Une tentative d'assassinat. Dans mon royaume. Dans mon palais. Dans mon jardin. Ce n'est déjà pas quelque chose que je tolère mais encore moins quand mon compagnon est attaqué. Inutile de dire que j'étais dans une colère noire quand j'ai appris l'incident, quand en plus Natsume porte notre enfant. J'aurais pu perdre les deux à la fois. Et je ne l'aurais vraiment pas supporté. Impossible de me raisonner après avoir eu vent de la nouvelle. Nous avons capturé le coupable, nous l'avons emprisonné... et je l'ai fait exécuter. Je n'ai pas voulu attendre. Il aurait pu recommencer. D'autres auraient pu le suivre. J'ai voulu montrer l'exemple deux jours après au petit matin afin que tout le monde puisse le voir et que personne n'ait l'idée d'achever ce qu'il avait tenté d'accomplir. Il y a pourtant eu peu d'exécutions sous le règne de mon père. Traumatisé des séances de tortures et des mises à mort employées par son géniteur, ça l'a profondément marqué au point de préférer emprisonner les criminels plutôt que de les condamner. Je crois qu'une partie de sa popularité fut gagnée de cette façon, d'ailleurs, et je n'étais pas contre reprendre son fonctionnement. Mais je me suis révélé bien moins doux que lui, au final. Je n'ai pas pu m'en empêcher. Bien sûr, cela restait rare, mais lorsque nous avons mis la main sur Kazuo, je n'ai pas hésité longtemps, après avoir joué avec lui. Ceux qui ont voulu voir sa mort étaient aux premières loges. Il avait beaucoup d'ennemis chez nous. Ils étaient nombreux, sur la place publique.
Alors ça ne me dérangeait pas de répéter le schéma. Pourquoi l'aurais-je laissé vivant, de toute façon ? Pour qu'il répète son coup et le réussisse la prochaine fois ? Hors de question. Je préfère n'avoir aucune pitié que risquer la vie de mon partenaire. En parlant de lui, depuis qu'il a frôlé la mort, il se repose en convalescence dans notre chambre. Heureusement, il n'a rien de grave. Mais j'étais très inquiet. J'ai eu du mal à manger, et même à dormir, provoquant des insomnies de peur que cela n'arrive de nouveau. Mais j'avais renforcé la sécurité autour de Natsume, il ne pouvait rien lui arriver, cette fois.
Arrivant dans la pièce qui sont réservées à nos nuits, je m'approche du lit où je vois que le concerné se réveille doucement. Je m'approche à son chevet, le regard doux fixé sur lui avec affection.
« Est-ce que tu te sens mieux ? Comment va ta blessure ? Tu as encore mal ? »
Ma main se pose doucement sur sa joue. Il respire. Il est chaud. Il est vivant. Je n'arrive pas à croire que j'ai failli le perdre. Je ne l'aurais pas supporté.