils auront déjà une petite victoire.
    Le camp Altissien est un peu tendu depuis que le dragon s'est échappé. Ou plutôt depuis que le général l'a libéré, mais ça, il se garde bien de leur dire. On craint ici et là qu'il ne revienne pour réclamer vengeance ; et s'il y a un peu de vrai quelque part, cela amuse beaucoup l'Enodril de voir que les militaires s'inquiètent pour un rien et que même les plus idiots d'entre eux sont limite prêts à risquer leur vie pour récupérer la créature en fuite, sans savoir qu'ils n'ont toutefois aucune chance face à elle.

    « Soldats ! On m'a rapporté qu'une bête rode dans le coin en pleine nuit. »

    A l'annonce de leur supérieur, la tension se fait sentir chez les officiers qui s'échangent des regards peu rassurés.

    « Vous-Vous pensez que c'est le dragon, général ?
    - Ça, on ne le saura que quand on l'aura sous le nez, n'est-ce pas ? »

    Demander au reptile de répandre de l'huile tout autour de la zone et ensuite de la chauffer pour qu'ils y mettent le feu, c'était le plan qu'il avait proposé.
    "Là je pense qu'on peut en verser sur le toit, si tu voles par-dessus, et... Attends, comment ça, tu sais pas voler ?.."
    Un dragon qui ne sait pas se servir de ses ailes, ça ne l'arrange pas trop. C'est justement un des trucs qu'il trouvait cool chez eux, mais ça lui fait repenser beaucoup de ses préparatifs. Il s'est mis une note quelque part pour lui apprendre à voler un jour, ne serait-ce qu'à basse altitude.
    Fallait que je tombe sur le seul qui ait le vertige...
    Mais bon, dans la vie, il y a parfois des imprévus et il sait faire avec. Son rôle à lui, en attendant, c'est de faire diversion pour éviter d'attirer l'attention sur le poste en lui-même et surtout que ça soit plus simple. Ils ne sont que deux, actuellement, après tout, quand bien même son camarade a une taille plutôt conséquente et des crocs affutés.

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    Une telle... Cohabitation et collaboration n'était pas particulièrement dans ses plans, à l'origine, et avait quelque chose d'assez grotesque, mais étonnamment... Pour l'instant, elles fonctionnaient globalement assez bien. Un peu trop bien à son goût, d'ailleurs, ce qui devait forcément cacher quelque chose de suspicieux et qui nécessitait qu'il reste encore davantage sur ses gardes. Mais pour ce qui était de l'organisation, malgré quelques désaccords de méthode, ils arrivaient assez aisément à un avis commun ; et ce soit était, en l’occurrence, une sorte d'essai. De premier jet. Une manière comme une autre pour Natsume de s'assurer, également, de la compétence de son 'allié' de circonstance.
    Cela dit, il semblait se débrouiller pour jouer la comédie et garder les militaires à distance. Bien idiots, ces derniers étaient de toute façon incapable d'imaginer pouvoir désobéir à leur supérieur, ce qui lui permettait donc de faire le tour du poste de surveillance en faisant rouler devant lui un tonneau d'huile troué par ses griffes. Et..

    C'est ennuyeux.
    Tout ça était tellement facile que ce n'était même pas amusant, à vrai dire. Désabusé, le dragon continue de faire avancer le tonneau en jetant des coups d’œil ennuyés aux alentours, comme si il aurait préféré qu'un soldat surgisse subitement pour ajouter un peu de difficulté à sa tâche. Il n'avait même pas à se cacher. Avec un corps pareil, en plus... ! 
    Pas surprenant, qu'ils aient passé un millénaire à se battre. Ils sont complètement stupides.
    En remarquant que le cercle d'huile qu'il a réalisé est maintenant terminé, il s'arrête et pousse un soupir blasé.
    Au moins, ça sera fait.

    Plus loin, les soldats sont occupés à écouter un blabla quelconque auquel il ne porte pas attention. Il lui suffisait juste de souffler un peu sur l'huile, et... Ça y est. Elle s'embrasait. Légèrement, tout d'abord, car la trace d'huile était maigre au début du chemin ; et plus elle avancerait, plus elle deviendrait large et épaisse. Il suffisait juste de s'éloigner, et...
    … Qu'est-ce que c'est que ce bruit... ?
    Un grondement sourd résonne, au loin. Dans la nuit, il lui aurait été bien impossible de voir les nuages ; mais maintenant qu'il relevait la tête, une observation lui vint aussitôt.
    C'est... Très noir.
    Et le ciel état particulièrement bruyant. Très bruyant, d'ailleurs : bien plus encore lorsque, sans crier égard, le tonnerre rugit plus fort encore. Un peu plus loin, un éclair de lumière blanche vint se planter au sol. La seconde d'après, dans une explosion bruyante, une gerbe de feu s'éleva à toute vitesse en hauteur. Il y avait un trou, maintenant, dans les murs.
    … Ah.
    Ça, en revanche, ce n'était pas prévu du tout. Comme la pluie qui commençait à tomber, d'ailleurs.
    Et la pluie sur un feu d'huile...
    Il s'arrêta, écarquillant les yeux en réalisant ce que cela voulait dire.
    Merde.

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    Tout se déroulait sans doute un peu trop bien, pour le moment. Le chevalier se méfie car c'est dans ce genre de situation que les pires imprévus peuvent arriver. Les soldats sont tendus car ils pensent réellement qu'une bête va surgir de la forêt sombre pour les attaquer. L'Enodril est tranquille là-dessus mais il y a un fond de nervosité qui persiste. Si quelque chose se passe mal, il arrivera à improviser pour s'en sortir mais il préférerait que le plan se déroule comme prévu. Reste que ça le fait rire, quand même, de sentir la peur et l'agitation chez ses coéquipiers. Si pour ces derniers l'odeur est pour l'instant impossible à percevoir, son flair distingue les effluves qui annoncent du positif pour le déroulé de leur projet.
    Mais il entend aussi le bruit du tonnerre, qui fait sursauter l'un des militaires. Son regard doré passe vers le ciel qui s'assombrit. Un orage. Ce n'était pas prévu. Une fumée s'élève du campement pour se mêler aux nuages noirs. Des éclairs apparaissent ici et là, se rapprochent de plus en plus. Puis, une explosion. Le poste de surveillance vient de brûler d'un coup. Des cris s'élèvent dans l'air pour suivre le bruit des flammes qui crépitent avec violence. Les Altissiens sont sur leurs gardes, ils sortent leurs épées.

    « Le... Le dragon ! Il est là ! Il est là ! »

    Ils en sont sûrs. C'est son œuvre. Et ils ont raison. Mais Sam ne doit pas les laisser le savoir.

    « J'vais m'le faire ! »

    Tu ne feras rien du tout.
    Les gardes, prêts à agir et à rentrer à la base, sont toutefois arrêtés et surpris par leur Général qui les stoppe. Au premier chevalier qui veut rentrer, lame en main, l'Enodril n'a pas d'autres choix. Son épée se plante dans la poitrine du chasseur de dragon et le corps de ce dernier tombe au sol, inerte. Ses collègues sont sous le choc.

    « Gé... Général ! Qu'est-ce que-ARG ! »

    Il doit tous les éliminer maintenant. Plus de témoins oculaires ne doit exister. La lame s'abat chez le reste de son groupe qui s'écroulent comme des mouches en un rien de temps. Il ne tenait pas à eux, de toute façon. Il ne tient à aucun d'eux. Les corps finiront brûlés et voilà tout. Sur le moment, il n'y pense pas plus que ça. Tout ce qui l'importe c'est de retourner au poste, et quand il y est, les flammes sont plus destructrices qu'il ne l'imaginait. Est-ce normal ? Est-ce que ça peut se retourner contre eux ?

    « Qu'est-ce qui s'est passé ? »

    Il cherche le dragon du regard, se demandant, au passage, s'il a été blessé.

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    Le feu est intense. Grondant, destructeur. Il gonfle et monte tant qu'on pourrait presque croire qu'il cherche à dévorer le ciel. L'eau éclate sous l'huile et les flammes enflent dans des cliquetis implosifs. Une grimace agacée sur la gueule, le dragon observe la scène sans rien dire. La destruction sera bien plus intense que prévu. Peut-être un peu trop.
    Et si il allait glisser pour se dissimuler en entendant des bruits, l'odeur qui remonte brièvement à ses narines, malgré l'omniprésence de celle de la cendre, lui est assez familière pour qu'il fasse quelques pas vers l'avant. Face aux questions du militaire, il ne détourne pas tout de suite le visage du brasier

    « De l'orage. L'huile, ce sera à revoir. »

    C'était un coup de malchance, mais il n'était pas possible de laisser d'autres tentatives potentielles risquaient de finir en vinaigre par un fait aussi simpliste. Il faudrait qu'il réfléchisse à une autre méthode. Avec de l'alcool, peut-être... ? Moins destructeur, mais pour la discrétion, ce serait idéal. Alors qu'il réfléchit, toutefois, un fumet âcre lui remonta aux narines et son expression se marqua de déplaisir, tournant la tête vers l'humanoïde avec un certain dégoût.

    « Tu sens mauvais. »

    Sans savoir forcément d'où cela venait au début, d'ailleurs, avant que son regard ne se pose sur la lame encore couverte de sang. Et si il ne fait aucun commentaire sur le moment, une pensée lui vient toutefois.
    Je ne suis pas sûr que c'était tant par obligation qu'envie.

    « Il y a des... Restes à nettoyer, je présume. »

    Peu lui importe en soi. En revanche, il aimerait éviter de laisser des traces partout.

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    Le brasier gagne en intensité alors que la pluie s'abat plus fortement dessus. Le chevalier ne comprend pas trop comment le phénomène se produit (est-ce que le feu n'éteint pas l'eau ?) avant que son comparse ne lui rappelle l'huile utilisée pour dresser le trajet des flammes.
    Tiens, c'est vrai que j'avais pas pensé à ça.
    Quand il disait "tout brûler", c'était aussi au sens littéral, mais il n'a pas d'intérêt pour l'instant à blesser de pauvres arbres, pour le coup, il voulait juste viser le poste et les gens à l'intérieur et autour. Mais il ne doit de toute façon plus rester grand chose, avec l'explosion, et encore moins après que le soldat ait fait le ménage avec le reste. Le sang remonte d'ailleurs au museau du reptile qui ne se gêne pas pour lancer une remarque. Habitué au sang depuis tout à l'heure, l'odeur n'a pas dérangé l'Enodril sur le moment mais il peut comprendre ce qui lui fait autant froncer le nez. Puis, il ricane quand le dragon comprend ce qui s'est passé et qu'il évoque les preuves corporelles qu'il a laissé derrière lui.

    « Si t'as un p'tit creux, te gêne pas ! Mais je crois pas qu'ils auront bon goût. »

    Si l'autre veut les manger (malgré qu'il ait fait comprendre que c'était pas vraiment son truc) grand bien lui fasse. Ou alors peut-être qu'il fera comme avec les menottes de l'autre jour et qu'il parviendra à réduire en cendres ce ramassis d'idiots en armure.

    « Au moins, le poste a bien été détruit, mais si le feu se propage trop... »

    Ses yeux se posent vers la construction en bois qui flambe presque trop bien. Bientôt, il n'en restera plus rien et ils s'attaqueront à ceux qui restent, même ceux des Caldissiens. Le but n'était toutefois pas de créer un incendie incontrôlable, alors le militaire se trouve un peu embêté sur le moment.

    « Tu saurais éteindre ça ? »

    D'après le rouquin, si le dragon peut créer du feu, il peut aussi le faire disparaître, non ?..

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    Un roulement d'yeux du reptile suit le commentaire peu philosophique à ses yeux du militaire.
    Tss. J'ai une tête de chien affamé ?
    Il hésiterait presque à lui donner un coup de queue, sur le moment, mais il se retient en se disant qu'il a d'autres priorités. C'est bien tentant, pourtant. Le feu en cours est toutefois plus prioritaire, même si la naïveté de l'altissien a quelque chose de vaguement agaçante. Il hoche négativement de la tête.

    « Non. Je peux le manipuler et le produire, pas le faire disparaître ou l'étouffer. »

    Et il ne maîtrisait pas l'air, en plus de ça. Il fallait une autre solution. Comment se débarrasser de ce feu... Si l'éteindre n'était pas possible...
    … Alors est-ce que l'on peut s'en servir ?

    « Mais... »

    Son regard se détourne. Non loin d'ici, un certain bâtiment trône encore. Une idée lui vient.

    « On pourrait... Rediriger le feu vers leur stock d'armes... ? »

    Le métal userait bien les flammes, en tous cas, et leur assurerait surtout de provoquer une pénurie pour les armées encore en poste aux environs. Ce n'était peut-être pas aussi direct qu'une destruction de postes, mais... Provoquer de l'attrition ne serait peut-être pas une mauvaise idée.

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    S'ils comptaient brûler les autres postes, le chevalier va devoir faire davantage attention, si l'autre ne peut pas faire taire les flammes. Il comptait un peu sur le dragon pour cet aspect du plan, il faut dire. Qu'importe, il trouvera autre chose. Déjà, le fait qu'il puisse en produire et les diriger est un avantage non négligeable par rapport à leurs ennemis qui, en tout cas pour les Altissiens, ne disposent pas de beaucoup de mages dans leurs rangs pour contrer leur offensive. Du moins, pas aux postes de surveillance. Ceux qui peuvent contrôler la magie servent surtout de soutien, mais ils sont rarement placé dans des lieux comme celui-là. La proposition du dragon, toutefois, a quelque chose d'assez alléchant.

    « Hmmm... Ça c'est une idée. »

    S'ils peuvent bien abîmer le stock, ils auront plus de mal à se défendre. Il faudra attendre que de nouvelles armes arrivent, mais ça ne se fait pas en un jour. La balle est dans leur camp pour le moment.
    Enjoué quant au feu qui se propage donc en direction de la cabane de stockage, Sam est surpris par un mouvement rapide près de lui. Une flèche vient de s'abattre à ses pieds.
    Qui ?..
    Son regard se tourne, il cherche le coupable. Les flammes se font toutefois de plus en plus dévastatrices et il commence à tousser alors que les volutes de fumée les entourent. Est-ce que le reptile est insensible à ça ?..
    Puis, lorsqu'une deuxième flèche le frôle et lui marque une égratignure sur la joue, son champ de vision remarque finalement un soldat à terre en mauvais état, qui tente de se relever avec un arc en main. Mais il lui manque un œil et son armure est couverte de sang.

    « Sale bâtard !.. Ergh... Je savais qu'on aurait pas dû... te faire confiance !.. »

    Ses yeux dorés brillent alors qu'il fixe l'assaillant qui lui décoche un regard noir.

    « Tiens... On dirait que j'en ai loupé un. Au temps pour moi. »

    Un sourire malicieux se pare sur son visage lorsque sa main détache sa dague attaché à sa cuisse et qu'il la lance en direction du soldat blessé. La lame petite mais tranchante se plante dans sa gorge et le militaire, après avoir tenté de chercher de l'air en vain, s'étouffe et finit par succomber.
    Des petites explosions retentissent au sommet du poste en feu. Les étincelles qui s'en échappent manquent de brûler la peau découverte du rouquin qui se met à grimacer au moment où il aperçoit les pieds du bâtiment commencer à lâcher.

    « Faut pas traîner longtemps, le poste va s'écrouler. »

    Le foulard autour de son cou le protège un peu des volutes grises mais une nouvelle quinte de toux le prend.
    Tss... C'est quand même con que je sois pas un dragon, moi non plus.

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    La fumée commence à lui remonter dans les narines. Ce n'est pas pas particulièrement agréable, mais il est sur le moment plus concentré par ce qu'il a à faire que par ses poumons qui commencent dangereusement à se remplir d'air, bien qu'ils soient plus grands sous cette forme. Une flèche fend l'air, toutefois, et il ne peut que sursauter légèrement en remarquant la silhouette sanguinolente qui tremble des genoux non loin d'eux. Un survivant... ? Pas pour longtemps, à vrai dire, vu son état, mais cela ne l'empêchait pas d'être dangereux, avec ses flèches. Une grimace sur la gueule, près à cracher quoi que ce soit qui les débarrasserait, ses sourcils se froncent face à un terme en particulier..
    Bâtard...? C'est si important que ça, pour eux ?
    Pas pour les éossiens, en tous cas. Déjà que le concept de nobilité était une aberration à leurs yeux, l'idée qu'un détail aussi anecdotique soit l'objet d'injure le rend perplexe. Et si il allait se relever pour dire quoi que ce soit, il n'en a pas le temps : car à peine a-t-il eu le temps de bouger une patte que l'altissien sort une dague d'il ne sait où et la fait filer jusqu'à la gorge de leur assaillant boiteux. Stupéfait, le dragon ne bouge pas mais il cligne des yeux avec surprise.
    Combien d'armes est-ce qu'il a sur lui, au juste ?
    C'est que c'est vaguement grotesque, quelque part, même si c'est... Vaguement pratique.

    Dans tous les cas, l'urgence est ailleurs. Le bruit autour d'eux est assez inquiétant pour qu'il hoche de la tête face aux recommandations de l'autre. Et il n'est, à vrai dire, pas dans un état bien meilleur que celui-ci, baissant la tête comme il le peut afin d'éviter que ses poumons ne se remplissent d'une fumée âcre et sombre. Le feu qui crépite autour d'eux devient de plus en plus violent. Ses yeux passent de droite à gauche à la recherche d'un chemin sécurisé, mais, à son plus grand malaise, il n'en trouve pas sur l'instant. Tous sont dangereux.
    Si je pouvais voler...
    La pensée ne lui est pas d'une grande utilité sur l'instant, en revanche. Certainement pas quand son regard se lève sur les structures de plus en plus branlantes autour d'eux. L'une d'entre elles lâche d'ailleurs un son plus grave et court que les autres.
    Un craquement. Soudain, brusque, inattendu. Une large poutre, maintenant une tour comme une équerre, vient de céder. La base de la structure tremble et est emportée par son propre bois : elle tombe. Elle tombe droit devant. Juste devant.

    Ses pattes bougent d'elles-mêmes. Ses ailes se déplient, forment un bouclier d'une seule chair autour de leurs têtes. La tour chute et les flammes avec elle. Pendant une seconde, on ne les voit plus. La fumée est épaisse, opaque, compacte. Les restes de la tour forment une masse de débris enflammés.    Au travers de ces derniers, pourtant, une lumière intense se fraye un chemin : et elle devient si forte que les morceaux devant elle disparaissent en une vague de cendres. Caché sous ses ailes, le dragon inspire et expire plus difficilement, lourdement. À première vue, une fine couche de poussière et de fumée se trouve au dessus de leurs têtes. On distingue pourtant, juste en dessous, une ligne de lumière plus forte. La barrière branle mais tient le coup. Ses yeux se rouvrent, mais il grince des dents.

    « Dehors. »

    Ça a le ton d'un ordre et c'en est un, en réalité. Il n'attend pas, d'ailleurs. Un coup de queue, et l'humain est envoyé plus loin, loin du danger. La barrière lâche. Le reste des débris tombe d'un seul coup.

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    Sa crainte se confirme. Les fondations du bâtiment commencent à s'effondrer sous le feu qui les dévorent. Une partie du poste s'affaisse pour s'effondrer sur eux, chutant avec sa traînée brûlante sur elle. Le chevalier veut fuir mais il n'aura pas le temps ; il le sait, au fond d'eux. Est-ce trop tard ? Est-ce qu'il va se recevoir cette poutre et mourir sous son poids ? Pas aujourd'hui. Les ailes du dragon se déploient. Il ne s'envolera pas, le rouquin le sait. Cela n'empêche pas les écailles du reptile de les couvrir comme une protection. Le militaire est intact.
    Il m'a sauvé ?..
    Il reste immobile un court instant pour constater la barrière qu'il devine être invoquée par l'autre. Il oublie parfois que le dragon a aussi des capacités magiques dont il ignore encore beaucoup de choses mais qu'il n'oserait pas sous-estimer pour autant. C'est avec peine qu'il réagit à l'ordre qui lui donné, cependant.

    « Quoi ?! »

    Il ne veut pas laisser le dragon comme ça. Ce dernier ne lui donne pourtant pas le choix et lui donne un coup de queue qui le fait valser en dehors de la zone de danger. Sam retombe lourdement au sol mais ce n'est rien comparé à son camarade qui voit s'effondrer sur lui les restes de poutre qu'il était parvenu à retenir jusqu'alors.
    Ses yeux dorés s'écarquillent. Malgré la fumée et sa toux, il se relève un peu maladroitement jusqu'au monticule de bois enflammé. Ses mains écartent au possible les morceaux qui retiennent le dragon, mais sa peau brûle. Malgré la pluie, le feu ne s'éteint pas. L'Enodril déchire un morceau de tissu sur lui pour tenter d'étouffer les flammes sans risquer qu'elles ne le rongent, même si la tâche est ardue. Il fait de son mieux toutefois pour tenter d'écarter les morceaux lourds, et parvient à distinguer le corps du dragon en dessous. Il tire de toutes ses forces sur le bras qu'il a réussi à libérer pour dégager la créature ailée des débris. Le corps dégagé, il le soulève en entier, rassemblant toute sa puissance d'animorphe, et traverse la barrière de feu qui s'étendait dans le camp en courant sans se préoccuper du reste. Il ne sait pas trop ce qu'il fait, ni si c'est une bonne idée. Son truc ça a souvent été de réfléchir avant d'agir quand il ne prenait pas son mal en patience afin que ses plans les plus ambitieux ne puissent voir le jour.

    « T'es blessé ? »

    Le dragon à terre, il observe ses écailles pour voir où il aurait pu être blessé ; même s'ils sont connus pour avoir une peau résistante, ça n'empêche pas les ouvertures, brûlures, et autres plaies.

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    C'est plus un réflexe qu'autre chose, et en réalité, ça n'a pas probablement pas grand chose à voir avec son acolyte. Il n'a pas cherché à y réfléchir plus que ça : son corps avait bougé et c'était tout. Les débris l'écrasent et le brûlent, l'ensevelissent sous une mer de feu. Sur le moment, le choc est tellement fort qu'il ne sent même plus la douleur des flammes qui lèchent ses écailles et viennent dévorer sa peau. Il n'y a que des acouphènes dans ses oreilles ainsi qu'une vision noircie et floutée tout à la fois. A-t-il vraiment envie de sortir d'ici... ? Malgré la douleur, il n'en est même pas sûr.
    Après tout... Qu'est-ce qui m'attend, dehors ?
    Il n'aura pas de réponse, mais il n'en cherche pas. Le silence est exactement ce à quoi il s'attendait. Au début, du moins, car il y a des bruits, des craquements, du bois qui bouge. Il sent quelque chose qui le pousse, qui le... Soulève ? Il ne sait pas trop et à vrai dire, il met ça sur le compte de l'étourdissement. Même la barrière de feu qu'ils traversent doit être une invention de son cerveau fatigué. C'est bien trop improbable pour être réel. Pourtant...

    Pourtant, il se retrouve de nouveau à terre, loin de feu, même si ses écailles le brûlent et qu'il sent toujours des éclats de douleur aiguë éclater ici et là sur sa peau. Sa tête tourne mais la voix de l'altissien remonte à ses oreilles, progressivement, même si elle semble plus lointaine qu'elle ne l'est. Son esprit lui revient, petit à petit. Ses yeux se rouvrent. Malgré son état, il arrive à remettre les pièces dans leur ordre et comprendre ce qui s'est passé. Une grimace passe sur sa gueule et il tente de se relever sur une patte, certes avec peine. L'expérience est aussi pénible que difficile, mais ses os semblent tenir le coup. Rien n'est brisé, par un miracle qu'il ne comprend lui-même pas. Si il est blessé... ?

    « Pas assez... Pour être suffisamment stupide pour foncer dans le feu. »

    Il peste un peu, mais c'est difficile lorsque ne serait-ce que respirer demande des efforts considérable. En donnant un léger coup de tête au militaire, il l'incite à bouger vers l'avant pour qu'ils s'éloignent aussi rapidement que possible.

    « On s'en va. »

    Au moins, avant que quelque chose d'autre ne leur tombe dessus et qu'ils ne finissent en petits morceaux éparpillés aux quatre coins du vent.

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    Le dragon se relève, difficilement mais sûrement. Il y a sur sa peau rugueuse des traces de brûlure qui laisseront probablement des marques avec le temps. Il n'est toutefois pas assez faible pour ne pas lancer une petite réflexion sur la témérité de l'autre. Le concerné se contente de hausser les épaules. Il ne craignait nullement de se faire avoir par les flammes car il se disait qu'en courant assez vite, il ne serait pas touché. Ingéniosité ou chance, on ne saurait dire. Dans tous les cas, il fallait partir.

    « On en était entourés de toute façon. »

    La pluie a au moins tant fait de dissoudre les flammes qui ont pu s'acharner sur eux. Ne reste que cette portion de forêt qui doit subir indirectement leur plan, mais elle finira par se redresser un jour. Si l'Enodril devient empereur un jour, il veut faire de son territoire un pays riche et prospère pour montrer à ses prédécesseurs comme il vaut beaucoup mieux qu'eux. Une pensée le traverse alors.

    « Les corps !.. Je dois juste... J'reviens tout de suite. »

    Il avait totalement oublié les cadavres qu'il ne voulait pas laisser derrière lui. Il ne faut qu'une preuve de sa lame ne puisse être découverte, ou qu'on soupçonne par un moyen quelconque qu'il est responsable. En ignorant les rougeurs sur son épiderme à cause de quelques brûlures qu'il a lui-même reçu, il se précipite jusqu'à l'endroit où ses camarades sont tombés. Il ne va pas les transporter jusqu'au milieu du brasier, toutefois : ce n'est pas nécessaire. Il se contente de les porter pour ensuite les jeter sans ménagement directement dans les flammes. L'un d'eux commence déjà à brûler : il sera envoyé en direction du stock d'armes pour y perpétuer l'incendie jusque là-bas.
    Quand il a fini son manège, il revient vers le dragon afin de lui donner le signal qu'ils peuvent y aller. Mieux ne pas qu'ils traînent dans les parages plus longtemps, car l'incendie alertera de toute façon d'autres personnes.

    Le retour à la maison est pénible, mais ils sont enfin tranquilles. Le lendemain, le chevalier dira à ses supérieurs qu'un incendie s'est déclaré à cause de l'orage et qu'il est le seul survivant. Cela devrait faire l'affaire, pour le moment.

    « Où est le... Ah, voilà. »

    On lui a dit que du miel pouvait soulager les brûlures, du moins un peu, après avoir humidifié la plaie.

    « Tu veux de l'eau ? »

    Il mouille un chiffon pour l'imbiber avant de s'approcher du dragon.

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    Étonnamment, le retour est plus pénible que le dernier ménage nécessaire à la dissimulation de ce qui s'est passé ce soir-là. Ses muscles le tiraillent et les brûlures sont particulièrement pénibles, lui tirant des grimaces à certaines occasions, mais ils finissent par arriver à destination sans être vus. Le miracle est conséquent, cela dit. Ils ne pourront pas compter dessus trop souvent ; en tous cas, c'est sa conclusion.
    Couché dans un coin de pièce, il souffle et inspire pour tenter d'ignorer la douleur sourde sur son corps, ici et là. Il s'attendait à passer la nuit en silence et attendre qu'elle s'atténue, à vrai dire, mais à sa surprise et devant son regard confus, l'altissien était en train... De prendre du miel et un chiffon ?
    Qu'est-ce qu'il...
    Perplexe et tendu en voyant l'humain s'approcher de lui, il a le réflexe de reculer brièvement ; juste un peu, du moins. Juste le temps de comprendre ce qu'il lui propose sur le moment.
    … Pourquoi s'en mêle-t-il ?

    Dubitatif, quoique toujours méfiant, le reptile finit par hocher silencieusement de la tête, sans que son œil ne quitte la silhouette de l'altissien qui semble... Panser ses plaies. La vision est inhabituelle, incohérente pour lui qui a surtout eu l'habitude d'être de l'autre côté sans jamais vraiment en bénéficier. Et si il grimace lorsque le chiffon humide touche ses plaies, il sait que c'est un coup à prendre. Ses griffes se crispent contre le parquet mais il tolère l'approche en silence.
    Au moins, la douleur semble légèrement s'atténuer. C'est encore pénible, mais c'est déjà plus tolérable. Dans un souffle, il finit par grommeler un peu.

    « Je vais... Terminer. »

    Il souhaitait éviter de montrer ce talent-là pour garder quelques cordes à son arc, mais... Bon. L'altissien avait pris le temps de venir le sortir des décombres, alors il prendrait un très léger risque ce soir. En fronçant les sourcils, il cherche en lui-même cette sensation familière qu'il connaît bien lorsqu'il utilise la magie blanche. En user sous cette forme est bien, bien plus compliqué que dans son corps humanoïde ; alors lorsque ses plaies commencent enfin à se recouvrir de cette fine couche de lumière blanche, c'est bien plus faible que le permettrait d'ordinaire ses capacités. Ça ne limitera pas les cicatrices. Ce n'est pas si grave : son apparence ne lui importe pas. Pas assez, en tous cas, pour qu'il prenne la peine de changer son corps. De toute manière, la fatigue alourdit vite ses membres et il sent qu'il ne pourra pas continuer longtemps, alors il ne s'attarde pas. La lumière s'amoindrit, son regard repasse brièvement sur le militaire devant lui.

    « On ne... Pourra pas refaire ça comme ça. Je vais... Réfléchir à d'autres méthodes. »

    Son ton est pâteux mais il se force à être aussi neutre que possible. Ses pensées ne sont pas vraiment dirigées vers son état qui est bien secondaire à ses yeux. Son regard examine brièvement l'autre, au passage.

    « … Pas de dégâts ? »

    La question est lancée d'un ton neutre, mais il est perplexe et assez surpris que l'autre ait survécu si aisément, à vrai dire. Il n'est pas non plus préoccupé, mais il y a quand même une part de lui qui veut s'assurer que tout est traité.

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    Il avouerait être un peu surpris que le dragon laisse l'approcher, mais il ne bronche effectivement pas quand le militaire se met près de lui. Le corps reptilien bouge un peu, émet un bref mouvement de recul, mais ça s'arrête là alors que l'Enodril applique doucement le chiffon humide qu'il essore sur les plaies pour atténuer les brûlures. On pourrait même être surpris de la douceur qu'il met dans ses gestes. Sa véritable force est sans doute celle de contrôler la sienne.
    Il laisse ensuite le dragon quand ce dernier indique qu'il s'occupera lui-même du reste. Avec des pattes aussi grosses, Sam aimerait bien savoir comment il va faire. Nul besoin de serviette mouillé, de miel, ou de feuilles médicinales. Devant le regard un peu ébahi du rouquin, les blessures s'illuminent pour commencer à se refermer. Elles ne peuvent pas complètement le faire, mais au moins les saignements cessent. Sam admire en silence la magie opérer, puis s'arrêter.
    Il y a plein de choses qu'il me cache...
    Ce qui est normal, il le sait. Cela l'amuse plus qu'autre chose, à vrai dire, de constater que sous ces écailles se cache un mage bien plus affuté qu'il ne laisse paraître. Plus malin, aussi. Il est d'accord avec lui : ils sont parvenus à décimer le campement, mais c'était aussi dangereux pour eux. Avec surprise, le dragon s'inquiète de son état. Ou, en tout cas, si ce n'est pas vraiment de l'inquiétude, il lui pose la question. Et c'est déjà assez pour étonner l'humain, qui secoue aussitôt la tête.

    « Des égratignures. »

    Mensonge à moitié. La douleur n'est pas totalement absente. Elle est contenue dans la paume de ses mains, surtout, mais il l'ignore. Il se contente pour l'heure de les plonger dans un seau d'eau : au moins, ce n'est pas désagréable.

    « C'était pas ma meilleure idée, tout compte fait, je l'accorde. C'est efficace, au moins. Mais sans doute un peu trop. »

    On trouvera autre chose.
    Qui sait combien de sorts garde la grosse bête ailée en réserve ? C'est ce qu'il est en train de se demander.

    « Tu sais faire plein de trucs magiques, en fait. Y'a peut-être moyen qu'on s'en serve, non ? »

    Même si la réponse est probablement prévisible.

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    Il est évident que son interlocuteur ment, à vrai dire. Le dragon ne dit rien mais son regard laisse transparaître son désabus. Observant le militaire faire tout en suivant leur conversation, si il hoche de la tête d'accord face à leur conclusion, il roule toutefois légèrement des yeux quant l'altissien aborde ses capacités.

    « Oui... Si on sait quoi en faire. »

    Au delà de sa méfiance naturelle qui le pousse à garder certaines choses de côté, il ne voit également pas l'intérêt de s'intéresser à l'arme avant de définir la méthode d'action. Dans un grognement de désagrément en bougeant légèrement sa tête, sans le moindre avertissement, il finit par attraper doucement les bras de l'autre pour les relever. Il doit se concentrer pour que, à nouveau, sa magie de soin lui serve. La lumière est toujours faible, mais cela suffira ; il aurait été compliqué de laisser un épéiste sans l'usage de ses mains, après tout. Et parlant d'arme...

    « De plus, je ne peux pas garantir... La limitation des dégâts. »

    Quelques images remontent. Il met fin à son sort avant que sa propre magie ne réagisse et ne provoque des effets secondaires... Désagréables, du moins. La magie blanche pouvait être dangereuse à utiliser, dans ce genre de cas.

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    Les Altissiens ont bien des mages, mais leur domaine est davantage le combat physique, sans forcément l'utilisation de la magie. Sam le sait ; et c'est pour lui une raison de plus afin d'exploiter cet avantage qu'ils pourraient avoir à utiliser les dons du dragon. Alors effectivement, ce sont des choses qui se réfléchissent. L'Enodril ne tient pas (ou plus) spécialement à faire des plans aussi légers.
    Bougeant ses mains dans l'eau, ses bras sont relevés d'un coup par le dragon.
    Qu'est-ce que...
    D'ordinaire, il esquisserait un mouvement défensif mais il ne se méfie pas du reptile. Plus intrigué qu'autre chose, ses paumes s'entourent d'une lumière chaude et apaisante qui pansent ses plaies.
    Il me soigne ?..
    On dirait bien, oui. Lorsque la lueur s'estompe en même temps qu'il avertit des risques, les yeux dorés du chevalier brillent en voyant que ses mains dégagent beaucoup moins de douleur que tout à l'heure.

    « Je ne savais pas que tu connaissais la magie blanche. Tu es plein de surprises. »

    Cela l'amuse. Il ne voyait en lui qu'un dragon (qui ne savait même pas flotter) mais sans se douter que la créature gardait pour elle des mystères aussi fascinants.
    Le rouquin se tourne vers lui, avec une expression moins joueuse, plus sérieuse.

    « Merci. »

    Et ça lui fait étrange de dire ça, mais après tout, ils sont partenaires de crime et colocataire.

    « Tant que nous sommes protégés, il n'y a pas de quoi craindre un "limitation", pas vrai ? »

    Tout ça ne lui fait pas vraiment peur en soi. Il aimerait toutefois éviter de mettre trop... l'autre en danger. Il en a encore besoin pour mettre son plan à exécution. Et un dragon, ça peut toujours être utile. Enfin, même s'il manque au concerné quelques capacités essentielles.

    « Rappelle-moi de t'apprendre à voler, aussi. Ce serait dommage de ne pas se servir de ces ailes, n'est-ce pas ? »

    Le général ne prononce pas ces paroles en l'air : il ignore comment, mais il fera en sorte que ce lézard arrête de ramper et qu'il plane enfin de ses propres ailes. Puis il trouve qu'elles sont jolies, ces ailes. Le dragon ne peut pas passer son temps à s'en servir comme bouclier.

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    Il n'agit pas par volonté de recevoir des remerciements ou d'être utile. Ou du moins, plus maintenant. Il a fait son deuil depuis un moment maintenant ; alors il y a quelque chose de brusque à être ainsi remarqué. Son regard se détourne, il garde le silence. Il est étrange d'être remercié mais cela a quelque chose de vaguement... Dérangeant. Comme si ce n'était pas supposé arriver. Ça ne l'est pas.
    Il n'est pas aussi optimiste que l'autre, toutefois, mais il préfère se garder d'en parler. Un point qu'il croit remarquer chez son vis-à-vis est une certaine naïveté, ou peut-être est-ce davantage de l'inconscience. Et si le magimorphe se fiche bien de mourir lui-même, il n'a pas envie de revoir certaines choses, même dans un contexte pareil. Couché sur les oreillers, le regard tourné vers un point invisible dans l'air, son attention est toutefois à nouveau capturée lorsque l'altissien fait mention de son incapacité à voler. Immédiatement, sa fierté est piquée et il grogne avec agacement.
    Tss. Pour qui est-ce qu'il se prend ?

    « Je volerai si j'en ai envie. »

    Il montre un peu les dents. Il n'est pas de son goût que l'humanoïde prenne trop goût de lui dire quoi faire. Il n'a pas trop de méfiance là-dessus mais il préfère garder quelques limites claires entre eux. Dans un souffle exaspéré, il repose d'ailleurs sa tête sur les oreillers avant de tourner la tête. Au final, l'action d'aujourd'hui a réussi. Il a la sensation qu'ils n'auront peut-être même pas besoin de ça.

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    Le dragon ne semble pas enclin à négocier une petite leçon de vol. Il grogne vers l'humain, avant de tourner la tête vers les oreillers. L'Enodril soupire avant de hausser les épaules. Il est sûr, quelque part, que le dragon ne fera en vérité jamais cet effort ; d'où sa proposition pour l'aider. Mais c'est comme parler à un mur. Il discerne chez le reptile ici et là des ouvertures, mais il y a dessus des dizaines de couches difficiles à percer afin d'atteindre la zone plus sensible. Tant qu'il lui est utile, il ne lui demandera pas spécifiquement d'être aimable, mais bon, ça n'aurait pas été du luxe, de son point de vue. Il n'aurait pas craché sur une meilleure connaissance de l'autre et une relation un peu plus amicale. Mais bon, il en demande sûrement trop.

    « Quel caractère. »




    En dépit de caractères très différents, la drôle de cohabitation s'est poursuivie sans encombre. Sam ne cherche pas vraiment à malmener ou énerver le dragon. Il laisse son côté provoquant à ses compatriotes qui le méritent davantage. L'Enodril ne déteste pas le reptile, en réalité. Il cherche plus à le comprendre qu'autre chose ; car il a cette impression qu'ils partagent des points communs insoupçonnés. Leur duo est au moins efficace : c'est même au-delà de ses espérances. Ils arrivent peu à peu à s'emparer de ce qui faisait la force des Altissiens et des Caldissiens autour d'Yggdrasil. Encore mieux : leur popularité envers les Eossiens grimpent, et même quelques Elysians sont de leur côté. Le rouquin a pu obtenir en outre l'aide de Faust qui possède, pour sa part, une influence encore plus grande ; beaucoup admirent et adulent le Donovan qui fait en plus partie d'une des familles les plus importantes d'Altissia. Certains nobles et une partie de l'armée se sont joints également à la cause, donnant une force supplémentaire non négligeable. Le général est surpris : il n'aurait pas cru que ça puisse réellement marcher un jour, mais l'excitation du moment tant attendu qui s'approche le rend fébrile, impatient, plus énergique et agité que jamais. Nerveux, aussi, que tout s'effondre, lui qui avait tant confiance en ses capacités. Mais c'est un rêve qu'il atteint enfin.

    « Demain, à la tombée de la nuit, on pourra lancer l'offensive finale sur le Centre. »

    Il a érigé sur la table une carte d'Yggdrasil et une carte du Centre où il a posé ici et là des points pour indiquer les positions et les acteurs de la scène en préparation.

    « Faust et son bataillon seront là. Une escouade fera diversion ici pendant qu'on se glissera dans la chambre de Gaston. Et là... ! »

    Son sourire s'élargit alors que son index est posé sur la case qui représente la chambre à coucher du roi. Il aurait bien tué son empereur lui-même pour prendre sa place, mais il sait que le lézard y tenait également. C'est une des premières choses qu'il lui avait avoué, après tout. Il peut donc bien lui laisser cette chance, si le souhait est resté.

    « ... Eh bien, tu pourras le dévorer, si t'en as toujours envie. »

    Il devrait sans doute être plus empathique. Gaston et Camélia sont de jeunes adultes. Sam considère que c'est une faveur qu'il leur fait en achevant leur vie pleine de responsabilités, mais il pense aussi que des sacrifices sont de toute façon nécessaires afin de mener le projet à son terme. Il a de grandes ambitions quant à la façon dont il veut diriger le pays.

    « Alors ? Qu'est-ce que tu en dis ? »

    Le plan est simple en apparence. Il n'avait pas à être particulièrement compliqué : la seule chose qui fera la différence sera leur puissance qui se trouvera être supérieure, normalement, à celle de leurs adversaires.


    Dernière édition par Samalo le Jeu 26 Oct 2023 - 23:48, édité 1 fois

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    Tout s’était enchaîné tellement rapidement qu’il avait presque oublié qu’il ne s’était passé que quelques semaines depuis l’incendie du premier poste de surveillance. Les places fortes étaient tombées les unes après les autres, comme des mouches, suscitant l’amusement et l’enthousiasme des éossiens, ravis de voir leurs envahisseurs en proie à des difficultés. Les rumeurs couraient ici et là, même si lui ne pouvait pas les entendre ou se rapprocher de la cité, sur une révolte qui commencerait à monter dans les rangs. Natsume n’a pas particulièrement le goût du politique : en revanche, il n’est pas mauvais pour la comprendre. Et, en outre, Samaël disposait d’assez de liens et de bons rapports pour pouvoir leur fournir des alliés nécessaires afin d’amorcer quelque chose de plus conséquent.
    Tout se déroulait parfaitement bien. Tellement qu’il ne pouvait pas s’empêcher d’être perplexe. Était-ce si simple de mettre en branle un pays ? De s’emparer du pouvoir lorsqu’il était à la main d’un seul être ? C’en était sûrement une conséquence logique, et quelque part, il ne pouvait pas s’empêcher de se dire que leurs actions ne mènerait qu’à la même terminaison, même si son acolyte finissait par prendre la place de son empereur.
    Mais ça, ça ne me regarde pas.

    Lui se contente d’être une arme. C’est satisfaisant, au début. Il y a une forme d’ironie sucrée dans le fait de devenir exactement ce qu’on avait fait de lui sans que ce ne soit ce qui était attendu malgré tout. Mais au moins, cela soulage ses pensées. Il n’a qu’à détruire ou prévoir comment détruire, et c’est très bien comme ça.
    Le soir d’avant, alors, il n’est pas nerveux. L’altissien l’est. C’est évident ; au fur et à mesure des jours, Natsume a appris à lire certaines de ses expressions faciales, certaines de ses intonations. Une tâche difficile pour lui qui n’a jamais su comprendre les autres, mais qui lui est plus aisée depuis peu. Et là, dans cet excès d’assurance et d’enthousiasme dont il fait preuve en lui re-présentant leur plan, Natsume voit un peu d’anxiété. Il ne fait pas la remarque. Il ne voit pas pourquoi il le ferait et ce n’est pas vraiment sa place, quelque part.

    Sa gueule se pare d’un léger ennui toutefois lorsque l’autre lui rappelle qu’il le laissera dévorer Gaston si il le souhaite ; il n’est plus exactement sûr d’en avoir envie, à vrai dire. Ou du moins, si il se sait peu friand de chair humaine, l’idée l’ennuie plus qu’il y a quelques semaines. Mais bon, si cela pouvait éviter qu’il ne cause des ennuis…
    Il se concentre davantage lorsque l’autre lui demande son avis, tournant légèrement autour de la table pour avoir une vision globale sur chaque pion et chaque petit élément déposé. Le regard critique, la voix neutre mais la mine sérieuse, il use de ses ailes pour pointer un élément sur la carte.

    “... Il y a un angle mort, juste là. Et…”

    Ses yeux feintés se retournent vers les détails de l’intérieur du Centre. Le plan est loin d’être mauvais, en soin ; même si le général n’est pas le stratège du millénaire, il a indubitablement assez d’expérience pour jauger de la composition de ses troupes, de leurs forces et de leurs faiblesses. C’est au moins un trait intéressant et qui facilite grandement les choses. Un point le chagrine encore toutefois légèrement.

    “Il faut d’autres troupes à l’intérieur. Si nous sommes repérés seuls, nous serons vite encerclés. Et… Je serais d’avis de diviser cette escouade-ci.”

    Il relève une patte pour que sa griffe se pose au-dessus d’un ensemble de pions colorés. D’un geste, il la sépare en deux parties qu’il met de part et d’autre du couloir représenté sur la carte.

    “Cela bouclera les sorties.”

    Natsume est précautionneux, minutieux, pensif. Il n’aime pas laisser des éléments en incertitude. Et, surtout, il voit loin. Son regard se fait plus critique lorsqu’il passe par-dessus les bornes qui encerclent Yggdrasil. Vu leur position, à mi-chemin entre Caldissia et Altissia, ils se retrouveront entre deux fronts. Cela a ses inconvénients comme ses avantages.

    “Il faudrait bloquer les sorties de la ville, aussi, peut-être même dès le début. Cela devrait nous faire gagner quelques jours où l’information ne sera pas publique, car il y aura sûrement riposte.”

    Il s’étire légèrement. Il a parlé plus que d’ordinaire, mais il devient tout de suite plus loquace, lorsqu’il s’agit de stratégie. D’un geste de la tête, il vient gratter l’une de ses cornes contre le bois de la table.

    “... C’est comme ça que je le verrai, en tous cas.”

    Quitte à manquer de mourir, autant que ce soit pour une réussite. Même si, à vrai dire… Est-ce que cela lui importait tant que ça ? Il n’en était pas sûr. Le tumulte provoqué le satisfaisait déjà assez. Et là-dessus, il était servi, depuis plusieurs semaines.

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    Il ne s'attendait pas vraiment à une réponse ou même une remarque de la part de l'autre. Il y avait davantage des airs de question rhétorique. En vérité, il voulait que le dragon le rassure. Lui dise que son plan était parfait et qu'il n'y avait pas besoin de changement. Mais c'est sans doute mieux, au final, qu'il joue la carte du tacticien en exposant les failles et défauts de cette organisation. Abasourdi, il écoute les conseils et constatations du reptile sans broncher, au contraire un peu honteux de voir qu'il a raison à chaque commentaire supplémentaire. Pourquoi des choses évidentes ne lui ont pas sauté aux yeux avant ? C'est une bonne façon de lui faire comprendre qu'il était judicieux de partager son modus operandi avec le lézard. Ce dernier, une fois qu'il a fini -et même s'il a beaucoup parlé-, conclut par un retrait plutôt modeste, comme s'il n'avait pas cherché à glaner l'attention.
    Sam reste muet un petit instant après qu'il ait fini de parler, puis se penche à nouveau sur la carte pour faire bouger les figurines et marquer des choses et d'autres.

    « On mettra un peloton ici, alors. Et nous mettrons des volontaires dans cette zone du Centre, afin de surveiller les alentours. Ça devrait faire l'affaire. Si Gaston arrive à s'échapper, j'enverrai un oiseau pour prévenir mes troupes à Altis. »

    Avec un point de vue extérieur comme celui du dragon et ses conseils, ils étaient sûrs d'être vraiment prêts et d'y arriver. Que la créature à écailles se permette d'émettre une opinion pour améliorer la situation soulage le rouquin qui se demande ce qui se serait passé s'il n'avait pas pointé toutes les erreurs qui auraient pu leur porter préjudice. La confiance en lui a augmenté légèrement, alors qu'il esquisse un sourire taquin en coin en direction de son colocataire.

    « Un véritable stratège. Tu es sûr que tu n'as jamais été dans une armée ? »

    Que renferme-t-il d'autre, après tout ? Le dragon semble en savoir vraiment davantage que ce qu'il laisse paraître.
    Comment ça se fait ? On dirait parfois qu'il est... humain.
    Mais... Sûrement l'imagination de Sam qui lui fait des tours.

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    Malgré son ego et son arrogance, son acolyte est étrangement coopératif lorsque l'on pointe du doigt des failles quant à ses plans. Une bizarrerie qui étonne en soi le magimorphe mais qui le mérite de ne pas l'exaspérer. En tant que perfectionniste invétéré, de toute manière, Natsume ne tolère pas le 'à peu près', et certainement pas ceux qui se roulent dans leur médiocrité. La correction apportée par l'altissien a le mérite de le satisfaire, et il hoche distraitement de la tête pour signifier son accord. La plaisanterie qui suit, toutefois, le prend au dépourvu et le fait tourner la tête sur le côté, vaguement confus.

    « Cela n'existait pas, de mon temps. »

    Quand bien même on aurait pu faire la comparaison avec les éclaireurs, mais leur utilité était bien autre. La nécessité d'avoir des armées venait de la guerre, mais en auraient-ils eu si ils avaient été en conflit avec d'autres territoires... ? Peut-être. Il se montre pensif. Il grimace un peu en peinant à atteindre un bout de ses cornes avec ses pattes. L'idée lui semble très absurde, mais même en réfléchissant, il arrive à une conclusion prévisible.

    « Et je doute... Que cela aurait été à mon goût, ou que j'aurais été toléré. »

    Et cela ne le dérangeait pas tant que ça. Faire des plans sur une carte et dessiner des formes, c'est distrayant et cela a le mérite de le stimuler. C'est rigolo. Il y a un peu d'amusement dans le fait de devoir parer à toutes les éventualités et se préparer en conséquence, il est vrai. Le concret, en revanche... Cela le désintéresse un peu plus. L'armée en tant que concept, aussi. Toutes ces histoires de règles et de hiérarchie, cela lui hérisse les écailles.
    Il fait le tour de la table, à nouveau, puis s'arrête. Un élément continue de le turlupiner, mine de rien.

    « Si tu deviens empereur, ou... Quoi que ce soit, qu'est-ce que tu vas faire, ensuite ? »

    Il veut saisir. Lui ne comprend déjà pas vraiment l'attrait du pouvoir, alors il a encore plus de mal à saisir ce qu'on peut vouloir après. Logiquement, n'y-a-t-il pas un moment où cela s'arrête ? Ou on ne peut pas aller plus loin ? Et là, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui devient motivant ? Quand l'envie est la revanche, qu'est-ce qui vient, quand elle est terminée ? Natsume trouve tout cela bien contradictoire. Il relève la tête avec une mine perplexe sur sa gueule.

    « Quel est l'intérêt ? »

    Il est curieux. Il l'a toujours été, cela dit. Jusqu'à peu, toutefois, il n'énonçait pas forcément ses questions. On lui avait suffisamment répété qu'il n'avait soit pas à le savoir, soit qu'il indisposait. C'est un peu différent, maintenant. Ce n'est pas désagréable.

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