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  • Fin du pacte
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    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu du mariage de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
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    Tout lui semble désormais lointain. Même le choc de son corps contre la pierre ne lui procure aucune douleur. Il a froid, tout à coup. Ses yeux tentent de rester ouverts mais se ferment inexorablement sur le plafond de la chambre. La seule chose qu'il perçoit est le sang qui coulent avec lenteur mais sûreté contre ses mains. Le noir complet l'entoure bientôt, et ne reste plus qu'un écho qu'il entend encore : celui d'un grondement si fort que la pièce en tremble et que les fenêtres se brisent. De la peine. De la douleur. Qui pleure ainsi ?..
    Est-ce lui ?
    La réponse, il la connaît pourtant. C'est un cri qu'il reconnaît pour l'avoir déjà écouté. Pourtant, le ton est différent de d'habitude. C'est une plainte.
    Pour moi ?..
    Il se permet presque d'espérer, quand bien même il ne pense pas compter tant que ça pour le dragon. Il a collaboré avec lui, mais c'est tout. N'est-ce pas ?..
    Il ignore ce qui se produit autour. Il ne se sent que faiblir de plus en plus à mesure que les secondes passent. Si près du but, va-t-il mourir ainsi ?
    Au moins... Je n'aurais pas... à le tuer.
    Une pensée qui le soulage un peu d'une fin si ridicule. Il aurait pu éviter cette flèche ou y résister s'il avait été davantage concentré. Peut-être. Ou alors est-ce que la zone atteinte est si fragile qu'il n'y aurait eu rien à faire de toute façon. Mais il aurait pu entendre quelqu'un arriver, sentir un parfum non familier. Trop tard, il mourra avec ce regret là. Il aurait au moins voulu remercier le reptile de l'avoir soutenu, même en dépit d'un pacte, durant tout ce temps qu'ils ont passé ensemble.

    La force le quitte. Il n'a plus la foi de se relever ou même d'essayer ; pensant que ce serait vain de toute manière. Puis, le froid laisse place à une chaleur qui commence à grandir. C'est mince, pour l'instant, mais ce n'est pas absent. Il croit que cela vient d'une chaleur familiale : celle de ses parents qui viennent le chercher pour le monde meilleur d'au-delà. Il ne se souviendra que d'une grande lumière l'aveuglant et d'un feu qui se fait de plus en plus puissant, pour venir chercher l'obscurité glacée qui l'entourait.
    Ses yeux se rouvrent, enfin. Il n'est pas mort. Il a échappé de justesse à une fin précoce. La chambre de l'empereur l'entoure à nouveau. Mais pas que. Des flammes sont venus ronger murs et tapisserie, et le soldat qui lui a tiré dessus a été remplacé par un tas de poussière grisâtre. Comme les menottes et d'autres choses qui ont été brûlées par le dragon.

    « Dragon ?.. »

    Où est-il ?
    Le militaire tente de se redresser, avec moins de mal qu'il ne pensait. Il faut qu'il retire cette flèche. Une flèche... absente. Ses yeux s'abaissent vers sa poitrine où il n'y a plus aucune blessure présente. Elle a été soignée. Il est certain : c'est l'œuvre de son ami.
    Un corps est couché près de lui. Le général sursaute en le découvrant.
    Qui...
    Celui qui lui a tiré dessus ? Non, il n'en a pas l'air. L'Enodril s'approche. Un humanoïde avec ici et là des écailles, des cornes, des cheveux châtains hérissés tombant sur ses yeux. Et une odeur qu'il reconnaît bien pour l'avoir côtoyé durant des semaines. Beaucoup de choses peuvent le tromper, mais pas son flair.
    C'est lui ? C'est vraiment lui ?..
    Les traces de chair brûlée, aussi, sont familières. Il n'y a pas de doute. Mais comment est-ce possible ? Et qu'est-il arrivé ?..
    ... Il m'a soigné. Est-ce qu'il a tant donné d'énergie qu'il est...

    « Non... Non !.. »

    C'est une pensée qu'il ne veut pas avoir. Pourtant, de ça, il est sûr. Sa blessure ne s'est pas refermée toute seule, et il sait ne pas avoir imaginé cette flèche puisqu'elle gît au sol. Il n'y a que cette hypothèse qui fonctionne, alors ça doit être la bonne. Pourquoi cette apparence humaine, alors ?
    Est-ce que les dragons deviennent humains quand...
    Quand ils meurent ?.. Mais est-il seulement mort ?

    « Réveille-toi... Réveille-toi ! »

    La panique envahit sa poitrine. Il se place devant le corps allongé, le secoue par les épaules. Son regard s'humidifie. Il se répète, lui demande d'ouvrir les yeux. Une seule chose pourra lui donner une réponse. Son oreille se colle contre son torse. Le cœur bat encore.
    Sans réfléchir davantage, il prend le magimorphe dans ses bras et descend chercher quelqu'un qui pourra le ramener. Sa victoire, temporairement, il l'a oubliée.



    La capitulation de Gaston s'est fait connaître dans tout Yggdrasil. On estime la fuite de Camélia comme un autre abandon, même si cela ne sera confirmé que bien plus tard, quand Caldissia comprendra qu'ils ne feraient jamais le poids face à la puissance réunie de la cité et de tout un empire. Elle signera donc à son tour son retrait pour le placer aux mains de celui qui s'est proclamé nouvel Empereur, ainsi que de son Conseil qui réunissent des membres proches de lui. Pas que des Altissiens, d'ailleurs. Eossiens et Caldissiens sont également présents dans les décisions, et si ça ne rend pas les débats toujours évidents, ils font de leur mieux pour trouver des accords qui satisfassent le plus grand nombre. Peu de gens ont contesté le choix du nouveau dirigeant. C'est un Altissien de souche mais l'Enodril est très clair : son sang est mixte mais son cœur est international. Provoquer une révolte jusqu'à faire tomber son propre leader fut une preuve suffisante pour ceux qui avaient encore du mal à être convaincus.
    Le dragon est vivant, mais il ne s'est pas réveillé depuis des jours. Il l'a laissé aux soins de Soren et d'Elliott envers qui il a formellement interdit toutes tentatives bizarres ou douloureuses. Docile, son filleul a donc délaissé son rôle de tortionnaire au profit de celui de mage blanc. Les tissus ne sont plus défaits, ils seront réparés. Elliott est plus amusé qu'autre chose de voir que l'Enodril semble tenir à ce point au magimorphe (dont il lui a confirmé l'espèce) mais ne dit rien pour l'instant et se contente de l'aider.

    Souvent, il va au chevet du hérissé pour veiller sur lui. Chaque nuit, en vérité, puisqu'il a du mal à penser à autre chose quand la politique ne lui prend pas son temps. Il en a profité néanmoins pour refaire des travaux dans le Centre de Commandement pour palier à ce qu'ils ont détruit et rendre son physique d'antan. Les jardins n'en sont que plus beaux, et tout le monde peut désormais en profiter.
    La tête entre ses bras couchée sur le matelas où repose le dragon, c'est un matin, par hasard, où il sent finalement du mouvement émaner des draps. Encore endormi, il croit rêver quand il se frotte doucement les yeux et qu'il aperçoit, enfin, un regard ambré posé sur lui.

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    Il n'y a plus rien, pendant un temps.
    C'est comme un sommeil, long et profond, qui aspire tout ce qu'il peut percevoir et sentir. Il ne pense plus, il ne souffre plus non plus. C'est agréable. De temps à autre, quelques images remontent. Beaucoup sont amères, peu sont douces. Elles lui donnent envie de garder ses yeux fermés. Parfois, il lui semblerait même pouvoir reconnaître l'odeur de sa mère, pouvoir saisir sa main et la suivre, où qu'elle soit. Il en a envie, il n'attend que ça. Il avait eu ce qu'il voulait, après tout. Le monde changerait, mais il ne serait plus là pour avoir à le supporter. C'était parfait. Acceptable. Tolérable, enfin. Mais...
    Mais quelque chose continue de le tirer. Dans sa poitrine, dans ses membres. Des sons remontent à ses oreilles, reviennent encore et encore. Il ne sait pas quand exactement il les a entendu ni ce qu'il a entendu, à vrai dire. C'est flou, confus. Il y a quelque chose de familier, pourtant. C'est étrange. Qu'est-ce qui pourrait l'attendre, de toute façon ? Rien, non ? Pourtant, le noir ne vient pas. Des odeurs remontent, des mots parfois. Petit à petit, l'ombre reflue. Elle avait quelque chose de rassurante, pourtant. Y rester était ce qu'il désirait, mais une question remonte, fragmentée, éparpillée, informulée.
    Qu'est-ce qui... Me retient, exactement ?

    Sa conscience lui revient, petit à petit. Il sent ses membres à nouveau, sent leur faiblesse, leur minceur et leur lenteur hésitante. Sent un corps qu'il n'a plus connu depuis longtemps, sent des bras et des jambes dont il avait pris l'habitude qu'elles soient des pattes. Il y a des cheveux autour de son visage, et il a un visage. Il est couché sur quelque chose de doux, couvert par autre chose. Des odeurs remontent à son nez, moins sensible, comme anesthésié. L'une d'entre elles, tout particulièrement, est familière.
    … Lui ?
    Ses yeux se rouvrent avec lenteur. Immédiatement, la lumière, même faible, lui brûle les pupilles. Une grimace passe sur ses traits ankylosés.
    Où...
    Peu à peu, les couleurs et les formes se dessinent plus nettement. Sa perception est toujours floue et chaque centimètre de sa propre peau lui semble peser des tonnes, mais son cou parvient à bouger, juste un peu. Juste assez pour que ses yeux fatigués et confus se posent sur la silhouette assoupie à son chevet.

    « Sama...ël ? »

    A peine tente-t-il de parler qu'une quinte de toux brutale le prend. Sa gorge est irritée, brûlante. Il a l'impression de ne pas s'en être servi depuis des lustres. C'est le cas, quelque part. Même sa propre voix lui semble étrange à entendre ; il en avait oublié le timbre. Comme il avait oublié le reste de son corps et la sensation de ses propres membres. Ses cheveux ne tombaient pas jusqu'à sa nuque, avant, ses ongles n'étaient pas si longs. C'est tout juste si il parvient à saisir où il se trouve. Il est dans un lit. La pièce semble familière.
    Dans... Le centre de commandement... ?
    Visiblement, en tous cas. Mais tout est encore trop flou pour qu'il parvienne à faire le lien.

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    Un nom. Le sien. D'une voix un peu enrouée, comme malade, plus aigue que ce dont il a l'habitude. Mais sa poitrine se réchauffe quand l'autre l'appelle. L'autre connaît son nom. Et il aperçoit dans ce regard des lueurs que le soldat reconnaît également.
    C'est bien lui.
    Il n'y avait plus vraiment de doute, à ce stade, mais ça le rassure de revoir dans ces traits humanoïdes ce à quoi il était accoutumé. Il ne l'aurait jamais imaginé comme ça, d'ailleurs. S'il avait su que le dragon possédait une apparence humaine, ce n'est nullement ce physique qui lui serait apparu. Sous sa forme bestiale, il est imposant, il gronde, il est puissant. Mais le corps qui est allongé est mince, fluet, et on croirait pouvoir le briser rien qu'en l'effleurant. Ses traits sont fins et plus doux qu'on ne pourrait le penser.

    « Tu es réveillé... Tant mieux. »

    Sa tête se relève péniblement, comme si elle lui était très lourde, mais il se permet tout de même de lui offrir un sourire tendre et calme, comme apaisé maintenant qu'il a vu que l'autre s'en était sorti.

    « Tu as... beaucoup dormi. J'ai cru que tu ne rouvrirais jamais les yeux. »

    Il en avait eu peur. Une angoisse terrible qu'il avait rarement connu.
    Mais... Tout va bien, maintenant. Il va bien. Tout va bien.

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    Ses pensées sont encore lentes, détachées. Elles ont encore du mal à se relier entre elles. Sa tête est lourde et douloureuse, comme si une migraine continuait de le lancer dans le fond. Se concentrer demande bien plus d'efforts qu'il ne le faudrait, mais ses yeux arrivent à se focaliser sur le visage en face de lui. Il y a quelque chose d'étrange à voir autant de calme et de... Tendresse ? Dans le regard qu'il observe. Silencieux alors qu'il écoute l'autre parler, si de multiples questions continuent de fourmiller dans ses pensées, une en particulier continue de capter son attention.
    … Est-ce que c'est lui, qui était là ?
    Il ne la posera pas car il n'en a pas vraiment le courage, en réalité. Le soulagement est palpable sur ses traits, et Natsume n'est pas exactement sûr de ce que cela fait remonter en lui. Il est resté longtemps endormi, alors... ?

    « Combien... Combien de temps ? »

    Il cherche à user de son bras pour redresser au moins le haut de son corps. La tentative est infructueuse au départ et il grimace de douleur. Ses membres lui semblent incroyablement faibles, bien loin de la force prodigieuse de son corps draconique. Au bout de la deuxième fois, d'ailleurs, quand il parvient enfin à se retrouver assis, son regard s'arrête sur ses bras dénudés. Des tâches de couleur l'interpellent.
    Des... Écailles ?
    Il n'en avait pas le souvenir. Son corps n'était pas si marqué par son hybridation, auparavant. Surpris, sa main vient se porter à l'une de ses joues. Il sent la même chose, la trace d'une autre. Ses yeux s'écarquillent alors qu'il finit même par percevoir des cornes sur sa tête. Son cœur rate un battement.
    Qu'est-ce que...
    Sa peau brûlée à certains endroits est bien la dernière de ses inquiétudes sur le moment. Il avait déjà entendu parler d'hybridation devenue plus appuyée avec le temps, ou dans des circonstances extrêmes, mais il ne se serait jamais imaginé ça. Jamais imaginé que rester si longtemps sous sa forme draconique pourrait avoir des conséquences. Comme pour se rassurer, il ferme les yeux et tente de chercher les sensations de son autre corps. Et si il croit les trouver, si il s'attend à pouvoir reprendre forme bestiale, il y a comme un blocage, soudainement. Son corps refuse. Sa magie le rejette. Un vent de panique froide lui traverse la poitrine.
    Je ne peux plus... ?
    Son rythme cardiaque s'accélère, sa respiration aussi. Il ne comprend pas. Il ne comprend pas, mais quelque chose remonte à ses pensées dans tout ce fatras. Une conclusion évidente à laquelle il n'était pas arrivé jusqu'à maintenant par fatigue et confusion, mais qu'il ne peut plus ignorer maintenant. Sa tête se tourne en direction de l'altissien avec un mélange d'appréhension et de honte.
    … Il sait, maintenant.

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    Il semble perdu. Quoi de plus normal, puisqu'il vient de se réveiller.

    « Un peu plus d'une semaine... Presque deux. »

    Se redresser a l'air difficile. Vu le temps qu'il a passé à rester inconscient, ses muscles doivent être un peu ankylosés. Ce n'est pas ce qui paraît le perturber le plus, d'ailleurs, puisqu'il passe le regard sur son corps comme s'il ne le connaissait pas. Est-ce la première fois qu'il se transforme en humain ?
    Est-ce possible ?..
    Ou alors, cela doit faire vraiment trop longtemps qu'il n'a pas retrouvé une apparence bipède. De ce qu'il sait, Sam l'a toujours observé dans son autre forme, même quand il se réveillait en pleine nuit. On aurait pu croire qu'à certains moments, le dragon aurait voulu changer de silhouette, mais l'Enodril est persuadé qu'il aurait fini par le découvrir, puisqu'ils ont vécu sous le même toit pendant plusieurs jours. Mais le rouquin ne comprend pas vraiment pourquoi ça n'est jamais sorti. Être humain est parfois plus pratique que d'avoir de grosses pattes de dragon. Déteste-t-il cette forme-là ? C'est vrai qu'elle est très différente de celle du lézard, mais le futur régent ne voit pas vraiment de quoi il devrait spécifiquement avoir honte.

    « Pourquoi... tu ne m'as jamais dit que tu étais magimorphe ? »

    Pas que cela aurait changé grand chose, alors lui demander est un détail. Il est certain pourtant qu'une raison existe derrière tout ça.

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    Deux semaines ?
    C'est énorme. La surprise lui fait ouvrir de grands yeux surpris et il reste muet sur le moment, pris de court. En un sens, il ne devrait pas être surpris ; il pensait mourir, lorsqu'il était encore conscient. Qu'il n'ait donc passé « que » deux semaines endormi tenait donc presque du miracle. Il a forcément dû être soigné, et ses sourcils se froncent y pensant. Par qui, pourquoi ? Beaucoup de choses ont dû se passer, en une dizaine de jours. Il a semble-t-il beaucoup de choses à rattraper. Cela attendra, toutefois.
    La question qui vient ensuite était attendue et prévisible, mais son regard se détourne malgré tout lorsqu'il l'entend. Elle est légitime, en soi. Il n'en a jamais fait mention en soi et a fait tout ce qui était en son pouvoir pour rester dans sa forme draconique autant que possible.Il n'en voulait plus, de cette forme faible et inutile, de cette silhouette trop humaine. Même lui souhaitait l'oublier. Le regard fixé sur la couverture qui recouvre le bas de son corps, il met plusieurs secondes à répondre.

    « Parce que... Ce corps et ce nom-là ne me servaient plus à rien. Je n'en... Voulais plus. »

    Il y a plusieurs semaines, sans doute aurait-il dit à l'autre de se mêler de ses affaires et aurait-il évité le sujet. Étrangement, maintenant, il se sent comme ayant une obligation de répondre. Pourquoi, exactement ?
    Parce que je veux trouve... Qu'il le mérite ? Que je peux lui faire confiance... ?
    Son propre comportement l'étonnerait presque. Sans doute est-ce un contrecoup de son état maladif. Oui, c'est probablement ça.

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    Son nom... Je le connais même pas.
    Il aimerait savoir. Lui demander. Cela peut paraître anodin : au fond, ça l'est. Tout de même, l'Enodril aime à mettre des noms. C'est quelque chose de personnel. Un élément supplémentaire qui nous distingue des autres. Car à partir du moment où il a un nom, ce n'est pas un dragon parmi tous les autres dragons. Il est particulier aux yeux du chevalier.
    Ils ne lui servaient plus à rien ? Mais... A quoi voulait-il qu'ils servent de base ?

    « Qu'est-ce que te permettait ton corps de dragon par rapport à ton corps d'humain ? D'être plus imposant ? »

    Il ne devrait sans doute pas insister ou creuser dans des archives qui pourraient être douloureuses. A l'évidence, le hérissé a ses raisons de ne jamais avoir dévoilé la vérité à son colocataire. Mais ce dernier, maintenant qu'il sait, maintenant qu'ils ont fini, a besoin de réponses.

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    Ce n'est pas un sujet qu'il a particulièrement envie d'aborder. Le malaise continue de se serrer dans son ventre alors que l'autre creuse pour des raisons qui lui sont plus ou moins obscures. Ses épaules se haussent. Il ne veut pas rentrer dans les détails, ne veut pas lui-même se poser la question. Ne veut pas évoquer toutes les raisons qu'il a car y penser est désagréable. Son regard se détourne sur le côté, se pare d'une lueur de dégoût et d'un léger agacement.

    « De ne pas être ça. »

    Son ton est un peu plus sec. Le sujet est sensible et même si il n'est pas illogique que l'autre ait des questions, mais il est si entrelacé avec la révulsion qu'il ressent envers lui-même qu'il ne peut être énoncé sans une certaine âpreté.
    Il souffle. Ce n'est pas le plus important et il ne souhaite pas s'attarder trop longtemps là-dessus. Avec une certaine lâcheté, il se raccroche aux questions que lui peut avoir, et qui le démangent malgré tout.

    « Qu'est-ce qui... S'est passé depuis que... ? »

    Il ne termine pas sa phrase, car ce serait concrétiser ses propres actions. Pour autant, il ne peut pas s'empêcher d'être inquiet. Beaucoup de choses peuvent arriver en deux semaines, et même si le tournant était plutôt positif pour eux avant son inconscience, il n'en avait pas vu la fin. Il espère au moins que cette attaque n'aura pas servi à rien.


    Dernière édition par Segnif le Dim 29 Oct 2023 - 20:18, édité 1 fois

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    C'est peu dire qu'il est surpris par la virulence des propos du magimorphe envers lui-même. Il ne comprend pas ce qui est si grave avec cette apparence. Certes, on est bien loin du gros dragon qui montre les crocs mais il n'y a pas de mal, à ses yeux, par rapport au fait d'avoir une telle forme.

    « Je ne vois pas... le souci. »

    Son regard perd un peu de la lueur qui l'animait, tout comme son ton s'est un peu affaiblit. Il passe vers les fenêtres d'où s'échappe une douce lumière qui vient éclairer la pièce.
    Le natif se déteste probablement lui-même. C'est dommage. Pourquoi ?..
    Il ne veut pas en parler, j'ai bien compris.
    Dans un soupir, il répond à la question qui lui est posée. Il a le droit de savoir.

    « Altissia et Caldissia ont fini par capituler. Camélia et Gaston ont quitté leurs fonctions. Les choses prendront du temps, mais elles sont en train de changer. Tout le système va être remanié. Nous avons reconstruit des choses, ici et là... »

    Et il devrait se réjouir. Au fond de lui, il est satisfait de ce qu'ils ont accompli. Mais l'état de l'autre le préoccupe.

    « Des mages t'ont soigné en attendant que tu te réveilles. »

    Ils n'ont pas pu lui redonner l'énergie nécessaire et donc pour qu'il retrouve toutes ses capacités magiques, cela devra exiger du repos. Au moins, son corps, bien que différent d'avant, n'a plus autant de blessures et est en train de guérir.
    Tu n'as pas l'air heureux. Pourquoi n'as-tu pas l'air heureux ?

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    Le magimorphe garde le silence. Il ne s'attendait pas nécessairement à ce qu'il comprenne ce dont il parle, à vrai dire, mais son regard reste éloigné lorsque l'altissien le contredit, même faiblement. Quelque chose dans sa voix est désagréable à entendre et l'éossien ne comprend pas nécessairement pourquoi. Il baisse les yeux, l'espace d'un instant. Il y a une certaine gêne dans son ventre qui n'est pas particulièrement agréable, comme un sentiment de culpabilité. Il n'en a pas l'habitude. Il n'a pas envie de le sentir trop souvent.
    Il se raccroche, au moins, au récit que lui fait son acolyte quant aux événements de ces derniers jours. Il se permet de souffler de soulagement en entendant que tout s'est bien passé, même en son absence. Quand bien même la pensée lui laisse un pincement à la poitrine dès qu'il y pense un peu trop.
    Des mages l'auraient soigné, donc ? Ceci expliquait effectivement qu'il soit toujours en vie. C'était la seule explication, mais le fait qu'on ait pris le temps de le soigner malgré tout le surprend. Le soigner sans qu'il n'y ait d'intérêt majeur, surtout. Il ouvre les yeux sans un mot, confus.

    « Je... Je vois... »

    Son regard s'abaisse sur ses mains. Ses ongles sont trop longs. Même observer ses phalanges est étranges, car il peine à les reconnaître, comme si il devait plutôt y avoir des pattes et des griffes à la place. Il n'aura pas cru les revoir un jour. Pour autant, cela ne le rend pas ingrat.

    « Merci. »

    C'est un marmonnement timide. Il est incertain quant à ce qu'il devrait faire, ou du pourquoi. Il y a toutefois un sentiment de culpabilité qui persiste alors qu'il retourne son regard vers la silhouette de l'altissien à son chevet. Un regret certain.

    « Je suis désolé de ne pas avoir... Été plus utile. »

    C'est vrai, après tout. Veiller sur lui avait demandé des ressources, et maintenant... Il n'était même pas capable d'user de sa magie convenablement. La constatation lui tord l'estomac.

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    Quelque chose dans sa poitrine le serre. Pourquoi l'autre est comme ça ?.. Ce n'est pas agréable à voir. Pas agréable à entendre. Il ne se permet pas d'en parler davantage cependant, se contentant de remercier plutôt le chevalier. C'est ce qui surprend d'ailleurs ce dernier.
    Toi qui voulais mourir, pourquoi est-ce que tu me remercies ?
    Arrogant, téméraire, trop sûr de lui, ce sont des facettes qui ne le quittent pas dans la vie de tous les jours. Depuis qu'il a rencontré le dragon, certaines choses ont changé. Désormais, il se montre plus vulnérable, alors qu'il devait conserver une image forte. Peu à peu, il s'ouvre sans même s'en rendre compte. C'est peut-être pour ça qu'il se permet d'être aussi davantage blessé par la façon dont l'autre se voit, car il n'aime pas ça. Il ne comprend pas non plus pourquoi être "utile" lui est si important, comme s'il s'agissait d'une obsession.

    « Qu'est-ce que tu racontes ? Sans toi, rien de tout ça n'aurait été possible. Tu as rempli ta part du marché, je ne te demandais rien de plus. »

    C'est vain de se mettre plus de poids sur les épaules que nécessaire. L'Enodril estime que son camarade en a fait bien assez, et même plus encore. Après tout, il l'a sauvé. De nouveau.

    « C'est plutôt moi qui... »

    Qui ne peut pas respecter notre contrat.
    Sa promesse, il ne pourra pas la tenir. Il le sait. Sa seule chance est de dissuader l'autre de sa volonté de ne plus exister. Mais a-t-il seulement ce genre de pouvoir d'influence sur lui ?
    Il veut détourner un peu le sujet. Lui demander plus ou moins indirectement ce qui l'a poussé à aller aussi loin, à le soigner alors qu'il risquait gros. Si le dragon veut absolument mourir, il y a bien d'autres méthodes que forcément passer par la main du général, après tout, il n'a pas besoin de lui pour ça.

    « Je te dois la vie, n'est-ce pas ? Tu m'as sauvé au détriment de la tienne. Tu n'avais pas à le faire. Le combat était déjà gagné. »

    Distraitement, son regard passe sur les blessures au corps de l'Eossien qui ont cicatrisé. Sur les écailles qu'il commence à reconnaître pour les avoir côtoyées. Sur ces cornes singulières qu'il a pu identifier tout de suite. Certes, le puissant dragon n'est plus là, mais... il trouve à cette apparence, malgré tout, quelque chose qui ne lui déplaît pas non plus.

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    Ses lèvres se ferment en une ligne serrée. Il ne répond pas car il peine à croire ce qu'il entend, à vrai dire. Il lui est difficile de saisir qu'on puisse autant dépendre de lui. Son regard se détourne car il y a quelque chose de gênant dans l'admission de l'altissien. C'est étrange, qu'on ne lui fasse pas de reproche. Qu'on le félicite. Silencieux, le magimorphe fronce légèrement des sourcils en observant de l'hésitation dans la voix de son interlocuteur. Il agit étrangement. Quelque chose se serait-il passé ? Ce n'est pas impossible, mais il ne saurait pas dire quoi. Natsume n'oserait pas l'interroger à ce sujet car ce serait dépasser une limite, quelque part. Pourtant, il est curieux.
    Presque autant, cela dit, que l'autre lorsque ce dernier reprend la parole pour rappeler ce qu'il a fait. Pris sur le fait, le magimorphe se tend et détourne à nouveau les yeux, comme gêné. Il ne s'attendait pas vraiment à qu'on lui énonce son geste, puisqu'il s'attendait tout simplement à ne plus être là. Il en était même satisfait, quelque part. Pour lui, cela aurait été une fin satisfaisante. Il y a quelque chose de frustrant, au final, à se réveiller.

    « Je... »

    Il pourrait éviter le sujet et se contenter de balbutier quoi que ce soit au sujet du fait que c'était surtout par obligation, mais l'autre met le doigt sur un bout de vérité. Il n'était pas obligé de le faire, il est vrai. Pourtant, il n'a pas hésité une seule seconde. Il l'a voulu. Sur le moment, il ne se serait rien autorisé d'autre ; c'était plus fort que lui, et il avait agi sans la moindre pensée secondaire. Le regard tourné sur le côté, ses mains triturent les draps tandis que ses yeux restent fixés sur des points invisibles dans l'air.

    « Tu m'as dit que je pouvais faire autre chose que détruire, et... »

    Les images remontent dans ses pensées. Elles sont agréables et amères tout en même temps. Il est si étrange qu'on lui témoigne un peu de foi qu'y penser fait remonter quelque chose d'incertain dans ses tripes. Ses pensées s'éloignent. Pourquoi a-t-il choisit d'user de sa vie pour sauver la sienne, sur le moment... ?

    « Si je disparais... Ça ne changera rien. Toi, tu veux vraiment... Changer les choses. » 

    Oh, il n'était pas assez naïf pour ne pas voir l'arrogance, la soif de pouvoir et l'envie de vengeance de son vis-à-vis. Mais c'était, à ses yeux, toujours mieux que ce qui existait actuellement. Peut-être était-il crédule de croire ce qu'il lui avait dit, également. Il aurait pu mentir pour chercher à l'amadouer. Peu lui importait, peut-être, au final ; il avait juste eu envie d'y croire. Lui voulait vivre. N'était-ce pas un échange gagnant ? Surtout lorsqu'on considérait la réalité des choses.

    « Moi, je voulais juste... »

    Sa voix se meurt progressivement. Quoi, au fait ? … Pas grand chose. Que le monde change, oui, sûrement. Mais il n'en avait pas les capacités ni, dans le fond, l'envie de le mener à bien par lui-même. Se venger, peut-être. Détruire car on lui avait dit qu'il n'était bon qu'à ça, et que peut-être qu'il y trouverait sa place ce faisant. Son regard se perd. Il n'est même pas capable de l'évoquer. Les dernières semaines lui semblent s'être déroulées dans un flou complet. Comme si quelque chose en lui s'était éteint, ou qu'au contraire il n'était plus capable de percevoir le mélange d'émotions indémêlables qui l'avaient parcouru durant tout ce temps. Un rictus désabusé et las passe sur son visage, comme une marque d'amertume évidente.

    « Je ne sais même pas. »

    C'était bien la vérité, en soi. Pendant des semaines, si il a agi, c'est parce qu'il était bien satisfait de ne pas avoir à réfléchir plus que ça. Il y avait des ennemis, un objectif simple, compréhensible. C'était bien pratique. Alors, pourquoi hésiter, lorsque venait le moment de choisir entre sa vie ou celle de son camarade ? Le meilleur choix était évident. Il le referait à l'instant, si il le pouvait.

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    C'est vrai, avant qu'il ne plonge dans le noir, il avait dit au dragon que ce n'était pas une menace. Il le pense toujours. Pendant des semaines il s'est servi de lui, de sa force et de ses pouvoirs, mais ça ne veut pas dire qu'il ne le voyait que comme une arme. C'était juste une créature puissante avec laquelle il pouvait faire un échange de bons procédés. De base, avant même de savoir qu'il pouvait parler, il comptait surtout le dresser par simple désir de vouloir un dragon. Ou peut-être que ce qu'il voulait vraiment, c'était un compagnon. Quelqu'un pour donner un peu de vie à sa maison. Rendre son toit moins triste et moins seul. Mais ça, il ne l'admettrait pas.
    Le soldat devrait se sentir flatté de savoir que l'autre estime sa vie à ce point. Mais il a bien du mal avec ce concept si cela implique de faire disparaître le magimorphe. Vouloir changer les choses, est-ce que ça suffit pour justifier qu'on se sacrifie afin que lui survive ?

    « Une vie vaut elle vraiment plus qu'une autre... Je me le demande. »

    Son visage est tourné vers les rideaux entre lesquels s'échappe de minces rayons de lumière. Au final, si le dragon ne sait pas ce qu'il voulait, c'est qu'il lui manquait un véritable but. De véritables objectifs de vie comme Sam peut en avoir. Mais il ne pense pas que juste avoir un rêve, celui de conquête et de changement, peut suffire à ce que son existence ait une valeur plus grande que celle de son partenaire de combat.

    « Ce n'est pas parce que je voulais changer les choses que je méritais plus que toi de vivre. Sans ton aide, je n'y serais pas arrivé. Seul... Je ne suis peut-être pas grand chose, finalement. »

    Les plans qu'il avait mis au point auraient été compliqués à accomplir seul. Avoir la créature millénaire à ses côtés lui a grandement facilité les choses. Il l'a aussi empêché de se retrouver pris au piège en le corrigeant pour énoncer ce qui n'allait pas, et le conseiller sur les choses à faire pour que cela réussisse. Ultimement, alors qu'il allait perdre la vie, c'est encore le natif qui l'a tiré d'affaire, quitte à abandonner ce monde. S'il a pu être aussi confiant, c'est qu'on l'a soutenu là-dedans également.

    « J'y crois encore. A autre chose que la destruction. Maintenant que tout a été détruit... Il ne reste plus qu'à tout reconstruire. »

    Au sens propre, comme au sens figuré. Lorsque son regard se pose donc à nouveau sur le visage de celui alité, il a de nouveau, finalement, un petit sourire timide mais tranquille, un peu niais mais qui porte un espoir.

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    Il ne dirait pas nécessairement qu'une vie en vaut plus qu'une autre. En revanche, il dirait que beaucoup valent plus que la sienne – et la nuance est importante. Il a en revanche la sensation qu'un tel commentaire ne sera pas accepté, alors il regarde pour lui. Que l'autre se pose la question, toutefois, lui fait hausser des sourcils. Ce n'est pas vraiment une pensée dont il l'aurait cru capable, à vrai dire. Ce n'est pas... Une mauvaise surprise en soi.
    Silencieux, il écoute sans rien dire, ses yeux examinant la figure devant lui qui se fait bien humble et sincère, étrangement. Il semble plein d'espoir, celui qui était venu le voir en lui promettant sang et feu pour l'appâter. Il y a quelque chose de différent chez lui, quelque chose d'appréciable à voir, quelque chose qui lui fait se sentir plus tranquille. Comme pris de court par cet enthousiasme et cet optimisme qu'il voit, sa bouche s'ouvre et se ferme sans qu'un mot n'en sorte au début. C'est... Étrangement tentant. Il en devient curieux. Curieux de voir ce qui pourrait advenir, maintenant. Juste un peu.

    « Alors... »

    Sa voix est hésitante. Son regard passe vers la fenêtre, à peine cachée derrière les rideaux tout juste opaques. Dehors, il fait jour. Le soleil brille et il n'entend pas un cri. C'est agréable. Peut-être pourrait-il même à nouveau passer entre les jardins du temple, comme lorsqu'il était plus jeune.

    « Laisse-moi t'aider. »

    Ce n'est pas un pacte, ni une quelconque déclaration d'allégeance. C'est autre chose, de plus volontaire, même si c'est timide, même si c'est incertain. Au loin, il croit percevoir quelques couleurs. Il en arrive presque à se demander ce qu'il fera, quand ses pieds lui permettront enfin de se lever. Quelques lueurs reviennent éclairer son regard.

    « Je veux... Voir ça. »

    Juste ça, si ça pouvait exister. Et après... Après, il verrait. Il pouvait attendre. Encore un peu.

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    La vengeance était une chose. Mais il y avait toutefois un autre but à faire tout ça. Sinon, il n'aurait pas pu assumer autant de nouvelles responsabilités d'un coup. Il lui fallait une motivation supplémentaire pour avancer jusqu'au bout et se dire que tout n'avait pas été fait pour rien. Auquel cas, il aurait juste pu confier la couronne à quelqu'un d'autre. Il était sûr, de manière arrogante, être le seul à pouvoir réellement remplir cette fonction et rétablir la paix sur Elysia. Les yeux perdus dans le vague, il ne s'attendait pas spécialement à ce que l'autre lui réponde. Ni à ce qu'il lui propose son aide. Il le scrute avec surprise, ne comprenant pas d'où vient ce revirement tout à coup. Lui qui était si enclin à mourir, il voudrait rester un peu plus longtemps finalement ?..

    « Ah... »

    Pour une raison que le soldat ignore, l'entendre parler de ce qui va être plutôt que d'en finir lui réchauffe un peu la poitrine. Il préfère l'écouter dire ce genre de choses plutôt que de le voir fatigué de vivre. La lueur s'est ravivée dans son regard, même s'il reste quelques secondes à fixer son interlocuteur comme s'il avait mal entendu. Il est soulagé. Il ne sait pas si cette volonté du dragon va durer, mais ça le rassure. Lui fait enlever l'anxiété qui pesait sur lui à la première demande qui lui a été faite. Ses yeux dévient ailleurs pour ne pas laisser voir leur humidité.

    « Voilà enfin une requête que je pourrais satisfaire. »

    Puis, il esquisse un léger sourire, avant de se lever et d'aller voir par la fenêtre. Le voilà devenu émotif.
    C'est lui qui me rend si mou ou... c'est moi qui ai oublié que je l'étais ?
    Au fond, il connaît la réponse. Son cœur s'apaise de savoir que son acolyte ne partira pas tout de suite. Il a encore besoin de lui.

    « Ça tombe bien. Il me manquait un conseiller. »

    S'il a besoin d'un but dans la vie, le militaire pourrait le lui donner. Quelque chose qui lui donne envie de vivre dans le nouveau monde qui sera créé demain.
    Un monde que les gens comme toi ont envie de voir.
    Le rouquin se tourne à nouveau vers le lit, l'esprit un peu plus léger.

    « Mais il faudra... Que tu prennes un bon bain, avant. Et... qu'on s'occupe du reste. »

    Il désigne ses cheveux, entre autre, mais il lui faudra aussi couper ces ongles, lui donner des habits neufs... Un petit relooking ne lui ferait en tout cas clairement pas de mal.

    « Est-ce que... j'ai au moins le droit de connaître ton nom, maintenant ? »

    C'est qu'il ne va pas le désigner comme "Dragon" toute sa vie, sauf si l'autre insiste vraiment.

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    C'est hésitant. Incertain. Il craint la déception alors il ne veut pas s'impliquer plus que ça, pas promettre sa présence dans la durée. Cela ne lui coûte pas grand chose, après tout, d'attendre et de voir. Son regard reste fixé sur la fenêtre, distraitement. Peu lui importe vraiment le poste ou autre détails, à vrai dire, il ne s'attarde par vraiment sur ce genre de choses.
    En revanche, lorsque l'autre lui indique qu'il aurait besoin d'un « bon bain », les sourcils du magimorphe se froncent et il grogne un peu, pour la forme. Les bains lui plaisent. Qu'on sous-entende qu'il est sale, en revanche, lui pique l'ego même si il a sincèrement l'air d'un animal sauvage, dans cet état. Grincheux, il détourne le regard même si la remarque est parfaitement vraie. Hors de question de laisser quiconque l'approcher, toutefois, il se débrouillera par lui-même. Ce n'est pas si compliqué, après tout, d'utiliser des ciseaux.

    Il s'arrête en revanche lorsque l'altissien lui fait une demande qu'il n'avait pas du tout prévu. Ne parle pas, ne répond pas. Ses muscles se sont arrêtés et il ne tourne pas la tête, gardant plutôt son regard fixé à travers la fenêtre.
    Lui donner mon nom... ?
    Sa bouche s'ouvre et se ferme sans qu'il ne parle. La question est sensible. Il ne sait pas si il a vraiment envie que quelqu'un se rappelle de lui, à vrai dire. C'est que cela change beaucoup de choses, aussi, à ses yeux, quant à la manière dont ils interagissent. Ou du moins, il le perçoit sans pouvoir explicitement définir quoi. Ce n'est pas une ligne rouge mais elle est n'est certainement pas blanche ; alors il se passe quelques secondes. Mais pas nécessairement car il veut refuser : c'est tout le contraire.

    « … Natsume. »

    Il marmonne un peu, le regard éloigné, la voix légèrement hésitante. Il ne craint rien de le part de son vis-à-vis mais il y a quelque chose d'étrange à communiquer de cette manière. D'admettre d'une manière aussi évidente qu'il lui fait assez confiance pour lui confier quelque chose qui lui faisait pourtant honte jusqu'à maintenant. Cela dit, si on le lui demandait, il le nierait véhément.

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    Natsume.
    Il a bien compris et senti comme ce n'était pas évident de lui faire sortir son nom. Il lui a fallu un mois pour l'obtenir et avoir cette confiance nécessaire de sa part. Mais Samaël est heureux de pouvoir enfin le connaître. Un nom est désormais rattaché au dragon. Petit à petit, même s'ils ont rempli leurs objectifs, leur relation se noue davantage. Ils ne se séparent pas ; au contraire. Et ça le rassure, quelque part.
    Faire coopérer l'Eossien n'est toutefois pas chose aisée. La plupart des tailleurs n'ont pas osé approcher le hérissé qui leur grogne dessus et serait prêt à mordre sans hésiter. Seul le futur empereur a le droit de l'approcher, et si ça le flatte un peu, il sait que ça ne pourra pas toujours durer. Du moins, il l'espère. Le magimorphe sort quand même lentement mais sûrement de son état de base. Passer au bain ne fut pas du luxe et, face à l'insistance assez stricte du natif, il lui a laissé se couper les cheveux tout seul. La tignasse est la dernière chose qu'il fallait reprendre en main.

    « Alors alors, montre-moi le résult-... Oulah. Tu t'es fait attaqué par un tigre ou quoi ? »

    Lorsqu'il pénètre dans la pièce pour voir s'il ne s'est pas coupé une oreille avec les ciseaux, le problème est toutefois autre : aucune égalité des mèches, des nœuds partout, les cheveux encore plus en bataille qu'à l'accoutumé... L'animorphe se permet de rire, sans toutefois se moquer, amusé par la façon dont l'autre s'est débrouillé.

    « Donne-moi les ciseaux, je vais m'en occuper. »

    En douceur, il passe la brosse dans ses cheveux pour les démêler avant de procéder à la coupe. Ce n'est pas un expert, mais il l'a déjà fait pour d'autres et son point de vue sera meilleur que celui du cadet qui pourrait difficilement s'occuper de l'arrière. A quelques reprises, cela lui arrive de regarder distraitement les cornes sur sa tête, se demandant s'il peut sentir quand on les touche ou non. Entre ses mains, quand il le regarde d'aussi près, il se rend compte d'autant plus à quel point il est mince et petit par rapport à sa taille de dragon. Cela lui fait étrange.

    « C'est plus agréable, quand même, non ? »

    Ses mains passent dans ses cheveux, les écartent pour mieux les raccourcir. A quelques reprises, il doit effleurer son cou à découvert. Quand il y pense, ils ont rarement été aussi proches physiquement. Ça aussi, ça lui fait drôle.

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    « Tsss, tu te crois malin ? »

    Il grogne, les joues rougies d'embarras alors que l'autre souligne son échec d'autant plus évident. Il n'avait déjà pas supporté qu'on prenne ses mensurations et qu'on s'approche de lui, alors il était hors de question qu'il laisse quelqu'un toucher ses cheveux. Le fait était, toutefois, qu'il n'avait aucune compétence en la matière et que c'était on ne peut plus évident. Un peu grincheux, il laisse toutefois l'altissien se rapprocher et prendre les ciseaux, même si il garde une expression vexée en tournant la tête sur les côtés.
    Pour autant, il ne dit rien lorsque l'autre se met dans son dos afin de commencer à y passer la brosse, quand bien même la sensation est étrange. Nerveux, il gesticule sur place au début. Il faut dire que le dessus de sa nuque est une zone fragile et critique ; le genre qu'il n'aurait pas envie que n'importe qui puisse atteindre. Mais au delà de ça, c'est surtout la sensation de doigts contre son crâne qui a quelque chose d'inhabituel et qui le fait rester tendu pendant un moment, au début, alors qu'il doit lutter contre son instinct. Crispé, il finit toutefois peu à peu par se rendre compte qu’étonnement, il ne sent ni tirage de ses cheveux, ni de brusqueries désagréables, ou de coupes douloureuses au niveau de ses oreilles. Contrairement à ce qu'on aurait pu penser, l'épeiste est étrangement délicat.
    … Il sait faire attention, quand il veut.
    Petit à petit, le magimorphe finit par desserrer ses épaules. Les mèches continuent de tomber autour d'eux et au fur et à mesure, la cascade de cheveux dans son dos se réduit comme peau de chagrin. C'est un poids qui se retire progressivement, même si il rechigne à l'admettre quand son acolyte lui pose la question, grommelant un peu pour la forme.

    « Hmgr. Peut-être. »

    Sa fierté n'est pas nulle et il n'aime pas admettre avoir tort. Pas sur ce genre de choses, en tous cas. En silence, il laisse toutefois l'autre faire alors qu'il aurait sans doute déchiré la main d'un autre entre ses crocs. Cela faisait un moment, en plus de ça, que l'on n'avait pas réduit ses mèches.
    Pas... Depuis que maman...
    La pensée obscurcit un peu son regard. Il est vrai ; la dernière qui avait touché à ses cheveux était sa mère. Et depuis, plus rien. Aussi ridicule que ce soit, il n'avait jamais vraiment appris à le faire pour lui-même et ne pensait pas avoir si vite besoin de l'apprendre. Il sent d'ailleurs une légère gêne au niveau de sa tête, alors il relève une main pour guider celle de l'autre sur le côté.

    « … Autour des cornes, légèrement. Ça gratte, sinon. »

    Il marmonne un peu alors que ses jambes battent l'air. Il devient distrait, petit à petit. Il réfléchit moins. Il s'est détendu sans même s'en rendre compte, car il n'a aucune raison de se méfier dans la présence dans son dos. Alors il parle sans doute un peu trop.

    « C'était ma mère, qui le faisait. Ça fait longtemps. »

    Elle aurait, sans doute de son côté, vite pensé à faire attention aux cornes. Mais en même temps, l'altissien ne partage pas son espèce.
    … D'ailleurs, qu'est-ce que c'est, son espèce ?
    La question lui vient mais il ne la pose pas. Ses pensées vaquent un peu partout, sur l'instant.

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    Un petit gloussement lui échappe à nouveau face aux grommellement de l'autre. Il aurait pu faire des nattes, avec des cheveux aussi longs. Mais les raccourcir le rendra plus léger. Au moins, le magimorphe semble se calmer et se détendre. Ce dernier guide même la main du rouquin en lui donnant des directives et des conseils. C'est en effet ironique de voir qu'une main qui arrache des vies avec une telle violence peut aussi faire preuve de douceur lorsqu'elle passe entre des mèches pour une tâche des plus simples et domestiques. Bientôt, la chevelure est elle aussi plus douce sous les coups de brosse et les passages des ciseaux qui enlèvent de plus en plus de poids. Le silence est revenu, interrompu seulement par le bruit des lames entre ses doigts. Et le hérissé qui reprend la parole, l'expression plus sage, plus vulnérable aussi. Il évoque sa mère. Les mouvements de l'Enodril ralentissent d'eux-mêmes alors que son attention a été capté par cette ouverture qu'il lui donne. C'est la première fois que le dragon évoque sa vie de manière plus personnelle.

    « Je suis donc privilégié ? Quel honneur. »

    Ce n'est pas ça qui compte vraiment. Toutefois, il est vrai que ça ne déplaît pas à son ego d'être spécial. Sans qu'il ne soit réellement comparé à sa génitrice, c'est bien elle, la dernière personne qui a exécuter des gestes similaires sur lui, alors Samaël a conscience que ce n'est pas rien, comme libre-arbitre. Il se montre de plus en plus curieux quant au passé du magimorphe.

    « Tu as... de la famille, alors ? Où sont-ils, maintenant ? »

    La seule chose qu'il sait, c'est que la mère de Natsume n'est plus là. Et qu'aucun autre n'est venu le chercher à sa cage. Ce n'est pas forcément bon signe, d'ailleurs.

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    Privilégié ?
    L'évocation lui fait froncer les sourcils, à la fois de perplexité, de vague agacement et de curiosité. Il n'y avait pas pensé comme ça. Est-ce faux, pour autant ? Quand il y pense, et il se fait bien silencieux soudainement, c'est toutefois peut-être plus proche de la vérité qu'il n'aimerait l'admettre. Après tout, il se méfierait de quiconque d'autre. Est-ce tant par confiance envers lui que son absence envers les autres... ? Peut-être un peu des yeux, en réalité, alors il concède qu'on puisse qualifier ça de privilège. Cela dit, hors de question de l'évoquer même partiellement.
    Si sa tête continue de grossir, elle va exploser.
    Et cela rendrait son petit somme de ces derniers jours bien inutile.

    Il avait presque oublié avoir évoqué sa mère, à vrai dire. C'était sorti tellement naturellement que lorsque l'altissien évoque le sujet, Natsume est surpris de l'entendre. Il se tend brièvement, avant qu'une hésitation évidente ne vienne le faire triturer machinalement le tissu sur ses genoux. Il n'y a pas grand chose à dire, en soi, alors pourquoi est-ce si compliqué à évoquer ?

    « Morts. Ou... Peu désireux de venir dire bonjour, j'imagine. »

    Une manière bien légère d'évoquer le fait qu'ils n'avaient surtout aucun intérêt à s'intéresser à lui ou à sa survie éventuelle, mais c'était la vérité, après tout. Il n'a pas cherché à les retrouver, de toute manière. Son nom de famille, d'ailleurs, n'avait même plus beaucoup d'utilité.

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