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    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu du mariage de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
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    2 participants

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    Le jour du couronnement est finalement passé. Le soldat devra encore faire ses preuves mais le fait qu'il ait tenu à ce que la cérémonie soit ouverte à tous a fait l'unanimité excepté auprès des nobles qui voient encore le mélange avec les Eossiens d'un mauvais œil. Trop couards et en même temps trop lèches-bottes pour protester, ils ont dû faire avec. L'Enodril les aurait ignorés de toute façon.
    Quand il le peut, il essaye d'organiser des réunions et conseils pour restructurer Yggdrasil et tenter d'approcher de la cité dont il rêvait. Les natifs sont toutefois montés en ton car leur situation n'avance que lentement.

    « Je comprends leurs revendications, mais les reconstructions des quartiers prennent du temps, on ne peut pas les mettre dans des habitations non finies. »

    La politique, c'est bien la partie avec laquelle il demeure le moins à l'aise. Il veut bien faire, au fond, mais il a toujours été plus doué pour parler avec des épées épées que des mots.

    « Et si on les logeait dans les maisons nobles vides de la Ville Haute en attendant ? Vous pensez que ça leur irait ? »

    Déplacer le problème n'est pas la solution la plus adaptée, mais c'est la seule à laquelle il pense sur le moment.

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    Les jours ont passé et sa magie refuse toujours de revenir sous son contrôle.
    C'est agaçant. Frustrant, même, car il se retrouve ainsi bloqué dans cette apparence et qu'il est bien incapable d'user d'un cinquième de sa force ; autant de choses qui le frustrent et qui le rendent, de temps à autre, quelque peu grincheux. Sans doute que l'altercation récente qu'il avait eu avec Satoshi, d'ailleurs, n'aidait pas cet état de fait. Leur échange continuait encore de tourner dans ses pensées, sans qu'il n'arrive à s'en détacher complètement.
    Il se sert de toi. Il serait temps que tu le réalises.
    Je le sais très bien. Mais au moins, cette fois, personne ne prétend le contraire.
    Autour de la table du conseil, Natsume est silencieux. Depuis le couronnement, le magimorphe est discret, se fait peu voir ; quelques uns se demandent, d'ailleurs, ce que fait cet éossien sorti d'on ne sait où ici, au milieu de militaires et de dignitaires. Les théories fusent mais l'autorité de leur supérieur fait qu'ils n'osent pas nécessairement l'évoquer clairement. Enfin, pour le moment ; mais c'est bien la dernière des priorités du magimorphe qui est plus occupé à observer ce qui se fait et se dit pour s'intéresser aux regards méprisants ici et là.

    Il écoute, regarde, examine. Pas spécialement juste les plans et les décisions qui sont réalisées, d'ailleurs. Attentif, l'éossien prend toujours le soin de garder un œil sur leurs 'alliés'. Alors, au fur et à mesure, son rôle est autant devenu celui d'un conseiller que d'un observateur ; il repère les éléments trop perturbateurs ou indignes de confiance pour les déloger au besoin. Cela lui convient, d'ordinaire. Mais aujourd'hui, le sujet est sensible autour de la table. Les éossiens ont la sensation d'avoir été arnaqués et ils commencent, petit à petit, à se faire de plus en plus tendus. Et si son camarade couronné est relativement créatif pour offrir des solutions, Natsume n'est pas particulièrement de son avis. Si quelques uns voulaient supporter sa proposition (avec leurs habituels « oh quelle bonne idée vous êtes vraiment brillant »), c'est la voix du magimorphe qui résonne en premier.

    « Non. »

    C'est assez simple et concis, mais ses rares interventions le sont toujours. L'éossien n'a pas vraiment la délicatesse d'un diplomate ou la retenue d'un militaire, ni même l'étiquette d'un noble. Les jambes croisées sur son fauteuil, ses pieds se balancent dans l'air avec régularité, soulevant à peine les motifs verdâtres de ses robes. Son regard se porte sur la carte de la cité. Il la trouve encore trop imprécise ; il manque notamment les tunnels qui pourraient autant leur porter préjudice que leur être utile.

    « Le fait que la Ville-Haute soit devenue résidentielle est déjà un outrage, pour eux. De plus... Elle est bien trop étroite pour contenir la totalité de la population. »

    Même en confisquant des résidences, d'ailleurs. Et si il se fichait bien, personnellement, que des nobles puissent être dépossédés, cela aurait été une décision imprudente et trop risquée à ses yeux.

    « Et... Je ne suis pas sûr qu'énerver davantage les nobles soient une bonne idée. Il faut éviter de leur donner du grain à moudre pour de potentiels coups d'état, surtout maintenant. »

    Il était toujours possible d'écraser des rebellions, mais la stabilité était plus intéressante pour le moment, à ses yeux.

    « Par contre... On pourrait monnayer les chambres des auberges et des tavernes du quartier des loisirs, ne serait-ce que temporairement. Si on instaure une limitation du nombre de résidences aux autres et que l'on améliore leurs demeures existantes, potentiellement... »

    L'objection évidente qu'on pourrait faire à sa proposition ne lui est pas inconnue, toutefois, et il l'évoque comme si il réfléchissait à haute voix.

    « … Mais cela va se traduire par une hausse des impôts. Il faudrait la faire passer sans heurts. »

    Il parle peu, mais lorsqu'il se lance, c'est souvent qu'il a tout un plan en tête, sans forcément s'inquiéter de quand et comment il va finir par le dérouler. C'est globalement une des caractéristiques principales de son caractère.
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    Dernière édition par Segnif le Ven 3 Nov 2023 - 1:00, édité 2 fois

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    L'assemblée générale approuve les dires du roi sans chercher à contester ses propos même s'ils ne sont pas tous d'accord avec. Derrière des sourires mielleux, c'est à peine s'ils cherchent à vraiment argumenter. Pourtant, s'il réunit un conseil, ce n'est pas pour qu'ils approuvent tous ses propos. Dans le doute, il croit alors avoir eu une idée "brillante" comme le disent les autres avant qu'une voix familière ne retentisse pour être le premier à le contredire. L'Enodril se tourne vers Natsume -resté discret jusque là- qui reçoit aussi des murmures et des regards en coin peu bienveillants. Peu connu du reste de la population contrairement aux représentants autour de la table, c'est pourtant son avis qui importe le plus au rouquin car il le saura impartial et qu'il le trouve assez intelligent pour ne pas douter de ses instructions et remarques. Sam veut apprendre de ses erreurs, et jusque là, le dragon a été son meilleur professeur. Son avis ne fait toutefois pas l'unanimité, et on bondit déjà sur ses propositions.

    « Sire ! On ne va quand même pas interdire aux gens d'avoir plusieurs résidences ! »

    Un des conseillers s'est levé avec virulence, et même s'il se contient par respect pour son chef, on sent l'agacement dans sa voix ; ce qui ne plaît pas vraiment à l'ancien général qui décoche un regard noir à celui qui vient de parler.

    « Et pourquoi pas, après tout ? S'ils sont assez riches pour avoir plus d'un logement, alors ils peuvent bien partager un peu avec les autres. »

    Mais on ne saurait dire si ce qui l'énerve le plus est le sujet dont ils parlent ou bien le fait que l'autre ait été aussi sec avec le magimorphe. Il sait que ce dernier est vu comme un "étranger" aux yeux des autres et même un "indésirable" par les Eossiens, mais ça lui donne d'autant plus envie de le défendre contre de potentiels détracteurs, son affection envers lui n'aidant pas à ce qu'il soit diplomate.
    Plus calmement, il se tourne vers Natsume en s'intéressant davantage à ce qu'il a évoqué, l'inquiétude se lisant sur son visage. On voit bien la différence de ton quand il parle au hérissé.

    « Faire passer sans heurts une hausse d'impôts... Est-ce vraiment possible ? »

    C'est très difficile de faire passer ce genre de mesures sans que ça ne soit mal pris : leur but n'est pas d'attiser la colère des natifs plus qu'elle ne l'est déjà, ni celle des nobles qui ne doivent effectivement pas devenir leurs ennemis non plus.

    « Qu'y avait-il, dans la Ville-Haute, avant que ce ne soit des habitations ? »

    C'est par curiosité aussi qu'il pose la question, se demandant au départ s'il ne serait alors pas judicieux d'enlever les habitations de la Ville-Haute pour remettre ce qu'il y avait avant. Mais comme l'a dit son camarade, ça rendrait juste furieux ceux qui sont déjà installés et ils ne peuvent pas se le permettre : sauf si Natsume a une autre solution à ce sujet.

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    Que ses propos soient accueillis par des protestations ne le surprend pas plus que ça. Pour autant, les réactions des autres lui importent peu ; il ne prend pas la parole pour eux. Pas non plus, en réalité, pour ses semblables comme on le croit, l'accusant souvent de partialité envers ces derniers. En soi, son seul intérêt est celui de son camarade ; alors si il voit une imperfection quelque part dans une de ses idées, il la pointera immédiatement du doigt. L'air désintéressé alors qu'on se complaint en le gratifiant de regards mauvais, le magimorphe ne dit rien mais a surtout plus l'air ennuyé qu'autre chose par toute cette attention négative. Même les grommellements et les propos douteux qu'il entend ici et là ne lui tirent qu'un roulement d'yeux à peine blasé.
    Faites mieux, j'ai entendu bien pire.

    Que Samaël intervienne de cette manière lui fait toutefois hausser légèrement des sourcils, surpris de le voir perdre son calme si vite. Il est, d'ordinaire, plutôt bon pour rester en contrôle de lui-même ; serait-il de mauvaise humeur, aujourd'hui... ? Ce n'est pas impossible, mais c'est anecdotique. Il semble en tous cas disposer à écouter, même si il n'est pas certain. Les questions qui suivent le font rester silencieux en début, même si son regard reste porté sur la représentation de la Ville-Haute. Sa mine est pensif.

    « Il y a un mot dans un de nos dialectes anciens que je ne pourrais pas traduire précisément, mais qui la désignait comme 'Ville de tous'. »

    Il ne va pas s'éterniser sur les textes et les vieilles traductions qu'il a eu le temps d'éplucher et d'éplucher sans jamais vraiment en voir la fin. Il trouve toutefois que c'est un concept assez éclairant en soi, qui lui permet notamment d’enchaîner.

    « Principalement des sanctuaires et des jardins communs. L'idée était de disposer d'une réserve de nourriture suffisante en cas de siège ou d'inondation des plaines. Les temples servaient également de lieux de vie pour ceux qui n'avaient pas les moyens d'avoir leur propre résidence. »

    Parfois, les rares fois où il quitte le centre de commandement pour aller dehors, voir la Ville-Haute ainsi lui fait toujours très étrange. C'est presque tout l'inverse de ce qu'il a toujours connu, et il mentirait si il disait ne pas ressentir un léger agacement, au moins, lorsqu'il la regardait trop longuement. Pour autant, il n'en oublie pas le sujet principal, et son regard fait le tour de la carte en restant pensif. Il réfléchit à haute voix.

    « Dans la mesure où il s'agit d'une solution transitoire... On peut ne pas faire passer ça par une hausse d'impôts directe. On pourrait... Envisager une hausse de la taxation sur quelque chose de temporaire, comme... Une foire, par exemple. »

    Il lance des idées en l'air. Il est bien piètre diplomate et il n'a aucun code de ces sociétés qui ne sont pas les siennes, mais lorsqu'il a un problème devant lui, il lui devient inconcevable de ne pas chercher à le résoudre.

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    Lorsque le natif raconte comment était la Ville-Haute à son époque, l'Enodril écarquille les yeux.
    Des réserves... C'est pourtant tellement évident !
    Il n'y avait pourtant pas pensé, mais plus il imagine, et moins ça lui semble dérisoire et dispensable. Altissia même a vécu des périodes plus ou moins rudes où ses habitants ne pouvaient manger toujours à leur faim. S'ils avaient eu davantage de réserves, beaucoup auraient pu survivre. Ou, du moins, si la famille de Gaston en avait, des réserves, ils ne les avaient pas nécessairement partagées. C'est un idée pas nouvelle mais qui pourrait faire la différence durant les saisons difficiles. Si les propositions de Natsume n'étaient pas prises au sérieux au début, de nouveaux murmures planent sur l'assemblée qui semblent réfléchir plus posément maintenant qu'ils voient que leur leader semble soutenir l'étrange humanoïde à cornes.

    « Pfrt... Une foire, c'est ridicule ! »

    Mais bien sûr, ça ne veut pas dire qu'ils sont tous convaincus. Le nouvel empereur laisse son regard dans le vide alors qu'il se met à imaginer petit à petit comment ils pourraient réorganiser certaines choses de manière plus claire.

    « Une foire... C'est une bonne idée ! La population sera plus encline à dépenser de l'argent pour du divertissement. »

    Ses yeux brillent, tout comme son expression, alors qu'il pense sincèrement, pour la première depuis le début de la réunion, que cette solution pourrait effectivement marcher. Les civils pourraient s'amuser et profiter d'une foire sans forcément se dire qu'ils payent les activités trop chères : en général, quand on se détend, on ne compte pas. Les conseillers, en voyant le rouquin approuver plus fortement, se mettent à leur tour à hocher la tête comme s'ils n'avaient pas été circonspects quelques minutes plus tôt.

    « Et... Cette histoire de réserve, on pourrait y penser, aussi... Un endroit gratuit pour les personnes plus précaires... »

    Il se met cette fois à parler tout seul comme s'il avait besoin de verbaliser ses réflexions. Ce n'est toutefois pas au goût du conseiller de tantôt qui met une nouvelle barrière.

    « Comment ça, gratuit ?! Mais Sire, tout le monde va arrêter de payer quoi que ce soit s'ils ont un lieu où tout leur est offert sur un plateau d'argent ! »

    Ses yeux dorés passent sur son aîné, mais il reste muet. Cela lui semble logique pour lui, mais il ne sait pas comment avoir un argument solide afin de convaincre celui qui persiste.

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    Sur sa chaise, sa queue commence à battre l'air. Sa patience se fait de plus en plus mince avec les commentaires qui arrivent à ses oreilles, ne retenant pas un regard méprisant ou deux sur le côté. Il se montre relativement calme car il sait que son camarade ne sera pas aidé par une montée de sang de sa part, mais le magimorphe visualise tout de même quelques têtes passer entre ses crocs.
    Au moins, l'altissien semble être intéressé par l'idée. Natsume estime que c'est un peu bancal mais si ça peut passer pour cette fois, ce sera déjà un problème de moins ; et vu l'étendue de la liste, ce ne sera pas de trop. Qu'il s'intéresse de cette manière à l'idée de constituer des réserves publiques lui fait légèrement hausser les sourcils, des lueurs d'intérêt passant dans son regard.
    Tiens... Il s'est adouci, de ce que je vois.
    Il n'en est pas mécontent, en tous cas. L'idée de ne pas collaborer avec un incapable complètement incapable de responsabilité a un côté rassurant. Cela lui donne un peu de motivation à venir supporter ces séances interminables qui ressemblent parfois trop à une chorale.

    En revanche, l'invective soudaine du même conseiller lui fait froncer des sourcils avec mécontentement. Son regard se fait bien plus dur sur le moment, et c'est d'un ton sec qu'il reprend la parole, presque du tac-au-tac.

    « Comme vous, vous voulez dire ? »

    Dans l'assemblée, quelques murmures surpris, indignés ou autres regards circonspects s'échangent. Le magimorphe a bien conscience de son statut au sein de cette pièce et du fait que quelque part, il fait figure d'anomalie ; et si c'est quelque chose auquel il est habitué, c'en est une autre d'avoir à supporter d'entendre ce qui lui semble être d'idioties venues d'imbéciles trop arrogants pour leur bien. Et les diplomates, nobles ou autres bien-nés qui polluent l'air usent de sa patience, même si il s'était promis de rester cordial.

    « Vous êtes bien libre de payer pour votre chambre si le devoir moral vous y contraint, monseigneur. »

    Plus mielleux sur la fin, il se permet même un sourire faussement bienveillant. Il ne les supporte pas, tous ces cire-pompes qui n'ont jamais eu à faire quelque effort que ce soit et qui se jugent aptes à les imposer aux plus malchanceux. Et si des grommellement font suite à son commentaire, puisqu'il n'aime pas laisser de pierre non retournée, il se permet de hausser des épaules avec désinvolture.

    « Mais allons, j'imagine que l'on pourra envisager de demander une contribution qu'elle qu'elle soit, que ce soit par des travaux physiques ou autre... De cette façon, vous auriez des réserves par le peuple et pour le peuple. »

    Autres grommellements indignés. Cette fois-ci, il se permet un regard vers l'assemblée, vaguement curieux. Hm. Peut-être pas la tournure de phrase qui allait le plus plaire, effectivement...

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    Fidèle à lui-même, c'est encore le hérissé qui défie verbalement de manière plus directe cette fois son opposant par des remarques acides qui ne laisse pas l'assemblée indifférente. Certains, même, gloussent en essayant de se faire discrets. L'Eossien ne montre pas qu'il se moque mais ça peut se sentir. Le conseiller se sent humilié et son visage rougit de honte. Il ne portait déjà pas dans son cœur les natifs, encore moins un "blanc-bec" dont on ignore d'où il est sorti. Alors la colère prend cette fois le pas et il perd patience pour de bon. Il s'avance, près à lever le poing si l'outrage prend de l'ampleur.

    « Espèce de-... ! »

    Schling.
    Le visage rouge de colère part. Devient pâle. Lorsque le bruit de la lame résonne dans la pièce et qu'elle vient s'enfoncer dans la table devant l'offensé, ce dernier sursaute et blêmit, avant de regarder son roi avec l'air le plus ahuri qu'il ait vu. Le jeune dirigeant qui a mené son arme devant le visage de l'adulte aux cheveux blanchis par l'âge lui sourit. Un sourire faux mais qu'on pourrait croire sincère quand on ne le connaît pas car le roux a un visage aux traits naturellement doux et bienveillants quand il veut. Il y a quelques temps, la tête du bourgeois aurait sauté à la vue de tous. Il préfère adopter pour ce coup-ci une attitude plus mesurée et diplomate qui sied mieux à quelqu'un de son rang actuel qu'il vient qu'acquérir. A la différence de son prédécesseur, on ne pourra pas lui reprocher d'être trop mou.

    « Allons, allons. C'est un bon compromis, non ? On a rien sans rien. Si les personnes précaires ne peuvent pas donner d'argent, elles peuvent contribuer autrement, vous n'êtes pas d'accord ? De ce fait, vous n'avez plus aucune raison de vous plaindre. »

    De peur de contrarier leur souverain ou parce qu'ils n'ont plus d'objections, les autres conseillers hochent de la tête et donnent leurs approbations sans trop hésiter.

    « La prochaine réunion portera donc sur l'organisation de la foire ainsi que l'avancement de la reconstruction d'Yggdrasil. C'est tout pour aujourd'hui, merci de votre présence. »

    La réunion se termine. Les invités ramassent leurs affaires et sortent peu à peu de la pièce. Samaël attend que tout le monde soit sorti mais le conseiller agité revient vers lui, un air un peu embêté au visage comme un enfant qu'on aurait repris en train de faire une bêtise.

    « Sire... L'idée de vous manquer de respect durant cette séance était bien loin de moi. »

    Il s'incline, même, en baissant la tête comme s'il avait peur de voir le regard posé sur lui. Le roi n'a pourtant pas enlevé son rictus bien que la chaleur qui anime d'ordinaire ses sourires a disparu au profit d'une expression glacée.

    « Peut-être, Seigneur Anjou, que vous pourriez donc mettre votre... ardeur au profit de nos causes à venir. Nous ne sommes jamais en manque de personnes motivées, n'est-ce pas ? »

    Le concerné relève légèrement le visage, avant d'acquiescer en hochant vivement la tête mais toujours avec cet air d'ignominie sur ses rides.
    L'Enodril se penche finalement vers lui. Son regard se fait plus acéré.

    « Mais n'oubliez pas qu'insulter mon collaborateur revient à m'insulter moi. »

    Et il sent, cette fois-ci, que l'agacement dont a prétendu Anjou fond comme neige au soleil pour dévoiler la peur immense qui se cachait en-dessous. Et si sa robe de noble ne les cachait pas, on pourrait clairement voir ses genoux trembler. Mais le conseiller ne répond pas et se contente de s'incliner à nouveau, avant de disparaître sans oser lancer un nouveau regard en arrière.

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    Il était évident que la situation allait déraper, mais Natsume ne se sentait pas de faire semblant beaucoup plus longtemps, à ce stade. Et lorsque l'autre andouille se rapproche de lui, la magimorphe commence à montrer les crocs. Il a beau ne pas pas pouvoir se servir de son autre corps pour se montrer imposant ou de sa magie, mais il ne rechignerait pas contre l'idée de pouvoir se défouler un peu. Il en aurait bien besoin, ces jours-ci.
    Toutefois, il n'en a pas l'occasion, puisque Samaël agit avant lui. Lorsque le couteau vole, l'éoniste cligne des yeux d'un air étonné et tourne la tête sur le côté, perplexe devant tant d'agitation pour si peu. Observant l'altissien sans rien dire, il en vient à une conclusion qui l'étonne lui-même.
    Il est vraiment de mauvaise humeur, ou il s'agace pour si peu ?
    Une part de lui insiste pour qu'il pense que ce soit davantage le premier que le second, mais il a un doute. Il ne fait toutefois aucun commentaire sur le moment et se contente d'observer la scène, vaguement amusé malgré tout de voir son camarade reprendre la salle comme si il s'agissait d'enfants turbulents.

    La séance levée, il ne bouge toutefois pas de son siège, choisissant plutôt d'observer les échanges qui se font ici et là, et notamment la session d'excuses piteuse que réalise son interlocuteur de tout à l'heure. Aux yeux du magimorphe, en tous cas, c'est assez drôle à voir ; et il doit se retenir de glousser en voyant l'autre trembler des genoux d'une manière aussi évidente.
    Pff. Vantard.
    Il y a toutefois un peu d'affection dans la pensée, inconsciemment, subtilement. Un peu de fierté.

    Il garde toutefois le silence et attend que la pièce se vide pour de bon. Lorsque c'est le cas, sans bouger de sa chaise, il finit par relever une expression vaguement désabusée sur l'altissien.

    « Pas la peine de sortir les armes pour si peu, ce n'est qu'un idiot. Ce n'est ni le premier, ni le dernier. »

    Un idiot à qui il aurait bien mis une rouste, d'ailleurs, même si il avait conscience qu'il n'était pas supposé faire ça ; mais bon, tant pis, ce ne serait pas pour cette fois. Il estime toutefois que son acolyte perd son temps à se préoccuper de ce genre de bêtises, dans la mesure où il a largement eu l'occasion d'entendre pire à son propos. En vérité, il a surtout du mal à comprendre pourquoi : mais il n'a pas non plus envie d'entendre la réponse.

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    Lorsque le silence retombe et qu'ils sont à présent seuls, le régent sent ses muscles se détendre même s'il est toujours un peu contrarié par la façon dont la séance s'était déroulée. Au moins, les autres semblent dociles. Et le concerné n'a pas eu l'air d'être plus gêné que ça par la manière dont on lui a parlé. C'est toutefois aussi quelque chose qui embête l'Enodril : si Natsume ne s'en formalise pas plus que ça, lui, en tout cas, il n'aime pas quand on se permet de traiter le dragon comme un étranger.

    « Je n'ai pas envie de leur répéter à chaque fois. Ils peuvent contredire mais je ne tolérerai aucun manque de respect. Je ne serai pas un lâche comme Gaston sur lequel tout le monde peut marcher. »

    Jamais il ne laissera quelqu'un le comparer à son prédécesseur. Le rouquin veut se montrer ouvert mais ferme, ou alors il perdra de son autorité et on abusera de sa position ; et ça, il le refuse. La confiance qu'il porte à autrui est déjà assez limitée à une poignée risible de personnes triées sur le volet ; et si on pourrait ne pas comprendre pourquoi il a autant d'intérêt envers le dragon, il sait, pour sa part, qui il peut garder près de lui ou non.

    « Et quand j'invite quelqu'un à parler, ils doivent le traiter avec le même égard que moi. Nous ne sommes pas des enfants, et encore, j'ai vu des gamins se comporter mieux que ça. »

    La prochaine fois, c'est la table, qu'il fera valser si la scène se reproduit. Mais il pense avoir été suffisamment clair pour être tranquille un moment avant que ça ne recommence, si jamais ça doit le faire.
    Son agacement s'apaise. Il pousse un bref soupir, s'approche de la fenêtre pour contempler les jardins qu'il a voulu restaurer progressivement afin que ça ressemble à ce que certains natifs lui ont décrit. Il souhaite, si possible, que tout soit partagé équitablement, peu importe les origines. Il ne veut plus du tout d'ailleurs entendre parler de sang, d'impureté, de bâtard... Des mots dérisoires dont il veut faire taire le sens. Plus personne ne doit subir les mêmes injustices que lui.
    La poitrine moins lourde, il tourne la tête vers son camarade, avec cette fois-ci un sourire plus tranquille et sincère.

    « Ces réunions ne sont pas drôles, mais... Je suis content que tu aies bien voulu y assister. Ça m'est d'une grande aide. »

    Il perdrait davantage patience si l'Eossien ne se trouvait pas auprès de lui. Et il saurait moins faire les bons choix. Sa présence le rassure, au fond, tempère l'ardeur qui pourrait sortir à trop tirer sur la corde. Plus que jamais, il a besoin de lui.

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    Ce serait donc une indignation par procuration ? Le dragon tourne la tête sur le côté, perplexe, mais ne fait pas de commentaire sur le moment.
    Hm... Quelqu'un est susceptible.
    Ce n'est pas tant nouveau il se demande, parfois, si ça ne finira pas par porter préjudice un jour ou l'autre. Inutile d'essayer de contredire là-dessus quand il est dans cet état, toutefois, car le magimorphe a remarqué ici et là des preuves que quelque part, son acolyte est bien insécure à l'idée de perdre sa place nouvellement acquise. Natsume se contente donc de soupirer un peu mais lâche l'affaire pour cette fois. Il n'a pas particulièrement envie de rajouter une dose d'agitation supplémentaire à la situation.

    Gardant un œil sur l'altissien alors qu'il se rapproche de la fenêtre, il est étonné toutefois de voir l'autre lui sourire aussi aisément lorsqu'il tourne la tête. Mais en même temps, cela fait quelques temps qu'il se montre plus ouvert et plus tranquille ; le magimorphe ne sait pas nécessairement pourquoi, mais il ne juge pas que ce soit une mauvaise chose. Ce n'est pas... Désagréable. En tous cas, l'éossien estime que cette mine-là lui va mieux. C'est d'ailleurs à la surprise qu'il attribue la légère teinte rose qui s'étend sur ses joues alors que l'autre le remercie quant à sa présence ici. Ou du moins, c'est l'excuse la plus pratique. Son regard se détourne alors qu'il le passe au travers de la fenêtre.

    « … Considère juste que je prendrai un supplément sur mon lot de fruits rouges pour cette fois. »

    Il peine à saisir en quoi sa présence est si importante et à entendre des remerciements de ce genre, lui qui a plutôt toujours eu l'habitude qu'on lui dise être indésirable et importunant.
    Avec lenteur, il se redresse pour venir à son tour regarder par la fenêtre. Les jardins lui semblent moins laids depuis peu. Ils sont plus sauvages, plus libres. Les coupes et les tailles qui leur avaient été imposés ont disparu avec le temps ; et heureusement, car cela les défigurait, du moins à ses yeux. Depuis le couronnement, il observe ce qui se fait, attend. Il voit les efforts réalisés par son camarade, voit qu'il tient ses promesses et surtout, qu'il ne cherche aucune récompense directe ou autre. Une moue désabusée passe sur les lèvres de Natsume en y pensant. Il est assez amusant de voir ce que fait ce dernier, contrairement à l'image qu'il se donnait devant lui il y a quelques mois. Ses yeux passent sur des arbres où, petit à petit, des fruits encore peu mûrs se sont mis à pousser.

    « Pour ce que ça vaut... Je trouve que tu te débrouilles bien. »

    Il est avare de compliments, en général, car il ne sait ni les faire ni quand il le devrait. Mais là, sur le moment, c'est une pensée instinctive et sincère. Une pensée qui lui donne davantage d'énergie, certaines journées.
    Je peux bien rester... Encore un peu.

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    Sa "revendication" l'amuse. Lui et ses fruits... Il a bien remarqué cependant qu'il faudrait que l'autre mange un peu plus que ça pour se tenir en forme, vu comme c'est un poids plume. Mais il peut bien quémander le caprice qu'il veut : il ne saurait rien lui refuser. Rien, si ce n'est la requête qu'il avait formulé juste avant de le sauver... Mais le sujet n'est pas retombé depuis. L'Enodril espère qu'il ne retombera plus.
    Lorsque le hérissé s'approche pour venir lui-même contempler les jardins qui sont en train d'être refaits, le compliment qu'il lui sort fait apparaître des rougeurs sur les joues du nouveau roi.

    « Tu trouves ?.. »

    Le rouquin détourne le regard, gêné, mais le sourire timide et flatté ne quitte pas ses lèvres. L'autre n'a pas l'habitude de dire de tels mots alors il les trouve d'autant plus importants.

    « Même si j'ai pris la grosse tête en prenant la place de Gaston et Camélia... Je veux quand même changer les choses. »

    Jamais il ne se prétendrait être le meilleur leader qui ait jamais existé, mais il veut réellement faire de son mieux pour améliorer la condition des civils et diminuer les pertes le plus possible. Plus de guerre, plus d'inégalités... Ou en tout cas moins d'inégalités. Ses yeux dorés se tournent vers son camarade.

    « Mais rien de tout ça ne serait possible sans ton aide, alors je n'ai pas beaucoup de mérite. »

    Arrogant mais doux quand ça concerne celui qui l'a soutenu dans son entreprise alors qu'ils se connaissaient à peine, il a perdu progressivement de son côté prétentieux et "je-m'en-foutiste" sans qu'il ne s'en rendre compte. Il a sans doute également développé un côté protecteur vis-à-vis du hérissé.

    « C'est pour ça aussi... que je ne veux plus que l'on t'insulte. Ou qu'on dise que tu es indésirable. »

    En soi, bien sûr qu'il ne pourrait pas contrôler tout le monde et s'assurer que ça ne se produise pas. Quand il le peut, quand il est là, il fait attention. Il veut le protéger.

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    Cette... Timidité et cette incertitude douce, en tous cas, sont nouvelles. Récentes. Ou alors, Natsume ne les avait jamais vu jusqu'à maintenant. Peu importe en soi, mais il en est d'autant plus désarçonné lorsque cela se produit, car là où il en aurait sans doute pour faire une plaisanterie ou moquerie un peu caustique, rien ne lui vient si ce n'est un silence respectueux. Il ne se serait pas attendu à ça en le rencontrant, en tous cas, mais il est d'autant plus appréciateur de ce qu'il voit.
    Son regard, toutefois, est bien plus dur à tenir qu'avant. Les lueurs qui s'y trouvent sont différentes, le timbre de sa voix également. Il y a quelque chose dedans qui fait monter des couleurs sur ses joues et le rend bien nerveux, quand il n'avait jamais été intimidé par ce dernier jusqu'à présent. Au fur et à mesure qu'il parle, d'ailleurs, le rose de ses joues passe à un rouge bien plus vif. Il est pris de court, et ses yeux s'écarquillent légèrement sur le coup de la surprise. Dans son dos, inconsciemment, sa queue bat nerveusement l'air. La gorge sèche, il ne parvient pas à soutenir plus longtemps le regard de l'altissien et ravale sa salive en tentant de se concentrer sur les fleurs dehors, même si la tâche lui semble rude.

    « Je... »

    Son rythme cardiaque s'accélère lentement. Il n'a jamais entendu de tels remerciements, à vrai dire, et n'a pas non plus l'habitude qu'on le défende de cette manière. Et même si il estime être suffisamment fort pour ne pas en avoir besoin, il y a quelque de flatteur et d'agréable dans le geste, même. Probablement car personne d'autre ne s'est jamais embêté à le faire. Devenu nerveux, les doigts de sa main droite triturent machinalement le bord de la fenêtre.

    « Je vois. »

    Ce n'est pas bien développé, comme réponse, mais c'est tout ce qu'il arrive à produire sur le moment. Il ne saurait et n'a pas forcément envie, d'ailleurs, d'exprimer ce qui le traverse. Il ne sait pas comment. À la place, il prend plutôt une expression un peu hautaine pour se donner un air, sans avoir conscience que ce n'est pas très crédible.

    « Tu as toujours eu la grosse tête, ta couronne va finir par se coincer, un jour. »

    Il n'est pas très sincère. Avec lui, et il a fini par le remarquer, l'attitude de Samaël est différente ; mais il ne sait pas exactement ce que ça veut dire et pourquoi cela le trouble autant, alors il utilise parfois ce genre de moquerie (qu'il ne qualifierait pas de 'taquinerie' car cela serait avoué que ça n'a rien de vraiment agressif) pour ne pas perdre la face. Ça ne soulage pas son cœur battant dans sa poitrine, toutefois.

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    Il est parvenu à le déstabiliser un peu, de ce qu'il arrive à voir. Une scène qui l'amuse, sans se moquer. Le magimorphe semble de plus en plus à l'aise en sa présence. Ils s'envoient des boutades, plaisantent ensemble, s'entraident, sourient l'un vers l'autre. Ils sont devenus plus complices qu'avant, comme s'ils étaient toujours ce duo qui cherchait à faire tomber le monde ensemble. Et pourtant leur chemin devait se séparer par la suite. Samaël est très heureux que ça ne se soit pas produit, finalement. Il ne prie plus, mais qu'Yggdrasil le préserve encore de sombres idées comme celles de l'autre jour.
    L'Altissien et l'Eossien font chambre à part mais comme le dragon n'a pas encore retrouvé toutes ses forces, il est arrivé au jeune roi de venir lui rendre visite, parfois le jour quand il y était, parfois la nuit pour surveiller son sommeil. Une nuit, comme d'autres, il est entré dans sa chambre pour savoir s'il arrivait à dormir. Mais quelque chose cloche, cette fois-là.

    « Natsume ?.. »

    Le corps s'agite dans les draps alors qu'il passe la porte de la pièce. Il s'approche du lit, constatant que le rêve de son camarade semble agité.
    Il fait un cauchemar.
    L'Enodril se pose sur le rebord de son lit, hésitant à le réveiller. Serait-ce la meilleure chose à faire ? Il ne veut pas le réveiller non plus. Mais ça l'ennuie de le laisser en proie à des songes obscurs. En silence, pour la première fois près de lui, il se transforme. Le malamute brun saute sur le matelas et vient se coucher contre l'Eossien, reposant sa tête derrière la sienne.

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    Dormir est compliqué.
    Cela l'a toujours été, en un sens, mais ça l'est encore davantage depuis son sommeil millénaire. C'est devenu une source de menace potentielle, quelque part, encore plus après avoir fini dans une cage. Pour calmer sa peur, il ne faisait plus que des sommes courts et successif pour se réveiller entre temps et vérifiait qu'il n'y avait aucun danger. Mais même maintenant, alors qu'il tente de mettre un terme à cette habitude, ce sont les souvenirs, qui remontent.
    Des souvenirs et son imagination. Des images qui ont existé se mêlent à celles qu'il ne voudrait jamais voir advenir. Mais le pire, à vrai dire, ce n'est pas tant la vue ; car ses yeux ont déjà témoigné d'assez d'horreurs.
    Non, le pire, c'est le son.

    Le bruit de la chair transpercée. Le son d'un corps qu'on déchire, le sang qui tombe par terre. Ils se superposent l'un sur l'autre, comme une musique affreuse qui continue de lui revenir, encore et encore. Les corps aussi, empalés sur la même lame ; celui de sa mère, celui de Samaël. Du sang sur son visage, son corps, ses mains. Ils ne bougent plus ils ne bougent ils ne bougent ils ne  -
    Quelque chose le touche. Quelque chose de chaud passe derrière son nuque et son premier réflexe, agité par une peur panique et instinctive, le fait sursauter vers l'avant avec précipitation. Le haut de son corps se redresse et il manque de tomber sur le moment, se rattrapant de justesse contre le bord du matelas. Il respire vite, transpire malgré qu'il ne soit couvert que de sa chemise de nuit. Les yeux écarquillés, la respiration courte et saccadée, il s'étouffe même partiellement dans sa propre salive et doit porter sa main à sa bouche pour se retenir. Le froid le fait trembler, le regard dans le vague, les épaules tendues et haussées contre sa tête enfoncé dans son cou.
    Encore.
    Le cœur battant, il ne bouge pas sur le moment. Il n'y arriverait pas, de toute façon. Il lui faut souffler pour reprendre un semblant de réalité, pour se rendre compte que ce qu'il a vu et entendu n'a rien de vrai. Les yeux humides, il expire, inspire. Une odeur inconnue monte à ses narines. Par réflexe, il tourne la tête derrière lui et cligne des yeux.
    Un chien... ?
    Il ne réagit pas sur le moment, plus confus qu'autre chose de voir ce gros chien de traineau dans son dos, comme si c'était parfaitement normal. La bête ne lui est pas familière. Il n'a pourtant pas le réflexe de se méfier, comme il le ferait avec n'importe quel être humain. C'est une faiblesse classique de sa part, une négligence qui aurait pu lui coûter cher dans un autre cadre mais qui fort heureusement, sera sans conséquences. Il est, dans les faits, bien plus tendre avec les animaux et les créatures magiques qu'avec ses semblables.

    « Qu'est-ce que tu fais là, toi... ? »

    Même si sa voix tremble, elle est aussi douce que son expression. Négligemment, il essuie ses yeux pour les forcer à sécher. La panique continue de faire battre son cœur mais il se force à se calmer. Il lui semble que les chiens sentent vite la crainte, et il ne veut pas inquiéter l'animal derrière lui. Il se demande d'où il vient, d'ailleurs.

    « Tu as froid, c'est ça ? Tu es bien gros, pourtant. »

    Il se force à esquisser une mine plus avenante, avec ne serait-ce qu'un fragile sourire sur sa mine. Il ne fait pas que plaisanter, toutefois ; à vue de nez, on ne dirait pas un animal sauvage, mais il ne voit aucun collier. Peut-être appartient-il à un soldat des environs... ? Ce n'est pas impossible, et Natsume ne se sent pas de chasser une bête, même inconnue. Il a une idée de ce que c'est, de n'avoir nulle part ou se reposer.

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    Le dragon se réveille. Le chien derrière lui sursaute quand le magimorphe s'extirpe finalement de son sommeil en haletant. Il le laisse reprendre doucement place dans la réalité, attendant que l'autre se rende compte lui-même de l'invité surprise qui s'est immiscé dans son lit. Si Natsume savait que c'était lui... Peut-être qu'il trouverait ça étrange. Sur le moment, Sam n'y a pas réfléchi. Il préfère ne pas le faire. Il voulait juste le réconforter à sa manière, aussi maladroit que ce soit. Mais il ne lui cachera pas la vérité. Il attendra juste que la respiration de l'Eossien se calme avant.

    Le hérissé essuie ses yeux. Pose sur l'animal une expression où il peut lire une douceur qu'il n'avait jamais observé chez lui auparavant. Cela le trouble sur le moment. Même la voix de l'éoniste est très bienveillante. Natsume est plus tendre avec les animaux qu'avec les humains. C'est un peu déconcertant, mais pas surprenant, quand il y pense. Le malamute secoue la tête comme toute réponse à la question qui lui est posée, avant de faire un geste de la patte pour ramener l'humanoïde à écailles contre lui, sur son ventre douillet et chaud dont les poils offrent un oreiller confortable. Il repose ensuite sa tête sur le lit, avant de laisser son regard se poser sur les vitraux. Il peut bientôt entendre la pluie frapper par petits coups sur les fenêtres aux couleurs chatoyantes.

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    Les animaux sont loin d'être bêtes ; c'est du moins comme ça que Natsume se justifie le petit mouvement de tête du chien qui paraît presque lui répondre. Brièvement surpris par le coup de patte qui est donné sur son épaule, il cligne des yeux puis finit par se laisser faire et s'allonge en supposant que l'animal doit surtout chercher de l'attention. Il se fait au départ silencieux alors que sa tête finit posée contre un ventre chaud et une fourrure épaisse. Voyant que le chien semble bien à l'aise derrière lui, il se permet une légère moue mêlant attendrissement et désabus.

    « Pff... Ce n'est pas parce que tu es très beau que tu peux t'inviter comme ça. »

    Il n'y a pas de narquoiserie ou de moquerie véritable dans sa voix. Dehors, la pluie tombe doucement ; il en entend distraitement l'écho régulier contre les vitres. Petit à petit, sa respiration se calme. Sans foncièrement y réfléchir, un peu pour remercier la bête derrière lui qui ne réalise peut-être même pas ce qu'elle a fait, il vient glisser une main sur sa tête pour la caresser avec douceur. Ses doigts se permettent même de gratter derrière ses oreilles et le dessous de sa nuque. C'est probablement ridicule, mais quelque part, cela lui fait du bien, aussi, de pouvoir se laisser aller de cette manière.

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    Il... Il a dit quoi là ?!
    S'il pouvait rougir sous sa fourrure, il le ferait. Ses oreilles chauffent déjà un peu et sa queue bat joyeusement de manière inconsciente. Son cœur bat plus fort dans sa poitrine suite au compliment de l'autre qu'il n'aurait jamais cru entendre de sa vie : déjà de manière générale, mais encore moins dirigé vers lui. Et s'il aurait été plus judicieux de se dévoiler maintenant pour ne pas laisser l'autre croire à un animal classique, il se rend compte qu'il n'en a vraiment pas le courage quand la main du magimorphe vient lui caresser la tête et lui donner des gratouilles. Il ne pense pas avoir déjà reçu un tel traitement auparavant : il évitait, il faut dire, de se montrer sous cette forme car pour lui, c'était quelque chose de très personnel. L'héritage que sa mère lui avait laissé, il ne souhaitait pas particulièrement que tout le monde le remarque. Alors ils étaient peu nombreux, même après une trentaine d'années, à savoir que c'était en fait juste un gros chien poilu.
    Hmm... Je ne suis pas peut-être pas obligé de lui dire tout de suite.
    C'est qu'il apprécie pas mal l'attention qu'il reçoit, encore plus quand c'est le dragon qui lui offre.
    C'est... spécial, quand c'est lui. J'aime... bien.
    Alors il ne dit rien, tout compte fait. Il se laisse chouchouter, sa queue touffu remuant sous la paume chaude qui se pose sur sa fourrure.



    Il se disait qu'il dirait la vérité si une seconde fois se représentait. Une autre nuit, il est revenu sous forme animale pour voir si le magimorphe dormait mieux. S'il comptait repartir aussitôt, il s'est montré faible lorsque le dragon lui a proposé de le rejoindre à nouveau dans le lit.
    Pourquoi je dis "oui" ?..
    Une question qui reste dans un coin de la tête mais dont il craint, quelque part, la réponse. Il a juste l'impression que Natsume se sent un peu mieux, quand il est là. Ou du moins, quand il y a un animal à qui il peut se confier. L'Enodril aimerait bien ne pas avoir à prendre cette forme pour que ça arrive, mais si ça permet au Shimomura de se sentir mieux, alors il a du mal à objecter et à être raisonnable. Mais ne pas lui dire la vérité c'est en même temps le tromper, et il n'aime pas cette sensation de lui cacher quelque chose.
    Après plusieurs jours de faiblesse, il est de nouveau apparu un soir en tant que malamute. Lorsqu'il y fut invité, il monta sur le matelas, de manière plus timorée cette fois. Cela ne le dérangerait pas tant que ça que ça devienne une habitude, au fond. Lui aussi, il dort mieux quand il y a une présence à côté. Lui aussi, les cauchemars il connaît.
    La tête reposée entre ses pattes, ses yeux sont fixés sur les vitraux d'où filtre la lumière du soir. Il évite soigneusement de regarder le magimorphe quand il profite du silence installé afin de finalement prendre la parole.

    « J'ai menti. »

    Et il regrette aussitôt d'avoir cassé sa couverture, mais il sait que l'inverse, sur le long terme, aurait été pire.

    « C'est ça, ma forme animale. »

    Natsume méritait aussi de savoir la vérité. C'est bien l'une des très rares personnes à qui il fait le plus confiance, après tout.

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    Le fait d'avoir un invité surprise ces derniers jours n'était pas particulièrement prévu, mais ce n'était pas désagréable. Il ne s'est pas posé plus de questions que ça, même si c'est inhabituel pour lui ; peut-être, au fond, car cela lui faisait du bien. L'inconscience qu'ont les animaux des règles de la société humaine le tranquillise et lui permettent de s'afficher comme jamais il ne le permettrait devant ses semblables. Et, inconsciemment, peut-être était-il aussi fatigué d'avoir à le faire, d'avoir à être toujours sur ses gardes et de toujours avoir peur que n'importe quelle forme de sincérité de sa part soit tordue ou moquée. Alors il mentirait si il disait qu'il n'était pas content et amusé à chaque fois que des bruits de pattes arrivaient à ses oreilles. Au moins, ses cauchemars s'étaient calmés. Son sommeil était plus régulier, plus tranquille. Il se réveillait moins, et quelques unes de ses cernes avaient même disparu. Petit à petit, sa magie montrait des signes d'amélioration ; il avait même réussi à allumer un feu, aujourd'hui. Petit, certes, mais la sensation avait gonflé sa poitrine d'un sentiment joyeux pour la journée.

    Ce soir-là n'était pas tant différent des autres, en outre. Il n'était pas encore installé sur le matelas, prenant plutôt le temps de prendre l'air par la fenêtre avant d'aller se coucher. La journée avait été longue. Il prenait toutefois parfois le temps, le soir, de jeter un coup d’œil à l'extérieur. Voir la ville ainsi plongée dans le noir et dans le calme lui permettait de se sentir plus tranquille. Un peu comme lorsqu'il ouvrait l’œil la nuit pour voir une silhouette canine juste derrière sa tête, en train de dormir paisiblement.

    Une voix familière, toutefois, parvient à ses oreilles. Elle le surprend car il ne s'attendait pas à l'entendre sur le moment mais il ne s'en méfie pas, jetant par réflexe un œil vers la porte. Il s'attend à voir une silhouette qui n’apparaît pas et qui n'est pas là. Pas de grand benêt prétentieux et vaguement irritant à ses heures perdues ; il n'y a rien.
    Rien, mais il l'entend encore. Il l'entend encore, et cette fois, elle évoque un souvenir qui commence à remonter, maintenant. Il se tend, car ne serait-ce qu'inconsciemment, ses pensées sont déjà en train de procéder à la conclusion logique qui s'impose. Et malheureusement pour lui, il n'est pas stupide.

    Sa tête se tourne vers le matelas, là où se trouve le canidé contre lequel il dort depuis plusieurs jours maintenant. Il ne bouge plus, mais son regard est écarquillé. Son rythme cardiaque a raté un battement et un vent froid passe dans sa poitrine. Sous le choc, il ne dit rien. Pas tout de suite, en tous cas.
    Tant de choses fourmillent dans sa poitrine sur le moment qu'il est incapable d'agir, incapable de parler.
    Puis, d'un coup net, sa poitrine le tire. Tire jusqu'à ce qu'il ait l'impression qu'elle se déchire en deux.

    La nausée lui monte à la gorge sans qu'il ne parvienne à en comprendre la force sur le moment. Elle est violente ; bien plus que lorsqu'il avait du sang plein la gueule. Et pourtant, il ne bouge toujours pas. Son expression se renferme, son regard s'obscurcit, durcit. Ses épaules se contractent et sa prise se referme si fortement contre la roche que ses griffes viennent même la marquer. Ses lèvres se ferment en une ligne serrée mais il ne dit rien, toujours, alors que des étincelles orageuses passent dans son regard.
    Et si l'on aurait pu croire qu'il allait parler, qu'il allait exploser ou quoi que ce soit d'autre, au lieu de ça, il se lève. Il se lève et il claque la porte derrière lui.

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    Il n'y a que le silence qui lui répond. Il s'attendait à une autre réaction. La surprise, bien sûr, mais au moins un mot. Juste quelque chose. Mais rien. Avec surprise, il sent l'autre se contracter et poser sur lui un regard colérique. Curieux, le chien lève finalement la tête pour voir la silhouette du magimorphe disparaître derrière la porte qu'il claque sans ménagement derrière lui. Dans la pièce, le froid retombe alors que la présence qu'il avait contre lui pendant quelques nuits n'est plus. Le chien se dit qu'il a peut-être vexé l'autre. Mais de quoi exactement ?
    Je ne vois pas ce que j'ai fait de mal, après tout.
    Le malamute reste un moment sur le matelas, sans bouger, en se demandant ce qu'il devrait faire. Le rattraper est probablement la meilleure chose qu'il puisse accomplir ce soir, au moins pour qu'ils s'expliquent et qu'ils ne finissent pas par être en froid l'un avec l'autre. Ça, ça embêterait le rouquin.
    Le canidé s'ébroue avant de sauter du lit pour trottiner sur les traces du dragon qu'il flaire sans trop de souci. Discrètement, il le suit jusqu'à bondir sur la fontaine d'un jardin quand l'Eossien passe devant.

    « Tu étais plus gentil il y a quelques jours. »

    Il se montre capricieux, réclamant une douceur réservée d'ordinaire à celui pour qui il s'est fait passé durant plusieurs nuits. Mais son ton est plus nonchalant qu'accusateur. Il prend sans doute tout ça avec trop de légèreté.

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    Les jardins, d'ordinaire, ne lui sont pas désagréables.
    Ce soir, pourtant, il a l'envie persistante d'y mettre le feu.

    C'est compliqué, pourtant, de retenir sa magie. Elle grogne, vocifère, réclame qu'on lui donne de quoi satisfaire sa colère en fourmillant dans ses tripes comme si elle allait en sortir. Alors il marche vite, fortement, laisse ses pas fouler la terre avec plus de force qu'il n'en a le besoin. Il fera vite le tour, mais peu importe : il n'y a personne à cette heure, et c'est tout ce qu'il cherche. Il vaut mieux qu'il n'y ait personne.
    La même voix revient pourtant l'interpeller. Lorsque le canidé bondit devant lui, il s'arrête tout net, mais ce n'est ni de la surprise, ni de la peine qui l'accueille. Contrairement à ces derniers jours, le magimorphe le fusille du regard, montrant même les crocs alors que, devant lui, l'altissien se plaint de ne pas être traité avec autant de gentillesse que ces derniers temps. La complainte lui fait, quelque part, l'effet d'un second uppercut dans la poitrine ; comme une preuve d'un désintérêt évident qu'il aurait soudainement devant les yeux. C'est comme ça, en tous cas, qu'il le comprend.  Tout monte et c'est la surcharge dans sa poitrine, comme une explosion d'émotions négatives.
    Il s'en fiche. Il s'en fiche, et la seule chose qui le gêne, c'est que je ne réagisse pas comme il le veut.
    Il en est certain et la pensée lui lacère la poitrine un peu plus à chaque fois qu'il y pense. Les poings serrés, les griffes plantées dans sa paume, ses yeux s'humidifient et sa gorge se serre. Plus les secondes passent et plus ses pensées tournent en rond dans un cycle de plus en plus sombre.
    Il m'a juste pris en pitié, comme un espèce de...
    Les termes qui volettent dans son esprit sont nombreux mais il n'a pas le courage de les penser pleinement. La gorge lourde, c'est grâce à la colère qu'il arrive à reprendre la parole, malgré ses yeux humides et l'intense envie qu'il a de grogner de toute ses forces.

    « Je démissionne. »

    Il n'y a pas d'hésitation dans son timbre. Il n'a pas envie de rester là, et il n'a même pas envie de discuter. A quoi est-ce que cela servirait, après tout ? Est-ce qu'il serait même capable de comprendre où est le problème ? Est-ce qu'il arriverait même à concevoir pourquoi il ne faisait que l'empirer... ? Est-ce qu'il s'inquiéterait même de ce qu'il a pu faire ? Toutes ces questions continuent de tourner dans ses pensées mais il n'y trouve que des réponses négatives, que des des idées qui lui donnent une intense envie de vomir. C'est la nausée qui fait trembler sa voix quand il reprend la parole.

    « Tu n'es même pas capable de te dire que tu peux mal agir. »

    Il y a de la colère mais elle n'est pas toute dirigée vers lui. Elle est dirigée vers lui-même également, comme si il avait failli à un principe simple, à des choses qu'il aurait pu connaître depuis le temps. Dirigée vers lui également qui n'arrive pas à retenir les larmes qui viennent, qui n'arrive pas à se retenir de se montrer aussi ridicule et pathétique et faible et bien sûr qu'il doit forcément passer pour un imbécile pathétique -

    « Et moi, j'ai été assez stupide pour croire que tu en étais capable. »

    Hors de question que le sanglot vienne. Il en a vu bien assez comme ça ; alors, à nouveau, il tourne le dos.
    Il se sert de toi. Il serait temps que tu le réalises.
    Je le sais très bien. Mais au moins, cette fois, personne ne prétend le contraire.

    Sa gorge se serre.
    Sauf peut-être moi.

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