AccueilAccueil  
  • Dernières imagesDernières images  
  • PublicationsPublications  
  • RechercherRechercher  
  • S'enregistrerS'enregistrer  
  • ConnexionConnexion  
  • médié miroir des manigances
    Connexion
    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu du mariage de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
    Forum Fantasy
    Avatars illustrés
    Pas de minimum de lignes
    Le Deal du moment :
    Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
    Voir le deal
    600 €

    2 participants

    more_horiz
    « Mais enfin Votre Majesté, je ne pense pas que l'avis du seigneur Enodril soit d'une quelconque forme d'importan-
    - Et je me demande chaque jour quelle est la votre, seigneur Humbert. »


    La réplique, aussi acide que mon regard était dur et froid, m'avait échappé sans que je ne cherche vraiment à la contrôler. La tension avait alors grimpé d'un cran autour de la tablée ; j'avais pu sentir les épaules de mon interlocuteur se hausser nettement sous le coup de la surprise, sa colonne vertébrale arquant un mouvement vers l'arrière. Winter, qui d'ordinaire n'était pas la dernière à esquisser une moue narquoise, avait haussé les sourcils en me regardant, comme si elle ne s'était pas vraiment attendu à ce que je ne finisse par m'agacer devant cette insupportable démonstration de mépris. Ce n'était pas exactement prévu : encore maintenant, quand bien même mon influence et mon pouvoir commencent à me permettre de défaire un à un les obstacles qui auraient pu s'opposer, je tends à me modérer lors des conseils. J'ai après tout besoin de faire croire aux quelques nobles inintéressants mais puissants que je reste de leur côté et que leur opinion est prise en compte – un simulacre qui ne m'enchante guère, mais auquel je me plie par stratégie. Toutefois... Je crois que ma patience était peut-être trop usée, aujourd'hui, ou que de jour en jour, je ne supporte plus le comportement de ceux qui se permettent de manquer de respect à mon ami. Enfin, ami... Officiellement, pour le moment. Mais plus les jours passent, et plus je sens que ma susceptibilité à ce propos grimpe en flèche.

    « Mais puisque vous êtes si prompt à remettre en cause mon analyse, vous me ferez le plaisir de ne pas faire ma fonction qu'à moitié et de bien vouloir me dire quand aura lieu votre couronnement. »

    Je m'étais satisfait, sur le moment, de son expression humiliée et embarrassée. Intérieurement, toutefois, la crispation de mes doigts trahissait le fait que je me serais bien permis de l'envoyer faire un tour aux cachots. Bientôt, de toute façon, ils finiraient par se taire d'eux-mêmes ; et je comptais bien faire d'une pierre deux coups.




    Alors que je le jeune page s'empresse de quitter mon étage pour s'en aller faire ce que je lui ai ordonné, je ne peux pas m'empêcher de rouler des yeux lorsque la porte se referme. N'est-ce pas ridicule... ? Pour faire venir mon amant, je dois user de tous ces protocoles et toutes ces formules afin de simuler une rencontre parfaitement réglementée. Tss... Je fatigue de plus en plus de toutes ces justifications et toutes ces grandes manières inutiles qui ne font que me retarder et m'alourdir dans tout ce que j'entreprends. Que j'ai hâte de ne plus avoir y répondre... Je rêve déjà du jour où je pourrais faire exactement tout ce que je n'ai pas le droit de faire aux yeux de tous. Détruire la chambre des nobles est une première étape ; viendront ensuite les arrestations de ceux qui ont contribué au règne de mon géniteur, puis l'établissement des réformes au pas d'arme, puis... L'abolition de la noblesse toute entière. Sa destruction, aussi, si il le faut ; je suis prêt à en venir aux armes si ils ne se soumettent pas au moment venu. Cela ne m'enchante pas particulièrement, mais je ne vois pas d'autre méthode.

    Mais pour ça, il me faut du temps, et quelques alliés plus fidèles que je ne le suis à moi-même. Winter et Faust en sont des excellents ; la première s'occupe de la diplomatie, l'autre s'occupe de fidéliser l'armée à ma cause. Pour autant... Je savais qu'il me restait quelques dernières tâches à confier, mais loin d'être moindres, et je ne les avais jamais jugés comme des bons choix. Pendant longtemps, je m'étais dit que je ferais sans, car je ne voyais personne de digne à ce point de ma confiance ; pour moi qui doit être la personne la plus méfiante du royaume, c'est peu dire. Aujourd'hui, toutefois, c'est autre chose.

    J'ai choisi mes jardins comme lieu de rendez-vous ; c'est à peu près « formel » (c'est-à-dire que ce n'est pas trop suspicieux) et en même temps assez retiré pour que nous ne soyons ni dérangés, ni entendus. Ce que j'ai à lui dire ne doit tomber dans aucune autre oreille ; presque davantage que la nature de notre relation. Mais je sais qu'il tiendra sa langue. Je veux juste... Avoir une raison pour que nous puissions justifier d'un peu de temps sans être en permanence sous les yeux des autres.

    Le regard fixé sur la rembarde du ponton qui passe au dessus du petit étang, c'est quand j'entends des bruits de pas que le bord de mes lèvres se retrousse en un léger et discret sourire.

    « Tu m'excuseras ; cela m'insupporte aussi, de devoir te convoquer ainsi. »

    J'aimerais pouvoir le faire directement. Ne pas avoir à me soumettre à des procédés que je trouve ridicules et on ne peut plus pénibles alors que je ne devrais pas avoir à me cacher de cette façon, comme un rat se glissant entre les murs. Quand bien même j'ai effectivement une raison légitime cette fois...

    « … Je voudrais te confier quelque chose, mais avant ça... T'es-tu adapté à ton nouveau poste ? »

    Je sais que sa promotion récente va faire des jaloux ; beaucoup regardaient d'un œil envieux la position de général de la garde, après le départ de Faust pour l'état major. Mais même avant que notre relation ne se soue plus intimement, je savais déjà qui serait son successeur. Je le connais depuis assez d'années pour ne même pas avoir eu à douter un instant ; que cela se fasse peu de temps après notre rapprochement était juste un hasard amusant. Mais je ne vais pas me plaindre ; cela permet autant de nous rapprocher que me donner un moyen de mettre en place ce que j'ai en tête.

    more_horiz

    Je me souviens encore de leurs regards. De leur dégoût et de leur dédain en me voyant me montrer si fier d'avoir été choisi pour ce poste de général qui en faisaient baver plus d'un. Ils étaient, tous, à montrer leurs talents au roi, fiers comme des paons, alors que le choix du monarque était déjà fait depuis longtemps. J'ai au moins pu mimer l'air surpris quand mon nom est sorti et que je reçus cette promotion si attendue. Rien n'aurait pu me faire plus d'honneur ; à la fois d'accéder à un grade aussi important et prestigieux mais aussi et surtout de pouvoir servir mon épée une fois de plus sous le commandement du souverain. Natsume, à la différence de son prédécesseur, a une vision bien plus avancée de ce que doit être un royaume et désire changer les choses. C'est ce qui a fini par me plaire chez lui quand j'ai découvert, finalement, qu'il s'éloignait des méthodes de gouvernement de Kazuo alors qu'on aurait pu croire que le fils allait suivre le père. Mais ce dernier a tant fait pour appauvrir les populations, mener des guerres inutiles et sanglantes, et agrandir le pouvoir des religieux que la succession, au début si craintes, a finalement libéré le pays d'un poids énorme aux conséquences désastreuses. Pour reconstruire ce que l'ancien roi avait détruit, Natsume doit travailler d'arrache-pied mais heureusement il possède une rare intelligence et une perspicacité unique qui font de lui un héritier au trône capable de nous faire avancer.
    Mais en plus de ma position de général, je fais office d'amant à Sa Majesté. Bien sûr, personne ne le sait. Cela ferait scandale et je n'ai pas envie que Natsume ait des ennuis par ma faute. La complicité et la relation que nous partageons, en plus, est celle que j'ai de plus sincère dans ma vie. Je ressens pour lui une affection et une dévotion que je réserve à nul autre, et cela n'a rien à voir avec nos rôles respectifs. Quand il m'appelle, peu importe où il est et l'heure qu'il est, je réponds présent. J'ai droit d'aller dans des lieux interdits au reste du monde, et je profite allègrement de ce privilège. Cela me flatte, de savoir que j'ai des passe-droits.
    Alors aujourd'hui je l'ai rejoint dans son jardin secret. Magnifique, il est. Le jardin aussi, d'ailleurs. A mon approche, je lui offre un sourire plutôt arrogant et je glousse, fier.

    « Moi, ça va plutôt bien. Ce sont les autres, qui ont du mal. »

    Mais ça valait le coût ; leurs expressions étaient mémorables.

    « Mais peu importe, je suis bien meilleur qu'eux. Un bon roi mérite un bon soldat. Et un bon général. »

    Cette fois-ci, j'esquisse un sourire plus charmeur. Puis, je me penche un peu pour lui faire un baise-main avec douceur.

    « Un jour, nous n'aurons plus à nous cacher. »

    Je sais être patient, ceci dit, et attendrai que ce jour, enfin, arrive où nous pourrons rire en public à ces évangélistes qui croient mieux que nous comment nous pouvons être heureux.

    more_horiz

    Je ricane mesquinement devant sa plaisanterie. Je dois être méticuleux et ne pas brûler la chandelle par les deux bouts en accumulant trop de provocations, mais je dois avouer que je suis assez fier de la mise en scène de sa nomination. Oh, que c'était drôle, de les voir tous s'entasser et s'impatienter d'entendre un nom qui leur plairait, puis de dérouler le tapis rouge à mon ami... J'avais dû me retenir de rire. De sourire, même, bien que je n'avais pas pu m'empêcher d'esquisser un demi-rictus devant leurs têtes déconfites. Je ne m'étais pas gêné, toutefois, à l'heure du dîner : exceptionnellement, j'avais demandé à Aloïs de me resservir en cidre. Il faut bien se satisfaire des petites victoires. Et je suis on ne peut plus satisfait de celle-ci.

    Je ne le contredis pas, sur le fait qu'il était de toute façon bien meilleur que les autres candidats ; tout au plus, je me contente d'une petite moue. Je n'irais pas nourrir son arrogance si aisément ; il faut bien que je lui fasse mériter ses compliments, hm ? C'est plus drôle ainsi. Mais je pense ce qu'il dit.

    « La comparaison n'a même pas de raison d'être. »

    Elle me tire tout au plus une expression narquoise. Je ne mettrai même pas mon ami dans la même catégorie que ces jeunes nobles qui se gaussent comme des paons devant moi en espérant en tirer quelque poste, ou la fierté inexistence de leurs parents bien enfoncés dans leurs titres et leurs terres. Si je le laisse me faire un baise-main, ce qu'il dit me tire un léger sourire énigmatique. Je résiste à l'envie de le tirer dans mes bras quand il me dit ce genre de choses ; mais je dois lui parler.

    « … Ce jour viendra plus tôt que tu ne le penses, très cher. »

    Je n'irais pas manquer de précautions, évidemment. Je ne suis pas idiot. Je n'ai pas passé toutes ces années à attendre pour tout défaire par impatience. Mais Naga sait que cela ne me rendra peut-être que plus mesquin quand nous y arriverons... J'ai déjà bien changé depuis ma montée sur le trône, voir même avant. Je ne dirais pas que je ne le regrette pas : mais il est trop tard, et il n'existe pas d'autre choix. Mais je suis satisfait d'être aussi bien accompagné. Le fait de rendre la présence de mon amant aussi officielle par le futur n'est pas qu'un caprice : je veux qu'ils saisissent que je ne leur laisse aucun choix, hormis celui de se soumettre et de se taire, si ils ne veulent pas finir au fond d'un cachot. Et en même temps... Pouvoir donner à mon ami la place qui lui revient de droit, pour sa loyauté et son soutien.

    « Par ailleurs, en parlant de ça... »

    Mon regard se repose sur la mare et les lucioles qui en effleurent la surface. Je cherche les mots pour dire clairement ce que je désire faire, ne souhaitant pas le lui cacher.

    « … Il va falloir s'occuper d'une faction religieuse radicale en Madras. Mais je ne veux pas procéder par la méthode classique. »

    Recherches de preuves, recoupement de témoignages, dépôt de preuves, arrestations permises éventuelles, mise en accusation, et éventuellement, uniquement à ce moment, une condamnation. Un procédé long, qui donnerait le moyen à nos adversaires de s'organiser et de faire naître un conflit qui nous affaiblirait. Non, à la place...

    « Je veux provoquer une scission entre les radicaux et les modérés. Ces derniers ne sont pas préférables, mais il serait plus intelligent d'affaiblir le groupe que de risquer qu'ils ne s'organisent. »

    Bien évidemment, que je n'aime aucun des deux et que j'aimerais les voir tous hors d'état de nuire. Mais je ne peux pas le faire par des procédés « habituels » et formels ; non, à la place...

    « Pour ça, il va falloir faire des choses qui ne peuvent être faites aux yeux de tous et qui doivent être connues du moins de monde. »

    Je lui ai déjà confié quelques missions plus ou moins secrètes ; il a après tout toute ma confiance, et cela s'appliquer même à mes plans les moins... Acceptables. J'évite de causer des morts ; mais je n'ai pas grand regret à provoquer la chute de ceux qui doivent tomber. Mais je ne peux pas causer tout cela directement : il me faut d'autres mains.

    « Du temps de mon arrière-grand-père et prédécesseur, il existait une portion de l'armée qui agissait dans l'ombre pour les tâches les plus secrètes et importantes, les ailes de geais. »

    Je lui passe l'historique : cela n'intéresse pas l'affaire en cours, et leur dissolution date de la mort de mon aïeul. J'en viens directement, peut-être frontalement, au point qui m'intéresse. Détournant mon regard de la mare pour la fixer sur lui, mon expression s'est faite sérieuse.

    « J'aimerais confier sa refondation sous tes ordres. »

    Mon regard est aussi stoïque que mon ton. Ce n'est ni un ordre, ni vraiment une demande ; plutôt un souhait. Il est déjà mon bouclier ; j'aimerais lui confier ma lame.[/color]


    Dernière édition par Segnif le Ven 11 Déc 2020 - 14:18, édité 2 fois

    more_horiz

    Mes yeux se mettent à pétiller. Il a réussi à éveiller ma curiosité. Il y a quelque chose d'excitant à vivre une passion interdite que nous devons dissimuler au grand public. Mais je serai bien heureux quand nous n'aurons plus à faire comme s'il n'y avait rien entre nous. C'est agréable, aussi, parfois, de ne pas avoir à jouer la comédie. Qui plus est, cela donnerait une raison supplémentaire à tous de ne pas tenter quoi que ce soit de dangereux à l'encontre du souverain, quand on sait qui partage sa couche. De plus, j'irai montrer à tous ces religieux extrémistes que leurs opinions concernent bien plus leur cher royaume et leur cher roi qu'ils ne le pensent. Oui, bien sûr, c'est lui qui porte la couronne et le poids du trône avec, mais dans la chambre, on sait qui commande, ahum.
    Reprenons un peu de sérieux. Cela arrive, parfois, même avec lui. Surtout quand il fait appel à moi pour des missions spéciales et urgentes. Voyez-vous, il ne peut pas demander certaines corvées à tout le monde ; il lui faut l'élite (mes chevilles vont très bien, de quoi parlez-vous). Surtout quand je sens qu'il ne plaisante vraiment pas. Mes sens en alerte, j'écoute son ordre. Car c'est bien ça, mon devoir : transformer ses désirs en ordres et ses ordres en actions.

    Par ailleurs, un sifflement impressionné m'échappe quand il me parle de la mission qu'il veut me confier, et surtout de cet ordre mystérieux qu'il veut que je dirige. Je ne sais pas encore de quoi il est question, mais ça promet d'être intéressant, cette histoire. Moi qui pensais que cet ordre secret était une légende... J'avais bien entendu parler de quelques choses de ce genre au détour de murmures mais on était tous plus ou moins d'accord pour dire, au final, que ce n'était qu'une chimère. Mon regard brille d'une lueur intriguée. Je suis flatté d'être celui qu'il ait choisi pour une telle tâche ; mais en même temps, qu'est-ce qui pourrait y avoir d'étonnant à cela ? Je suis un de ses meilleurs éléments, après tout, et l'une des personnes en qui il fait le plus confiance. Je ne crois pas que quelqu'un d'autre puisse être plus qualifié.

    « Eh bin... Ce n'est pas n'importe quoi. Chef des Ailes de Geais, hm ?.. Ça sonne bien. »

    Si je le pouvais, je ronronnerais de satisfaction. J'ai beau être ambitieux, je suis surtout motivé par sentir que mon roi me donne tant sa confiance au point de me placer à la tête d'une garde secrète et très personnelle. Je ne peux pas le décevoir.

    « Décidément, je suis couvert de privilèges. J'en connais à qui ça ne plairait pas du tout. »

    Je glousse de nouveau, imaginant la tête que tirerait les soldats les plus ambitieux s'ils découvraient que j'ai en plus un petit rôle bonus.

    « Mais je m'exécuterais avec plaisir. Jouer les espions avec toi, ça va deux secondes, mais s'il y a un moyen de raccourcir le délai... »

    D'un geste plus symbolique qu'autre chose, je m'incline avec respect. Nous ne sommes plus à ça près, évidemment, mais je n'oublie pas son statut et ce que je lui dois : ma vie toute entière. Même s'il abandonnait un jour la couronne et ce qu'elle contient, il restera toujours mon souverain.

    « Oh ! J'oubliais... Un minuscule détail... »

    Un rictus au visage, je m'approche avec une démarche féline, les pupilles brillant de malice.

    « Tu n'as pas parlé d'une éventuelle récompense, si je réussis... »

    Ma main vient se rapprocher lentement pour venir toucher la sienne et la caresser. Il ne me doit rien pour des services de ce style. Je lui suis dévoué en tous points. Mais j'ai bien le droit de m'amuser un petit peu, moi aussi.

    more_horiz

    Je roule un peu des yeux face à sa réaction, à moitié désabusé par le fait qu'il est plus intéressé par le titre que ce dont je lui parle. Mais je ne m'en étonne pas trop. Son ambition ne me dérange pas tant que ça, puisqu'elle n'est pas un frein à quoi que ce soit et qu'elle a même tendance à me faire revoir mes attentes à la hausse. Je le laisse se gausser de ses privilèges, non sans un léger roulement d'yeux.

    « Oh, mais tu ne pourras pas parader là-dessus, malheureusement pour toi. »

    Il le sait bien, mais j'ai l'esprit de contradiction taquin. Je ne doutais pas du fait qu'il dirait oui ; à vrai dire, j'ai déjà préparé tout ce qui était nécessaire avant même cette rencontre, mais... J'avais tout de même besoin d'en parler un peu, et c'était une bonne excuse pour discuter. Devant la courbette qu'il exécute, par ailleurs, je roule encore des yeux, l'esquisse d'une moue amusée au visage. Son dramatisme m'amuse autant qu'il me fatigue parfois ; mais j'ai l'humour facile, aujourd'hui, alors je me contente d'un petit mouvement de main pour qu'il saisisse que j'ai compris l'idée.
    Face à son approche, toutefois, je n'ai comme réaction initiale qu'un léger haussement de sourcils, quand bien même les lueurs dans mes yeux trahissent mon amusement face à sa question. Tiens donc ; voilà quelque chose qui était on ne peut plus prévisible. Si j'apprécie sa main sur la mienne, je n'esquisse pas tout de suite de rapprochement, me contentant d'une expression faussement hautaine et d'un rictus mêlant miel et fausse innocence.

    « Ne devrais-tu pas te satisfaire d'avoir bien effectué ton devoir comme le chevalier modèle que tu es... ? »

    Je le taquine un peu, car cela m'amuse, de le faire mijoter. Mon ego est assez satisfait de le voir essayer, un peu comme si j'agitais un morceau de poisson devant un chat ; mais malgré tout, je ne résiste pas au fait d'entremêler nos doigts. Je suis un peu faible, je dois l'admettre. J'ai tellement peu l'occasion de me rapprocher en journée que je profite d'un rien, jouant machinalement avec mes phalanges dans sa paume. Alors je joue le jeu : je minaude en faisant passer mon autre main sur son menton pour le relever, l'amusement se trahissant dans les lueurs de mon regard.

    « Mais dans l'hypothèse où tu réussirais, nous pourrons sans doute nous arranger. Tu auras le temps de réfléchir à ce que tu veux sur le chemin du retour. »

    Je le nargue alors que j'ai très peu de doutes sur le fait qu'il réussisse. Et il n'aurait théoriquement pas besoin de récompense en soi : la rente qu'il reçoit est déjà bien suffisante pour couvrir les besoins d'une trentaine de personnes. Mais je sais très bien qu'il s'intéresse davantage à mon attention qu'à ce genre de choses.

    « … À moins que tu saches déjà ce que tu vas me demander, et que tu attendais l'occasion ? »

    Cela ne m'étonnerait pas de lui, à vrai dire. À moitié désabusé, si j'aimerais bien lui expliquer les tenants et aboutissants, je sens qu'il ne tient pas en place.

    more_horiz

    Moi ? Un chevalier modèle ?.. En apparence, certainement. Il est vrai que je suis les ordres que l'on me donne à la lettre et que je suis sans doute son soldat le plus dévoué. Mais je ne dirais pas que je suis un exemple à suivre en réalité, et il le sait, quand bien même cela n'empêche pas les écuyers de vouloir me ressembler. Oooouuh oui, qu'il est obéissant, fort et sage, le général... Tu parles. S'ils savaient que j'en donne aussi, des ordres, à leur bien-aimé souverain, ils ne me verraient pas du même œil, tss... Ils le sauront, un jour. Et je rirais. Je rirais bien grassement quand nous leur révélerons tout. Quel dommage que je doive attendre... Heureusement je sais être très patient, quand je veux. Et heureusement aussi, les idées que j'ai derrière la tête et mon côté arrogant ne m'empêchent pas de faire mon devoir correctement, bien au contraire ; je donne toujours le meilleur de moi-même quand j'ai une mission. Je ne l'ai pas gagné dans une pochette surprise, ma promotion, figurez-vous. Mais j'aurais été bien amer de devoir servir un mauvais roi. Non seulement Natsume assure son rôle à la perfection selon mes principes, mais en plus il est bien plus intéressant que ce que j'aurais pu imaginer. Nous possédons bien plus de points communs que ce que j'ai toujours cru, finalement, et c'est ce qui rend notre duo si durable. Je suis même devenu avare de son attention, de son toucher, de son affection. Le laissant relever mon menton pour planter mon regard dans le sien, un sourire malicieux étire mes lèvres. Je n'ai aucune méfiance en mes capacités ; je sais que je réussirai. Cette histoire de récompense n'est que plaisanterie, mais je ne vais pas refuser une motivation supplémentaire s'il me l'accorde, pas vrai ?

    « Hmm... J'ai bien une idée. »

    Mon autre main vient glisser sur sa taille. J'en profite pour le rapprocher de moi et venir l'embrasser avec une douceur qu'on ne soupçonnerait pas de ma part. On me connaît comme un manieur d'épée, après tout, pas de langue. Mais je sais très bien jouer de cet instrument également. Seulement, il n'y a que l'héritier au trône qui est courant de cette dernière maîtrise toute particulière.
    Me détachant de lui, je profite de notre intimité ce soir pour oser une proximité qui nous est peu permise d'ordinaire.

    « Toutefois, je t'en parlerai à mon retour. On verra bien si je la réussis, ta mission. »

    Comme si l'un de nous deux avait le moindre doute.

    « C'est sûr que toi tu agis en roi modèle, pas vrai ? »

    Un gloussement m'échappe. Zigouiller des religieux dans le dos de tout le monde n'est pas vraiment ce qu'on attend d'un roi ici, n'est-ce pas ?

    « Mais ne me dis pas que tu abandonneras un jour ta couronne... Quels ordres suivrais-je, si ce ne sont pas les tiens ? »

    Je sais qu'il a prévu certaines choses concernant la classe des nobles, et je ne m'offusquerais pas, évidemment, s'il décide de supprimer la monarchie pour mettre en place un gouvernement plus égalitaire où la religion n'aurait pas sa place. Je le suivrai jusqu'au bout quoiqu'il en coûte, mais cela me ferait quand même drôle de ne plus avoir officiellement à suivre ses commandes. Hé... Rien ne m'empêcherait de le faire après coup si ça arrive, après tout.

    more_horiz

    Il m'amuse ; une qualité dont peu peuvent se vanter, puisque je suis relativement difficile en le matière. Que ce soit par nature ou par personnalité, je n'ai pas tendance à plaisanter ainsi souvent, mais je me suis découvert bien plus malicieux depuis que nous nous connaissons. Et d'autres choses, aussi. Il faut dire que j'ai passé tellement de temps à préparer mes actions et à me contenir que je n'ai longtemps pas eu l'habitude d'être aussi naturel en face de quelqu'un, ou même avec moi-même. Mais grâce à ça, je me sens mieux : ma vision est plus claire, ma détermination est plus forte. Les moments de faiblesse et d'incertitude ne durent pas. J'en tire une force que je n'avais pas avant.

    Roulant des yeux expressivement lorsqu'il m'exprime avoir une idée, je le laisse me saisir par la taille et fond aisément quand ses lèvres viennent tendrement rencontrer les miennes. Lui rendant l'échange avec des mouvements doux, ma main libre s'en va caresser sa joue pendant quelques secondes. Lorsque nous nous séparons et qu'il précise sa pensée, c'est dans un gloussement amusé et presque curieux que je me permets de répondre.

    « J'attends de voir ça. »

    Je n'ai pas besoin de lui confirmer que je sais qu'il va réussir ; c'est à peu près aussi évident que mon affection pour lui. Au lieu de cela, je lui adresse un regard hautain et faussement vexé face à ce qu'il sous-entend, quand bien même je pourrais dire que je suis d'accord.

    « J'ai toujours été du genre à ne pas suivre les règles, après tout. »

    Et je veux aller plus loin. Détruire ces modèles et ces figures que j'abhorre depuis des années. Je me permets de mimer une expression qui tente d'imiter l'indignation.

    « Et je te ferais dire que si ; simplement, mon modèle n'est pas compréhensible par tous. »

    Arrogamment, j'estime que le meilleur modèle de roi, c'est un roi qui n'existe plus, ou qui n'a plus de raison d'être. C'est bien mon plus grand objectif ; même si je devrais sans doute garder une main dans l'ombre pour être sûr que tout n'est pas défait dans le siècle... Que de travail en perspective. Mais l'après, contrairement à ce que dit mon ami, ne me préoccupe pas plus que ça.

    « Je trouverai d'autres moyens de te diriger, ne t'inquiètes pas pour cela. »

    Un rictus joueur et mesquin aux lèvres, je ricane ouvertement. Qu'il ne sous-estime pas mes capacités à être quelque peu pénible, car j'excelle en la matière. Mais je dois l'admettre : j'aurais du mal, voir je n'accepterais pas, qu'il se mettre au service de quelqu'un d'autre. Je suis devenu égoïste en ce sens. Alors ma main libre remonte de nouveau à son menton pour qu'il me regarde, des lueurs à la fois joueuses et plus sérieuses.

    « Mais nous savons tous les deux que tu ne suivras jamais les ordres de quelqu'un d'autre... Et tu n'as pas d'intérêt à le faire, n'est-ce pas ? »

    Cela sonnerait presque comme une menace, mais ce n'en est pas une. Je joue. Je joue, et en même temps... J'aime bien l'entendre. Et si l'on me fait remarquer quelque chose, je me défendrai très hypocritement et avec une incroyable mauvaise foi en prétextant qu'il m'influence. Et non, je n'ai pas honte.

    more_horiz

    Tant qu'il a sa couronne, c'est une force respectée. Que ce soit par les gens qui l'admirent vraiment ou par ces évêques qui n'osent pas le contredire et tentent inlassablement de rentrer dans ses bonnes grâces pour que l'Eglise continue à recevoir les importantes sommes qu'elle percevait du temps de Kazuo. L'affiliation de ce dernier avec les religieux était connue de tous mais malheureusement, ce qui en découlait était loin d'être fameux. Je n'ai jamais oublié que c'était à cause de ses stupides croisades que mon père a trouvé la mort. J'ai gardé en lui une rancune et une haine sans précédent qui ne trouva satisfaction que lorsque ce lâche a finalement été assassiné. C'est drôle, comme son fils est loin de lui ressembler, mais avec la reine Miyu, ce n'est guère étonnant, quand on y pense sérieusement. Alors abolir la monarchie... Je ne dirais pas que je suis contre, mais j'aurais davantage peur que cela finisse un jour par nous porter préjudice, mais si Natsume est aussi sûr de lui, alors je lui fais entièrement confiance et ferai en sorte que son but soit atteint par tous les moyens. Qu'est-ce qu'un peu de sang sur les mains, après tout, si cela peut lui permettre de dormir sur ses deux oreilles et de le satisfaire ?
    Mais, assurément, trône ou pas, je suis certain qu'il trouvera, comme il le dit, d'autres moyens de le commander. Même s'il abandonne son titre, les habitudes et ma dévotion resteront.

    « Plutôt me pendre que d'obéir à quelqu'un d'autre que toi, mon roi. »

    Un frisson d'excitation dévoile mon échine sous le coup de sa fausse menace à laquelle je me suis empressée de répondre. Qu'il ne dise pas des choses pareilles, enfin, ça va réveiller des trucs, ça, et je doute qu'il ne l'avait pas prévu (ou alors si ?..)
    Déglutissant malgré moi, je reprends un peu de ma contenance pour répliquer avec la même intonation malicieuse et le regard brillant. Un rictus au quoi des lèvres, je fais mine de m'éloigner légèrement en reportant mon attention sur la rivière qui coule en-dessous du pont sur lequel nous nous trouvons.

    « Mais... Que se passerait-il, si jamais cela se produisait ?.. Si je finissais par suivre les ordres de quelqu'un d'autre ?.. »

    Le voir possessif, le voir jaloux... C'est ça que j'aime voir, aussi. Cette facette qu'il ne réserve qu'à moi dans la plus stricte intimité. Bien sûr, je suis quelqu'un de très fidèle qui ne voudrait en plus certainement pas voir ailleurs, mais qu'est-ce que je ne donnerais pas pour le voir crever d'exclusivité et venir me chercher. Aaah... Pour un peu, je serais prêt à changer de monarque, si j'ai le droit à une telle occasion.

    more_horiz

    Même si je savais déjà tout ça, je ne retiens pas le rictus satisfait qui s'affiche sur mon visage. Mon sous-entendu n'avait comme objectif que de raffirmer ce qui était évident. Il a tous les droits avec moi, mais ce que je le laisse faire n'a comme unique condition que sa loyauté. Je le féliciterais presque pour la forme si ce dernier n'esquissait pas un geste d'éloignement.
    Surpris au départ, mon expression se referme toutefois quand je saisis qu'il est en train de chercher à m'enquiquiner. Et malheureusement, cela marche très bien : je suis on ne peut plus susceptible, ce n'est pas nouveau. Ma mine neutre cachant à peine ma frustration de le voir s'éloigner et se moquer assez ouvertement de moi (je commence à connaître ses techniques pour redevenir le centre de l'attention, à force), je me contente au départ d'être inexpressif.

    « Ce qui se passerait... ? »

    Pour être tout à fait honnête, je crois que je le laisserais partir. Je le laisserais partir car je ne le retiendrais pas si il ne souhaitait pas être avec moi. Mais... Mais quand j'imagine, toutefois, c'est une pensée plus viscérale qui se loge dans ma tête. Ma main le saisit par le col, et je le fais basculer de telle sorte à ce qu'il ne se retrouve le dos contre la passerelle, légèrement incliné : la force que je mets dans ma main le retient. Mon regard est ferme, mais mon rictus est narquois.

    « … J'attendrais. J'attendrais des semaines, des mois, si il le fallait. J'attendrais que chaque jour devienne un peu plus insupportable pour toi, jusqu'à ce que tu ne finisses par me revenir en te rappelant que tu ne peux pas te passer de moi. »

    Je n'ai pas de doutes là-dessus. Il a beau faire le malin, je connais la vérité et je sais très bien la portée de son dévouement ; c'est justement ce qui me rend si sûr à l'instant.

    « Mais je te ferais mariner. J'attendrais tout le temps qu'il faudrait pour que tu finisses par me supplier. »

    Je ricanerais presque. Je sais très bien qu'il voulait une réaction ; mais hors de question de lui donner exactement ce qu'il voudrait. Je ne suis pas du genre à courir après les autres : en revanche, pour ce qui est d'autres « points de détails... ». Mon rictus se fait mesquin.

    « … Mais quant à la personne concernée, je ne peux rien promettre. »

    … Cela compte comme de la trahison, non ? Si je le décide, c'est que c'en est.

    more_horiz

    J'ai bien fini par provoquer une réaction. Légèrement surpris quand il me prend par le sol, j'esquisse un sourire amusé et satisfait quand il répond à ma petite provocation. Oh oooh... On dirait que j'ai réussi à faire mouche. Que je ne peux pas me passer de lui ? Quel ego... Et après c'est du mien, qu'on parle... Il sait la vérité, de toute façon. Aaah... Il est vrai que je pourrai très difficilement me passer de lui. C'est déjà difficile quand je dois partir plusieurs jours sans le voir... Je ne pourrais pas supporter longtemps de devoir suivre le commandement d'une personne que je ne connais pas ou que je n'apprécie pas. Même les personnes que j'apprécie, d'ailleurs, je n'aime pas leur obéir ; ou alors il faut que ça soit important et que j'ai le plus grand respect pour elles. Natsume... C'est différent. Je suis ses directives en toutes occasions, peu importe si c'est urgent ou non. J'ai juré sur ma lame d'être son humble serviteur et je prends ce rôle très à cœur. Mais cela ne m'empêche pas de le taquiner un peu, surtout quand je sens sa jalousie pointer le bout de son nez et que ça a tendance à grandement m'intriguer.

    « Oooh... Tu n'aimerais vraiment pas que quelqu'un d'autre me dirige. »

    C'est assez amusant, quand il se permet de dire tout haut ce qu'il pense tout bas. Ironiquement, ce côté possessif chez lui me plaît.

    « Mais figure-toi que dans les missions d'infiltration je dois bien obéir aux étrangers, tu sais... »

    J'aime quand même avoir le dernier mot quand je peux l'atteindre, alors je ne démords pas. J'aimerais savoir si je peux l'embêter encore. L'embêter assez pour le rendre fou et accaparer toute son attention.

    « Alors dépêche-toi de te débarrasser des autres. Sinon, je peux te faire attendre également. Juste pour voir ton regard envieux rivé sur moi. »

    Avec la refonte du groupe secret dont il vient de m'assigner la garde, il va falloir que je fasse preuve d'encore plus de discrétion, de patience et surtout d'efficacité pour mener à bien la mission qu'il vient de me confier mais également toutes les autres qui suivront jusqu'à l'aboutissement de son projet. Alors je ne conseille à personne, surtout pas à lui, de tenter de jouer avec mes nerfs. Surtout que j'ai très, très envie de le voir jaloux au moins quelques fois, héhé.

    more_horiz

    Oh, je sens qu'il a décidé de m'irriter. C'est aussi clair que de l'eau roche, et son comportement narquois ne me fait qu'afficher une expression hautaine et désabusée. Il y a des fois, je vous le promets, je serais à deux doigts de sortir un bâillon ; mais je garde ça pour d'autres occasions.
    Attendant qu'il ait fini sa petite pièce de théâtre, je ne résiste pas au fait de rouler lourdement des yeux. Je l'ai connu meilleur en provocation. Ce qu'il souhaite est tellement évident qu'il n'en devient que plus aisé de ne pas le lui donner. Et plus le je regarde et plus je regarde autour de nous, plus une idée assez tentante vient faire son bout de chemin chez moi. Si il veut jouer au plus malin, il devrait savoir que je suis tout aussi têtu et que je n'ai pas tendance à lâcher l'affaire aisément. Et que je suis même plus que mesquin.

    « Je crois que tu n'as pas compris ; tu crois vraiment que je te laisserais à un étranger... ? »

    Mes lèvres frôlent les siennes sans pourtant combler la distance. Je laisse quelques secondes passer, en silence, alors que la nuit s'obscurcit de plus en plus autour de nous. Ma main retient toujours son col, sans pression supplémentaire toutefois. Ma main contre sa taille l'incline encore un peu plus, de telle sorte qu'il soit totalement penché, et uniquement retenue par ma force. Un rictus mesquin repasse sur mes lèvres.

    « Laisse-moi te rafraîchir les idées. »

    Si je l'effleure superficiellement comme pour mimer un baiser, il ne se complètera pas : au lieu de cela, j'utilise plutôt notre position pour le faire basculer vers l'étang. Et dès lors, je ne tiens plus : j'éclate de rire d'une manière aussi grasse que moqueuse. Oh, bien sûr, rien de dangereux. Je ne lui aurais jamais fait courir de risque, mais après son petit spectacle... J'avais un peu envie de le faire descendre de sa superbe. Du ponton, je le toise en gloussant comme un imbécile fier de lui.

    « Alors, je te regarde assez, maintenant ? »

    Et je ris un peu plus. Oh, c'est parfait.

    more_horiz

    C'est drôle, de l'agacer. En même temps c'est tellement facile. Suffit d'appuyer sur le bon bouton et d'insister un peu si nécessaire. Je ne dis pas que je suis forcément mieux mais le voir renforcer sa possessivité me fait glousser et ronronner à la fois. Faire un petit tour dans le royaume voisin pour proposer mes services est une idée de plus en plus tentante, si ça peut le faire sortir de ses gonds et lui donner envie de me ramener auprès de lui. Je dois cependant me tenir à la rambarde au fur et à mesure qu'il me fait pencher un peu plus au-dessus de l'eau. Si je ne le connaissais pas, je ne me douterais de rien mais j'ai comme un petit pressentiment tout de même... Je me trouve néanmoins distrait par la distance si infime qui séparent nos lèvres. Je n'aurais pas été d'humeur joueuse, je les aurais bien reprises comme tout à l'heure. Cela a suffi pour baisser toutefois momentanément ma garde afin de le laisser me pousser de telle sorte à ce que je finisse réellement par tomber dans l'eau. Un peu surpris quand même, je pousse un hoquet avant de heurter l'étang en-dessous de moi, me retrouvant trempé. Même pour se moquer de moi, entendre son rire reste quand même agréable à entendre. Je serais prêt à devenir son bouffon pour qu'il résonne encore longtemps...

    « Aaaah !... Elle est bonne ! Tu veux pas faire un petit plongeon ? »

    Pour l'heure, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas partager l'eau un peu, puisqu'il voulait tant que j'y patauge.

    « Y'a pas de raison que je sois le seul à profiter d'une petite baignade ! »

    Je me relève alors assez pour saisir brusque sa main puis son col à mon tour et le tirer par dessus la barrière du ponton afin de l'entraîner avec moi dans l'eau. Pas de façon violente, évidemment, je ne suis pas un sauvage. Mais juste assez pour qu'il se retrouve éclaboussé de la même façon que moi.

    « Oooh quel dommage, tes vêtements sont tout mouillé. Il va falloir changer ça... »

    Je n'hésite pas à rire moi-même comme pour l'imiter, bien fier de mon coup. J'avais seulement oublié comme les tissus pouvaient coller au corps et dessiner ses formes majestueuses. Je pourrais m'habituer à la vision très rapidement, me connaissant, mais cela me permet au moins d'oublier la propre humidité que je sens sur ma peau.

    « Mais avec ce que je vois, je ne risque pas d'aller vers quelqu'un d'autre. »

    Mi amusé mi charmé, je le dévore un peu trop du regard en m'attardant sur ses traits que j'ai pu avoir l'occasion de dessiner sous mes doigts à de nombreuses reprises. Penché au-dessus de lui, la vue est plutôt pas mal, je dois l'avouer.

    more_horiz

    Hehehe. Je ronronnerais presque si je le pouvais, plus que fier de mon coup. Tout de même, je n'allais pas le laisser rire sans mettre un terme à son petit jeu : il fallait bien que je rétorque. Mais je me doute qu'en faisant cela, je ne vais que l'encourager à se montrer tout aussi puéril. Voilà donc pourquoi lorsqu'il me saisit par la main et le col, je suis à peine surpris : haussant les sourcils, je n'ai pas le temps de réagir bien longtemps que je me retrouve à faire un plongeon bien rapide vers l'eau.
    La tête écrasée dans l'étang, je me relève bien péniblement et lui jette malgré tout un regard mi-mauvais, mi-désabusé. Je n'aime pas vraiment être le dindon de la farce, il est vrai, même si je l'ai cherché. Mais je ne lui en veux pas et me contente plutôt d'afficher une expression presque boudeuse, grommelant un « nianiania » de mon côté.

    En revanche, ses commentaires sur mes vêtements me tirent un grognement exaspéré. Naga, que c'est prévisible... Je lui offre un coup d'oeil un peu désabusé ; si j'ai bien compris le message, je ne peux pas m'empêcher de le fixer avec un peu de sarcasme dans la voix.

    « J'espère que tu te rends compte que je n'ai pas de vêtements de rechange sur moi et qu'il va falloir faire le chemin jusqu'à mes appartement ensuite... ? »

    Non, ce n'est pas pareil que lorsque je l'ai mis dans la même situation, parce que je le dis. Je n'ai jamais nié être d'une colossale mauvaise foi et d'avoir un ego conséquent, je vous le ferai dire. Dans le fond, je m'en fiche un peu : je ne suis pas pudique ou facilement gêné quand on me regarde, comme maintenant, alors que j'ai à peine besoin de regarder mon ami pour savoir qu'il est en train de profiter de la vue (quelle vue ?). Encore au sol, je roule des yeux avant de porter une main sur le côté de mes robes pour l'abaisser  de telle sorte à finir torse nu. Je n'aime pas vraiment la sensation du tissu collant (sur mes bas non plus, mais bon) et au moins, il aura une bonne raison de lorgner je suppose. Juste ce qu'il faut pour avoir son attention. Le fixant d'un coup d'oeil mi-désabusé, mi-taquin, je reprends la parole.

    « Ravi que la vue te plaise, mais... Tu ne me laisses vraiment pas le choix, tu comprends ? »

    Ma main se redresse, esquissant un mouvement vers la droite, pointant vers le côté de mon interlocuteur. Une vague d'eau bien immobile pour le moment se tient debout et droite, tenue par la force de ma magie. Un sourire narquois aux lèvres, je n'ai qu'à abaisser ma main pour qu'elle ne vienne s'abattre contre l'autre avec force. Non mais.

    more_horiz

    Avec un rire gras, je lorgne salement sur lui en y posant un regard des plus intéressés au moment où il se déshabille du haut. Heureusement, l'eau n'est pas glacée ; sinon j'en serais sorti bien vite. Mais on ne va pas dire que l'étang remplace une bonne baignoire non plus. Aaah... Je commence à en rêver, d'ailleurs, d'un bon bain chaud. J'ai bien conscience que nous allons devoir nous taper le chemin jusqu'à ses quartiers à cause de nos vêtements humides, mais c'est lui qui a commencé, je ferais dire. Pas que cela me dérange, qu'il faille retourner dans sa chambre. Après tout, on y serait plus au chaud et je pourrais me rincer l'œil très gratuitement. Ma perversité me perdra pourtant puisque je me prends une nouvelle vague d'eau, magique cette fois, sur la tronche et je me retrouve cette fois-ci totalement trempé de la tête aux pieds. Ah bah bravo, c'est malin.

    « C'était totalement gratuit, ça. Tu sais que tu n'es pas le seul qui va devoir se changer ? »

    Je ne lui en veux même pas vraiment. Je suis plus amusé et blasé qu'autre chose, mais si ça l'amuse... J'estime cependant que c'est de sa faute et que j'ai le droit de demander dédommagement. En lui lançant un sourire malicieux, je m'approche de lui pour caresser le tissu de ses vêtements entre mes doigts, jouant avec sa ceinture pour commencer à la retirer lentement.

    « Mais puisque de toute façon tu comptais te déshabiller, autant le faire tout de suite et enlever le reste, non ? Je vais commencer à croire que tu as fait exprès de me mouiller pour ça... »

    Non, bien sûr que non. Je le sais. Je l'imagine d'ailleurs très mal faire ça ; c'est plutôt mon genre. Mais je ne possède aucune magie qui me permettrait comme lui de parvenir à de telles fins. Je ne peux que jouer de mes charmes, et heureusement, c'est largement suffisant. Mais j'aurais bien utiliser un peu de feu pour nous réchauffer et nous sécher quand même en premier lieu.

    more_horiz

    « Ça, ce n'est pas mon problème. »

    Haussant les épaules, je dois admettre ne pas avoir de grande culpabilité quant à l'état de mon ami. J'estime qu'il l'a bien cherché, même si c'est moi qui ait commencé (et je ne l'admettrais pas). Je suis juste satisfait d'avoir pu être le plus malin (quoi comment ça mon ego) et ne pense pas tout de suite à me relever. Ce n'est que lorsque l'autre se rapproche pour se mettre à défaire ma ceinture que je hausse vaguement les sourcils, pas foncièrement surpris par son geste mais brièvement étonné par sa soudaineté. Face à ses excuses, toutefois, je ne résiste pas à l'envie de rouler très, très lourdement des yeux. Mais bien sûr. Tout au plus, alors qu'il continue son affaire, je le fixe avec une expression à la fois blasée et hautaine.

    « Samaël, je n'ai jamais eu besoin de faire quoi que ce soit pour que tu te rues sur l'opportunité de me mettre à nu, ou l'inverse. Je dirais plutôt que tu cherches des excuses. »

    Pas que cela me pose problème en soi ; mais il m'amuse plus qu'autre chose à se justifier comme si je ne le connaissais pas. Pour autant, cela m'amuse assez (et il a raison sur le fait qu'il ne serve à rien que je me balade avec un poids pareil), alors je finis par hausser les épaules en esquissant une moue amusée.

    « Mais puisque tu insistes... »

    Profitant du fait qu'il ait enlevé ma ceinture, je passe donc une main rapide sur le côté de mes robes pour retirer le reste de mes vêtements d'une traite, les posant distraitement sur le côté. En le fixant, toutefois, je ne résiste pas au fait de je lui jeter un coup d'oeil blasé ; je ne me voile pas la face sur le fait qu'il va être plus occupé à reluquer mon postérieur qu'à m'écouter dans les minutes à venir, mais bon. Je mentirais si je disais que ça ne m'amusait pas non plus.
    Usant d'une de mes mains au sol, je m'appuie pour me redresser lentement et lui tendre la main pour qu'il puisse faire de même. Puisque la rive est juste à côté, je me permets de faire quelques pas et de saisir une souche, l'enflammant dans un claquement de doigts.

    « Tu peux te sécher, grâce à ma grande gentillesse. »

    Qu'il n'attrape pas froid, même si la saison est propice à ce genre de baignades et que nous sommes protégés du vent par les murs autour. Je sais bien, toutefois, que nous n'allons pas pouvoir rester ici éternellement, Je l'avais invité pour discuter, mais il ne semble pas avoir plus de questions que ça ; ce qui ne devrait pas m'étonner, en vrai. J'ai souvent eu l'impression que mon partenaire ne s'intéressait pas trop aux détails lorsque je lui confiais une mission. Grand bien lui fasse, mais cela me désarçonne toujours un peu, de le voir plus intéressé par moi-même que par ce pourquoi il s'était dévoué jusque lors. Enfin, pas que cela me déplaise, ne nous mentons pas. Je suis juste parfois un peu... Déconcerté. Mettez ça sur l'habitude du contraire dans mon entourage, voulez-vous ?
    En m'asseyant brièvement contre l'herbe, je jette un coup d'oeil au dessus de nous, les jambes dépliées et les pieds battant vaguement l'air. Je profite à chaque fois comme je le peux de ces soirées plus tranquilles, qui ont le mérite de m'épargner d'avoir trop à réfléchir à tout ce blabla. Je laisse mes pensées divaguer sans trop y réfléchir.

    « … Mais quand ce sera fini... J'ai hâte de pouvoir prendre des vacances avec toi. »

    Je parle sans trop faire attention à ce que je dis ; un comportement inhabituel chez moi, voir absent il y a quelques années. Mais depuis peu, je me permets, même inconsciemment, de me mettre à rêvasser à quelque chose que je n'imaginais même pas auparavant : l'après.

    more_horiz

    Je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'il se déshabille complètement. Je croyais qu'il allait me rembarrer, comme ça lui arrive de le faire quand je suis trop désireux et qu'il n'a pas le temps de s'occuper de moi. Au lieu de ça, il finit d'enlever les derniers tissus qui restent collés à sa peau avant que je ne termine de le faire. Puisqu'il vient de dénoncer la réalité derrière les excuses que je lui envoie, je pensais vraiment qu'il allait me laisser m'amuser seul. Mais ce n'est pas sans un certain  plaisir que je me mets à l'observer sous toutes les coutures, appréciant ses courbes et en particulier celles de son postérieur. Il n'est peut-être pas très musclé mais sa peau est délicate et agréable au toucher. Je ne me lasse pas alors de la contempler.
    Poussant un sifflement admiratif lorsqu'il allume un feu par magie -encore-, je me déshabille à mon tour pour essorer et pendre nos affaires près des flammes qu'il vient de créer. Le temps que nous ayons fini notre petite virée dans le jardin, j'imagine qu'elles seront un pu sèches, même si de toute façon personne ne vient dans ce lieu à part nous. Rares sont surtout les personnes qui voudront mais surtout pourront accéder à cet endroit à une heure aussi tardive alors que Natsume me réserve toujours ces horaires-là. Je n'attends pas longtemps avant de le rejoindre en m'essayant sur l'herbe tendre à mon tour.

    « Des vacances ?.. »

    Techniquement, il est vrai que s'il abandonne son titre de roi... Eh bien il devra abandonner les privilèges et les responsabilités qui vont avec.

    « Qu'est-ce que tu deviendras, quand tu ne seras plus roi ? Tu feras quoi, à la place ? »

    Je reprends un peu de mon sérieux. Distraitement, je me mets à caresser les jambes de mon interlocuteur, puis les cuisses. Il fait bien ce qu'il veut avec son rang, s'il désire le détruire ; mais après ça... Que lui restera-t-il ?


    Dernière édition par samalo le Dim 13 Déc 2020 - 2:47, édité 1 fois

    more_horiz

    Je n'avais pas vraiment pensé à ça, avant. Ou du moins, ça ne m'intéressait pas : je n'étais pas préoccupé par ce que serait mon sort une fois que j'aurais atteint mon objectif et que j'aurais rempli mon utilité. Je n'étais même pas curieux de savoir si je vivrais encore longtemps ou non. Et même maintenant, la pensée ne m'angoisse pas plus que ça : même si je ne sais rien faire d'autre que ce que j'ai toujours fait et que je me retrouverais idéalement face à une vie très différente... Je n'en sais rien, cela ne m'angoisse pas. Je ne dirais pas que j'ai des certitudes, mais c'est quelque chose que j'attends.

    Je sens, malgré les caresses sur mes cuisses et mes jambes, que l'autre est plus sérieux que d'ordinaire. Mais je n'ai pas de réponse toute prête à lui donner : au lieu de ça, je m'étire paresseusement, m'allongeant pour fixer le ciel étoilé d'un air songeur.

    « Je n'en sais rien. Je n'y avais pas pensé jusque récemment. Ça ne m'importait pas vraiment. »

    J'étais et je suis prêt à mourir pour ce que je désirais : il n'est donc pas anormal que je ne me préoccupe pas plus que ça de mon sort. Mais depuis quelques temps, toutefois...

    « … Je suppose qu'il faudra bien que je trouve un moyen de subvenir à mes besoins, puis de m'occuper. Peut-être officier en tant que soigneur... ? »

    Je hausse les épaules. Les détails ne m'intéressent pas. Je sais qu'une fois mon titre détruit, si jamais je peux le faire, alors je vivrais d'une manière bien moins privilégiée que maintenant, mais ça ne me dérange pas. Je ne suis pas attaché à ces choses-ci, loin de là : si on m'écoutait, cela ferait longtemps que j'aurais brûlé tout le château, après tout.
    Il y a bien, toutefois, quelque chose qui m'intéresse, mais seulement depuis quelques temps. Je me serais moi-même étonné de la pensée qu'auparavant, même alors que je me tourne pour fixer mon interlocuteur.

    « Tant que je peux rester avec toi, cela me convient. »

    Une pensée sincère, bien que je l'énonce aussi clairement que simplement. C'est à peu près tout ce que j'ai en tête, quand je pense à la suite : continuer à user les quelques talents que j'ai développé, et rester à ses côtés. Ce qui, ma foi, me semble être bien différent de l'obscurité nébuleuse d'auparavant.

    more_horiz

    Je pensais qu'il aurait déjà planifié ce qu'il deviendrait par la suite. Pour demander l'abolition de la monarchie, je me disais qu'il devait avoir une idée en tête de ce qu'il voudrait réellement faire quand il ne serait plus roi. Ce n'est pas une perspective qui m'enchante particulièrement, puisque ça veut dire qu'il ne dirigera plus rien, mais si cela peut le rendre heureux, alors même dans ce but, je le suivrai. J'ai décidé de lui obéir et d'accomplir les missions qu'il me donne en toutes connaissances de cause, après tout, mais voir tout le pays s'incliner pour ses beaux yeux reste bien drôle à voir, alors que personne ne se doute des projets qu'il conserve pour le royaume. Mais il n'a pas l'air de vraiment savoir ce qu'il souhaite faire quand son objectif sera atteint.
    Mon regard se pose sur lui avec un peu d'étonnement mais surtout une grosse bouffée d'affection quand il me parle de celle qu'il a pour moi. Attendri par ses paroles, je ne peux toutefois m'empêcher de le vanner un peu.

    « Et continuer de m'asperger d'eau quand je t'embête ? »

    Je glousse légèrement avant de reprendre mes lentes caresses sur son corps pendant que nous nous réchauffons doucement. Le feu magique fait du bien, je dois avouer. Je me trouve toutefois interrogé par son manque d'enthousiasme et d'ambition quand nous abordons le futur.

    « N'as-tu pas vraiment pas de rêves ? Même pas un seul ? »

    Rester avec moi c'est une chose, et j'en suis très honoré, mais je suis surpris de savoir qu'il ne veut vraiment rien d'autre ou qu'il ne semble pas avoir quelque chose qui le motive personnellement. J'aime bien supposer qu'on a tous des rêves... Est-ce que le sien constitue juste à rester à mes côtés ?

    « Quelque chose que tu as toujours désiré... »

    Mes yeux se perdent dans ses courbes, suivant mes doigts qui en dessinent les contours et passent jusque dans l'intérieur de ses cuisses. Quand je parle de désir, c'est son image qui me vient naturellement en tête mais ironiquement ce n'est pas de ce genre-là que je parle. Pourtant je continue de le dévorer du regard, déposant même ici et là des baises sur ses jambes.

    more_horiz

    « Il est vrai que passer mon temps à te victimiser est aussi très distrayant. »

    Une petite moue joueuse aux lèvres, sa taquinerie me distrait partiellement de l'incertitude des pensées soulevées par sa précédente question. Je me rapproche toutefois avec tendresse face à ses caresses, fermant les yeux pour me détendre et m'inclinant dans sa direction. Sa curiosité m'intrigue, me faisant tourner ma tête pour le fixer, sans un mot au départ. Il a l'air vraiment confus. Sans doute dois-je avoir l'air étrange, pour quelqu'un d'aussi ambitieux que lui. Une partie de la réponse est pourtant simple, à mes yeux.

    « Je ne pensais pas que j'aurais l'occasion d'en avoir. Ou du moins, je ne pensais pas que je le pourrais. »

    Je suppose que cela doit avoir l'air quelque peu pathétique. Ou quelque chose du genre. Profitant de son toucher et de ses baisers sur mes jambes, je me permets même de les relever un peu pour l'inciter à continuer pendant que je réfléchis, le regard relevé vers le ciel.

    « Peut-être que j'aimerais pouvoir me réveiller le matin sans avoir à m'inquiéter outre mesure du lendemain. Ou juste... Juste une « vie normale », je suppose. »

    Je hausse les épaules. Je n'ai jamais eu l'occasion de trop y réfléchir, ou je ne me suis pas permis de le faire. Ce genre de pensées me prenait un temps précieux que je ne pouvais pas gaspiller, ou pourrait éventuellement altérer mon jugement : quelque chose que je ne pouvais pas me permettre. Alors maintenant, quand j'y réfléchis, j'ai l'impression de ne sortir que des banalités ridicules et peu impressionnantes. Gloussant avec amusement et désabus à la fois, j'offre à mon ami un sourire semi-désolé.

    « Cela doit sembler vraiment puéril et peu imaginatif, je m'en excuse. J'aurais peut-être l'occasion d'en trouver un autre... Mais je t'avais bien dit que j'étais rien de spécial. »

    J'aurais pu lui dire quelque chose d'incroyable et d'infaisable pour esquiver la question, mais je n'ai ni l'envie ni le besoin de mentir. Je ne suis, au fond, qu'une personne banale et quelconque ; je n'ai pas l'ambition de mon ami et je ne cherche pas nécessairement à en avoir. J'apprécie juste... Ce que je peux avoir maintenant et ce que j'aurais peut-être ensuite. Mais je dois avouer être curieux de la personne que je deviendrais après tout ça.

    more_horiz

    Je trouve ça un peu triste qu'il n'ait jamais eu le loisir de pouvoir avoir... un rêve. Toute personne peut en avoir. Pour certains cela se résume à accumuler le plus de richesse et de pouvoir, pour d'autres cela peut juste se constituer à la fondation d'une famille heureuse et prospère... Et pour Natsume, cela n'est rien de tout ça. C'est un rien. J'espérais qu'en accomplissant ses souhaits et ses ordres, ce rien pouvait devenir quelque chose. Mais cela ne semble pas suffire malgré tout. Voyager ? Rencontrer du monde ? Faire une collection ? Avoir des enfants ?.. Rien. Rien de tout ça ne semble l'attirer. Esquissant une moue amusée lorsqu'il relève les jambes dans ma direction pour que je continue mon affaire, je maintiens mes baisers et mes caresses sur ses cuisses pour descendre vers l'intérieur tout en l'écoutant avec attention. Je n'imagine pas toutes les pensées qui doivent le traverser quand il se réveille en pensant aux responsabilités que lui incombent la couronne. Je n'avais jamais songé que ça puisse le travailler à ce point pour qu'il vienne à désirer ne plus avoir rien à penser, mais cela coule de source. Comme je ne fais qu'obéir, je ne me rendais pas compte, mais je jouis en vérité de plus de liberté que lui. C'est drôle, quand même, alors que c'est lui qui se trouve à la tête du pays... On pourrait naturellement imaginer qu'il fasse ce qu'il veut. Ce n'est pas faux, d'un côté, mais c'est plus compliqué que ça en a l'air.

    « Rien de spécial ?.. »

    En revanche... Il semble sous-estimer l'importance et l'impact qu'il a dans ma vie. Sans le regarder, je m'attarde plutôt aux contours de ses jambes, touchant délicatement sa peau du bout des doigts. Elle me paraît douce et sans impureté. J'en approche encore un peu mes lèvres à quelques reprises en changeant de position pour me mettre davantage entre ses jambes, repliant ces dernières pour en effleurer les genoux.

    « Puisque tu es spécial à mes yeux, alors ça suffit à te rendre spécial. »

    Je ne veux pas qu'il dise qu'il n'a rien de particulier. Si c'était vrai, il ne m'aurait pas du tout intéressé. Je plante cette fois-ci mes yeux dans les siens avec un sérieux devenu rare en sa compagnie.

    « Ce n'est pas tout le monde qui arrive à attirer mon attention. Tu es quelqu'un de très spécial, Natsume. Tu veux savoir à quel point ?.. »

    Qu'est-ce qu'il croit ? Que je tombe amoureux du premier venu ? Que j'éprouve du désir pour le premier venu ? S'il savait... S'il savait tous ceux que j'ai rejeté et que j'aurais pu faire succomber à mes bras... J'ai visé plus haut, bien plus haut, pour ferrer le plus gros poisson du lot. Ce n'était pas intentionnel, mais on aurait pu aisément le croire, puisque j'ai évité tous les autres. Le destin m'a donné une attirance pour la tête couronnée, c'est tout.
    Mes pupilles s'abaissent au niveau de sa poitrine. J'en approche ma tête pour embrasser ses tétons que je me mets à lécher doucement, pendant que mes mains se baladent sur ses hanches.

    more_horiz
    privacy_tip Permission de ce forum:
    Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum